Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/19

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Imprimerie de Chatelaudren (2p. 580-581).


CHAPITRE XIX

POÉSIE, PIÈCES DE THÉÂTRE



La composition des ouvrages en vers paraît avoir été jusqu’ici étudiée fort sommairement par les publications consacrées aux arts graphiques : manuels ou traités passent rapidement sur cette question, après l’aumône quelque peu hautaine d’une brève mention.

Des raisons, dont il faut reconnaître le bien-fondé, paraissent légitimer cette attitude :

a) La longueur de la ligne, la justification plutôt, est généralement déterminée par l’étendue des vers les plus longs ;

b) Grâce au caractère choisi, la justification imposée peut contenir le texte du vers le plus étendu ;

c) Dès lors, la régularité de l’espacement — qui est une loi aux exigences de laquelle on ne saurait se soustraire, dans ce genre de travaux — se trouve grandement facilitée, et les difficultés que présente à maintes reprises, dans la composition courante, l’obligation de la division des mots en fin de ligne sont supprimées ;

d) Enfin, les exigences de la mesure poétique ne tolérant aucune abréviation, aucun terme exprimé en chiffres, le compositeur est allégé du souci de se conformer à des règles dont l’incertitude et les incessantes exceptions lui causent parfois de multiples ennuis en temps ordinaire.

Si théorie et pratique s’accordent parfaitement sur ces différentes questions, il est, toutefois, un autre point — le renfoncement des vers — qui ne laisse pas que d’embarrasser compositeurs, metteurs en pages et aussi — pourquoi ne pas l’avouer franchement ? — correcteurs.

Comment et qu’est-ce que renfoncer ou, mieux, rentrer un vers ?

De combien de cadratins — l’emploi du demi-cadratin n’étant plus aujourd’hui, à notre avis, et à l’encontre de M. E. Leclerc, qu’une exception — les divers genres de vers doivent-ils, suivant les circonstances, être rentrés ?

Qu’est-ce qu’un pied, une syllabe ?

Enfin, quelles règles typographiques particulières régissent les acrostiches, les bouts-rimés, les chronogrammes, etc. ?

Autant de points d’interrogation, auxquels, l’ignorance des licences poétiques venant ajouter son contingent d’obscurités, bon nombre de typographes n’ont certes point la possibilité de répondre.