Le Mahâbhârata (traduction Ballin)/Volume 2/1-LDEAPLS-Ch14

La bibliothèque libre.
Traduction par Ballin, L..
Paris E. Leroux (2p. 84-86).



CHAPITRE XIV


ARJOUNA LANCE SON ASTRA


Argument : Poussé par Krishna, Arjouna lance son astra. Description des deux astras. Intervention de Nàrada et de Vyàsa, qui reproclient aux deux guerriers d’avoir donné naissance à ces astras.


670. Vaiçampâyana dit : Dès le début, le Dâçârhien, comprenant, à ses gestes, ce que le fils de Drona voulait faire, dit à Arjouna :

671. « Arjouna, Arjouna, c’est maintenant, ou jamais, le moment de produire cet astra divin, dont Drona t’a enseigné l’usage, ô Bharatide.

672. Pour protéger tes frères et toi-même, lance dans la bataille, ô Bharatide, l’astra qui détourne les astras. »

673. Ayant entendu ces paroles de Keçava, le fils de Pândou, tueur des héros ennemis, se hâta de descendre de son char, muni de son arc et de ses flèches.

674. Ayant d’abord souhaité le bonheur au fils de Drona et, immédiatement après, (se l’étant également souhaité) à lui-même ainsi qu’à tous ses frères, le tourmenteur des ennemis,

675. Après avoir rendu hommage à toutes les divinités et aux gourous, et médité sur Çiva, dit : « Que l’astra soit apaisé par l’astra. »

676. Puis, quand cet astra eut été lancé par l’archer porteur de Gândîva, il s’alluma tout d’un coup un grand feu, pareil à celui qui, à la fin d’un youga, dévore le monde,

677. De même, l’astra du fils de Drona à l’énergie brûlante, s’alluma en produisant un grand feu, entouré d’un cercle de flammes,

678. De nombreux tourbillons de feu apparurent. Des météores tombaient par milliers, et une grande terreur s’empara de tous les êtres.

679. Le ciel parut entièrement rempli de bruit et de girandoles de feu. La terre trembla, avec ses montagnes, ses bois et ses arbres.

680, 681. Alors, les deux maharshis, Nârada, l’âme de toutes les créatures, et (Vyâsa), le grand-père des Bharatides, réunis en ce lieu, contemplaient ces deux astras dont les éclats consumaient les mondes. Ils méditaient d’apaiser les deux héros, le Bharadvâjide et Dhanañjaya.

682. Ces deux mounis, au fait de tous les devoirs, souhaitant le bien de tous les êtres, doués d’une énergie suprême, (étaient) placés dans l’intervalle (qui séparait) ces deux astras brûlants.

683. Les deux glorieux et excellents rishis, s’étant approchés, se tenaient, (indemnes), au milieu (de cet embrasement général), irrésistibles, et pareils à deux feux allumés,

684. Incapables d’être offensés par les êtres vivants, respectés des dieux et des dânavas, pour apaiser la violence des astras dans l’intérêt du monde.

685. Les deux rishis dirent : « Les grands guerriers qui connaissent (l’usage) des diverses armes, n’ont jamais, même dans leur défaite, employé cet astra contre les hommes.

686. Pourquoi ces deux (héros) ont-ils eu recours à ces moyens violents, ce qui est un grand péché ? »