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Le Lalita-Vistara, ou Développement des jeux/Chapitre XXIII

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Traduction par Philippe-Édouard Foucaux.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (Annales du Musée Guimet, tome 6p. 299-307).

CHAPITRE XXIII

Ensuite, les fils des dieux Çouddhâvâsakâjikas, ayant, en présentant le côté droit, tourné trois fois autour du Tathâgata assis à Bôdhimanda, et l’ayant couvert de pluies de poudre de sandal divin, le louèrent par ces Gâthâs :


1. Il est apparu, celui qui éclaire le monde, le protecteur du monde qui produit la lumière, qui donne au monde devenu aveugle l’œil qui a mis de côté la corruption naturelle.

2. Tu as été vainqueur dans le combat, toi dont le désir s’est accompli par (l’effet de) tes mérites. Accompli par les doctrines pures, tu rassasieras les créatures.

3. Ayant traversé le bourbier et vraiment sans péché, Gautama se tient sur la terre ferme ; il fera passer les êtres entraînés par le grand courant.

4. Tu es éminent, grand sage, homme sans égal dans les mondes ; tu n’es pas imprégné par les lois du monde, comme le lotus auquel l’eau n’adhère pas.

5. Ce monde longtemps endormi, enveloppé dans un amas de ténèbres, c’est toi qui, avec la lampe de la sagesse, es capable de le réveiller.

6. Dans le monde des créatures depuis longtemps en détresse, tourmenté par les maux de la corruption naturelle, tu es apparu, roi des médecins, qui délivres de tous les maux.

7. Toi venu, ô guide, les inquiétudes s’évanouiront, les hommes et les dieux seront remplis de bien-être.

8. Ceux devant les yeux desquels tu passeras, excellent chef des hommes, ceux-là, pendant des milliers de Kalpas, n’iront jamais dans la mauvaise voie.

9. Savants aussi et sans maladies seront ceux qui écouteront la loi ; profonds et ayant épuisé tout reste (d’aggrégats), ils seront sans peur.

10. Ils seront tous bientôt délivres, après avoir coupé le lien de la corruption naturelle ; ils iront, affranchis de la prise (de ce qui est au dehors), vers l’acquisition du fruit suprême et beau.

11. Dignes qu’on leur fasse des présents dans le monde et recevant les offrandes, tout présent fait à eux ne sera pas petit et sera cause de la délivrance finale (Nirvāṇā).


Ainsi, religieux, les fils des dieux Çouddhâvâsakâyikas, après avoir loué le Tathâgata, se tinrent d’un côté, les mains jointes et inclinés. Alors les fils des dieux Abhâsvarâs ayant honoré le Tathâgata assis à Bôdhimaṇḍa avec différentes choses divines : fleurs, parfums brûlés, guirlandes, onguents, poudres odorantes, habits, parasols, bannières et étendards, après avoir tourné autour de lui en lui présentant le côté droit, le louèrent par ces Gâthas :


12. Mouni à l’esprit profond, à la voix douce, à la voix de Brahmâ, dont la voix est un chant très doux, qui as obtenu le meilleur sens de l’Intelligence suprême et excellente ; qui as toutes les voix, qui es passé à l’autre rive, salut à toi !

13. Tu es le protecteur, tu es la terre ferme, tu es le chef ; tu es le guide du monde, à la pensée douce et bienveillante. Tu es le meilleur des médecins qui enlève certainement la souffrance, tu es le médecin qui apporte le remède souverain !

14. Aussitôt que tu as vu Dîpangkara, le réseau excellent de la douceur et de la bienveillance a été préparé par toi. Verse, ô protecteur, la pluie de l’Amrĭta, apaise les souffrances des dieux et des hommes.

15. Tu es, dans la réunion des trois mondes, comme le lotus sur lequel l’eau glisse ; tu es pareil au Mêrou, impassible, inébranlable. Pareil au diamant, ta promesse est immuable ; pareil à la lune tu es doué de toutes les qualités.


Ainsi, religieux, les dieux Âbhâsvarâs ayant loué le Tathâgata, joignirent les mains en s’inclinant et se tinrent d’un côté.

Ensuite, ayant à leur tête Soubrahmâ le fils d’un dieu, les dieux Brahmakâyikas ayant abrité le Tathâgata assis à Bôdhimaṇḍa, avec un réseau précieux orné de plusieurs centaines de Kôṭis, de Niyoutas de pierres précieuses et après avoir tourné trois fois autour de lui en présentant le côté droit, le louèrent par ces Gâthâs, convenables pour la circonstance :


10. Doué de mérite et de l’éclat de la lumière d’une sagesse sans tache ; doué des trente-deux signes les plus excellents, avant la mémoire et le jugement, doué de science et de qualités, exempt d’abattement, nous te saluons avec la tête.

17. Sans tache, pur de tache, pur des trois taches, célèbre dans les trois mondes, arrivé à la triple science, donnant l’œil de la meilleure délivrance qui a trois formes nous te saluons, toi qui es sans tache et possèdes trois jeux.

18. Toi qui as écarté les troubles des temps mauvais, tu as l’esprit bien dompté. Eminent par ta pitié et ta compassion, tu fais les affaires du monde. Mouni éminent par le contentement, à l’esprit parfaitement apaisé, tu délivres du doute, tu te plais dans l’indifférence (la quiétude.)

19. Éminent par les austérités et les bonnes œuvres, toi qui fais les affaires du monde, agissant de toi-même, parfaitement pur, tu es arrivé à la perfection de la conduite. Propagateur des quatre vérités, ayant la joie de la délivrance complète, délivré, tu délivreras aussi les autres créatures.

20. Fort et énergique, le démon est venu ici ; par la sagesse, l’énergie et la douceur il a été vaincu. Elle a été obtenue par toi, la dignité suprême et immortelle ; nous te saluons, vainqueur de l’armée du trompeur !


Ainsi, religieux, ayant à leur tête Soubrahmâ le fils d’un dieu, les dieux Brabmakâjikas ayant loué le Tathâgata par ces Gâthâs, se tinrent d’un côté les mains jointes et inclinés.

Alors les fils du démon du côté blanc s’étant approchés de l’endroit où était le Tathâgata et l’ayant abrité avec un parasol précieux et de grandes tentures, joignant les mains, louèrent le Tathâgata par ces Gâthâs, convenables pour la circonstance :


21. Il nous a été accordé de voir ta force extrêmement développée, ainsi que l’armée redoutable du démon et comment cette armée du démon, avec une grande splendeur, a été vaincue par toi, sans te lever, sans même avoir le corps agité, sans qu’une parole soit prononcée ! Nous te saluons, Mouni Sarvârthasiddha, honoré de tous les mondes !

22. Les fils du démon, par centaines de millions, nombreux comme les sables de la Gangâ, ont été incapables de t’ébranler, de t’écarter de l’arbre excellent de l’Intelligence, Des sacrifices par plusieurs centaines de millions, nombreux comme les grains de sable de la Gangâ, ont été faits (par toi), c’est pour cela que, réfugié près de l’arbre de l’Intelligence, tu brilles aujourd’hui.

23. Épouses les plus aimées, fils chéris, hommes et femmes esclaves, jardins de plaisance, villes, campagnes, provinces, royaumes et royauté, ainsi que le harem ; mains, pieds, têtes, yeux, langue ont été abandonnés par toi qui t’exerçais à l’Intelligence suprême ; c’est pour cela que, aujourd’hui, tu resplendis.

24. Le discours prononcé par toi bien souvent : « Je serai Bouddha ; je ferai passer moi-même avec le vaisseau de la bonne loi plusieurs centaines de millions d’êtres entraînés par l’océan de la douleur ; armé de contemplation, de facultés de la puissance surnaturelle et de l’Intelligence. » Cette prière faite par toi est accomplie et tu feras passer les êtres animés à l’autre rive.

25. Parce que nous avons loué le chef des orateurs qui donne la vue au monde, tous ayant le cœur rempli de la plus grande joie, nous faisons des vœux pour l’omniscience. Après avoir obtenu l’Intelligence parfaite et sans égale, bien louée par les Bouddhas (antérieurs), après que cette suite du démon a été ainsi vaincue, puissions-nous (aussi) arriver à l’omniscience d’un Bouddha !


Ainsi, religieux, les fils du démon ayant loué le Tathâgata, se tinrent d’un côté, les mains jointes, saluant le Tathâgata.

Ensuite un fils des dieux Paranirmita vaçavartins entouré et précédé par plusieurs centaines de mille de fils de dieux, ayant couvert le Tathâgata de lotus d’or des fleuves du Djambou, le loua, face à face, par ces Gâthâs :

26. Toi dont la parole est sans détour, sans erreur et sans fausseté, qui es délivré de l’ignorance et de la passion et entré dans la voie de l’Amrĭta, tu mérites, au ciel et sur la terre, la gloire et des hommages sans pareils. Rempli d’éclat, doué de mémoire et de prudence, on te salue avec la tête !

27. Toi qui produis le plaisir, qui as abandonné les querelles et détruit la tache de la passion, tu réjouis les dieux et les hommes avec tes paroles bien claires. Par les rayons épanouis et très développés (qui s’échappent) de ton corps excellent, comme le maître des dieux et des hommes, tu es le vainqueur de cet univers !

28. Toi qui as dompté la foule des adversaires, qui es habile à mener la meilleure conduite, aimé dans le monde des dieux et des hommes, remuant la pensée des autres, très savant, très prudent, tu distingues la conduite des autres. Marche ici-bas dans le chemin de celui qui possède les dix forces.

29. Après avoir cessé d’être sous la prise de l’existence qui a beaucoup (de formes), sous la prise de la douleur, tu soumets les dieux et les hommes, à ton gré, à la discipline. Tu parcours les dix points de l’espace, comme la lune dans le ciel. Sois l’œil protecteur, ici-bas, sur la terre qui est une partie des trois mondes.

30. Aimé dans le monde des dieux et des hommes, tu n’es pas troublé au milieu des objets des sens ; tu réjouis, toi qui te plais dans la vertu, dégoûté des joies du désir. Prédicateur dans l’assemblée, il n’y a pas de pareil à toi dans les trois mondes, ô guide, protecteur de la marche des créatures ici-bas !


Ainsi, religieux, ayant à leur tête les fils des dieux Vaçavartins, les fils des dieux Paranirmitavaçavartins ayant loué le Tathâgata, se tinrent d’un côté, les mains jointes et inclinés.

Ensuite, Soumirmita fils d’un dieu, entouré et précédé d’une foule de dieux, après avoir abrité le Tathâgata avec diverses tentures de soie, le loua, face à face, par ces Gâthâs :

31. Tu es apparu, lumière de la loi, délivré des trois espèces de taches ; destructeur du trouble, de la vue (fausse) et de l’ignorance, tout rempli de modestie et de majesté. Après avoir établi dans l’immortalité les créatures qui se plaisaient dans la fausse voie, tu es né ici, dans le monde, honoré de Tchâityas au ciel et sur la terre.

32. Tu es le médecin habile à guérir qui donne le bonheur de l’immortalité. La corruption naturelle de la vue, l’ignorance amassée, le repentir d’autrefois, toutes les maladies des êtres qui ont un corps, tu les éloignes, toi qui es dans la voie des Djinas précédents ; c’est pour cela que tu es le plus grand des médecins, ô guide qui parcours la terre !

33. L’éclat du soleil et de la lune, de la pierre précieuse (Mani), ainsi que le feu ne brillent plus devant toi qui es rempli d’une majesté solide ! Toi qui produis la lumière de la sagesse, qui produis la splendeur, tout plein de la splendeur de la majesté, les témoins de ta science, être merveilleux, te saluent avec la tête !

34. Toi qui indiques ce qui est vrai et ce qui n’est pas vrai, guide spirituel à la voix très douce, qui as l’esprit dompté et apaisé, les sens vaincus, le cœur complètement apaisé, qui enseignes ce qu’il faut enseigner, tu instruis l’assemblée des dieux et des hommes ! Je salue Çâkya Mouni, le plus grand des hommes, honoré des hommages des dieux et des hommes !

35. Savant qui possèdes la meilleure parole de la science, tu la fais connaître aux trois mondes. Toi qui enseignes la délivrance par la triple science, qui délivres de l’impureté des trois taches, Mouni qui connais parfaitement, au gré de ta pensée, ce qui est prospère ou ne l’est pas, je te salue respectueusement, merveille des trois mille mondes, honoré au ciel et sur la terre.


Ainsi, religieux, Sounirmita, le fils d’un dieu, avec sa suite, ayant loué le Tathâgata se tint d’un côté, les mains jointes, rendant hommage au Tathâgata. Ensuite, Santouchita, le fils d’un dieu, avec les dieux, Touchitakâyikas, s’étant approché de l’endroit où était le Tathâgata et, avec une grande quantité de vêtements divins, ayant abrité le Tathâgata assis à Bodhimaṇḍa, le loua face à face, par ces Gâthâs :

36. Quand tu demeurais dans le séjour du Touchita, la loi excellente y était enseignée et il n’est pas interrompu cet enseignement à toi ; aujourd’hui encore, ils pratiquent la loi, les fils des dieux.

37. Et nous ne nous rassasions pas de te voir, et l’on ne se rassasie pas d’entendre la loi. Océan de qualités, flambeau du monde, je te salue respectueusement avec la tête et le cœur.

38. Quand tu demeurais dans le séjour du Touchita toutes les inquiétudes y étaient toujours apaisées par toi. Quand tu es assis près de l’arbre de l’Intelligence, toutes les corruptions naturelles des créatures sont bien éteintes.

39. Ce en vue de quoi l’Intelligence développée était désirée ayant été obtenu après avoir vaincu le démon, ta prière est exaucée ; promptement fais tourner la roue excellente de la loi.

40. Dans beaucoup de lieux, des milliers de créatures réjouies par la loi (disent) : « Puissé-je encore entendre la loi ! » Tourne donc promptement la roue excellente de la loi, délivre, dans les mondes, des milliers d’être animés !


Ainsi, religieux, Santouchita, le fils d’un dieu, avec sa suite ayant loué le Tathâgata, se tint d’un côté en joignant les mains et en saluant respectueusement le Tathâgata.

Ensuite, Souyâma, le fils d’un dieu, précédé des dieux Yâmas étant allé où était Bhagavat et ayant honoré avec des fleurs, de l’encens, des parfums, des guirlandes, des onguents le Tathâgata assis à Bôdhimaṇḍa, le loua face à face par ces Gâthâs, convenables pour la circonstance :


41. Il n’y a pas un pareil à toi ; où donc un supérieur, par la bonne conduite, par la contemplation ainsi que par la sagesse ? Disposé à l’affection et à (opérer) la délivrance complète, nous te saluons avec la tête, ô Tathâgata !

42. Après avoir vu les belles cérémonies faites par les dieux, ici, à Bôdhimaṇḍa, en l’honneur de celui qui est assis sur son siège (nous pensons) : Pas un autre ne les mérite comme toi, honoré des dieux et des hommes !

43. Il n’est pas vain, ton avènement, en vue duquel tu as fait bien des choses difficiles à faire ; (puisque) le trompeur a été vaincu avec son armée, et l’Intelligence suprême obtenue par toi.

44. La lumière a été faite aux dix points de l’espace ; la réunion des trois mondes a été éclairée par le flambeau de la sagesse. Tu écarteras les ténèbres et donneras au monde l’œil sans supérieur.

45. Chantées pendant des Kôtis de Kalpas, tes louanges, égales au nombre de tes pores, n’auraient pas de fin. L’Océan de qualités, célébré par le monde, le Tathâgata, nous le saluons avec la tête.


Ainsi, précédés de Souyâma le fils d’un dieu, les dieux ayant bien loué le Tathâgata se tinrent d’un côté, les mains jointes, saluant avec respect.

Ensuite Çakra, le maître des dieux accompagné des dieux Trayastrim̃atçkâyikas, avec des fleurs, de l’encens, des flambeaux, des guirlandes, des onguents, des poudres parfumées, des vêtements, des parasols, des étendards, des banderoles et des arrangements de toutes sortes, avant honoré le Tathâgata, il le loua avec ces Gâthâs :

46. (Toi qui es) infaillible, irréprochable, toujours bien solide comme le Mêrou, célèbre aux dix points de l’espace, lumière de science, doué de l’éclat des bonnes œuvres, des Bouddhas, par centaines de mille, ont été honorés autrefois par toi ô Mouni. Dans les domaines du démon, à cause de cela, près de l’arbre de l’Intelligence, l’armée du démon a été vaincue.

47. Mine de vertus, de révélation, de contemplation et de sagesse, ayant l’étendard qui a le signe de la science, destructeur de la vieillesse et de la mort, meilleur des médecins qui donnes la vue au monde, qui as complètement mis de côté les trois taches, aux sens apaisés, à l’esprit apaisé, ô Mouni, nous cherchons un refuge, auprès de toi, chef des Çâkyas roi de la loi dans le monde.

48. Par l’exercice de l’intelligence, égalant l’infini, tu es élevé par le pouvoir de l’héroïsme. Doué de la force de la sagesse, de la force des moyens et de la bienveillance, doué de la force des mérites de la pureté, par ces forces égalant l’infini, tu es bien établit dans l’Intelligence, en possession des dix forces, aujourd’hui, à Bôdhimaṇḍa.

49. À la vue de l’armée d’êtres innombrables, les dieux ont été remplis d’effroi ; (ils pensaient :) Non, vraiment, le roi des Çramaṇas ne restera pas ferme à Bôdhimaṇḍa. Et tu n’as eu de ceux-ci nulle crainte ; pas même un tressaillement du corps. Frappée par ta main, pesant fardeau, et complètement effarée, l’armée du démon a été vaincue !

50. Et, comme par ceux d’autrefois, a été, sur un trône, obtenue l’Intelligence la plus élevée, de même (elle l’a été) par toi, Bouddha après (eux), toi leur égal, leur pareil, sans aucune différence ; égal par le cœur, égal par la pensée, toi qui as par toi-même l’omniscience, par cela même, ô le meilleur du monde, existant par toi-même, sois le champ des mérites dans l’univers.


Ainsi, Religieux, Çakra, le maître des dieux, avec les dieux Trâyastrim̃çats, ayant bien loué le Tathâgata, se tint d’un côté, les mains jointes, saluant le Tathâgata avec respect. Ensuite les quatre grands rois avec les fils dos dieux Tchatour-Mahârâdja-kâyikas s’étant approchés de l’endroit où était le Tathâgata et ayant pris des guirlandes et des bouquets d’Atimouktaka, de Tchampaka, de Soumanâ, de Varchika et de Dhanouchkari, et, entourés de cent mille Apsaras, ayant, aux accords d’un concert divin, rendu hommage au Tathâgata, le louèrent par ces Gâthâs, convenables pour la circonstance :


51. Mouni à la parole très douce, à la voix qui va au cœur, qui, comme la lune, produis l’apaisement, dont l’esprit est calme, au visage souriant, qui as la langue grande, qui produits la meilleure et la plus grande des joies, salut à toi !

52. Tout ce qu’il y a de vois et d’accents dans le monde entier, très doux et réjouissant les dieux et les hommes, toutes les voix de ceux qui parlent sont effacées, aussitôt que ta voix est entendue, toi dont la voix est douce !

53. Elle apaise la passion, le péché, le trouble et la corruption naturelle, et fait naître une joie pure et surhumaine. Après avoir entendu la loi avec un cœur sans tâche, tous ceux-là, en vérité, obtiennent la vénérable délivrance.

54. Et tu ne dédaignes pas les ignorants, et tu n’es vraiment pas enorgueilli de l’orgueil de la science. Tu n’es ni hautain, ni humble, comme une montagne bien solide au milieu de l’Océan.

55. Le profit obtenu ici-bas est un grand profit pour les hommes, puisqu’il est né un pareil être dans le monde. Comme la (déesse de la) fortune qui donne la plus grande richesse, de même ta personne donnera la loi au monde entier.


Ainsi, précédés de quatre grands rois, les dieux Mahârâdja Kâyikas, ayant bien loué le Tathâgata assis à Bodhimaṇḍa, se tinrent d’un seul côtelés mains jointes, saluant avec respect le Tathâgata.

Ensuite les dieux de l’atmosphère étant venus en présence du Tathâgata afin de rendre hommage à l’Intelligence parfaite et accomplie, ayant bien orné l’atmosphère entière d’un réseau précieux, de parasols précieux, d’étendards précieux, dépendants d’oreille précieux, de divers colliers de perles, de guirlandes de fleurs tenues par des divinités montrant la moitié de leurs corps, et aussi avec des demi-lunes, les offrirent au Tathâgata ; et après, les avoir offerts, le louèrent face à face par ces Gâthâs :


56. Notre demeure est dans le ciel, ô Mouni, et nous voyons clairement quelle est, dans l’univers, toute la conduite (des êtres). Nous avons examiné ta conduite, être pur et nous ne voyons pas de défaillance dans ta pensée.

57. Ces Bôdhisattvas sont venus pour(te) rendre hommage ; le ciel est rempli par eux, ô guide des hommes, et ils ne heurtent pas les chars célestes, parce qu’ils ont la nature d’habitants du ciel.

58. Les fleurs qui pleuvent de l’atmosphère et remplissent les grands milliers (de mondes), sont tombées sans exception sur ton corps, comme les fleuves vont se réunir à l’Océan.

59. Nous voyons des parasols, des pendants d’oreille, des guirlandes de fleurs de Tchampaka, des colliers de perles, des lunes et des demi-lunes que jettent les dieux et qui ne se mêlent pas confusément.

60. Il n’y a pas la place d’un cheveu dans l’atmosphère tant elle est remplie de tous côtés par les dieux. Ils rendent hommage au plus élevé des hommes ; et tu n’es ni fier, ni étonné !

Ainsi, Religieux, les dieux de l’atmosphère, après avoir bien loué le Tathâgata assis à Bôdhimaṇḍa, et se tenant d’un côté les mains jointes, saluèrent respectueusement le Bodhisattva.

Ensuite les dieux de la terre, afin de rendre hommage au Tathâgata, ayant bien nettoyé et purifié la surface tout entière de la terre et l’ayant arrosée d’eau de senteur et couverte de fleurs, offrirent au Tathâgata un dais de toile et le louèrent par ces Gâthâs :

61. Indestructible comme le diamant et bien stable est la réunion des trois mille (mondes). Il est, par sa nature de diamant, solidement établi à Bôdhimaṇḍa. (Il a dit) : Ici ma peau et ma chair se dessécheraient ainsi que la moelle de mes os, que, sans avoir atteint l’intelligence, je ne me lèverais pas d’ici !

62. Si, ô lion des hommes, tu n’avais pas imposé une bénédiction à la réunion tout entière des trois mille (mondes), elle eût été bouleversée sans exception, tant est grande l’impétuosité des Bôdhisattvas qui sont venus et par la plante des pieds desquels les dizaines de millions de champs ont été ébranlés.

63. Le profit obtenu ici-bas par les dieux de la terre a été beau et grand, là où le plus élevé des êtres a marché, là où tous les grains de poussière de la terre ont été illuminés. La réunion des trois mille mondes est devenue un Tchâitya, à plus forte raison ton corps.

64. Les cent mille masses d’eau souterraine, et tout ce qu’il y a sur la surface de la terre de substances propres à nourrir les êtres, nous les apportons toutes ainsi que la terre composée de trois mille parties ; nous te donnons tout, jouis-en à ton gré !

65. Partout où tu demeureras, (où tu) te promèneras, (où tu) dormiras, que ceux qui sont les fils de Sougata, auditeurs de Gâutama, faisant entendre les discours de la loi ou l’écoutant, tous nous fassions croître toute racine de vertu, en vue de l’Intelligence !


Ainsi les dieux de la terre ayant bien loué le Tathâgata assis à Bôdhimaṇḍa, se tinrent d’un côté, les mains jointes et saluant le Bodhisattva avec respect.


Chapitre nommé : Louanges, le vingt-troisième.