Le Poulailler/Chapitre19

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Librairie agricole de la Maison rustique (p. 179-185).


CHAPITRE IX

Race de Bréda. — Noire. — Blanche. — Coucou.

Ces trois variétés d’une même espèce sont connues en Hollande sous le nom unique de poule à bec de corneille noire, blanche, coucou.


Bréda noire.
COQ.
PROPORTIONS ET CARACTÈRES GÉNÉRAUX.

D’une belle taille et d’un fort volume ; formes bien accusées ; corps très-redressé ; petit épi de plumes sur la tête ; crête en gobelet ; camail épais ; plastron large et ouvert ; prolongement des plumes du calcanéum en forme d’éperon ; canon de la patte emplumé ; plumage noir.


POIDS, DIMENSIONS ET CARACTÈRES PARTICULIERS.

Poids. — De 3 kilogrammes 1/2 à 4 kilogrammes.

Chair. — Excellente, d’une grande finesse, très-abondante, bien disposée à prendre la graisse.

Os. — Légers.

Taille. — 0m.55.

Tête (grav. 79). — Très-forte, longueur, 0m.09.


Grav. 79. — Tête de coq de Préda noir.

D’un aspect tout particulier causé par la forme de la crête, qui détermine plutôt une cavité qu’une proéminence, et donne au bec une dépression caractéristique. Cette absence de crête est d’autant plus remarquable qu’elle forme, avec des barbillons d’une assez belle longueur, un contraste qu’on ne remarque dans aucune autre espèce. Elle doit avoir la forme d’une petite tasse ovale à bords arrondis et peu saillants ; placée à la base du bec, elle couvre les narines dans la direction de l’axe de la tête, et n’a pas plus de 0m.015 de long sur 0m.01 de large. La couleur en est noirâtre et la substance légèrement cornée ; la crête, qui, chez quelques sujets, est transversale, et présente de petites dépressions sur les bords externes, n’indique pas toujours une dégénérescence ou un mélange de sang ; mais ces caractères en sont souvent la suite. Il faut donc préférer toujours la crête bien régulièrement formée en petite tasse ovale à bords unis.

Oreillons. — Petits.

Barbillons. Très-ouverts et d’une dimension remarquable. Longueur, 0m.05 ; presque aussi larges que longs.

Joues. — Très-apparentes et formant avec l’oreillon une belle plaque rouge continuée par le barbillon et se découpant net sur le plumage noir, couvertes d’un très-petit duvet noir invisible à distance.

Bouquets. — Touffus, noirs et très-apparents.

Bec. — Ordinaire, noir à la base et grisâtre au bout.

Iris. — Aurore foncé.

Pupille. — Noire.

Patte. — Canon de la patte fort et de longueur ordinaire, 0m.09 à 0m.10 ; circonférence, 0m.06, garnies de plumes roides dirigées de haut en bas, et plaquées les unes sur les autres comme des tuiles. Ces plumes, qui poussent sur plusieurs rangées, sont placées aux parties antérieure et extérieure du canon, qu’elles entourent en partie ; elles prennent au calcanéum et descendent aux doigts sans les couvrir. Couleur noirâtre.

Le haut du canon est dépassé par les plumes de la jambe (pilon), qui forment une espèce d’éperon recourbé intérieurement.

Le plumage est d’un noir pur magnifique, lustré de brillants métalliques pleins de reflets vert bronzé et indigo, surtout au recouvrement des ailes et à la queue. Les plumes des flancs, de l’abdomen et de l’intérieur des cuisses sont d’un noir mat brun ; celles des épaules, d’un noir intense velouté.

La poule de Bréda noire est identiquement semblable pour les caractères à celle de la variété coucou (gueldre), dont nous donnons plus loin la description.

Le plumage de la bréda noire est, comme celui du coq, extrêmement brillant et d’un noir de corbeau lustré de brillants noirs et indigo.

Le coq et la poule à bec de corneille ou de Bréda, des variétés noire, blanche et coucou ou gueldre, doivent avoir les caractères absolument identiques ; il est seulement à remarquer que la variété coucou ou gueldre est la plus forte, que la blanche est la moins forte et n’est estimée qu’au point de vue de la curiosité, comme oiseau de luxe.


POULE.
Variété coucou.

Le poids et la taille d’une bonne poule de Gueldre sont à peu près ceux de la poule de Houdan ; elle doit peser 3 kilogrammes. Sa tête est presque semblable à celle du coq pour la crête, l’épi, etc. ; elle n’en diffère que par les barbillons, qui sont assez petits. Le canon de la patte est recouvert de même que chez le coq, mais le prolongement des plumes du calcanéum est moins apparent (grav. 80).

PLUMAGE.

Dans chaque variété, le plumage du coq et de la poule est identique. Dans la noire, il est tout noir ; dans la blanche, tout blanc, et dans la variété coucou, il est coucou d’un bout à l’autre ; chaque plume a quatre marques grises régulières apparentes sur fond blanc (fig. 81), à l’exception des faucilles du coq, dont les marques affectent la forme d’un grain d’orge et se multiplient en raison de la longueur de chaque faucille.


Grav. 80. — Poule de Gueldre.

Chez la poule, les grandes plumes de l’aile et de la queue sont souvent moins nettes qu’à d’autres régions, et les marques de ces plumes vont jusqu’à six et sept.

La bréda et la gueldre sont excellentes pondeuses ; leurs œufs sont beaux et excellents ; mais elles couvent peu.


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALE SUR L’ESPÈCE.

Cette belle volaille, très-appréciée en Hollande, d’où elle nous vient, est introduite depuis longtemps en France ; mais on n’en connaissait pas bien les caractères, aussi n’en trouvait-on ordinairement que des sujets croisés, ce qui se reconnaît facilement à la crête, qui présente ordinairement, après un premier croisement, deux petites cornes parallèles et à ramifications.
Grav. 81. — Plume de la poule de Gueldre.

Nous commençons maintenant à en avoir un assez grand nombre de toutes variétés, et qui sont très-purs. On croit que les noirs sont entrés pour beaucoup dans la fabrication des cochinchines noires, et que les coucous (gueldre) sont entrés pour beaucoup dans la fabrication des cochinchines coucou, ce qui n’est pas impossible, puisque ces variétés de cochinchines ont une chair plus délicate que les autres. Quoi qu’il en soit, cette espèce est justement vantée pour les croisements ; aussi entre-t-elle dans les principales espèces indigènes que nous recommandons.

Il faut ajouter que les différentes variétés de cette race sont encore si peu répandues, qu’elles offrent tout l’attrait des volailles rares et de luxe, car à leur bonté elles joignent la beauté et la singularité.