Le Poème sans nom/048

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 69).
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Je veux m’imaginer la première visite
Que je te viendrais faire en ami… J’entre ; et, toi,
Simulant à miracle un angélique émoi,
Tu tends la main. Mais à la prendre, moi, j’hésite…

Ton sourire ambigu soudain me surexcite ;
Et, tôt, me démettant du platonique emploi.
Je t’assaille… Et tu geins sur ma mauvaise foi.
Mais tu chantes au fond de toi ta réussite !

Ah ! c’est pour toi, ma chère, un facile travail !
Sous les yeux tu me mets, sur l’heure, un second bail
(Prêt de la veille, dame !), et, m’offrant une plume,
 
De ce bail tu me fais reluire les appas.
Rien qu’à les supputer, tout mon sang se rallume…
Mais non, mille fois non, je ne signerai pas !