Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Lettre O

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 243-247).
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O


OBLIGEANCE. — Ayez l’obligeance de me prêter un parapluie. Humbert a raison de dire que cette phrase est incorrecte, l’obligeance étant un penchant à obliger et non un acte. Mais obligeance, en ce dernier sens, a tellement passé en usage qu’Humbert ajoute avec sa bonhomie et sa sincérité habituelles : « Remarque un peu délicate et subtile. » — On ne peut, en effet, se révolter indéfiniment contre l’usage, et Littré le constate en ajoutant au sens classique d’obligeance : « 2. Abusivement, Acte d’obligeance. »

OBSERVATION. — Humbert en fait une inexacte, lorsqu’il trouve incorrecte cette phrase : Je vous ferai une observation. Littré remarque fort bien : « On dit couramment : « Je vous soumettrai une observation. » Dès lors il serait vétilleux de repousser : « Je vous ferai une observation. »

OCCASION. — Molard et Humbert s’entendent pour repousser : Avez-vous occasion de cette marchandise ? Il faut dire : Avez-vous besoin ? — Grammaticalement ils ont raison ; mais les deux sens ne sont pas les mêmes, Occasion s’entend ici d’un besoin occasionnel, et c’est ce qui explique son emploi. En tous cas, on dira très bien : Une commode d’occasion, Une femme d’occasion.

ODEUR. — Odeur de peuple souverain. Montez aux quatrièmes des Célestins, un dimanche, au milieu de la représentation d’un drame, vous saurez ce que c’est. Non, vous ne le saurez pas suffisamment ! il eût fallu y aller au temps du parterre debout et alors que la salle n’était point ventilée. Vous pouvez en avoir encore quelque idée dans les belles réunions publiques.

ŒIL. — Dent de l’œil. Voy. dent.

Avoir un œil au beurre noir, Avoir un œil noirci. « Ta femme, qu’en fais-tu ? elle a l’œil au beurr’ noir », dit l’auteur du Songe de Guignol. La métaphore est ancienne, car on lit dans Dassoucy : « Cet homme… avec une mâchoire enfoncée, et un œil poché au beurre noir. »

Se tirer un œil, Se crever un œil. Mon oncle Jean-Jean ne voulait jamais, la nuit, manger sans chandelle, parce qu’il avait peur de se tirer un œil avec sa fourchette.

Il va à la messe chaque fois qu’il lui tombe un œil. Se dit de quelqu’un qui n’y va pas très souvent.

Être à l’œil, Veiller de près. Cadet, y a Pistolet que va souvent chez ta femme, tâche moyen d’être à l’œil !

ŒILLOIRS, s. m. pl. — Œillères. Le suffixe a été changé parce que oir, oire, est le suffixe ordinaire des objets moyens d’action : araignoir, arrosoir, crachoir, pissoir, ec.

ŒUF. — Je te plein comme un œuf. Spirituelle gandoise que l’on répète à ceux que l’on ne croit pas avoir motif de plaindre beaucoup.

Mieux vaut un œuf en paix qu’un bœuf en guerre. Bien pensé !

ŒUFS. — Elle est toujours aux œufs ou au lait. Se dit d’une femme fréquemment enceinte.

ŒUVRE, s. f. — Chanvre, filasse. J’ai de l’œuvre que je ferai filer. — D’opera, la production du chanvre étant jadis considérée comme l’œuvre par excellence.

OGNE, s. m. pl. — Recevoir les ognes. C’est, lorsqu’on a perdu au jeu de gobilles, mettre sa main verticalement sur le sol, une gobille entre l’annulaire et le médius, sur laquelle tire le gagnant. Les coups que reçoit le perdant sur les phalanges, lorsque le gagnant manque — volontairement ou non — la gobille, s’appellent les ognes. — Ogne est en relation avec lo genevois ognon, tape, coup, contusion. C’est onio, ou plutôt le subst. verbal d’un verbe supposé oniare, d’où :

OGNER, v. a. — Frapper, meurtrir. Il est devenu suranné, mais je lis dans un article de la Revue des Deux Mondes, 2e série, tome XLV, page 512 : « C’était la chanson… du Moine qui ognait à la porte. »

OGNON. — Ognon de Florence. Voy. pourette.

OGNON, s. m. — Tapage, grabuge, coups. « Puisqu’on pend les Seize, — Il y a de l’oignon, » dit la Satire Ménippée (dans Jaubert). Lorsque les Autrichiens approchèrent de Lyon, en 1814, on fit une chanson politique (ce n’était guère le moment), en forme de pot pourri, que j’ai souvent entendu chanter, et où se trouvaient les vers suivants :

Aux portes de Lyon,

Y a de l’ognon, de l’ognette ;
Aux portes de Lyon,

Y a de l’ognon.

Ognon, en ce sens, est une forme de ognes (voy. ce mot).

Propre comme un ognon. En effet, rien n’est blanc et pur comme un ognon lorsqu’on vient d’en enlever la dorse.

OIE. — Ma femme est comme l’oie blanche, qui a toujours mal au bec, au c… ou à la hanche. — Il y a en effet beaucoup de femmes qui sont ainsi, et, vraisemblablement, bien plus de femmes même que d’oies blanches.

OISEAU. — Oiseau de saint Luc. Voy. adroit.

N’être ni oiseau ni rate volage. Se dit de ces sournois dont on ne sait jamais ce qu’ils pensent.

OLIVES. — Changer l’eau de ses olives (parlant par respect), Pancher de l’eau.

OMBRE. — Il craint le soleil, il se met à l’ombre des bouchons. Se dit d’un habitué de cabaret.

Ombre, s. m. — Molard écrit : « Ombre, Espèce de poisson… ; écrivez umble et prononcez omble. » Trop de zèle ! À umble, l’Acad. ajoutait déjà en 1798 : « On dit et on prononce omble et plus communément ombre. » Et dans l’édition de 1835 on lit : « On dit et on écrit communément ombre. »

OMELETTE. — Retourner l’omelette, Changer de sentiment. On dit aussi Retourner sa veste, Changer son fusil d’épaule. Personne, mieux que nos politiciens en quête de popularité, ne s’entend à retourner l’omelette. Ils en revendraient à notre cuisinière, qui était si habile pourtant que, lançant l’omelette par la cheminée, à Sainte-Foy, elle la recevait toute retournée dans sa poêle à la fenêtre. Il est juste de dire que chez nous la maison n’avait qu’un étage.

On a eu, dans le temps, la rage de la viande saignante. Cela faisait mieux ressembler aux animaux. Un jour, chez Garcin, je déjeûnais avec un camarade. — Garçon, un bifteck saïgnant ! dit un client. — Garçon, un filet saignant ! dit un deuxième. — Garçon, une côtelette saignante ! crie un troisième. — Garçon, dit gravement mon camarade, une omelette saignante !

OMNIBUSSIER, s. m. — Expression que j’ai entendu dire quelquefois pour conducteur d’omnibus.

ONGLE, s. m. — Nous le faisons féminin ; et je suis encore obligé de me dominer pour ne pas dire : J’ai les ongles longues. Le peuple a une tendance à faire féminins par analogie tous les mots terminés par un e muet.

ONNIBUS, s. m. — Omnibus. Que fais-tu là ? — Je soigne venir l’onnibus. — Exemple d’assimilation de deux consonnes voisines et de même nature.

ONZE. — Bouillon d’onze heures. Voy. Bouillon.

OR. — C’est de l’or en barres. Le plus bel éloge que l’on puisse faire de la loyauté et de la probité d’un homme.

ORAGE, s. m. — Grand vent, simplement, sans accompagnement de tonnerre et de pluie. Depuis trois jours, avec ce ciel bleu, l’orage n’a pas décessé. Mme Putifond, qui aime beaucoup son mari, ne l’a pas laissé sortir, peur qu’i soye écrasé par une tête de cheminée, ou décorné en passant le pont Morand.

ORANGE. — L’honnête marchand dont j’ai parlé à melon ne pouvait vendre de cavaillons en janvier. Il se revanchait sur les oranges :

\relative c'' {
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  d2 e4 d c a d g,2
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  d4 d b2
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  Un sou les o -- ranj’, un sou ! O -- ranj’ fines, O -- ranj’ douces !
}


ORANGER. — Oranger de savetier, Basilic (pron. baselic), ocymum. C’est en effet leur plante favorite.

OREILLES. — C’te merdaille, avè leur bacchanal, me font partir les oreilles, c’est-à-dire que je n’entends plus, ce qui s’explique en effet très bien, si mes oreilles sont parties.

Le sanque lui bout derrière les oreilles. Se dit d’un homme ardent et colérique.

Laver les oreilles, Faire une terrible remontrance, lors même que celui à qui on lave les oreilles les aurait déjà très propres.

ORGE. — Grossier comme du pain d’orge. Se dit d’un pacan qui n’a point de politesse ni de belles manières, et qui dirait quelque chose de gras, sans même le faire précéder de « parlant par respect ».

Faire ses orges, Avoir de bons et gros profits. « Messieurs, vous faites bien vos orges et vos choux gras ceste annee icy, » disoit un médecin a des prestres, en temps d’épidémie, au rapport du bon Bouchet, « Ouy bien, monsieur, répond le curé, Dieu mercy et vous. »

ORIENTER, v. a. — Orienter un chantier, Organiser un chantier, tout disposer avant de commencer une bâtisse. Mon père m’a souvent raconté que lors du passage de Napoléon Ier à Lyon, les canuts lui firent un beau compliment où on lisait : « Vous êtes un ange descendu du ciel pour nous orienter. »

ORIGINE. — Humbert proscrit la locution À l’origine, et prétend qu’on doit dire dans l’origine, mais Littré riposte avec beaucoup de bon sens : « Pourquoi ne pas dire à l’origine comme on dit à l’entrée ? »

ORILLONS, s. m. pl. — Ce sont deux pieds de chèvre ou épaulements qui supportent le rouleau de derrière dans le métier de canut. Ils sont tantôt fixes, tantôt à coulisses pour placer le rouleau plus haut ou plus bas.

Orillons de la banquette. Ce sont deux taquets cloués contre les pieds de métier et sur lesquels repose la banquette (voy. ce mot).

Orillons, petites oreilles, parce qu’ils sont on saillie comme l’oreille sur l’os dit rocher.

ORMEAU, s. m. — Molard et Littré s’entendent pour blâmer les expressions Vieil ormeau, Antique ormeau parce qu’ormeau signifie proprement jeune orme, mais il y a beau temps que le sens d’ormeau s’est confondu avec celui d’orme en général. Littré lui-même donne ce sens, et l’Acad. cite l’exemple : De vieux ormeaux. L’Académie est comme le sacrement de mariage, qui couvre tout.

ORNIÈRE. — Un visage à boire dans une ornière. Se dit d’un visage en manche de couteau.

OS. — L’os qui pue, L’occiput. Cette transformation s’est opérée par la métathèse si naturelle de qs en sq. Comp. ecsprès, devenu escprès, esqueprès. D’où osquiput, et, manquablement, os qui pue. L’idée d’un os qui ne sent pas bon ne nous est pas particulière. Les Languedociens ont l’os pudent (puant). Azaïs le définit : « Os pubis, situé à la partie antérieure du bassin. »

J’entendais une fois un brave homme dire qu’il s’était donné Un coup où les Allemands n’ont pas d’os. Je compris, et je crois encore que c’était un euphémisme délicat pour « se donner un coup au derrière. » Cependant les Genevois n’appliquent pas du tout le même sens à l’expression. Pour eux, c’est de donner un coup à ce que les médecins, je crois, appellent nerf cubital et qui correspond si désagréablement au petit doigt. Il est à croire que mon brave homme, ayant entendu cette expression, avait mal interprétée, mais je ne comprends pas du tout comment les Allemands n’ont pas d’os au coude.

OSSU, UE, adj. — Qui a de gros os. La Perroline n’est pas mal, mais elle est ossue comme un gendarme. — C’est du vieux français.

OSTROGOTH (ostrogô). — Expression péjorative. Quel Ostrogoih ! Quel animal ! As-tu vu cet Ostrogoth qui voulait prendre ma place au thiâtre ! — Le populaire qui se sert du mot en ignore complètement la signification primitive, et j’ai peine à croire que depuis 553 où disparut le royaume des Ostrogoths en Italie, ce nom ait persisté. Je suppose qu’il s’agit d’une qualification dépréciante, ressuscitée au xviiie siècle par quelque lettré, et qui sera tombée dans le domaine public. Il me semble l’avoir lue dans Voltaire.

OT. — Ainsi que le fait remarquer Humbert, dans tous les mots qui se terminent par ot, comme pot, marmot, gigot, nous prononçons o très bref, tandis que les Parisiens le prononcent long : pôt, marmôt, gigôt. Mais Humbert à tort d’ajouter que cette dernière prononciation est celle des dictionnaires car Littré ne fait pas de différence de quantité de o dans marmot et dans marmotte, où o est évidemment bref, de par la double consonne qui le suit. Je crois que le pôt, gigôt des Parisiens est une prononciation affectée, et que notre prononciation lyonnaise est la classique, car le grammairien d’Olivet, dans le premier tiers du xviiie siècle, pose en règle générale que « toute syllabe dont la dernière voyelle est suivie d’une consonne finale, qui n’est ni s ni z, est brève », et il cite pot parmi les exemples.

OUBLIANCE, s. f. — Oubli. La pauvre Zabeau a metu en oubliance la promesse qu’alle avait faite à se n’homme le jour de ses noces.

OUBLIER. — Vous avez oublié d’être bête. Flatterie ingénieuse où le détour ajoute à la délicatesse.

OUCHE, s. f. — Taille du boulanger. — Ça commence à faire une ouche, Cela commence à faire une somme ou un compte important. — Être à l’ouche de quelqu’un, Être à ses crochets, vivre à ses dépens. — Vieux franç. hoche, oche, osche, cran, entaille ; subst. verbal de hoscher, ocher, noter, marquer à l’aide d’entailles.

OUCHER, v. a. — 1. Retourner en faisant sauter. Oucher des pommes de terre.

2. Retourner à l’aide d’une cuiller et d’une fourchette : Oucher la salade. — Oucher est la forme lyonnaise du franç. hocher, qui n’est pas le même que le hoscher dont est sorti ouche.

OÙ EST-CE. — Molard est le seul qui ait signalé ces locutions : Où est-ce qu’il est ? Où est-ce que vous allez ? Pour « Où est-il ? Où allez-vous ? » Humbert ne mentionne que le barbarisme Où ce qu’il est ? sans doute parce que où est-ce est tellement usité qu’il l’a cru correct. À vrai dire, ce n’est point un barbarisme, mais seulement un pléonasme, comme tant d’autres dans notre langue, mais il est déplaisant.

OUI. — Oui bien ! Oui certes ! Les Parisiens prétendent qu’ils nous reconnaissent tout de suite à l’emploi fréquent de cette locution, qu’ils croient incorrecte. Je la crois au contraire très correcte et me souviens même de l’avoir rencontrée dans un bon auteur, dont, par disgrâce, j’ai oublié le nom. Oui bien est exactement le frère de oui da, oui certes, oui vraiment ! Les Allemands ont la même locution : Ja wohl!

Pour un oui, pour un non, À tout propos, à tout bout de champ. Je connaissais un bonhomme à qui un célèbre major de l’Hôtel-Dieu avait fait une opération merveilleuse de proctoplastie. Aussi le major, glorieux, montrait-il son opéré à tous ses confrères. Le bonhomme me disait : Je suis bien content d’en avoir un neuf. Quoique ça, ça me chancagne de le montrer comme ça pour un oui, pour un non.

OUILLAGE, s. m. — 1. Action d’ouiller.

2. Quantité de vin nécessaire à l’ouillage. Nous avons t’ayu vingt années de vin et l’ouillage.

OUILLER, v. a. — Remplacer dans un tonneau le vin perdu par l’évaporation, en remplissantle tonneau jusqu’au bondon. Au fig. Il est bien ouillé. Se dit d’un homme ivre. — Vieux franç. aouiller, qui représente un barbare ad-oculare (d’oculus), remplir jusqu’à l’œil.

OUILLON, s. m. — Vin destiné à l’ouillage.

OUIN, interj. — Oui, au sens ironique. La Françoise est bien vartueuse ? — Ouin ! comme une mogniaude.

OURDISSAGE, s. m. — Action d’ourdir la chaîne sur l’ourdissoir.

OURDISSEUSE, s. f. — Ouvrière chargée d’ourdir.

OURDISSOIR, s. m. — Engin qui sert à ourdir la chaîne et dont l’organe essentiel est un tambour vertical à claire-voie sur lequel s’enroulent les musettes (voy. ce mot).

OURLER. — Ourler son béguin. Se dit d’une femme qui est de méchante humeur. « T’as ourlé ton béguin, t’es furieuse aujourd’hui ! » dit Bonvoisin à la Gervaise, dans la Bernarde buyandière. Comp. Se lever le bonnet de travers et Avoir la tête près du bonnet. Du bonnet à la tête, il n’y a pas loin.

OURLES, s. f. pl. — Gonflement inflammatoire du tissu entourant les glandes parotides. T’as don pas amené la grosse ? — Elle a resté par rapport à la petite qu’a les ourles. — D’{lang|la|orula}}, diminutif d’ora, bord. Ce mot a pris la signification plus générale de chose enflée comme un ourlet. On a comparé à un ourlet l’enflure longitudidinale des glandes.

Ce mot ne serait-il pas un adjectif comme arrête, gâte, gonfle, trempe ? Dans ce cas, des oreilles ourles seraient des oreilles ourlées.

OUTRE, prép. — En outre de. Barbarisme que commettent aujourd’hui jusqu’aux académiciens.

OUVERT, ERTE, adj. en parlant des personnes. — Franc, sincère, d’un accès facile. La Mélina est de bon command ; c’est z’une femme qu’est bien ouverte.

OUVRAGE. — Nous le faisons communément féminin. Ben, t’as fait de la belle ouvrage ! disait M. Coquasson à Mme Coquasson qui s’était blessée.

Chercher de l’ouvrage en priant le bon Dieu de n’en pas trouver. Voy. chercher.

OUVRÉE, s. f. — Mesure agraire égale à l’hommée. Une ouvrée de vigne. L’idée primitive était ce qu’un homme peut ouvrer de terre en un jour. — D’operata. Duas operatas de vinea, dit une charte de l’an 1000 environ, dans le Cartulaire de Savigny.

OUVRIR. — Ouvrir des yeux : 1. Comme des paumes. — 2. Comme des pains de six livres. — 3. Comme des parapluies. — 4. Comme un matou qui fait dans les cendres. — 5. Comme un chien qui rend des broquettes. — 6. Comme un chien qui rend des mâts de cocagne en travers.

Ces six comparaisons, à la façon d’Homère, ont pour but de faire comprendre que la personne dont on parle ouvre fortement les yeux.

1. Ouvrir le compteur. — 2. Ouvrir sa tabatière. — 3. Ouvrir sa tabatière de peau. Euphémismes pour : anglais to foist, to fizsle ; allemand fiesten ; hollandais veesten ; italien trar sloffe ; espagnol zullarse ; portugais bufar.

OVALER, v. a. — Ovaler la soie, Faire subir à le soie grège l’opération du moulinage, c’est-à-dire de la torsion, — D’ovale, parce que la plupart des moulins sont de forme elliptique en projection horizontale.

OVALISTE, s. f. — Ouvrière chargée de l’opération du moulinage de la soie.