Le Jardin des dieux/Sous l’œil des hublots/Saint Jean

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Le Jardin des dieuxEugène Fasquelle (p. 272-273).



SAINT JEAN



Voici, sous le gratin des rouilles séculaires,
Ton fort se couronnant d’hirondelles, voici
Sous le sourcil obscur de ton créneau noirci
Les siècles mélangés de faste et de colères…

Toute brûlante encor du reflet des galères
Qui, jadis, balançaient leurs fanaux d’or ici,
Ta muraille a gardé cet éclat adouci
Que Puget mit aux yeux de ses sirènes claires.


Dans les trous de boulet de ton rouge granit
L’hirondelle au printemps revient faire son nid
Et, toujours vigoureuse au vent dur qui te fouette,

Tu regardes dans l’aube où tu te ranimas,
À travers l’embrouillis des vergues et des mâts,
L’hirondelle à longs cris saluer la mouette.