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Le Commandant de cavalerie (Trad. Talbot)/9

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Le Commandant de cavalerie (Trad. Talbot)
Traduction par Eugène Talbot.
Le Commandant de cavalerieHachetteTome 1 (p. 368-370).


CHAPITRE IX.


Conclusion.


Il suffit de lire peu de fois ces avertissements ; mais pour l’exécution, c’est des circonstances que l’on prendra conseil : on y réfléchira, et l’on tâchera de tirer parti du moment. Il n’est pas plus possible de tracer par écrit tout ce qu’on doit faire que de connaître tout l’avenir. Mais la plus importante, à mon avis, de toutes les recommandations, c’est de presser l’exécution de tout ce qu’on croit bon. Les plans les mieux combinés, en agriculture, en navigation, en commandement, ne portent aucun fruit, s’il n’y a personne pour veiller à ce qu’ils s’exécutent.

Je dis encore qu’avec l’aide des dieux, le moyen de compléter le plus promptement et le plus facilement pour les citoyens un corps de mille cavaliers, c’est d’y admettre deux cents étrangers[1]. Il me semble que cette recrue rendrait tout le corps plus obéissant, et y introduirait une plus grande émulation de bravoure. Je vois que la cavalerie des Lacédémoniens n’a commencé à se distinguer que quand ils y ont admis des étrangers. Et de même dans les autres cités, je vois partout l’estime des cavaleries étrangères ; le besoin qu’on en a les y fait bien venir.

Quant à l’acquisition des chevaux, je crois que les fonds seront fournis par ceux qui s’abstiennent tout à fait de monter à cheval, et qui, bien que cette charge leur incombe, aiment mieux payer pour la cavalerie que de devenir cavaliers, puis, par les gens riches, qui sont trop faibles de complexion, et enfin, je crois, par les orphelins qui possèdent une grande fortune. Je pense aussi que ceux des métèques qu’on admettra dans la cavalerie, auront à cœur de s’y distinguer. Je vois en effet que, dans tous les hauts emplois qu’ils partagent avec les autres citoyens, presque tous mettent un grand zèle à s’acquitter dignement de leurs fonctions. Il me semble aussi que l’infanterie mêlée à la cavalerie se comportera parfaitement, si on la compose d’hommes qui détestent nos ennemis. Mais tout cela ne se fera qu’avec l’aide des dieux.

Et si quelqu’un s’étonne de voir tant de fois écrits dans cet ouvrage les mots « avec l’aide [des dieux, J qu’il sache que sa surprise diminuera, s’il s’est trouvé souvent en danger, et s’il réfléchit qu’en temps de guerre on se tend réciproquement des piéges et qu’on sait rarement quelle en sera l’issue. Or, en pareille occurrence, on ne peut prendre meilleur conseil de personne que des dieux. Ils savent tout et le communiquent à qui bon leur semble par l’intermédiaire des victimes, des oiseaux, des voix et des songes : seulement, il est naturel qu’ils conseillent surtout ceux qui non-seulement les consultent dans le besoin sur ce qu’ils doivent faire, mais qui, dans le succès, les honorent autant qu’il est possible d’honorer les dieux.



  1. Avant les guerres médiques, les Athéniens n’avaient point de cavalerie. Aussi les Perses les crurent-ils fous, quand ils les virent s’avancer contre eux à Marathon sans flèches et sans chevaux. Mais bientôt après on leva un corps de 300 cavaliers, et un autre de 300 archers scythes. La cavalerie s’éleva ensuite progressivement jusqu’à 1200 hommes. Au moment où Xénophon écrivit son traité, tout porte à croire que la cavalerie avait dégénéré, que les cavaliers n’avaient plus de cœur à servir, ou que les sacrifices qu’on s’était imposés pour la guerre du Péloponèse ne permettaient plus d’entretenir ce corps d’élite. C’est en considération de ces motifs que Xénophon donna le conseil fort sage d’appeler les métèques, ou étrangers domiciliés, à faire partie de la cavalerie.