Le Dialogue (Hurtaud)/18

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Traduction par Hurtaud.
Lethielleux (p. 69-70).


CHAPITRE II

(18)

Comment nul ne peut échapper aux mains de Dieu, parce qu’il atteint tous les hommes ou par sa miséricorde ou par sa justice.

Sache, ma fille, que nul ne peut s’échapper de mes mains : car Je suis celui qui suis et vous, vous n’êtes pas par vous-mêmes : vous n’êtes qu’autant que vous êtes faits par Moi. Je suis le créateur de toutes les choses qui participent de l’être, mais non du péché, qui n’est pas, et par conséquent, n’a pas été fait par Moi. Et parce qu’il n’est pas en Moi, il n’est pas digne d’être aimé. La créature ne m’offense que parce qu’elle aime ce qu’elle ne doit pas aimer, c’est-à-dire le péché, en me haïssant, Moi qu’elle est obligée et tenue d’aimer, parce que je suis souverainement bon et que je lui ai donné l’être avec un si ardent amour ! Mais il est impossible aux hommes de sortir de moi : ou ils demeurent en moi sous l’étreinte de ma justice qui punit leurs fautes, ou ils demeurent en moi, gardés par ma miséricorde.

Ouvre donc l’œil de l’intelligence et regarde main : tu verras que c’est la vérité que je te dis.

Alors, ouvrant l’œil de l’esprit pour obéir au Père très grand, dans cette main divine, elle voyait enfermé l’univers tout entier.

Et Dieu disait : "Ma fille, vois maintenant, et sache que nul ne peut m’échapper". Tous ici sont tenus par la justice ou par la miséricorde, parce qu’ils sont à Moi, créés par Moi, et je les aime ineffablement. Aussi, nonobstant leur iniquité, je leur ferai miséricorde à cause de mes serviteurs et j’exaucerai la demande que tu m’as présentée avec tant d’amour et de douleur.