Le Jeu des épées/Vers orphiques

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Le Jeu des épéesMercure de FrancePoèmes 1887-1897 (p. 228-229).

VERS ORPHIQUES

Dans les ténèbres du tabernacle
Retentit la lyre tétracorde
Que la main de la Sibylle accorde
Aux rafales du suprême oracle.

Les paroles de l’Ode, en tonnerres,
Tourbillonnent du sommeil du gouffre
Où la Mère éternellement souffre
Au bord des sources originaires.

« Mort le serpent qui cerclait la terre
Dans l’arbre mort des métamorphoses !
L’Esprit pur, hors du cycle des choses,
S’essore vers le nouveau mystère ! »


Or voici que, surgis de l’éclipse,
Les archanges, marchant sur les astres,
Fanfarent, au fracas des désastres,
L’heure rouge de l’Apocalypse.

Et tandis qu’au rouet des pâles Nornes
Le fil d’or et de cuivre se casse,
La voix de la Sibylle trépasse
Au galop des célestes Licornes.