Le Livre d’un inconnu/25

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XXV


Je suis comme un captif dans une tour déserte
Que garde un invisible et fidèle geôlier :
Jamais un bruit de pas n’ébranla l’escalier,
Jamais la lourde porte en fer ne s’est ouverte ;

La fenêtre est très large et me permet de voir
La morne immensité d’une plaine inconnue,
Sans arbres, sans maisons, sans chemins, toute nue,
Où rien ne vit, où rien ne semble se mouvoir.


Le ciel que vainement mon regard interroge
N’est qu’un désert sans fin d’un implacable azur,
Un disque d’or s’y meut, d’un pas cruel et sûr,
Impassible, et pareil au doigt lent d’une horloge.

Et dans l’oisiveté de l’atroce prison
Je vois les jours décroître et croître à l’horizon.