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Le Chat maigre/05

La bibliothèque libre.
Calmann-Lévy (p. 212-229).

V


Le temps coula. M. Godet-Laterrasse venait quelquefois donner une leçon à son élève. Le Chat Maigre n’emplissait pas toute l’âme de Remi, qui restait volontiers dans sa chambre à croquer des friandises exotiques, achetées chez un épicier créole de la rue Tronchet. Depuis que le temps était doux, Remi ouvrait, chaque matin, sa fenêtre et regardait dans la rue. Il prenait plaisir à voir trotter les chevaux, qui lui apparaissaient minces d’encolure, longs de corps et gros de croupe. Il ne voyait des femmes qui passaient tout en bas, devant la porte de l’hôtel, que la coiffe du chapeau, les cheveux et la jupe bouffant en arrière, et parfois le ventre sous le menton. Il remarquait les balancements gracieux ou les dandinements comiques de toutes ces créatures qui suivaient leur chemin facile ou ardu. Il s’amusait à ces aspects fuyants de la vie et ne gâtait son spectacle par aucune réflexion. Car aucune pensée profonde n’avait encore germé sous sa chevelure épaisse. Ce qui l’intéressait le plus, c’était la maison qui étalait devant lui sa façade de pierre neuve, percée de cinq fenêtres par étage. Il apercevait par les croisées entr’ouvertes des pans de papier peint, des boiseries de salle à manger, des bouts de cadres dorés et des coins de meubles. Tout cela, diminué par la distance (car la rue était large), prenait pour lui les dimensions et l’agrément d’un joujou. Les personnages qui s’agitaient dans ces cases lui semblaient des poupées d’une merveilleuse finesse. Il suffisait d’une tête effarée, apparue tout à coup sur le toit, par une lucarne, et présentant au soleil un crâne chauve ou des yeux clignotants, pour jeter le créole dans une longue gaieté et lui inspirer des douzaines de croquis qu’il déchirait. En quelques jours il connut tout le petit monde qui s’agitait à quelques mètres de sa fenêtre, dans la grande ruche de pierre. Sur le balcon du cinquième étage, un capitaine en retraite (c’en devait être un) semait des graines dans une caisse. Aux étages moyens les gens de service exposaient des tapis de fourrure sur la barre d’appui des fenêtres. Parfois, Remi voyait un balai passer devant les meubles endormis sous des housses contre les panneaux blancs. Au rez-de-chaussée, un commis d’agence écrivait sans relâche debout devant un haut pupitre.

Mais le regard de Remi plongeait de préférence dans les chambres du quatrième. Il n’y voyait jamais rien d’étrange ni de mystérieux ; rien de voluptueux, rien qui pût faire monter le sang aux tempes d’un jeune homme. Les fenêtres du quatrième étage n’étaient remarquables que par une cage de serins et un très petit pot de fleurs. L’appartement que ces fenêtres éclairaient était occupé par une dame sur le retour, lente et active, très calme, et dont le visage placide apparaissait de fenêtre en fenêtre, couronné par des restes de beaux cheveux qui laissaient sur le haut de la tête une raie blanche trop large. Sa fille, encore enfant et portant des robes courtes, avait les beaux cheveux de sa mère, mais d’un blond plus clair et plus lumineux, abondants et riches et séparés en deux masses par une ligne très fine. Elle s’agitait comme un garçon et ne savait que faire de ses bras et de ses jambes.

Remi entra, sans s’en apercevoir, dans l’intimité de ces deux personnes et s’intéressa aux travaux monotones de leur existence. Il savait l’heure des repas et des leçons, le temps d’aller en promenade et celui de rentrer la cage des oiseaux, les jours où l’on s’armait de cahiers et de livres pour se rendre au cours. Il savait que ces dames sortaient chaque dimanche à onze heures avec un livre d’église à la main. Tous les autres jours de la semaine, à dix heures du matin, la jeune fille s’asseyait devant le piano dont la poignée de cuivre brillait près de la fenêtre dans le salon doré. Remi voyait deux petites mains rouges, deux mains de fillette, courir brusquement sur les touches et faire des gammes qu’il n’entendait pas. Mais on ne restait point de longues minutes assise sur le tabouret devant l’instrument. On se mettait à la fenêtre et, quand elle était close, on soulevait le rideau blanc, on regardait dans la rue avec une candide audace et on appuyait contre la vitre un petit nez dont le bout blanchissait en s’aplatissant ; puis on disparaissait ainsi qu’on avait paru, sans raison bien appréciable, comme un oiseau s’envole. La mère et la fille avaient toutes deux des yeux d’enfant, ouverts et limpides, des yeux sans rêve et qui semblaient dire : « Rien n’a troublé, rien ne troublera notre paix affectueuse. » La mère, veuve sans doute depuis longtemps, montrait la plus parfaite quiétude. Sa bonté de femme grasse se devinait à ses gestes doux sans caresse et à sa vigilance sans trouble. Mademoiselle était brusque. Mademoiselle ne s’avisa-t-elle pas un jour d’ouvrir la fenêtre, de se pencher sur le balcon et de faire des signes à deux de ses compagnes de catéchisme ou de cours, qui passaient dans la rue ? Elle ne parut pas confuse du tout quand sa mère la fit rentrer dans la chambre et envoya, comme le comprit Remi, la bonne à la recherche des deux demoiselles, qui montèrent et se dirent des choses sans doute fort gaies, car elles riaient toutes trois à grands éclats. Et leur rire venait, à travers la large voie, aux oreilles de Remi, comme un bruissement à peine perceptible de perles remuées.

Remi longeait, chaque matin, le Luxembourg, dont il voyait à travers les grilles, sous une brume légère, les gazons ondulés et les massifs de plantes exotiques. Il gagnait la rue Carnot et entrait dans l’atelier. On laissait pour lui la clef sous le paillasson.

L’atelier de Labanne était si rempli de livres qu’on eût dit une remise de bouquiniste. Les piles de livres montaient autour des ébauches abandonnées sous leurs linges séchés. Le sol était entièrement recouvert de volumes empilés. On marchait sur des plats de basane. C’était de toutes parts des dos de veau à nervures et à fleurons, des tranches rouges ou chinées, des couvertures jaunes, bleues, rouges, qui pendaient à demi arrachées. Les coins écornés des in-folios bâillaient et le carton s’effeuillait entre les cuirs recroquevillés. Une ancienne poussière recouvrait lentement cet amas de littérature et de science.

Les murs avaient été autrefois blanchis à la chaux. Nus à leur partie supérieure, ils étaient charbonnés, à hauteur d’homme, d’un texte mi-grec, mi-français. C’était le commentaire du Phédon que Branchut écrivit d’inspiration après une nuit d’insomnie. La porte était couverte d’inscriptions tracées diversement par des mains différentes.

La plus haute, gravée à la pointe d’un canif en lettres capitales, disait :


LA FEMME EST PLUS AMÈRE QUE LA MORT.


La seconde, moulée au crayon Conté, en ronde, disait :


Les académiciens sont des bourgeois. Cabanel est un coiffeur.


La troisième, tracée à la mine de plomb, en cursive, disait :


Gloire aux corps féminins qui, sur le mode antique,
Chantent l’hymne sacré de la beauté plastique !

Paul Dion.


La quatrième, tracée à la craie, d’une main inhabile, disait :


J’ai rapporté du linge blanc. Lundi je prendrai le sale chez le concierge.


La cinquième, jetée au fusain par Labanne, disait :


Athènes ! ville à jamais vénérable, si tu n’avais pas existé, la terre ne saurait pas encore ce que c’est que la beauté.


La sixième, marquée au moyen d’une épingle à cheveux qui avait légèrement égratigné la peinture, disait :


Labanne est un rat. Je me fiche de lui.

Maria.


Il y avait sur cette porte d’autres inscriptions encore.

Dans un coin, près du poêle, une couverture de cheval était jetée sur des livres et des journaux. Ces journaux, ces livres et cette couverture formaient le lit du moraliste Branchut.

Un jour que Branchut, assis sur sa couverture de cheval, songeait à Démosthène, aux professeurs allemands et à la princesse Fédora, Remi, occupé à copier un pot à eau, tirait la langue par excès d’attention. Voulant effacer ses repentirs, il demanda au philosophe s’il n’avait pas dans ses poches de la mie de pain rassis. Et il l’appela par mégarde M. Branchut du Tic. Branchut, que ses malheurs rendaient irascible, le regarda avec des yeux de homard. Un frisson formidable courut tout le long de son nez. Il sortit furieux.

Le poète Dion, qu’il alla trouver à la brasserie, et Labanne, qu’il découvrit sur les quais devant une boîte de livres, prirent en main son affaire. Le poète Dion voulait du sang ; mais le sceptique Labanne se montra doux et amena une sorte de réconciliation. D’ailleurs Remi n’avait pas de rancune.

Le moraliste et le créole vécurent en paix pendant un mois ou deux. Mais Branchut, dont le destin était de souffrir par les femmes, eut le malheur de regarder avec tendresse l’hôtesse du Chat-Maigre. Or, le visage de Branchut, quand il exprimait la tendresse, ressemblait terriblement à une face d’épileptique. Virginie, qu’il dévisageait avec des yeux injectés, jaillissant hors de leurs orbites, fut épouvantée et fit grand bruit de son épouvante. Elle ne manquait aucune occasion de témoigner au philosophe l’horreur vertueuse qu’il lui inspirait, et comme elle coulait en même temps vers Remi des œillades chargées de volupté, Branchut fut mordu de tous les aiguillons de la jalousie. Il souffrait, il devint méchant.

Il s’en prit d’abord au doux Labanne, qui avait le double tort d’être pourvu de quelques petites rentes et de rendre service au philosophe. Branchut lui rendait solennellement, tous les matins, la clef de l’atelier, que le sculpteur replaçait tous les matins avec tranquillité sous le paillasson où Branchut venait la reprendre tous les soirs.

Pendant les mois de juillet et d’août, Branchut devint amer, sceptique et fort. Il tournait au grand homme. Il méprisait la femme, qui est, disait-il, un être inférieur. Il affectait de ne pas même regarder Virginie en lui demandant impérieusement des bouteilles de bière que Labanne payait.

Il faisait sur l’art des théories transcendantes.

— J’ai vu dernièrement au muséum, disait-il, une figure de mammouth tracée à la pointe du silex sur une lame d’ivoire fossile. Cette figure date d’une époque préhistorique ; elle est antérieure aux plus vieilles civilisations. C’est l’œuvre d’un sauvage stupide. Mais elle révèle un sentiment artistique bien supérieur aux plus belles conceptions de Michel-Ange. C’est une représentation à la fois idéale et vraie. Et nos meilleurs artistes modernes sacrifient soit la vérité à l’idéal, soit l’idéal à la vérité.

En parlant ainsi, il regardait Labanne avec des yeux révulsés. Mais Labanne était content. Il approuva et développa la pensée de son ami, le philosophe.

— L’art, dit-il, décline à mesure que la pensée se développe. En Grèce, du temps d’Aristote, il n’y avait plus de sculpteurs. Les artistes sont des êtres inférieurs. Ils ressemblent aux femmes enceintes : ils accouchent sans savoir comment. Praxitèle fit sa Vénus comme la mère d’Aspasie fit Aspasie, tout naturellement, tout bêtement. Les sculpteurs d’Athènes et de Rome n’avaient pas lu M. l’abbé Winckelmann. Ils n’entendaient rien à l’esthétique et ils firent le Thésée du Parthénon et l’Auguste du Louvre. Un homme d’esprit ne produit rien de beau ni de grand.

Branchut répondit aigrement :

— Pourquoi êtes-vous sculpteur, en ce cas, vous qui vous croyez un homme d’esprit ? Il est vrai que je n’ai jamais rien vu de vous qui s’approchât le moins du monde d’une statue, d’un buste ou d’un bas-relief. Vous n’avez pas seulement une maquette ou un croquis à montrer, et il y a bien cinq ans que vous n’avez touché l’ébauchoir. Si vous gardez votre atelier uniquement pour m’y donner asile, je vous dois et je me dois à moi-même de vous avertir que je ne serai pas embarrassé de trouver un gîte ailleurs. Je ne vous ai pas donné, que je sache, le droit de m’accabler de vos bienfaits.

Mais le philosophe, malgré sa grandeur d’âme, ne put se maintenir longtemps à ces hauteurs. Il redevint faible. Il oublia le mammouth du muséum et ne vit plus que Virginie. Il tomba dans un morne abattement. Il y eut pourtant une belle heure dans sa vie. Ayant rencontré un matin Virginie qui revenait de la halle avec un panier à chaque bras, suant, soufflant, toussant et suffoquée par un commencement d’asthme, il la suivit moitié de gré, moitié de force et obtint d’elle de porter le panier de viande. Il fut ravi. Cette joie le gâta. Il espéra, il osa tout. Un soir, il se glissa dans la cuisine et saisit entre ses bras Virginie qui lavait la vaisselle. Elle laissa tomber une assiette et poussa des cris déchirants. Non, la princesse Fédora n’avait pas crié si fort.

Ce fut un scandale. Le poète Dion était heureux. Les yeux de Mercier pétillaient sous leurs lunettes. Labanne haussait les épaules. Remi, un peu fâché, sourit intérieurement quand il eut trouvé sa vengeance. C’était une vengeance d’écolier et de sauvage dont il se léchait d’avance les lèvres. Il la laissa dormir dans son cœur gourmand et paresseux comme un pot de confitures dans l’armoire d’une bonne ménagère.

Le poète Dion parla de nouveau de fonder une revue. La tentative de l’an dernier avait échoué, parce que les trois cents francs de la grand-mère s’étaient trouvés employés en dépenses domestiques. Mais Dion venait de recevoir trois cents autres francs.

— Il faut trouver un titre, disait-il.

On se sépara au bout de deux heures, après avoir imaginé un très grand nombre de vocables insensés ou connus.

Le lendemain, le poète Dion salua l’assemblée du Chat-Maigre par ce cri antique :

— J’ai trouvé : L’Idée !… l’Idée, revue nouvelle.

Et, pressant entre ses doigts une feuille imaginaire, la tête de côté, ses cheveux apolloniens rejetés en arrière, le visage éclairé d’un sourire, il lisait intérieurement en grosses capitales : L’Idée, revue nouvelle, Paul Dion, directeur.

— Quelle idée ? demanda le sceptique Labanne, en caressant sa barbe jaune.

— L’idée de la basse mathématique, parbleu ! répondit Mercier.

— L’idée de la supériorité de la poésie et de l’idéal sur la prose et la réalité, répondit Dion.

— Et aussi peut-être, insinua le moraliste Branchut avec une douceur aigre, en frottant son nez sinueux, et aussi peut-être l’idée de la morale nouvelle dont je me propose d’exposer la théorie, si toutefois je puis vous être agréable en le faisant.

Labanne fit cette remarque qu’il fallait intituler la revue, non pas l’Idée, mais les Idées, puisqu’ils avaient chacun la leur.

Toutefois, le premier titre fut maintenu et le poète Dion rédigea sur une feuille de papier à lettres, avec la plume dont Virginie écrivait ses comptes, le sommaire du premier numéro, qui devait contenir :

1o Un avis au lecteur, par Paul Dion ;

2o Un article indéterminé sur la philosophie, par Claude Branchut ;

3o Un article plus indéterminé encore sur les beaux-arts, par Émile Labanne ;

4o La maîtresse dont on meurt, poésie par Paul Dion ;

5o Quelque chose de très vague sur les sciences, par Guillaume Mercier.

Quant aux articles de théâtre et de bibliographie, le directeur en faisait son affaire.

Le texte étant ainsi constitué, Dion avisa, dans quelque rue mal pavée du quartier Saint-André-des-Arts, un imprimeur en détresse qui se chargea avec une morne indifférence d’imprimer la revue. Cet imprimeur était un petit homme chauve et blême, dont l’aspect fondant faisait songer aux restes d’une bougie consumée dans un courant d’air. Ses affaires étaient dans un pitoyable état. C’était un imprimeur désespéré, mais c’était un imprimeur. Il imprimait. Il envoyait des épreuves que Dion graissait sur toutes les tables de café. Mais, il fallait bien le reconnaître, malgré quelques poésies envoyées de divers points de l’Europe au rédacteur en chef de l’Idée, on manquait de copie. Le numéro promettait d’être d’autant plus mince que Branchut perdait sous les portes cochères les pages de son article philosophique à mesure qu’il les écrivait et que Labanne avait expressément besoin de lire quinze cents volumes avant d’écrire les premières lignes de ses études d’art. L’article de Mercier existait du moins, mais l’auteur, serré dans son écriture, dans son style et dans ses idées comme dans ses habits, aurait fort bien pu faire tenir ces articles-là sur les deux verres de ses lunettes. Quant à la Maîtresse dont on meurt, elle en était déjà à sa troisième épreuve.

C’est à ce moment que Sainte-Lucie, secrétaire de la rédaction, proposa au poète Dion de le présenter à M. Godet-Laterrasse, qui ne manquerait pas de fournir un article. Ce fut une grande nuit que celle où M. Godet-Laterrasse, descendu d’une impériale d’omnibus, entra dans l’établissement de Virginie. Il tourna le bec de canne avec la main d’un homme qui se sait appelé ; et, tandis qu’un murmure flatteur accueillait son entrée, il traversa la boutique dans une majesté africaine tempérée de morbidesse créole. En s’entendant appeler « cher maître » par le poète Dion, il découvrit toutes ses dents par un sourire d’idole. Mais tout à coup son visage reprit une expression d’amertume hautaine. Il avait vu Labanne promener un regard indifférent à travers la fumée d’une pipe profonde. Il savait que Labanne avait résolu un jour de le représenter dans une attitude sublime, avec un cadran sur le ventre. Depuis ce temps, il considérait Labanne comme un sceptique des plus corrompus. Plein de cette pensée, il tourna vers Dion et Mercier sa face horizontale et leur dit :

— Jeunes gens, gardez-vous du scepticisme. C’est un souffle empoisonné qui dessèche l’âme dans sa fleur.

Il promit à la revue un chapitre inédit de son grand livre sur la régénération de l’humanité par la race noire.

Il développa son idée. La race noire n’était pas souillée par cette lèpre chrétienne qui dévorait depuis dix-huit siècles tous les peuples de la famille blanche.

Il raconta que, à peine âgé de onze ans et se promenant seul au bord de la mer, en face de l’immensité, il se disait : « Les curés auront beau dire ; je ne croirai jamais que le christianisme ait rien fait pour l’abolition de l’esclavage. »

Quand il sortit, on lui fit escorte. L’omnibus, signalé par Sainte-Lucie, approchait. M. Godet-Laterrasse, ayant distribué des poignées de main, prit cordialement son élève par les épaules et l’entraîna à l’écart.

— J’ai oublié mon porte-monnaie, lui dit-il. Quelle étourderie ! Prêtez-moi donc quelques sous.

Puis, ayant adroitement saisi une pièce blanche dans une poignée de main, il escalada l’impériale en criant :

— Courage, Remi. Piochez le Tacite !