Le Laurier Sanglant/50

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Le Laurier SanglantCalmann-Lévy, éditeurs (p. 209-210).

LES BOCHES




Septembre 1915.


Sur la plage allongeant sa courbe entre les roches,
De beaux enfants, pieds nus, hâtent leurs petits pas,
Pour s’emparer d’un fort qu’ils ont construit là-bas
Dans le sable, à grands coups de pelles et de pioches.

Souriant, je m’avance, et les mains dans mes poches :
« On s’amuse ? — Oui, monsieur. Nous jouons aux soldats.
» Des Français, on en a tant qu’on en veut, des tas :
» Mais personne, jamais, ne veut faire les Boches ! »


Les Boches !… Gravez bien dans vos jeunes cerveaux
Ce nom-là, mes amis !… Parmi les mots nouveaux
Je l’aime pour sa basse et plate barbarie :

Il cingle comme il sied les lâches… ou les fous
Qui — leur race à jamais en restera flétrie —
Ont tué des enfants… des enfants comme vous !