Le Livre pour toi/J’ai mis entre mes lèvres une tige d’absinthe grise

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LV


J’ai mis entre mes lèvres une tige d’absinthe grise, et j’en ai gardé l’amertume.

Le soleil s’est enfui, le jour paraît d’argent, il monte de la vallée une tristesse infinie.

Ô Sylvius, j’ai peur, quelque chose s’en va.

On a coupé les branchages des chênes, les pies se battent dans les mélèzes et le vent en passant m’a jeté un frisson.

Les prés sont mauves des fleurs mélancoliques d’automne, et j’ai cueilli la véronique au bord d’un ruisseau tari.

Ô Sylvius, j’ai peur, quelque chose finit.

Est-ce en toi, est-ce en moi ? Je ne sais plus. Reviens, tu me prendras sur tes genoux, tu me berceras comme aux soirs lointains, tu sais, avec les mots qu’on dit aux tout petits enfants.