Le Moine et le Philosophe/Tome 3/I/XXXIX

La bibliothèque libre.



CHAPITRE XXXIX.

Suite de l’âne du moine. — Annales de la famille Balaam.


Note de l’Éditeur.

Nous supprimons ces chapitres pour les mêmes raisons que nous avons déjà données. Nous dirons seulement que l’âne, qui s’était mis en prières au moment où le moine était au milieu des flammes, fut consumé par des feux qui sortirent de terre ; ils moururent en même temps et se rencontrèrent aux portes du ciel ; ils se saluèrent, s’embrassèrent ; le moine monta sur l’âne, et ils entrèrent dans le quartier du chien de saint Roch, du cochon de saint Antoine et des vautours d’Élie.

Ensuite, le Chroniqueur donne les annales de la famille Balaam, et dit, comme quoi, en reconnaissance du jugement rendu à Nîmes par les juges d’Alais, des oreilles d’ânes se reposaient sur la tête de ces juges pendant les XIIe, XIIIe et XIVe siècles ; comme quoi on chassait de la compagnie tout nouveau venu sur la tête duquel ne descendaient pas ces signes symboliques ; au contraire, si les oreilles du candidat s’allongeaient, l’auditoire s’écriait : aco n’ës un, c’est un Balaam (un âne parlant). Le président prononçait la formule : Dignus est intrare, et accolait le nouveau frère, pendant qu’une main de feu traçait ces mots sur la muraille :

Asinus, asinum fricat.

Enfin, le Jésuite continue en ces termes :

En 1816, lors de l’installation du tribunal épuré, les amis du merveilleux se transportèrent au prétoire, pour s’assurer si les miracles des anciens jours recommenceraient, d’autant qu’on avait fait déguerpir un magistrat qui savait lire et écrire, ou de peu s’en fallait ; les curieux furent désappointés ; les miracles des siècles passés ne recommencèrent pas, les oreilles d’âne ne se montrèrent nulle part.

Le Jésuite disserte ensuite sur différens sujets, et termine son ouvrage par ce vers de Delille :

Même quand l’oiseau marche on sent qu’il a des ailes.