Le Château aventureux/49

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Plon (3p. 234-235).


XLIX


Au matin, la fille du roi, bien dolente, fit préparer ses gens, prit congé du roi Artus qui le lui donna à grand regret, et, après avoir conté à Lionel tout ce qui s’était passé, elle repartit pour son pays.

— Dame, disait cependant Lionel à la reine, pourquoi nous avez-vous trahi en chassant si vilainement monseigneur Lancelot ? Il adviendra encore grand mal de cela, et vous verrez commencer une quête où maints prud’hommes mourront, qui ne l’auront pas mérité. Certes, votre lignage est plus rabaissé par vous, en un jour, qu’il ne sera jamais élevé durant toute votre vie !

— Ha ! Lionel, je sais bien que je me suis méprise, et je vous en crie grâce, à vous, comme je ferais à Lancelot s’il était ici ! J’étais si hors de sens quand je le trouvai avec la demoiselle, que je ne savais ce que je faisais… Je m’en repens durement !

— Le repentir vaut peu quand le mal est sans remède !

Là-dessus, Lionel fut dire à son frère Bohor et à son cousin Hector comment Lancelot avait disparu, et tous trois battirent la forêt tout le jour ; mais ils ne trouvèrent rien. Alors ils se mirent en quête chacun de son côté.

Bientôt l’absence de Lancelot et la leur furent remarquées à la cour, de façon que messire Gauvain, Sagremor, messire Yvain, Agloval, Gaheriet, Guerrehès et plus de trente autres compagnons partirent à leur recherche. Et vainement ils cherchèrent Lancelot durant trois ans et plus. Mais le conte ne parle de nul d’entre eux, et retourne maintenant à Perceval le Gallois.