Le Lalita-Vistara, ou Développement des jeux/Chapitre XXIV

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Traduction par Philippe-Édouard Foucaux.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Annales du Musée Guimet, tome 6p. 308-325).

CHAPITRE XXIV

Ainsi, Religieux, devenu Bouddha parfait et accompli, le Tathâgata bien loué par les dieux, sans cesser d’avoir les jambes croisées, regardait le roi des arbres sans cligner l’œil. Nourri de la joie de la contemplation, goûtant en lui-même le bonheur, il passa une semaine au pied de l’arbre de l’Intelligence.

Puis, la semaine étant passée, les fils des dieux Kâmâvatcharas ayant pris dix mille vases d’eau de senteur, vinrent à l’endroit où était le Tathâgata. Les fils des dieux Roûpâvatcharas aussi, ayant pris dix mille vases d’eau de senteur, et s’étant rendus à l’endroit où était le Tathâgata baignèrent d’eaux de senteur l’arbre de l’Intelligence et le Tathâgata.

Dépassant le calcul, les dieux, les Nâgas, les Yakchas, les Gandharbas, les Asouras, les Garoudas, les Kinnaras, les Mahôragas, se frottèrent le corps avec cette eau de senteur tombée sur le corps du Tathâgata, et, rentrés dans leurs demeures, produisirent des pensées vers l’Intelligence parfaite et accomplie. Et tous ces fils des dieux et les autres ne furent pas privés de cette eau de senteur et n’eurent pas le désir d’une autre senteur. Et, par ce transport de joie et d’allégresse né dans leur cœur du respect pour le Tathâgata, ils ne furent pas détournés de l’Intelligence parfaite et accomplie. Cependant, Religieux, un fils des dieux nommé Samanta Kousouma descendit dans cette assemblé). Après être tombé aux pieds du Tathâgata, enjoignant les mains, il lui parla ainsi : Quel est, Bhagavat, le nom de cotte méditation profonde, par la possession de laquelle le Tathâgata reste une semaine sans cesser d’avoir les jambes croisées ?

Ainsi interrogé, le Tathâgata répondit à ce fils d’un dieu : Prityâhâra-vyoûha (arrangement de la nourriture de la joie) est le nom de cette méditation profonde ; méditation par la possession de laquelle le Tathâgata est resté une semaine sans cesser d’avoir les jambes croisées. Alors, Religieux, Sama takousouma, fils d’un dieu, loua le Tathâgata par ces Gâthâs :


1. Toi qui as les pieds marqués de la roue d’un char, qui as l’éclat des feuilles de raille lotus sans poussière ; qui foules aux pieds les diadèmes des dieux, je salue tes pieds à toi qui es rempli de bénédictions !

2. Après avoir salué les pieds du Sougata, avec l’esprit joyeux, ce fils d’un dieu, dit ceci à celui qui enlève les doutes et produit le calme complet des hommes et des dieux.

3. Toi qui fais naître la joie de la famille des Çâkyas, qui mets un terme à l’amour, à la haine, au trouble (de l’ignorance), qui mets fin aux questions, écarte les doutes des dieux et des hommes !

4. Pourquoi les Bouddhas possédant les dix forces et l’omniscience illimitée, (pourquoi) les Djinas, à Mahimanda ne cessent-ils pas’ d’avoir les jambes croisées ?

5. Pourquoi donc, l’œil ouvert pendant sept jours, lion des hommes, regardes-tu sans un clignement, toi qui as l’œil parfaitement pur, l’œil pareil au lotus à cent feuilles épanoui ?

6. Est-elle tienne, cette prière, ou bien celle de tout les lions des orateurs, par (l’effet de) laquelle, au pied du roi des arbres, tu restes, sans cesser d’avoir les jambes croisées pendant une semaine ?

7. Toi qui as les dents belles, égales et pures et la bouche à l’odeur la plus douce des odeurs, prononce un discours véridique, fais la joie des hommes et des dieux !

8. Celui dont le visage est pareil à la lune lui dit : Ecoute-moi parler, fils d’un immortel, et je répondrai brièvement à ta demande.

9. De même qu’un roi là où il est sacré par l’onction sainte, par l’assemblée de ses parents, pendant une semaine n’abandonne pas cet endroit, ce qui est la condition du devoir des rois,

10. De même aussi, possédant les dix forces, quand ils sont consacrés, leur prière étant accomplie, pendant une semaine, à Dharanimanda, les Djinas ne cessent pas d’avoir les jambes croisées.

11. Comme un héros regarde les troupes d’ennemis complètement vaincus sans qu’il en reste ; les Bouddhas aussi, à Bôdhimanda, regardent les corruptions naturelles détruites.

12. Ici, les désirs et les colères nés du trouble (de l’ignorance), qui, dans le monde, sont pareils à des ennemis, ont été, comme des voleurs avec ce qu’ils ont volé, complètement détruits sans qu’il en reste.

13. Ici ont été détruites par moi les neuf sortes d’orgueil qui n’ont plus de demeure ; toutes les corruptions ont été abandonnées et la sagesse la plus élevée produite.

14. Ici la soif de l’existence qui agit en faisant ce qu’il ne faut pas faire, de même que l’ignorance, avec les rets qui sont les racines du repentir, ont été brûlés par le grand feu de la science.

15. Ici cette (ignorance) qui dit : « moi et ce qui est moi, » qui a la racine des lions du péché, laquelle s’étend au loin, (ainsi que) le nœud solide des ténèbres, ont été coupés par moi avec l’arme de la science.

16. Ici, les trompeurs qui ont été longtemps maîtres de moi, ont fini par être détruits ; les aggrégats (skandas), avec les prises de possession (oupadânas) ont été, à l’aide de la sagesse, parfaitement reconnus par moi.

17. Ici, les aberrations de deux espèces, les fausses interprétations, qui ont pour appui le grand enfer, ont été supprimées par moi sans qu’il en reste, et ne renaîtront certainement jamais.

18. Ici, la furet des ténèbres et le reste, ont été brûlés par moi avec la flamme de la racine de la vertu ; et les quatre méprises ont été aussi complètement brûlées par moi sans qu’il en reste.

19. Ici, la guirlande du raisonnement, bien tissée aveclefil de l’idée, mais nuisible, a été complètement retournée, sans qu’il en reste rien, à l’aide des diverses guirlandes des membres (degrés) de l’intelligence.

20. Les soixante-cinq passages difficiles, les trente-cinq troubles qui entachent et les quarante péchés ont été détruits, à cette place de Dharanîmanda.

21. Les seize omissions, les dix-huit éléments, les cinq détresses, ont été détruits par moi demeurant ici à Mahimanda.

22. Les vingt-cinq courants de la passion, les vingt-huit terreurs du monde, ont été ici vaincus par moi, après avoir déployé la vigueur, la force et l’héroïsme.

23. De même les cinq cents cris du Bouddha ont été, en ce lieu, parfaitement compris par moi ; le nombre bien complet de cent mille lois a été parfaitement compris par moi.

24. Ici, par moi, les repentirs, sans qu’il en reste, au nombre de quatre-vingt-dix-huit, ont été, avec leurs racines, définitivement détruits, et les rejetons qui reparaissaient autour ont été complètement brûlés par la flamme de la science.

25. Le désir né du doute, produit par l’eau de la vue, lequel a une racine mauvaise ; le fleuve du désir au courant impétueux, ont été desséchés par moi, avec le soleil de la science.

26. La parole hypocrite a été abandonnée ainsi que la tromperie, la jalousie, l’envie, le péché et la haine ; aujourd’hui la forêt de la corruption naturelle a été coupée et brûlée par le feu de la discipline,

27. Ici, les racines de querelles qui entraînent dans les voies mauvaises et inégales ; les paroles insultant les gens respectables ont été vomies par l’effet des remèdes excellents de la science.

28. Ici a été obtenue par moi, sans exception, la fin des pleurs, des lamentations, des gémissements, des afflictions, après avoir acquis le ? qualités de la science et la contemplation.

29. L’union avec le courant, les nœuds, les flèches de la douleur, les folies, les enivrements, ont été tous, ici, vaincus par moi après avoir acquis la règle de la vérité.

30. Ici par moi, les buissons de la corruption naturelle, les arbres de l’existence qui ont pour racines les folles espérances, ont été coupés sans qu’il en reste, avec la hache du souvenir et brûlés par le feu de la science.

31. Ici, par moi, l’orgueil dont la force est extrême, qui exerce l’empire sur les trois mondes, dont la nature est mauvaise, a été tué avec le glaive de la science, comme par Indra, le roi des Dâityas.

32. Ici, le filet de l’illusion qui juge de trente-six manières, a été, à Dharanimanda, après avoir été coupé par le glaive puissant de la sagesse, brûlé par le feu de la science.

33. Ici les racines de la corruption naturelle accompagnées de repentirs nées de la douleur et du chagrin, ont été arrachées, sans qu’il en reste, par le soc excellent de la charrue de la sagesse.

34. Ici, par moi, l’œil de la sagesse des êtres, naturellement pur, a été complètement purifié. Avec le grand collyre de la science, le développement de la taie de la folie a été détruit.

35. Ici, les quatre régions des êtres troublées par le monstre de l’orgueil, qui ont des désirs très développés et les océans de l’existence ont été desséchés par moi avec les rayons excellents du soleil de l’apaisement (qui vient) de la mémoire.

36. Ici, le grand feu de la passion accompagné de la fumée du raisonnement, qui a pour aliment la foule des objets des sens, a et J éteint, ce (feu) flamboyant, par l’eau froide de l’essence de la délivrance complète.

37. Ici, par moi, les nuages du repentir ayant pour éclairs les jouissances, pour tonnerres les raisonnements, après avoir été secoués avec la force de l’héroïsme qui a les impétuosités du vent, ont été entièrement dissipés.

38. Ici, par moi, a été tué, sans qu’il en reste rien, l’ennemi redoutable qui s’agite dans l’esprit, né à la suite de l’existence, après être arrivé à la contemplation sans tache de la mémoire.

39. Ici, portant le meilleur des étendards, bien fournie de chevaux, d’éléphants et de chars, à l’aspect difforme, l’armée de Namoutchi, forte et courageuse, a été dispersée par moi ayant acquis la douceur.

40. Ici, les six chevaux des six sens enflés par les cinq qualités du désir et toujours extrêmement enivrés, ont été liés, complètement sans exception, par moi, après avoir atteint la contemplation de ce qui n’est pas bon.

41. Ici, des oppositions à la réconciliation, des querelles, des contestations, l’abandon définitif a été obtenu par moi, sans qu’il en reste rien, après avoir obtenu la contemplation sans objet déterminé.

42. Ici, tous les orgueils intérieurs et extérieurs ont été complètement détruits, ainsi que les résolutions et les irrésolutions, après avoir obtenu la contemplation qu’on désigne par le nom de vide (côunya).

43. Ici, toutes les jouissances de l’existence, mortelles et divines, jusqu’au sommet de l’existence, ont été abandonnées par moi, sans exception, après avoir atteint la contemplation qui n’a pas de signe.

44. Tous les liens de l’existence ont été défaits ici par moi, tous tant qu’ils sont, par la force de la sagesse, après avoir atteint la délivrance complète de trois espèces.

45. Ici, par la vue des causes, ont vraiment été vaincus par moi les trois producteurs de causes, les deux idées du stable et de l’instable, les idées de bonheur et de malheur, et de ce qui est soi et non-soi.

46. Ici, par moi, les diverses espèces d’actions élevées en monceau, qui ont pour racines les six sièges (des qualités sensibles), ont été détruites au pied du roi des arbres, par l’abandon complet de ce qui est instable.

47. Ici, détérioré par les brouillards du trouble et de l’ignorance, rempli d’arrogance et de rudesse, le champ longtemps ténébreux a été illuminé par le soleil de la science.

48. Ici, j’ai traversé, avec le navire de l’héroïsme et de la force, l’océan de la transmigration qui a pour monstres marins, la folie et l’enivrement, pour eau les vagues du désir ; qui a la vue et la compréhension mauvaises.

49. Ici, après avoir compris ce qui a été compris par moi, on brûle l’amour, la haine la folie et les doutes de l’esprit, comme des sauterelles tombées dans le feu d’une forêt, embrasée.

50. Ici, moi qui suis depuis longtemps en marche pendant d’innombrables centaines de mille de Kalpas, épuisé par la route de la transmigration (puis), reposé, j’ai détruit la souffrance.

51. Ici a été, par moi, bien compris ce qui n’est pas obtenu par toutes les paroles hostiles, afin d’être utile au monde, l’Amrita qui est la fin de la vieillesse, de la mort, du chagrin et de la douleur.

52. Je suis arrivé dans la cité de la sécurité où la douleur (qui vient) des aggrégats, la douleur produite par le désir qui vient des sièges des (sens) ne reviendra plus.

53. Ici, par moi, ont été compris tous les grands ennemis intérieurs, et, après avoir été compris, ils ont été complètement brûlés, et, par moi, rendus incapables d’avoir une nouvelle demeure dans l’existence.

54. Ici, par moi, a été compris ce à cause de quoi, pendant des centaines de millions de Kalpas, ont été abandonnés les yeux de la chair et de nombreux trésors à cause de l’Amrïta.

55. Ici, par moi, a été bien compris ce qui a été compris par les précédents Djinas innombrables dont le langage doux et réjouissant est renommé dans les mondes.

56. Ici, a été bien compris par moi le vide (çoûnya) du monde, qui vient de la production connexe des causes qui passe en un clin d’œil, pareil au mirage et à la cité des Gandharvas.

57. Ici, par moi, a été vraiment purifié l’œil par excellence avec lequel je vois toutes les régions du monde déposées dans le creux de ma main, comme les fruits d’un arbre.

58. Le souvenir des précédentes demeures, les trois sciences, ont été, ici, complètement obtenus par moi ; je me rappelle d’innombrables centaines de mille de Kalpas, comme si j’étais réveillé d’un songe.

59. Enflammés, les dieux et les hommes ont des idées fausses qui se combattent ; mais, par moi, ici, a été bue l’essence de l’Amrïta exempte d’erreur.

60. L’essence de l’Amrita, à cause de laquelle ceux qui ont les dix forces produisent la pensée de bonté pour tous les êtres, api es avoir vaincu avec la force de la bonté, a été bue ici par moi.

61. L’essence de l’Amrita, à cause de laquelle ceux qui ont les dix forces produisent la pensée de compassion pour tous les êtres, après avoir vaincu avec la force de la compassion, a été bue ici par moi.

62. L’essence de l’Amrita, à cause de laquelle ceux qui ont les dix forces produisent la pensée de contentement chez tous les êtres, après avoir vaincu avec la force du contentement, a été bue ici par moi.

63. L’essence de l’Amrïta, à cause de laquelle ceux qui ont les dix forces produisent l’idée de patience pendant des centaines de mille de Kalpas, après avoir vaincu avec les forces de cette patience, a été bue ici par moi.

64. Et ce qui a été bu par les précédents lions des Djinas plus nombreux que les sables de la rivière Gangâ, l’essence de l’Amrïta a été bue ici par moi.

65. Et la parole qui a été prononcée, lorsque le démon est venu ici avec son armée : « Je ne romprai pas le croisement des jambes sans avoir obtenu la fin de la vieillesse et de la mort ». (Elle est tenue.)

66. Comme l’ignorance a été vraiment détruite par moi avec le foudre solide et flamboyant de la science, et que la qualité de possesseur des dix forces a été obtenue, le croisement des jambes est défait.

67. Par moi est obtenue la qualité d’Arhat ; les corruptions sont détruites sans qu’il en reste rien ; l’armée de Namoutchi est mise en pièces ; en conséquence, je délais le croisement des jambes.

68. Les cinq nuages de l’obscurité ont tous été déchirés par moi ; la liane du désir entièrement coupée ; c’est pourquoi je romps le croisement des jambes.

69. Alors ce Lunus des hommes s’étant levé lentement de son siège s’assit sur un trône, désireux de la grande consécration.

70. Et, avec des milliers de vases précieux et des eaux de senteurs diverses, les troupes des dieux baignent le parent du monde qui possède les dix forces, qui a obtenu la perfection des qualités.

71. Et aussi, sans cesse, avec des milliers d’instruments de musique, des centaines de mille de dieux et des Apsaras par centaines de mille, tous réunis, rendent un hommage sans pareil.

72. C’est ainsi, vraiment, que les Djinas, fils des dieux, pendant une semaine, à Dharanimaiula, ne rompent pas le croisement des jambes qui est avec la cause et l’effet, avec la cause première.

Ainsi donc, Religieux, le Tathâgata revêtu de l’Intelligence complète, se tint là sur un siége. Ici, par moi, l’Intelligence parfaite, accomplie et sans supérieure a été revêtue. Ici, par moi, il a été mis fin à la douleur sans commencement ni fin de la naissance, de la vieillesse et de la mort.

La seconde semaine, le Tathâgata fit une longue promenade comprenant les régions des trois mille grands milliers de mondes.

La troisième semaine, le Tathâgata regarda Bôdhimanda sans cligner l’œil. Ici, par moi, l’Intelligence parfaite, accomplie et sans supérieure a été revêtue, et il a été mis fin à la douleur sans commencement et sans fin, de la naissance, de la vieillesse et de la mort.

La quatrième semaine, le Tathâgata fit une courte promenade depuis la mer d’Orient jusqu’à la mer d’Occident.

Cependant le démon Pàpîyân s’étant approché de l’endroit où était le Tathâgata, adressa ce discours au Tathâgata : Que Bhagavat entre dans le Parinirvâna ! Que Sougata entre dans le Parinirvâna ! C’est le temps maintenant pour Bhagavat d’aller au Parinirvâna !

Cela dit, Religieux, le Tathâgata répondit ceci au démon Papijan : Non, Pàpîyàn, je n’entrerai pas dans le Parinirvâna, tant que mes Religieux ne seront pas des Sthaviras domptés, éclairés, disciplinés, exempts de crainte, expérimentés, possédant la loi et ce qui s’y rattache, capables de faire briller leur science d’instituteurs, et, après qu’ils auront, à l’aide de la loi, fait taire les contradicteurs qui se produisent et se reproduisent et les auront rendus croyants (capables aussi) d’enseigner une loi accompagnée de miracles. Non, Pàpîyàn, je n’entrerai pas dans le Parinirvàna tant que la renommée du Bouddha, de la Loi et de l’Assemblée (des fidèles) ne sera pas solidement établie dans le monde. Tant que d’innombrables Bodhisattvas n’auront pas été avertis par des prophéties qu’ils arriveraient à l’Intelligence sans supérieure parfaite et accomplie, Pàpîyân, je n’entrerai pas dans le Parinirvàna ; tant que mes Quatre assemblées ne seront pas domptées, disciplinées, éclairées, exemptes de crainte pour enseigner une loi accompagnée de miracles.

Ensuite le démon Pàpîyân, après avoir entendu ce discours, se retira d’un côte et resta immobile. Triste, abattu, la tête basse, traçant avec un bâton des figures sur la terre, il se dit : Il a surpassé mon empire !

Ainsi donc, Religieux, le Tathâgata revêtu de l’Intelligence complète, se tint là sur un siége. Ici, par moi, l’Intelligence parfaite, accomplie et sans supérieure a été revêtue. Ici, par moi, il a été mis fin à la douleur sans commencement ni fin de la naissance, de la vieillesse et de la mort.

La seconde semaine, le Tathâgata fit une longue promenade comprenant les régions des trois mille grands milliers de mondes.

La troisième semaine, le Tathâgata regarda Bôdhimanda sans cligner l’œil. Ici, par moi, l’Intelligence parfaite, accomplie et sans supérieure a été revêtue, et il a été mis fin à la douleur sans commencement et sans fin, de la naissance, de la vieillesse et de la mort.

La quatrième semaine, le Tathâgata fit une courte promenade depuis la mer d’Orient jusqu’à la mer d’Occident.

Cependant le démon Pàpîyân s’étant approché de l’endroit où était le Tathâgata, adressa ce discours au Tathâgata : Que Bhagavat entre dans le Parinirvâna ! Que Sougata entre dans le Parinirvâna ! C’est le temps maintenant pour Bhagavat d’aller au Parinirvâna !

Cela dit, Religieux, le Tathâgata répondit ceci au démon Papijan : Non, Pàpîyàn, je n’entrerai pas dans le Parinirvâna, tant que mes Religieux ne seront pas des Sthaviras domptés, éclairés, disciplinés, exempts de crainte, expérimentés, possédant la loi et ce qui s’y rattache, capables de faire briller leur science d’instituteurs, et, après qu’ils auront, à l’aide de la loi, fait taire les contradicteurs qui se produisent et se reproduisent et les auront rendus croyants (capables aussi) d’enseigner une loi accompagnée de miracles. Non, Pàpîyàn, je n’entrerai pas dans le Parinirvâna tant que la renommée du Bouddha, de la Loi et de l’Assemblée (des fidèles) ne sera pas solidement établie dans le monde. Tant que d’innombrables Bodhisattvas n’auront pas été avertis par des prophéties qu’ils arriveraient à l’Intelligence sans supérieure parfaite et accomplie, Pàpîyân, je n’entrerai pas dans le Parinirvâna ; tant que mes Quatre assemblées ne seront pas domptées, disciplinées, éclairées, exemptes de crainte pour enseigner une loi accompagnée de miracles.

Ensuite le démon Pàpîyân, après avoir entendu ce discours, se retira d’un côté et resta immobile. Triste, abattu, la tête basse, traçant avec un bâton des figures sur la terre, il se dit : Il a surpassé mon empire !

C’est pour cela, jeunes filles, que je vous pardonne votre faute. Pourquoi cela ? — Parce que c’est un avancement dans la discipline de la loi vénérable pour tous ceux qui, après avoir vu que leur faute est une faute, l’avouent et, par la suite, parviennent à s’en abstenir.

La cinquième semaine. Religieux, le Tathâgata demeura dans la maison du roi des Nâgas, Moutchilinda. Alors, au temps de la semaine du grand mauvais temps, Moutchilinda, le roi des Nâgas étant sorti de sa demeure et ayant enveloppé le corps du Tathâgata de sept replis, l’abrita avec ses crêtes, en disant : Il ne faut pas que les vents froids s’attaquent au corps du Tathâgata.

De même que de la région orientale, encore d’autres rois des Nâgas, en grand nombre, étant venus et ayant enveloppé sept fois de leurs replis le corps du Tathâgata l’abritèrent avec leurs crêtes, en disant ; 11 ne faut pas que les vents froids s’attaquent au corps du Bôdhisattva.

Et de même que dans la région orientale, des régions du sud, de l’ouest et du nord des rois des Nâgas étant venus, et ayant enveloppé le corps du Tathâgata de leurs replis (etc., comme plus haut). Et cet amas de rois des Nâgas se tenait élevé comme le Mêrou le roi des montagnes.

Et jamais, par ces rois des Nâgas n’avait été éprouvé un bien-être pareil à celui qui fut le leur pendant sept jours et sept nuits par le contact du corps du Tathâgata.

Puis, la semaine étant écoulée, ces rois des Nâgas ayant connu que le mauvais temps était passé, après avoir retiré leurs replis du corps du Tathâgata, salué ses pieds avec leur tête et tourné trois fois autour de lui, s’en retournèrent chacun dans sa demeure.

Moutchilinda aussi, le roi des Nâgas, ayant salué avec sa tête les pieds du Tathâgata et tourné trois fois autour de lui, rentra dans sa demeure.

La sixième semaine, le Tathâgata, de la demeure de Moutchilinda alla au pied du figuier du berger des chèvres. Entre la demeure de Moutchilinda et le figuier du berger des chèvres, sur le bord de la rivière Nâirañjana, des Tchâilakas, des Parivràdjakas, de vieux Çrâvakas, des Gâutamas, des Adjîvakas et autres ayant vu le Tathâgata lui diront : Est-ce que la semaine du grand mauvais temps a été, par le Tathâgata, passée doucement ?

Et, en ce moment, Religieux, le Tathâgata prononça solennellement ce discours joyeux :

80. Douce est la solitude pour celui qui est satisfait, qui a entendu la loi, qui est voyant ; la mansuétude est douce dans le monde, ainsi que la bienveillance pour les créatures vivantes !

81. Douce est l’absence de passions dans le monde, ainsi que la victoire sur les péchés ; ici-bas, la discipline de l’égoïsme et de l’orgueil, voilà ce qui est la suprême douceur !

Religieux, le Tathâgata vit le monde tout brûlé, tout consumé par la naissance, la vieillesse, les maladies, la mort, la douleur, les lamentations, l’inquiétude et les tribulations. Là, le Tathâgata prononça solennellement ce discours.

82. Ce monde est affligé de tous les côtés par l’ouïe, le toucher, le goût, la vue et l’odorat ; et, quoique effrayé de l’existence, il désire encore l’existence par sa soif de l’existence !

Pendant la septième semaine, le Tathâgata demeura au pied de l’arbre Târàyana.

En ce temps-là, deux frères du pays du nord, marchands habiles et instruits, nommés Trapoucha et Bhallika, ayant acquis de grands biens et emportant diverses espèces de marchandises, allaient du pays du sud vers le pays du nord, accompagnés d’une grande caravane et de cinq cents chariots complètement remplis. Ils avaient deux taureaux excellents, nommés Soudjâta et Kîrti, tous les deux sans crainte des obstacles ; et là où les autres taureaux étaient empêchés, c’est eux qui étaient employés. Là où, en avant, se manifestait de la crainte, tous deux restaient fermes comme attachés à un poteau. Tous deux, ils n’étaient pas menés avec l’aiguillon ; c’était avec une poignée de fleurs de lotus ou avec une guirlande de fleurs de Soumanâ qu’ils étaient menés.

Quand ils furent dans le voisinage de l’arbre Tàrâyana, par l’effet d’un charme prononcé par une déesse qui demeurait dans un bois de Kchîrikas, les chariots, sous cette influence, n’avançaient plus. Les courroies ainsi que toutes les parties des chariots furent disloquées, les roues des chariots s’enfoncèrent en terre jusqu’au moyeu, et, malgré tous les efforts, les charriots n’avançaient pas. Les voyageurs furent étonnés et effrayés. — Quelle est donc la cause, qu’est-ce que ce contre-temps qui fait que les chariots sont arrêtés dans une plaine ?

Ils attelèrent les deux taureaux Soudjàta et Kîrti ; mais quoique conduits tous les deux par la poignée de lotus et la guirlande de fleurs de Soumanâ, ils ne purent avancer. Alors il vint à la pensée des voyageurs ; Sans nul doute, il y a en avant quelque sujet de crainte, si ces deux-là eux-mêmes n’avancent pas. Des messagers à cheval furent envoyés en avant, et ces messagers, étant revenus, dirent : Il n’y a rien du tout à craindre.

Ils furent aussi rassurés par la déesse qui, ayant fait voir sa personne leur dit : Il n’y a rien à craindre. Et les deux taureaux traînèrent le charriot auprès du Tathâgata. Dès que les voyageurs aperçurent le Tathâgata brillant comme le feu, bien orné des trente-deux signes du grand homme, resplendissant de la majesté du soleil levant, ils dirent, frappés d’étonnement : Qui donc est celui-ci ? Est-ce Brahmâ descendu ici-bas ou Çakra le maître des dieux ? Est-ce Vaiçravana, Soûrya ou Tchandra ? Est-ce un dieu de la montagne ou le dieu d’un fleuve ?

Alors le Tathâgata leur montra ses vêtements rougeâtres et ils dirent : Sûrement celui-ci doit être un religieux errant vêtu d’habits rougeâtres ; nous n’avons donc rien à craindre de lui. Et ayant pris confiance, ils se dirent l’un à l’autre : Ce doit être pour ce religieux le temps du repas. Y a-t-il quelque nourriture ? (On leur dit :) Il y a du miel, des gâteaux et des cannes à sucre pelées.

Ils prirent du miel, des gâteaux et des cannes à sucre pelées, les apportèrent à l’endroit où était le Tathâgata, saluèrent ses pieds avec la tête, tournèrent trois fois autour de lui, puis, se tenant d’un côté, lui parlèrent ainsi :

Que Bhagavat, après avoir conçu de la bienveillance pour nous, daigne prendre ce vase de nourriture.

En ce moment. Religieux, le Tathâgata pensa :

Ce ne serait vraiment pas bien, si je prenais ceci avec les deux mains. Mais dans quoi cela a-t-il été pris par les précédents Tathâgatas Bouddhas parfaits et accomplis ? Et il reconnut très bien que c’était avec un vase.

Ainsi donc, Religieux, ayant connu que c’était pour le Tathâgata le moment de manger, à l’instant même, des quatre points de l’espace, les quatre grands rois étant venus, apportant quatre vases d’or, les offrirent au Tathâgata. — Que Bhagavat daigne prendre ces quatre vases d’or, après avoir conçu de la bienveillance pour nous !

Mais ayant réfléchi qu’ils n’étaient pas convenables pour un Cramana le Tathâgata ne les prit pas. Il en fut de même pour quatre autres d’argent, de lapis lazuli, de cristal, de diamant et d’émeraude (quatre par quatre).

Ensuite ayant pris quatre vases de toutes sortes de matières précieuses, ils les offrirent au Tathâgata. Mais ayant réfléchi qu’ils n’étaient pas convenables pour un Çramana, le Tathâgata ne les prit pas.

Cependant, Religieux, cela vint encore à l’esprit du Tathâgata : Avec des vases de quelle espèce a été prise (la nourriture) par les Tathâgatas antérieurs Arhats véritablement Bouddhas parfaits et accomplis ? Et il reconnut très bien que c’était avec des vases de pierre Telle fut la pensée qui vint au Tathâgata.

Alors le grand roi Vàiçravana dit aux trois autres grands rois : Amis ! Il y a encore quatre vases de pierre qui nous ont été donnés par les fils des dieux Nîlakàyikas. Et cette pensée nous vint alors : Servons-nous-en.

Alors le fils des dieux Nîlakàyikas nommé Vàirôtchana nous dit :

83. Ne mangez pas dans ces plats. Gardez-les. Ils seront l’objet d’un Tchâitya célèbre. Il y aura un Djina nommé Çâkja Mouni et vous lui offrirez ces vases.

84. C’est le temps, c’est le moment, amis, d’offrir ici un plat à Çàkya Mouni ; au milieu des chants et du son des instruments, nous donnerons les vases, après lui avoir rendu hommage.

85. Ce plat qui a la nature de la loi est indestructible et ces plats de pierre sont indestructibles aussi. Sans souffrir qu’un autre les prenne, allons, afin de les prendre !

Alors les quatre grands rois, entourés chacun de sa suite et de ses serviteurs, avec des fleurs, des cassolettes, des guirlandes, des parfums, des onguents parfumés, au bruit des instruments, des cymbales et des chants, ayant chacun, pris les vases avec leurs mains, se rendirent à l’endroit où était le Tathâgata, et, après lui avoir rendu hommage, offrirent au Tathâgata ces vases tout remplis de fleurs divines.

Cependant, Religieux, ceci vint à l’esprit du Tathâgata : Ces quatre grands rois remplis de foi et purs m’ont offert quatre vases de pierre ; mais il ne convient pas que j’en aie quatre. Car si j’en accepte d’un seul, il y aura, mécontentement des trois autres. Mais après avoir pris les quatre vases, je pourrais n’en bénir qu’un seul.

Et le Tathâgata ayant étendu la main droite adressa cette Gâthâ au grand roi Vàçiravana.

86. Offre un plat (un vaisseau) au Sougata et tu seras dans le vaisseau qui est le meilleur des véhicules. Après avoir donné un plat à mes pareils, on n’est jamais abandonné ni par la mémoire ni par le jugement.

Ensuite, Religieux, le Tathâgata prit le vase des mains de Vàiçravana, après avoir conçu une pensée de bienveillance, et, après l’avoir pris, adressa cette Gâthâ au grand roi Dhrïtaràchtra :

87. Celui qui donne un vase au Tathâgata n’est jamais privé de mémoire et de sagesse, jusqu’à ce qu’il arrive, après avoir traversé le temps, de bonheur en bonheur, à la dignité d’un Bouddha, à la nature froide !

Alors, Religieux, le Tathâgata, prit le vase, des mains du grand roi Dhrïtaràchtra, après avoir conçu une pensée de bienveillance, et, après l’avoir pris, adressa cette Gâthâ au grand roi Viroùthaka.

88. Toi qui donnes un plat très pur au Tathâgata parfaitement pur, tu auras promptement l’esprit pur, et tu seras loué dans le monde des dieux et des hommes. Ensuite, Religieux, le Tathâgata prit le vase des mains du grand roi Viroùthaka, après avoir conçu une pensée de bienveillance ; et, après l’avoir pris, il adressa cette Gâthâ au grand roi Viroùpâkcha.

89. Au Tathâgata dont la conduite est sans défaut, dont les actions sont sans défaut, c’est un plat sans défaut que tu donnes avec foi, toi qui as l’esprit sans défaut ; sans défaut sera ta pure offrande !

Et le Tathâgata prit le vase des mains du grand roi Viroùpâkcha, après avoir conçu une pensée de bienveillance. Après l’avoir pris, il imposa sa bénédiction sur un seul vase, par la force du bon vouloir.

Et, en cette circonstance, il prononça solennellement ce discours joyeux :

90. Des vases ont été donnés par moi dans une existence d’autrefois, remplis de fleurs, après les avoir rendus agréable ? À cause de cela, les quatre dieux grands magiciens me donnent ces quatre vases d’une belle forme.

Et là il est dit :

91. Ayant, pendant une semaine, considéré l’arbre excellent de l’Intelligence ; ferme et voyant le suprême but, après avoir, de six manières, fait trembler la terre, il s’est levé, le lion des hommes à la démarche du lion !

92. Comme un roi des éléphants qui, toujours, marche lentement, après être allé d’un pas mesuré au pied du Târâyana, s’asseyant, inébranlable comme le Mérou, le Mouni s’est livré à la méditation, à la contemplation.

93. Et, en ce temps-là, les deux frères Trapoucha et Bhallika, avec une troupe de marchands et cinq (cents) chariots étaient entrés dans un bois de Salas en fleur.

94. Et, par la splendeur du Rïchi, les roues s’enfoncèrent instantanément dans la terre jusqu’au moyen. En les voyant en pareil état, une grande crainte s’empara de l’esprit des marchands.

95. L’épée à la main ou tenant des flèches et des lances (ils disaient :) quel est celui-ci qui est comme s’il chassait la gazelle dans la forêt ? Et ils regardaient le victorieux (Djina) au visage pareil à la lune d’automne dégagée des nuages.

96. Ayant abandonné la colère et mis de côté l’orgueil, après avoir salué avec la tête, ils demandèrent : Quel est celui-ci ? Du milieu du ciel, une divinité prononça ce discours : C’est en vérité un Bouddha faisant les affaires du monde et lui venant en aide.

97. Pendant sept nuits et sept jours, il n’a été pris ni nourriture ni breuvage par ce miséricordieux. Si vous désirez apaiser le mal de la corruption naturelle, nourrissez celui dont vous connaissez le corps et l’esprit.

98. Après avoir entendu ces douces paroles, ceux-ci, après avoir loué et salué le victorieux en tournant (trois fois) autour de lui, satisfaits alors, eux et leurs compagnons, ils s’occupèrent à préparer de la nourriture pour le victorieux. Eli ce moment, Religieux, le troupeau de vaches des deux marchands Trapoucha et Bhallika se trouvait au marché d’un village voisin. En ce temps-là, et à cette occasion, quand on se mit à traire les vaches, ce fut l’essence du beurre qu’elles donnèrent.

Aussitôt les bergers l’ayant prise, la portèrent à l’endroit où étaient les deux marchands Trapoucha et Ballika et leur firent connaître le phénomène en disant : Seigneurs, apprenez que toutes les vaches, quand on s’est misa les traire, ont donné l’essence du beurre. Cela est-il heureux ou non ?

Et là, des Brahmanes d’espèce avide dirent : Il n’y a en cela nulle bénédiction. Ce qu’il faut c’est un grand sacrifice en faveur des Brahmanes.

En ce temps-là, Religieux, un Brahmane nommé Çikhandi, qui, dans une précédente naissance, avait été parent du côté maternel des marchands Trapoucha et Bhallika, était né de nouveau dans le monde de Brahmâ. Ayant repris la figure d’un Brahmane, il adressa ces Gâthâs à ces marchands :


99. Votre prière d’autrefois : Que le Tathâgata, en possession de l’Intelligence suprême, après avoir mangé un repas offert par nous, fasse tourner la roue de la loi !

100. Cette prière est vraiment accomplie ; le Tathâgata a obtenu l’Intelligence suprême. Apportez de la nourriture, et, après l’avoir prise, il pourra tourner la roue de la loi !

101. C’est par une grande bénédiction, c’est sous un astre favorable qu’est apparue l’essence du beurre des vaches. C’est la puissance de ce grand Rïchi aux œuvres méritoires.

102 Après avoir ainsi exhorté les marchands, Çikhandi s’en alla dans sa demeure. Tous furent remplis de joie, Trapoucha et les autres.

103. Puis, après avoir réuni, sans rien laisser, le lait de mille vaches et en avoir extrait la meilleure substance, ils préparèrent un mets avec respect.

104. Le vase précieux nommé Aboutchandra, capable do contenir cent mille Palas, ayant été nettoyé, lavé et purifié, ils le remplirent de nourriture jusqu’au bord.

105. Après avoir pris du miel et le précieux vase, étant allés au pied du Târâyaiia du maître, (ils lui dirent :) Prends ce mets ; accepte de nous cette nourriture offerte de bon cœur et mange-la !

106. Par bienveillance pour les deux frères et connaissant leur intention d’autrefois, celui qui est parvenu à l’Intelligence suprême, le précepteur, après avoir accepté, mangea, et, après avoir mangé, jeta le vase dans les airs. 107. Ce fut un roi des dieux nommé Soubrahmâ qui prit le plus précieux des vases. Aujourd’hui encore, dans le monde de Brahmâ, il honore ce vase en compagnie des dieux.


Alors le Tathâgata fit la joie des marchands Trapoucha et Bhallika en disant :


108. Que la bénédiction des dieux qui rend les lieux favorables et fait réussir les affaires, soit avec vous ! Que toutes vos affaires soient promptement selon votre désir.

109. Que le bonheur soit attaché à tous vos membres, comme la guirlande fixée sur la tête !

110. Pour les marchands qui, désireux des richesses, s’en vont aux dix points de de l’espace, qu’il y ait de grands profits qui soient une source de bonheur.

111. Quelle que soit l’affaire pour laquelle vous allez vers la région orientale, qu’ils vous gardent, les astres qui se trouvent dans cette région :

112. Krïttikâ, Rôhinî ainsi que Mrîga, Ardrâ et Pounarvasou, et Pouchya ainsi qu’Açlêchâ, auxquels sont les régions orientales.

113. Que ces sept constellations illustres, gardiennes du monde ; que les dieux qui président à la partie orientale vous protégent partout !

114. Que leur roi célèbre sous le nom de Dhrïtarâchtra, lui qui est le maître de tous les Gandharvas, vous protége avec le Soleil !

115. Que ses fils nombreux, ayant un nom commun, savants, au nombre de quatre-vingt-onze, nommés Indras, ayant une grande force,

116. Eux aussi vous protégent par l’absence de maladie et l’heureuse influence des astres. Dans la partie orientale, que les huit filles des dieux :

117. Djayanti, Vidjayanti, Siddhârthâ, Aparâdjità, Nandôttarâ, Nandisênâ, Nandinî, Nandavardhanî,

118. Elles aussi vous protégent par la santé et le bien-être ! Et dans la partie orientale de cette région, que le Tchâitya nommé Atchâpala

119. Habité par les Djinas, connu des Arhats protecteurs, eux aussi vous protégent par la santé et le bien-être.

120. Que les régions vous soient favorables et qu’aucun mal ne vous arrive ! Après avoir fait des profits, revenez, gardés par tous les dieux.

121. Pour quelque affaire que vous alliez dans la région méridionale, qu’elles vous gardent, les constellations qui président à cette région :

122. Maghâ et les deux Phàlgouni, Hastà, Tchitrà la cinquième, ainsi que Svâti et Viçâldiâ auxquelles est la région méridionale,

123. Ainsi que ces sept constellations illustres gardiennes du monde qui président à la partie méridionale vous protégent partout !

124. Et que le roi qui les commande, Viroûthaka, tel est son nom, lui, le maître de tous les Koumbhandas, vous protége avec Yama !

125. Ainsi que les nombreux fils de celui-ci, ayant un nom commun, savants, au nombre de quatre-vingt-onze, nommés Indras, eux qui ont une grande force,

126. Qu’eux aussi vous protégent avec la santé et l’heureuse influence des astres ! Dans la partie de la région méridionale, que les huit filles des dieux,

127. Çriyâmati, Yacamati, Yaçaliprâptà, Yaçôdharà, Sououtthithâ, Souprathamâ, Souprabouddhâ, Soukhâvahâ,

128. Elles aussi vous protégent avec la santé et l’heureuse influence des astres. Dans la partie de la région méridionale, où se trouve le Tchâitya nommé Padma,

129. Qui sans cesse brille et où tout est sans cesse illuminé par sa splendeur, lui aussi vous protége avec la santé et l’heureuse influence des astres.

130. Que les régions vous soient favorables et qu’il ne vous arrive pas de mal ! Revenez avec des profits, protégés par tous les dieux.

131. Pour quelque affaire que vous alliez vers la région occidentale, qu’elles vous protégent, les constellations qui président à cette région : 132. AnourâJhâ et Djvêchtliâ et Moula et Dhrïtavîrjathâ, les deux Achâtlias et Abhidjit et Çravanâ qui est la septième.

133. Que ces sept constellations gardiennes illustres du monde présidant à la région occidentale vous protégent toujours !i

134. Que le roi qui les commande, Virortpâkcha, c’est son nom, lui, le maître de tous le ? Nâgas, avec Varouna, vous protége.

135. Et ses fils nombreux, ayant un nom commun, instruits, au nombre de quatre-vingt-onze, nommés Indras, qui ont une grande force,

136. Eux aussi vous protégent par la santé et l’heureuse influence des astres ! Et dans cette région occidentale, les huit filles des dieux :

137. Alambouchâ, Miçrakêçi, Poundarikà ainsi qu’Arounâ, Ekâdaçâ, Navanâmikâ, Çitâ et Krîchnà-Drâupadi,

138. Elles aussi vous protégent par la santé et l’heureuse influence des astres ! Dans cette partie occidentale de la région, que le mont nommé Achtaraa,

139. Séjour du Soleil et de Lunus, vous donne le résultat que vous désirez ! Que lui aussi vous protége avec la santé et l’influence heureuse des astres.

140. Que les régions vous soient favorables et qu’il ne vous arrive pas de mal. Revenez avec des profits acquis, protégés par tous les dieux.

141. Pour quelque affaire que vous alliez dans la région septentrionale, qu’elles vous protégent, les constellations qui président à cette région :

142. Dhanichthâ et Çatabhichâ, ainsi que les deux Bhâdrapadas, Rêvati, Açvinî et Bharanî qui est la septième,

143. Que ces sept constellations gardiennes illustres du monde qui se montrent dans la partie septentrionale, elles aussi vous protégent en toute circonstance.

144. Que leroi qui les commande Kouvêra Naravâhana, roi de tous les Yakchas, avec Manibhadra vous protége !

145. Que ses nombreux fils aussi, ayant un nom commun, instruits, au nombre de quatre-vingt-onze, nommés Indras, qui ont une grande force,

146. Eux aussi vous protégent avec la santé et l’influence favorable des astres. Dans cette partie de la région septentrionale, que les huit filles des dieux :

147. Ilâdêvi, Sourâdêvî, Prîthvî, ainsi que Padmâvatî, Oupasthitâ-Mahârâdjà, Açâ-Çraddhâ, Hirî, Girî,

148. Elles aussi vous protégent avec la santé et l’influence heureuse des astres. Dans cette partie de la région septentrionale, que le mont Gandhamâdana,

149. Que le Tchitrakouta (le mont) agréable à voir, séjour des Yakchas et des Bhoûtas, eux aussi vous protégent par la santé et l’heureuse influence des astres !

150. Que les régions vous soient favorables et qu’il ne vous arrive pas de mal ! Après avoir obtenu des profits, revenez, protégés par les dieux !

151. Que les vingt-huit constellations, sept par sept, à chacune des quatre régions ; que les trente-deux filles des dieux, huit par huit, à chacune des quatre régions ;

152. Que les huit Çramanas, les huit Brahmanes, les huit marchands dans les lieux habités et les huit dieux qui accompagnent Indra, vous protégent partout ! 153. Que le bonheur soit avec vous quand vous partez ! Que le bonheur soit avec vous quand vous revenez ! Soyez heureux de revoir vos parents, que vos parents soient heureux de vous revoir !

154. Qu’avec Indra, les Yakchas, les grands rois, les Arhats soient pleins de bienveillance !

Allez partout heureusement ; obtenez le bonheur de l’Amrïta !

155. Protégés par Brahmâ, par Vàsava (Indra), par ceux qui sont complètement délivrés, et par ceux qui sont sans défaut ; toujours traités avec bienveillance par les Nâgas et Yakchas, conservez votre vie pendant cent automnes !

156. Le guide sans pareil, conducteur du monde loue leur offrande respectueuse : Par cette œuvre vertueuse, vous serez (dans une existence future), les Djinas, nommés Madhûusambhavas.

157. C’est là la première prédiction exempte de passion du Djina guide du monde. Par la suite, les nombreux B5dhisattvas sans lin auxquels il sera prédit qu’ils arriveront à l’Intelligence, n’en seront pas détournés.

158. Après avoir entendu cette prédiction du Djina, ayant l’esprit satisfait et rempli de la plus grande joie, les deux frères, avec leurs compagnons, implorèrent pour refuge le Bouddha et la Loi.

Chapitre nommé : Trapoucha et Bhallika, le vingt-quatrième.