Le Bouddhisme au Tibet/Chapitre 9

La bibliothèque libre.
Traduction par Léon de Milloué.
Texte établi par Musée Guimet, Impr. Pitrat Ainé (p. 57-66).
CHAPITRE IX

aperçus sur la métempsycose

Renaissance. — Moyens de s’affranchir de la Renaissance. — Soukhavati, le séjour des bienheureux.

renaissance

En étudiant le développement du bouddhisme, j’ai eu plusieurs occasions de parler de la métempsycose ou migration de l’âme des êtres animés, comme une des lois fondamentales du bouddhisme ; d’après cette théorie, l’âme est soumise à la migration tant qu’elle n’est pas délivrée des causes d’une nouvelle naissance. Les formes sous lesquelles chaque être vivant peut renaître sont sextuples :

1o La plus haute classe est celle des Lha, « esprits, êtres supérieurs, dieux », en sanscrit Deva ; ils prennent rang de suite après les Bouddhas et habitent les six régions célestes (en sanscrit Devalôkas). Deux de ces régions appartiennent à la terre ; les quatre autres, demeures supérieures, sont situées dans l’atmosphère bien loin de la terre :

2o La seconde classe est celle des hommes appelés Mi ;

3o La troisième classe est celle des Lhamayin, « les mauvais esprits », littéralement non-Dieu, en sanscrit Asouras. Ce sont les adversaires des Devas et les plus puissants des mauvais esprits ; ils habitent les régions au-dessous du mont Mérou (tib. Lhoung po) ;

4o La quatrième classe comprend les brutes (bêtes), Doudo ou Djolsong ;

5o La cinquième classe est formée par les Yidags, monstres imaginaires représentant l’état des êtres misérables (sanscrit Prêta). Ils ne reçoivent ni nourriture ni boisson, quoiqu’ils en aient grand besoin. Aussi sont-ils toujours dévorés de faim et de soif, leur bouche est grande comme le trou d’une aiguille, mais leur corps a douze milles de hauteur ;

6o La sixième et plus basse classe d’êtres est composée des misérables habitants de l’enfer. Myalba (sanscrit Naraka), lieu d’affreuse punition pour les méchants, qui y sont cruellement tourmentés.

Les classes des dieux et des hommes sont les bons degrés de ces six classes ; les quatre autres sont appelées les mauvaises conditions[1]. La classe dans laquelle doit renaître chaque homme dépend des actions, ou travaux, « Las », qu’il a accomplis, soit dans la vie présente, soit dans une existence antérieure : c’est là la fatalité (tib. Kalba) des bouddhistes ; de bonnes actions impliquent la renaissance dans l’une des classes supérieures, la mauvaise conduite condamne aux mauvaises conditions de l’existence. L’appréciation des actes, c’est à-dire la détermination du moment où l’existence doit cesser et de la classe où l’homme doit renaître, est l’affaire particulière de Shindje, « le seigneur des morts », qu’on appelle aussi Choigyal (sanscrit Dharmaraja), « le roi de la loi ». Shindje possède un miroir merveilleux qui lui montre toutes les bonnes et mauvaises actions des hommes ; avec une balance, il pèse le bien et le mal et, s’il trouve que l’existence présente d’un individu doit cesser, il ordonne à l’un de ses serviteurs qu’on appelle aussi Shindjes, de saisir l’âme et de l’apporter devant lui, afin de décider de son avenir. Il arrive assez souvent que le messager apporte une autre âme par erreur, ou parfois à dessein, quand il a été gagné par des offrandes. Le seigneur de la mort, après avoir constaté par son miroir que l’âme amenée devant lui n’est pas la bonne, la renvoie et menace son serviteur d’une punition sévère s’il est prouvé qu’il s’est volontairement trompé. En même temps il ordonne à un autre de lui amener l’âme désignée qui, en attendant la découverte de l’erreur, est restée tranquille dans son corps. On voit par là que l’on peut prolonger sa vie en se rendant favorable le serviteur du seigneur et de la mort[2].

MOYENS DE SE DÉLIVRER DE LA RENAISSANCE

Les péchés doivent s’expier par la renaissance. Les peines que l’âme souffre pendant qu’elle est soumise à la migration sont considérées comme si terribles, que la religion bouddhiste offre à ses dévots le moyen d’effacer pendant leur existence une partie des fautes qu’ils ont commises. L’affranchissement peut s’obtenir en réprimant les mauvais désirs, par la pratique assidue des vertus, des Dharânis et des Tantras et par la confession. Déjà dans l’histoire primitive du bouddhisme nous voyons que la confession des péchés est ordonnée. Ainsi les novices devaient accomplir cette cérémonie avant d’être admis dans la congrégation des fidèles : le caractère dominant du culte public, accompli suivant les prescriptions du livre Pratimoksha, est donc celui d’une confession solennelle (Poshadha) devant l’assemblée des prêtres. Le renouvellement des vœux sacerdotaux était en réalité le sens primitif de la confession ; le dogme qui lui attribue l’entière absolution des péchés (de la racine tsava nas) fut établi par les écoles mahāyāna[3]. Jusqu’à ce jour c’est aussi le caractère de la confession chez les bouddhistes tibétains, qui lui attribuent une très grande influence pour obtenir une métempsycose heureuse et pour atteindre Nirvānā.

La confession (tib. Sobyong) comporte toujours le sincère repentir des péchés et la promesse de n’en plus commettre. Il est indispensable de solliciter aussi l’aide des dieux ; mais il y a différentes pratiques qui peuvent accompagner l’aveu et les prières aux divinités pour effacer les péchés : on peut citer comme la plus facile l’usage de l’eau consacrée par les Lamas dans la divine cérémonie Touisol « prières pour l’ablution » ; l’abstinence et le récit de prières fatigantes peuvent y être jointes ; cette confession porte le nom de Nyoungne, « continuer l’abstinence[4]. Ces manières pénibles de se purifier de ses péchés ne sont pas en grande faveur, et la moindre invocation aux dieux passe pour aussi efficace. Les dieux qui ont le pouvoir de remettre les péchés, sont pour la plupart des Bouddhas imaginaires qui auraient précédé Sākyamouni ; d’autres sont de saints esprits aussi puissants que les Bouddhas, tels que les Héroukas, les Samvaras, etc. Parmi toutes ces divinités trente-cinq Bouddhas sont plus particulièrement puissants pour absoudre les péchés ; c’est à eux que s’adressent le plus souvent les prières des pénitents. Ils sont appelés Toungshakchi sangye songa[5], « les trente-cinq Bouddhas de Confession ». Déjà dans les deux célèbres recueils mahāyāna, le Ratnakouta et le Mahāsamoya, on recommande vivement l’adoration de ces Bouddhas[6] ; et leurs images splendidement peintes ornent l’intérieur de beaucoup de monastères,


Les 35 Bouddhas de confession
Les 35 Bouddhas de confession
LES TRENTE-CINQ BOUDDHAS DE CONFESSION, EN TIBÉTAIN
TUNGSHAKCHI SANGYE SONGA.


où ils sont placés à côté des plus illustres des dieux et des prêtres indiens et tibétains. On trouve des prières à ces Bouddhas dans presque tous les livres de liturgie tibétaine, ou recueils de prières journalières, tels que le Rabsal, « principale clarté », et Zoundoui, « collection de charmes, ». Le nombre des Bouddhas auxquels on s’adresse n’est pas limité à trente-cinq ; dans l’une de ces suppliques, dont la traduction compose le chapitre XI, j’en ai trouvé cinquante et un ; on connaît aussi chez les bouriats des traités tibétains où se trouvent plus de trente-cinq Bouddhas de Confession. Sākyamouni est un de ces Bouddhas ; dans la prière que je viens de citer, il est appelé de son nom tibétain Sākya-Thoub-Pa et se trouve le trente-septième sur la liste ; il est dit que « si on prononce ce nom une seule fois, on est purifié de tous les péchés commis dans les existences antérieures ». Dans les images sacrées représentant les Bouddhas de Confession, sa figure est toujours au centre et la plus remarquable de toutes ; les trente-quatre autres sont plus petites et rangées au-dessus de sa tête. Dans un tableau suspendu dans le temple de Gyoungoul à Gnary Khorsoum, les images de divers personnages sacrés sont ajoutées aux trente-cinq Bouddhas.

Parmi ces figures additionnelles, les personnages revêtus du costume des anciens prêtres indiens sont les seize Nétans (sanscrit Stavirās), qui, suivant les livres saints, avaient déjà visité Ceylan, Kashmir et le versant sud de la chaîne de Kailāsa ou Trans Sātledje, peu après la première convocation des bikshous qui suivit immédiatement la mort de Sâkyamouni, et avaient répandu dans ces contrées les théories bouddhistes[7]. Six autres prêtres en habit de lamas tibétains ont quelques mots écrits au-dessus d’eux, soit : Dje Tsonkhapa ; Proulkou thongva dondon ; Khétoup sangye ; Jampaidjan lhai thama shesrab od ; Khetoub chakdor gyatso ; Groubchen tsoulkhrim gyatso. Tsonkhapa, le célèbre lama (né en 1355 avant Jésus-Christ) est honoré du titre de révérence, ṛdje ; Thongva dondon (Proulkou, le mot qui procède son nom, signifie incarnation) est né en 1414 ; Khetoup sangye est sans doute le Khetoup pal-gyi senge de Csoma (né en 1535) ; Tsoulkhrim gyatso (groub- chen, très parfait) est probablement le dixième Dalaï Lama, qui régna de l’année 1817 à 35[8]. Je ne sais rien de remarquable sur les deux autres lamas.

Une autre figure en habit chinois a les mots Genyen Darma écrits à ses pieds ; Genyen (sanscrit, oupasaka) indique qu’il appartient à la foi bouddhiste, Darma est très probablement son nom. Il porte un panier rempli des feuillets d’un livre religieux, probablement le Prājna Paramita ; cette mode très ancienne d’employer un panier pour porter les feuilles de palmier, qui dans les premiers temps servaient de papier, est encore en usage au Tibet ; les volumes séparés d’un ouvrage important sont réunis dans un panier commun. Sous le trône est la figure de la déesse Lhamo (sanscrit, Kālādevi), avec ses serviteurs ; Tsepagmed (sanscrit, Amitāyus), le dieu de longévité ; et les cinq grands rois, en tibétain Kou nga gyalpo[9].

SOUKHAVATI, LA DEMEURE DES BIENHEUREUX

La délivrance complète de l’existence, ou du monde dans son acception la plus générale, est désignée sous le nom de Nirvāna (tibétain, Nyangan las daspa, par contraction Nyangdas)[10]. La nature de Nirvāna n’est pas clairement définie dans les livres sacrés ; ce ne serait du reste pas possible avec un système philosophique dont le principe fondamental est la négation de toute réalité[11] ; aussi les saintes écritures bouddhiques déclarent-elles à chaque occasion qu’il est impossible de définir exactement les attributs et les propriétés de Nirvāna.

Le Bouddha a aussi montré le chemin[12] d’un bonheur inférieur, qui est la jouissance de Soukhavati, la demeure des saints, où atteignent ceux qui ont accumulé beaucoup de mérites par la pratique des vertus.

L’entrée à Soukhavati implique déjà la délivrance de la métempsycose, mais non de l’existence absolue, et ce n’est pas encore la perfection des Bouddhas.

En général les Tibétains d’aujourd’hui ne font pas de distinction entre Nirvāna et Soukhavati ; leur idéal suprême est la libération de la renaissance et l’admission à Soukhavati. Mes frères, qui ont souvent pu consulter les lamas tibétains, ont appris qu’une opinion toute particulière s’est maintenant établie au sujet du complet affranchissement de la métempsycose. On admet que ceux qui y sont parvenus n’ont plus aucune notion de leur existence ; un lama les comparait à un homme bien portant, pourvu d’un estomac, de poumons, d’un foie, etc., qui ne s’aperçoit en rien de l’existence de ces organes. On peut juger de l’importance attachée à la délivrance de la métempsychose par une conversation que mon frère Hermann eut avec un lama de Bhoūtan. Cet homme avait habité Lhássa pendant le séjour qu’y firent les missionnaires français Huc et Gabet et avait vu quelques lithographies coloriées représentant Notre Seigneur Jésus-Christ et divers épisodes de l’histoire biblique. Il arguait contre la religion de ces missionnaires qu’elle ne comporte point l’affranchissement final. Selon les principes de leur religion, disait-il, la récompense des dévots est la renaissance parmi les serviteurs du Dieu suprême, ils passeront l’éternité à chanter des hymnes, réciter des psaumes et des prières à sa gloire et en son honneur. Ces êtres ne sont donc pas libérés de la métempsycose ; qui peut affirmer que s’ils se relâchent de leurs devoirs, ils ne seront pas expulsés du monde où Dieu réside, pour renaître, en punition de leurs fautes, dans le monde des misérables[13] ?

Les doctrines bouddhistes, concluait-il, sont bien préférables ; elles ne permettent pas de priver l’homme des fruits de ses bonnes œuvres, et s’il peut atteindre une bonne fois la perfection finale, il ne sera plus soumis à la métempsycose. Cependant s’il désire faire du bien aux hommes, il peut, quand il le veut, reprendre la forme humaine, sans être obligé de la garder ou d’en subir les inconvénients.

L’heureuse région Soukhavati, où règne Amitābha, est située bien loin vers l’ouest[14]. En sanscrit on l’appelle Soukhavati, « qui abonde en plaisirs », en tibétain Dévachan, « l’heureuse » ; les Chinois la nomment Ngyan-lo, « plaisir » ; Kyo-lo, « le plaisir suprême « ; Tsing-tou, « pur ou glorieux pays », et dans les livres sacrés elle est définie « la pure région, l’essence de prospérité. » Nous trouvons des descriptions de ce glorieux royaume d’Amitābha dans beaucoup de livres religieux[15]. Soukhavati est un immense lac ; sa surface est couverte de fleurs de lotus (Padmas) rouges et blanches, qui répandent un rare parfum ; ces fleurs forment la couche des hommes pieux qui pendant leur séjour sur la terre ont su s’élever par leurs vertus. Ces hommes, après s’être purifiées de leurs péchés, s’envolent dans leurs fleurs de lotus. Les habitants de cet Éden sont invités à une profonde dévotion par les chants merveilleux des oiseaux de paradis et n’ont qu’à souhaiter pour recevoir nourriture et habit sans qu’ils fassent aucun effort. Ils n’ont pas encore atteint l’état de Bouddha, mais ils sont sur le chemin direct qui y conduit ; ils jouissent du pouvoir de prendre la forme humaine et de revenir sur la terre ; dans ce cas ils ne sont point assujettis à la renaissance, mais retournent dans la région qu’ils avaient quittée. La renaissance dans une fleur de lotus du paradis s’obtient en invoquant les Bouddhas et plus particulièrement Amitābha.

Cette dévotion, selon le Tsing tu nen, traduit par Schott, possède un plus grand mérite que les sacrifices et les mortifications.

  1. Sur ces six ordres d’existence, voyez Burnouf, Lotus de la bonne Loi, p. 309 ; Pallas, Mongol. Völkerschriften, vol. II, p. 95 ; Schmidt, Ueber die dritte Welt der Buddhisten, Mém. de l’Acad. des Sciences, vol. II, p. 27, 39. Les auteurs mongols placent les Lhamayin avant l’homme, qu’ils relèguent à la troisième classe ; mais les ouvrages consultés par Burnouf, Rémusat, Hardy, etc., les classent dans l’ordre donné dans notre texte. Dans beaucoup de livres sacrés, il n’y a que cinq classes ; les Singhalais, par exemple, omettent la classe des Asouras. Hardy, Manual, p. 37. Burnouf, p. 377. Pour la description et les divisions de l’enfer, voyez Foe-Koue-Ki, traduction anglaise, p. 133. Hardy, Manual, p. et 27, Pallas, vol. II, p. 53.
  2. Shindje correspond au dieu Yama des Hindous ; à son sujet, comparez Coleman, Mythology of the Hindous, p. 112. Les Mongols l’appellent Erlik khan ou Yamantâka, Pallas, Mongol. Völker, vol. II, p. 553. On a dit à Pallas que les bonnes et les mauvaises actions étaient rapportées par deux esprits, l’un favorable, l’autre méchant. Ceux-ci, par l’ordre de Shindje, apportent l’âme devant lui et marquent le nombre de ses bonnes ou mauvaises actions par des cailloux blancs ou noirs, Shindje les contrôle au moyen du livre Bealtan Tooli, où sont enregistrés tous les actes de chaque individu.
  3. Voyez Burnouf, Introduction, p. 209. Csoma, Analyses, As. Res., vol. XX, p. 58. Wassiljew, Der Buddhismus, pages 92, 100, 291. Pratimoska est un manuel qui contient les lois du clergé bouddhiste ; une traduction en a paru dans le Ceylon Friend, 1839 ; on en trouvera une analyse dans Csoma, l. c., qu’il faut comparer avec l’Introduction de Burnouf, p. 300. Hardy donne beaucoup d’extraits de ces préceptes.
  4. Khrous, être entièrement lavé ; g̣sol, prière, supplication ; ṣuung, se restreindre (en nourriture) ; g̣nas, continuer. Pour les détails, voyez chap. xv.
  5. Ltung ḅshagṣ, Confession des péchés. kyi (chi) au génitif ; so-laga, trente-cinq.
  6. Wassiljew, Der Buddhismus, p. 170-186.
  7. Voyez leurs noms tibétains dans Schiefner, Tibetanische Lebens-Bechreibung Sākyamuni’s. Note 43. — Csoma, As. Res., vol. XX, p. 439, donne d’autres noms à plusieurs d’entre eux. Les Nétans jouissent d’une grande réputation parmi les Tibétains, qui récitent dans différents cas un hymne en leur honneur, intitulé : Netan choudrougi todpa, louanges des seize Nétans. La bibliothèque de l’Université de Saint-Pétersbourg en possède une copie.
  8. Voyez Csoma, Grammaire, p. 181 et suivantes.
  9. Sur Lhamo, voyez chap. x ; sur Tsepagmed, voyez chap. xi ; sur les cinq grands rois, voyez chapitre XIII.
  10. Sur la différence entre l’idée première de Nirvāna et l’opinion tibétaine, voyez Köppen. Die Religion des Buddhas, vol. I, p. 307.
  11. Voyez p. 23.
  12. Voyez page 28.
  13. Dans les dessins qu’avait vus le Lama, des anges volaient sans doute dans les airs au-dessus et autour des figures principales. Il devait connaître aussi l’expulsion des mauvais anges.
  14. Le bouddhisme primitif n’admet pas qu’une situation particulière soit imposée à Nirvāna. D’après le remarquable traité intitulé : Milinda pasna, traduit par Hardy dans ses livres sur le bouddhisme, le prêtre Nagasena (Nagarjouna), aurait répondu au roi Milinda de Sangala (environ 140 ans avant J.-C., voyez A. Weber, Indische Studien, vol. III, p. 121), qui l’interrogeait sur la nature, l’essence et la situation de Nirvâna. Nirvâna est partout où on peut observer les préceptes ; ils peuvent s’observer à Yawana en Chine, à Milata, à Alasanda, à Nikoumba, à Kâsi, à Kosâla, à Kashmir, à Ghandhara, aux sommets du Mahamérou ou de Brama-Lôkas : Nirvâna est partout, de même qu’on peut voir le ciel de tous ces points ou que tous ses lieux peuvent avoir un orient.
  15. Quelques-unes de ces descriptions ont été traduites du mongol et du chinois en langues d’Europe, par Pallas, Mongol. Völker, vol. II, p. 63. Sa traduction semble pourtant n’avoir pas rendu correctement le texte, voyez Schott ; Schmidt, (Geschichte Ssanang Ssetsens, p. 323, d. Bodhimör, Kowalewski dans sa Mongolian Chrestomathy) en russe, vol. II, page 319. Schott, Der Buddhaismus in Hoch-Asien, p 50, 59. Comparez aussi l’analyse du Soukhavati vyouha. Burnouf, Introduction, p. 99, et Czoma, As. Res., vol. XX. p. 439. Parmi les autres livres tibétains qui en donnent une description sont le Mani Kamboum et le Odpagmed hyi shing kod, disposition du pays d’Amitābha. La bibliothèque de Saint-Pétersbourg en possède une copie en mongol intitulée : Abida in oronou dsokiyal.