Le Disciple de Pantagruel/1875/29

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Texte établi par Paul LacroixLibrairie des bibliophiles (p. 70-71).

D’une ysle ou les habitantz, tant hommes comme les femmes, sont fort blancz et de beau tainct, et ont le cul plus nect que gens du monde, et de ce quilz font pour garder que la mer n’entre dedans leur ysle.

CHAPITRE XXIX.


Au départir d’icelles isle, nous fismes bonne provision de pastez de toutes sortes, et nous servirent bien noz hallebardes à les tirer hors des fours tous chaulx ; et, n’eust esté cela, nous eussions eu grand peine à les avoir sans nous eschaulder ou brusler. Toutesfoys, tout se porta bien.

Et lors tirasmes vers occident jusques oultre Hirlande la saulvaige, et arivasmes en une isle environnée de la grand mer Occeane, en laquelle sont les gens blancs à merveilles, lesquelz ont le cul plus nect que gens du monde, au moyen que la mer y flue et reflue deux fois, que de nuict que de jour, et qu’il n’y a en icelle aulcune deffence pour garder que la mer n’entre dedans et qu’elle ne la couvre, à cause qu’il n’y a nulles dunes, ny nulles digues pour la garder d’entrer.

Parquoy les habitans, tant hommes que femmes, sont contrainctz de soy arrenger tous prés l’ung de l’aultre, et se joindre ensemble les culz rebrassez, affîn que, quand la mer vient le flu, qu’elle leur donne aux culz par troys foys, et par ce moyen elle est contraincte de s’en retourner, sans povoir passer oultre, à cause qu’ilz sont ainsi joinctz et serrez ensemble.

Et par ainsi gardent ilz la mer d’entrer et de gaster leur isle. Et voylà la cause pour laquelle ilz ont le trou du cul nect, ce que peu de gens ont.

Et vouldrois que vous les sceussiez bien, affin de sçavoir si je mentz.