Le Convoi de Casimir Périer (O. C. Élisa Mercœur)
Ah ! puissent tous les sons de l’hymne qui commence |
Élisa Mercœur. |
Que ta douleur est belle et touchante, ô Patrie !
Quand de leur splendeur morte en revêtant ton deuil,
Tu t’inclines sur le cercueil
Des vengeurs, des soutiens de ta cause chérie !
Lorsque, pour honorer leurs mânes triomphans,
Tu confonds des partis les regrets unanimes !
Et que tes yeux de mère ont des larmes sublimes
Quand tu pleures sur tes enfans !
C’est à ces pleurs sacrés, à ce funèbre hommage,
Offert à l’éloquence, aux vertus, au courage,
À cet auguste adieu, lorsque d’un peuple entier
La foule sur la terre, à son dernier passage,
Escorte un orateur, un poète, un guerrier
Quand, pour trouver un mot qui dit tout, on le nomme,
C’est à ce saint aspect de la douleur de tous,
C’est témoin de sa mort qu’on se sent plus jaloux
De l’existence d’un grand homme.
- ↑ N’étant point encore entrée dans aucun cimetière, lors du
convoi de Casimir Périer, Élisa voulut profiter de cette circonstance
pour visiter le Père-Lachaise, parce que la foule, disait-elle,
ferait disparaître toute idée de mort. Pauvre enfant ! elle
était loin de penser que trois ans après elle occuperait un tombeau
près de celui de ce ministre !
Placées dans la grande allée comme tous ceux qui avaient devancé le convoi, nous y étions depuis un quart d’heure lorsqu’on cria de faire place. Un monsieur, qui se trouvait près d’Élisa, lui dit : « Mademoiselle Mercœur ne se sent-elle pas inspirée à la vue de cette imposante cérémonie ? Qu’ils seraient beaux, mademoiselle, les vers que vous feriez sur une telle circonstance, dans ce lieu où tant de grands hommes reposent !… » Réfléchissant quelques instans sur l’avis qui venait de lui être donné, Élisa porta une de ses mains sur son front, comme si elle y avait cherché quelque chose ; et, après que le cortège eut défilé, elle nous dit les deux strophes ci-dessus… Il me serait impossible de peindre l’étonnement de ce monsieur.