Le Folk-lore de l’Île-Maurice/Le lièvre, le roi et le singe

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Maisonneuve et Cie, éditeurs (Les Littératures populaires, tome XXVII) ((Texte créole et traduction française)p. 332-337).

XXV

LE LIÈVRE, LE ROI ET LE SINGE

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Il y avait une fois un roi qui avait une ruche sur un arbre.

Un lièvre et un rat s’associèrent pour aller voler le miel. Au pied de l’arbre, le lièvre faisait de la fumée ; dans l’arbre, le rat coupait les rayons.

Le roi arrive et crie :

— Qui est-ce qui est là-haut en train de me voler mon miel ?

Le lièvre dit au rat à voix basse :

— Dis que tu es tout seul ; je suis au milieu de la fumée, il ne me verra pas.

Le roi s’approche, mais pas trop, de peur que le feu ne prenne à son pantalon ; le lièvre fait une fumée encore plus épaisse et se sauve.

Quand la fumée se dissipe, le roi voit le rat, le force à descendre et le tue.

Le lièvre va trouver le singe et lui dit :

— Compère, je sais où il y a une belle ruche, mais il faut être deux pour enlever le miel. Si vous voulez, associons-nous, nous partagerons.

Le singe accepte l’offre et suit le lièvre.

Quand ils sont arrivés, le lièvre dit au singe :

— Vous, compère, vous monterez dans l’arbre pour enlever le miel, moi je resterai au pied pour faire de la fumée.

Le singe monte, le lièvre enfume les abeilles, le roi arrive.

Le roi crie :

— Mais qui est-ce qui est encore dans cet arbre à m’enlever mon miel ?

Le lièvre dit tout bas au singe :

— Dis que tu es seul ; je suis au milieu de la fumée, il ne me verra pas.

Le singe se met à rire et crie au roi :

— Eh vous ! sire ; regardez dans la fumée, et n’ayez pas peur de mettre le feu à votre pantalon.

Le roi regarde dans la fumée, aperçoit le lièvre et le tue.

Puis le roi dit au singe de descendre.

Le singe répond au roi en riant :

— Suis-je un sot, moi ! J’ai deux chemins, l’un en haut, l’autre en bas. Me suive qui pourra.

Il saute au bout d’une branche, de là dans un autre arbre, et s’en va.

Le roi reste le nez cassé.[1]




  1. Assez médiocre ; le lièvre y est perdu dans la fumée, le singe se voit un peu mieux. C’est une de celles qui tournent à la confusion du lièvre et du roi.