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Le Château aventureux/12

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Plon (3p. 118-120).


XII


Ils étaient quatre. L’aîné après monseigneur Gauvain fut Agravain, plus grand que lui de corps, carré de tous membres et blanc comme laine, assez bon chevalier avec cela, mais envieux, orgueilleux comme un Ennemi, sans amour ni pitié, et abondant en mauvaises paroles.

Le suivant s’appelait Guerrehès. C’était le plus gracieux, hardi d’ailleurs, et beau, et gent, bien qu’il eût le bras droit plus long que le gauche. Il fit d’assez hautes prouesses, mais n’en dit jamais rien que contraint. Des quatre frères, ce fut lui le plus mesuré ordinairement, mais le plus déchaîné quand il était en colère. Le conte parle moins de Guerrehès que des trois autres.

Gaheriet fut bon jouteur, preux et entreprenant, beau de tous ses membres, mais surtout de visage, si endurant qu’il supportait les plus longues fatigues, plus élégant que tous ses frères avec cela, et plein de largesse, en sorte qu’il fut fort aimé des dames. Les jours de chasse, quand le mari de sa mie était occupé à suivre les limiers au bois, lui, tout riant, il revenait par la vieille route ; et sa dame courait au-devant de lui, les bras tendus : alors ils ne pensaient point à leurs âmes, et ils n’avaient pas besoin de cloches ni d’église, ni d’autres chapelains que les oiseaux. Dieu ! que de beaux chants et de belles histoires il conta sur de riches lits avant l’heure de none ! Pourtant, il ne cessa jamais d’acquérir chevalerie en cherchant les aventures, et il vécut très bien toute sa vie. Ce fut lui que messire Gauvain préféra.

Le quatrième, et le pire de tous, avait nom Mordret. Il était grand, blond, les cheveux crêpelés, et il eût été agréable à voir s’il n’eût eu le regard traître. Envieux, félon, il n’aima jamais les bons chevaliers, depuis le jour qu’il prit les armes. Durant sa vie, il fit plus de mal que tous ses frères ensemble ne firent de bien durant les leurs. Il était fils du roi Artus qui l’avait engendré en sa sœur sans savoir qu’elle l’était, comme il est dit dans l’histoire de Merlin l’enchanteur. Et il sera plus tard parlé de Mordret ; mais il n’en est pas encore temps : à présent le conte devise de Gaheriet.