Le Livre des mille nuits et une nuit/Tome 16/La Crème à l’huile de pistache

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Anonyme
Traduction par Joseph-Charles Mardrus.
Librairie Charpentier et Fasquelle (Tome 16p. 201-213).


LA CRÈME À L’HUILE DE PISTACHES, ET LA DIFFICULTÉ JURIDIQUE RÉSOLUE


Sous le règne du khalifat Haroun Al-Rachid, le kâdi suprême de Baghdad était Yâcoub Abou-Youssef, l’homme le plus savant et le jurisconsulte le plus profond et le plus fin de son temps. Il avait été le disciple et le compagnon le plus aimé de l’imam Abou-Hanifah. Et ce fut lui qui, le premier, doué de l’érudition la plus éclairée, écrivit, rassembla et coordonna en un ensemble méthodique et raisonné l’admirable doctrine instaurée par l’imam, son maître. Et ce fut cette doctrine, ainsi rédigée, qui servit désormais de guide et de base au rite orthodoxe hanéfite.

Et il nous raconte lui-même l’histoire de sa jeunesse et de ses humbles débuts, ainsi que ce qui a trait à une crème aux pistaches et à une grave difficulté juridique résolue. Il dit :

Quand mon père mourut — qu’Allah l’ait en Sa miséricorde et lui réserve une place choisie ! — je n’étais qu’un tout petit enfant dans le giron de ma mère. Et, comme nous étions de pauvres gens et que j’étais le seul soutien de la maison, ma mère, dès que j’eus grandi, se hâta de me placer, comme apprenti, chez un teinturier du quartier. Et je pus ainsi gagner de bonne heure de quoi me nourrir avec ma mère.

Mais Allah Très-Haut n’ayant point écrit dans ma destinée le métier de teinturier, je ne pouvais me résoudre à passer toutes mes journées auprès des cuves de teinture. Et souvent je m’échappais de la boutique pour aller me mêler aux assistants attentifs qui écoutaient l’enseignement religieux de l’imam Abou-Hanifah — qu’Allah le comble de Ses dons les plus choisis ! — Mais ma mère, qui surveillait ma conduite et me suivait fréquemment, réprouvait avec violence ces sorties, et venait souvent me retirer du milieu de l’assemblée qui écoutait le vénérable maître. Et elle me traînait par la main, en me gourmandant et me battant, et me faisait réintégrer de force la boutique du teinturier.

Et moi, malgré ces poursuites assidues et ces harcèlements de la part de ma mère, je trouvais toujours le moyen de suivre avec régularité les leçons du maître vénéré, qui déjà me remarquait et me citait même pour mon zèle, mon empressement et mon ardeur à rechercher l’instruction. Si bien qu’un jour ma mère, furieuse de mes fuites de la boutique du teinturier, vint crier au milieu de l’auditoire scandalisé, et, s’en prenant violemment à Abou-Hanifah, l’invectiva, lui disant ; « C’est toi, ô cheikh, qui es la cause de la perte de cet enfant, et de la chute certaine dans le vagabondage de cet orphelin sans ressource aucune. Car moi je n’ai que les profits insuffisants de mon fuseau ; et, si cet orphelin ne gagne pas quelque chose de son côté, nous mourrons bientôt de faim. Et la responsabilité de notre mort retombera sur toi au jour du Jugement. » Et mon vénéré maître, devant cette violente sortie, ne perdit rien de sa quiétude, et répondit à ma mère d’une voix conciliante : « Ô pauvre, qu’Allah te comble de Ses grâces ! Mais va, ne crains rien. Cet orphelin apprend ici à manger, un jour, de la crème de fine fleur préparée à l’huile de pistaches. » Et ma mère, en entendant cette réponse, fut persuadée que le vénérable imam était de raison chancelante, et se retira en lui jetant cette dernière injure : « Qu’Allah abrège tes jours ! tu es un vieux radoteur, et ta raison s’en va ! » Mais, moi, je gardai en ma mémoire ces paroles de l’imam.

Et donc, comme Allah avait mis en mon cœur la passion de l’étude, cette passion résista à tout, et finit par triompher des obstacles. Et je m’attachai fervemment à Abou-Hanifah. Et le Donateur m’accorda la science et les avantages qu’elle procure, de telle sorte que je montai peu à peu en grade, et je finis par arriver aux fonctions de kâdi suprême de Baghdad. Et j’étais admis dans l’intimité de l’émir des Croyants Haroun Al-Rachid, qui m’invitait souvent à partager ses repas.

Or, un jour que j’étais à manger avec le khalifat, voici qu’à la fin du repas les esclaves apportèrent une grande porcelaine où tremblait une merveilleuse crème blanche, saupoudrée de poudre de pistaches, et dont l’odeur était déjà un plaisir. Et le khalifat se tourna de mon côté, et me dit : « Ô Yâcoub, goûte de ceci. On ne réussit pas tous les jours ce mets. Il est excellent aujourd’hui. » Et je demandai : « Comment s’appelle ce mets, ô émir des Croyants ? Et avec quoi est-il préparé pour être déjà si beau à la vue et si agréable à l’odorat ? » Et il me répondit : « C’est la balouza préparée à la crème, au miel, à la fine fleur de farine et à l’huile de pistaches…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT QUATRE-VINGT-DIXIÈME NUIT

Elle dit :

« … C’est la balouza préparée à la crème, au miel, à la fine fleur de farine et à l’huile de pistaches. »

Et moi, entendant cela, je me rappelai les paroles de mon vénéré maître qui avait ainsi prédit ce qui devait m’arriver. Et je ne pus, à se souvenir, m’empêcher de sourire. Et le khalifat me dit : « Qu’est-ce donc qui t’incite à sourire, ô Yâcoub ? » Et je répondis : « Rien que de bien, ô émir des Croyants. C’est un simple souvenir de mon enfance qui me traverse l’esprit, et je lui souris au passage. » Et il me dit : « Alors, hâte-toi de me raconter cela. Je suis persuadé qu’il y aura profit à l’écouter. »

Et moi, pour satisfaire au désir du khalifat, je lui racontai mes débuts dans l’étude de la science, mon assiduité à suivre l’enseignement d’Abou-Hanifah, les désespoirs de ma pauvre mère en me voyant déserter la teinturerie, et la prédiction de l’imam au sujet de la balouza à la crème et à l’huile de pistaches.

Et Haroun fut charmé de mon récit, et conclut : « Oui, certes ! l’étude et la science portent toujours leurs fruits, et leurs avantages sont nombreux dans le domaine humain et dans le domaine de la religion. En vérité, le vénérable Abou-Hanifah prédisait juste, et voyait avec les yeux de son esprit ce que les autres hommes ne pouvaient voir avec les yeux de leur tête. Qu’Allah le comble de Ses miséricordes et des plus parfumées de Ses grâces ! »

Et voilà pour ce qui est de la balouza à la crème et à l’huile de pistaches.

Mais pour ce qui est de la difficulté juridique résolue, voici.

Un soir, me trouvant fatigué, je m’étais mis au lit de bonne heure. Et j’étais endormi profondément, quand on vint frapper à grands coups à ma porte. Et, en hâte, je me levai au bruit, je m’enveloppai les reins de mon izar de laine, et j’allai moi-même ouvrir. Et je reconnus Harthamah, l’eunuque de confiance de l’émir des Croyants. Et je le saluai. Mais lui, sans prendre le temps de me rendre le salam, ce qui me jeta dans un grand trouble et me fit présager de sombres événements à mon sujet, me dit d’un ton péremptoire : « Viens vite chez notre maître le khalifat. Il désire te parler. » Et moi, tâchant de dominer mon trouble et essayant de démêler quelque chose dans l’affaire, je répondis : « Ô mon cher Harthamah, je voudrais bien te voir montrer plus d’égards pour le vieillard malade que je suis. La nuit est déjà avancée, et je ne crois pas qu’il y ait réellement une affaire assez grave pour nécessiter que je me rende à cette heure au palais du khalifat. Je te prie donc d’attendre jusqu’à demain. Et d’ici là l’émir des Croyants aura oublié l’affaire ou changé d’avis. » Mais il me répondit : « Non, par Allah ! je ne puis différer jusqu’à demain l’exécution de l’ordre qui m’a été donné. » Et je demandai : « Peux-tu au moins me dire, ô Harthamah, pourquoi il m’appelle ? » Il me répondit : « Son serviteur Massrour est venu me trouver, courant et essoufflé, et m’a ordonné, sans me fournir aucune explication, de t’amener, à l’heure même, entre les mains du khalifat. »

Alors moi, à la limite de la perplexité, je dis à l’eunuque : « Ô Harthamah, me permettras-tu au moins de me laver rapidement et de me parfumer un peu ? Car ainsi, s’il s’agit de quelque affaire grave, je serai convenablement arrangé ; et si Allah Très-Bon me fait la grâce, comme je l’espère, de trouver là-bas une affaire sans inconvénient pour moi, ces soins de propreté ne pourraient me nuire, bien au contraire. »

Et l’eunuque ayant cédé à mon désir, je montai me laver, et mettre des vêtements convenables et me parfumer aussi bien que je pus. Puis je redescendis rejoindre l’eunuque, et nous marchâmes bon pas. Et, en arrivant au palais, je vis Massrour qui nous attendait à la porte. Et Harthamah lui dit, en me désignant : « Voici le kâdi. » Et Massrour me dit : « Viens ! » Et je le suivis. Et, tout en le suivant, je lui dis : « Ô Massrour, toi qui sais comment je sers notre maître le khalifat, et les égards que l’on doit à un homme de mon âge et de ma fonction, et qui n’ignores pas l’amitié que j’ai toujours eue pour toi, tu voudras bien me dire pourquoi le khalifat me fait venir à cette heure si tardive de la nuit. » Et Massrour me répondit : « Je ne le sais pas moi-même. » Et moi, plus troublé que jamais, je lui demandai : « Pourras-tu du moins me dire qui il y a chez lui ? » Il me répondit : « Il n’y a là qu’une seule personne, Issa, le chambellan, et, dans la pièce voisine, l’épouse du chambellan. »

Alors moi, refusant désormais de comprendre, je dis : « Je me lie à Allah ! Il n’y a de recours et de force qu’en Allah le Tout-Puissant, l’Omniscient ! » Et, arrivé dans la chambre qui précédait la pièce où d’ordinaire se tenait le khalifat, je fis entendre le mouvement de ma marche et le bruit de mes pas. Et le khalifat demanda de l’intérieur : « Qui est à la porte ? » Et je répondis aussitôt : « Ton serviteur Yâcoub, ô émir des Croyants. » Et la voix du khalifat dit : « Entre ! » Et j’entrai. Et je trouvai Haroun assis, ayant à sa droite le chambellan Issa. Et je m’avançai en me prosternant ; et je l’abordai par le salam. Et, à mon grand soulagement, il me rendit le salam. Puis il me dit, en souriant : « Nous t’avons troublé, dérangé, peut-être effrayé ? » Et je répondis ; « Effrayé seulement, ô émir des Croyants, moi et ceux que j’ai laissés chez moi. Par la vie de ta tête, nous avons tous été bouleversés ! » Et le khalifat me dit avec bonté : « Assieds-toi, ô père de la loi. » Et je m’assis, léger, délivré de mes appréhensions et de ma peur.

Et, au bout de quelques instants, le khalifat me dit : « Ô Yâcoub, sais-tu pourquoi nous t’avons mandé ici à cette heure de la nuit ? » Et je répondis ; « Je ne le sais pas, ô émir des Croyants. » Il me dit : « Écoute donc ! » Et, me montrant son chambellan Issa, il me dit : « Je t’ai fait venir, ô Abou-Youssef, pour te prendre à témoin du serment que je vais faire. Sache, en effet, qu’Issa que voici a une esclave. Or, moi, j’ai demandé à Issa de me la céder ; mais il s’en est excusé. Je lui ai demandé alors de me la vendre ; mais il s’y est refusé. Eh bien ! devant toi, ô Yâcoub, qui es le kâdi suprême, je jure par le nom d’Allah Très-Haut l’Exalté que si Issa persiste à ne pas vouloir me céder son esclave d’une manière ou de l’autre, je le fais tuer à l’instant, sans recours. »

Alors moi, tout à fait rassuré sur mon propre compte, je me tournai d’un air sévère vers Issa, et lui dis : « Quelles qualités ou quelle vertu extraordinaire Allah a-t-il donc départies à cette fille, ton esclave, pour que tu ne veuilles pas la céder à l’émir des Croyants ? Ne vois-tu donc pas que, par ton refus, tu te mets dans la situation la plus humiliante, et que tu te dégrades et te ravales ? » Et Issa, sans se montrer ému de mes remontrances, me dit : « Ô notre seigneur le kâdi, la précipitation dans les jugements est haïssable. Avant de me faire des observations, tu aurais dû t’enquérir du motif qui m’a dicté ma conduite. » Et je lui dis : « Soit ! Mais peut-il y avoir au monde un motif valable pour un tel refus ? » Il me répondit : « Oui certes ! Un serment ne peut, en aucun cas, être déclaré nul, s’il a été fait de plein gré et en pleine lucidité d’esprit. Or j’ai, comme motif d’empêchement, la force d’un serment solennel. Car j’ai juré, par le triple divorce et avec la promesse d’affranchir tout ce que j’ai sous ma main d’esclaves des deux sexes et sous l’engagement de distribuer tous mes biens et richesses, aux pauvres et aux mosquées, j’ai juré, dis-je, à la jeune fille en

question de ne jamais la vendre ni la donner…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT QUATRE-VINGT-ONZIÈME NUIT

Elle dit :

« … j’ai juré à la jeune fille en question de ne jamais la vendre ni la donner. »

Et le khalifat, à ces paroles, se tourna vers moi, et me dit : « Ô Yâcoub, y a-t-il moyen de résoudre cette difficulté ? » Et moi, sans hésiter, je répondis : « Certainement, ô émir des Croyants ! » Il me demanda : « Et comment cela ? » Je dis : « La chose est simple. Pour ne pas manquer à son serment, Issa te donnera en présent la moitié de la jeune fille, cette esclave que tu désires ; et il te vendra l’autre moitié. Et, de cette manière, il sera en règle avec sa conscience, puisqu’il ne t’aura réellement ni donné ni vendu la jeune fille. »

Et Issa, à ces paroles, se tourna vers moi, fort hésitant, et me dit : « Et ce procédé-là, ô père de la loi, est-il licite ? Est-il acceptable par la loi ? » Et je répondis : « Sans aucun doute ! » Alors il leva la main incontinent, et me dit : « Eh bien, je te prends à témoin, ô kâdi Yâcoub, que, pouvant ainsi libérer ma conscience, je donne à l’émir des Croyants la moitié de mon esclave, et lui en vends l’autre moitié pour la somme de cent mille drachmes d’argent qu’elle m’a coûtée en entier. » Et Haroun s’écria aussitôt : « J’accepte le cadeau, mais j’achète la seconde moitié pour cent mille dinars d’or. » Et il ajouta : « Qu’on m’amène ici-même la jeune fille. »

Et Issa alla tout de suite chercher son esclave dans la salle d’attente, en même temps qu’on apportait les sacs contenant les cent mille dinars d’or.

Et bientôt la jeune fille fut introduite par son maître, qui dit : « Prends-la, ô émir des Croyants, et qu’Allah te couvre près d’elle de Ses bénédictions. Elle est ta chose et ta propriété. » Et, ayant reçu les cent mille dinars, il sortit.

Alors le khalifat se tourna de mon côté et me dit d’un air soucieux : « Ô Yâcoub, il reste encore une autre difficulté à résoudre. Et la chose me paraît ardue. » Je demandai : « Quelle est la difficulté, ô émir des Croyants ? » Il dit : « Cette jeune fille doit, ayant été l’esclave d’un autre, subir, avant de m’appartenir, un nombre prévu de jours d’attente, afin qu’il soit certain qu’elle n’est point mère par l’influence de son premier maître. Or moi, si, dès cette nuit même, je ne suis point avec elle, j’aurai le foie qui m’éclatera d’impatience, j’en suis sûr, et je mourrai certainement. »

Alors moi, ayant réfléchi un instant, je répondis : « La solution de la difficulté est fort simple, ô émir des Croyants. Cette loi n’est faite que pour la femme esclave, mais elle ne prévoit pas les jours d’attente pour la femme libre. Affranchis donc tout de suite cette esclave, et marie-toi avec elle, femme libre. » Et Al-Rachid, le visage éclairé de joie, s’écria : « J’affranchis mon esclave ! » Puis il me demanda, subitement inquiet : « Mais qui va nous marier légalement, à cette heure tardive ? Car c’est maintenant, c’est tout de suite que je veux être avec elle. » Et je répondis : « Moi-même, ô émir des Croyants, à cette heure, je vous marierai légalement. »

Et je fis appeler, comme témoins, les deux serviteurs du khalifat, Massrour et Hossein. Et lorsqu’ils furent présents, je récitai les prières et les formules d’invocation, je dis l’allocution rituelle, et, après avoir rendu grâces au Très-Haut, je prononçai les paroles de l’union. Et je stipulai que le khalifat devait, selon l’usage, payer à la fiancée une dot nuptiale, que je fixai à la somme de vingt mille dinars.

Puis, lorsque cette somme fut apportée et livrée à l’épousée, je me disposai à me retirer. Mais le khalifat leva la tête vers son serviteur Massrour, qui dit aussitôt : « À tes ordres, ô émir des Croyants ! » Et Haroun lui dit : « Porte tout de suite chez le kâdi Yâcoub, pour le dérangement que nous lui avons causé, la somme de deux cent mille drachmes, et vingt robes d’honneur. » Et je sortis, après les remercîments, laissant Haroun à la limite de la jubilation. Et l’on m’accompagna chez moi avec l’argent et les robes.

Or, dès que je fus arrivé à ma maison, je vis entrer une vieille dame qui me dit : « Ô Abou-Youssef, la bienheureuse que tu as fait affranchir et que tu as unie au khalifat, lui ayant ainsi donné le titre et le rang d’épouse de l’émir des Croyants, est devenue ta fille, et m’envoie te présenter ses salams et ses souhaits de bonheur. Et elle te prie d’accepter la moitié de la dot nuptiale que lui a livrée le khalifat. Et elle s’excuse de ne pouvoir mieux reconnaître, pour le moment, ce que tu as fait pour elle. Mais, inschallah ! elle saura un jour te prouver mieux encore sa gratitude. »

Et, ce disant, elle mit devant moi les dix mille dinars d’or, qui étaient la moitié de la dot payée à l’adolescente, me baisa la main, et s’en alla en sa voie.

Et moi je remerciai le Rétributeur pour Ses bienfaits, et pour avoir changé, cette nuit, la perplexité de mon esprit en joie et en contentement. Et je bénis en mon cœur la mémoire vénérée de mon maître Abou-Hanifah, dont l’enseignement m’avait appris toutes les subtilités du code canonique et du code civil. Qu’Allah le couvre de Ses dons et de Ses grâces !


— Ensuite le jeune homme riche dit : « Écoutez maintenant, ô mes amis, l’histoire de la Jeune fille arabe à la fontaine. »

Et il dit :