Le Poulailler/Chapitre24

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Librairie agricole de la Maison rustique (p. 219-226).

CHAPITRE XIV

Race de Padoue. — Race hollandaise huppée.


Dans la plupart des espèces d’agrément, la poule a un plumage beaucoup plus riche et plus caractéristique que celui du coq, et, comme le principal intérêt qui s’y attache réside dans le plaisir que procure leur vue, nous commencerons par décrire la femelle avant le mâle, puisque c’est chez elle que nous trouvons les caractères les plus prononcés.

Quoique ces races soient presque toutes essentiellement destinées à l’embellissement des volières, elles n’en sont pas moins excellentes pour la consommation. Leur chair est d’une grande finesse, et la plupart sont d’excellentes pondeuses ; les petits sont très-précoces, leur élevage est assez difficile à cause de leur extrême délicatesse. Mais, au bout de quelques générations dans une même contrée, ils deviennent plus rustiques.


Race dite de Padoue ou de Pologne.

Ces noms, qui semblent indiquer une provenance, n’ont pas plus de signification que les recherches de Buffon, de Cuvier et d’autres naturalistes sur la prétendue origine de cette espèce. Vouloir remonter à la source de chacune de ces races, qui n’ont fini de se former qu’à la longue, par de nombreux mélanges et sous la pression du caprice des amateurs, est la plus plaisante des manies étymologiques. Les padoues sont ce qu’elles sont, et l’on n’a de règle à suivre pour les décrire que celles déterminées et arrêtées par le goût des amateurs : chercher au delà serait une insigne puérilité.

L’espèce est une des plus fortes parmi les poules d’agrément. La chair est délicate, la ponte remarquable, l’incubation nulle. Elle est l’espèce huppée par excellence, et ce qui fait son ornement principal en fait aussi une race impropre à la vie de-basse-cour, car sa huppe si belle, si développée par le beau temps, ne devient plus, par la pluie, qu’un masque matelassé et impénétrable qui lui enveloppe la tête ; son plumage est aussi un des plus riches comme des plus variés, et présente, avec ceux du bentam et du hambourg, l’exemple d’une régularité merveilleuse. Trois points essentiels caractérisent cette jolie poule : la huppe, le plumage, et l’absence complète de caroncule, de crête, d’oreillon ou barbillon, ce que les amateurs désignent par l’expression sans chair. Les barbillons seulement apparaissent un peu chez le coq. La huppe, extrêmement développée dans l’un et l’autre sexe, ne présente pas chez tous les deux les mêmes caractères ; chez le coq, elle est composée de lancettes disposées en parasol et formant un ensemble bien plus large que chez la poule, où elle se trouve parfaitement arrondie et comme séparée en deux lobes par une espèce de gouttière qui part du bec et se perd en s’élevant. La huppe est énorme de volume, pousse sur une masse charnue nommée champignon qui recouvre le crâne, et se tient légèrement renversée en arrière, de façon à dégager les yeux. Ce champignon doit nécessairement être très-volumineux dans les sujets choisis de pure race ; c’est le seul signe auquel on reconnaisse les reproducteurs qui fourniront de la huppe ; un sujet très-huppé, dépourvu de cette masse charnue, ne donnerait que des produits à peine huppés.

Chaque plume de la huppe est comme arrondie, et, dans la variété argentée, entourée de blanc, puis marquée de noir, puis blanche au milieu (grav. 92).

Dès les deuxième et troisième mues, une partie des plumes de la huppe blanchit, ce qui augmente toujours en vieillissant.
Grav. 92. — Plume de la huppe.

Les plumes du camail (grav. 93) sont analogues à celles de la huppe, mais plus pointues.
Grav 93. — Plume du camail.

Grav. 94. — Plume du dos.


Grav. 95. — Plume des épaules.

Les plumes du dos (grav. 94) et celles du plastron sont pailletées par le bout et barrées par le milieu sous le recouvrement.


Grav. 96. — Plume de la queue.

Celles des épaules (grav. 95), blanches au milieu, sont entourées d’une large bordure noire.
Grav. 97. — Grande plume de l’aile et de la queue.

Cette bordure s’amincit aux plumes de recouvrement de la queue (grav. 96) et devient à l’état de liséré aux grandes de l’aile et de la queue (grav. 97).

Les plumes des flancs et du cul-d’artichaut tournent au duvet et sont d’un gris brouillé.

Un collier de petites plumes courtes et retroussées enveloppe les joues et le dessous du bec.

L’œil est très-grand, et la pupille est rouge-brique.

La patte est bleue dans toutes les variétés.

Les variétés sont toutes identiques pour la forme.

Le coq des variétés dorée et argentée diffère essentiellement de la poule pour le plumage.

La huppe, le camail, les lancettes et les épaules sont d’un blanc luisant paillé, sur lequel on aperçoit à peine quelques petites taches noires ; les marques noires caractéristiques apparaissent seulement au recouvrement des ailes, et les grandes plumes des ailes sont bordées comme chez la poule. Le collier est noir et très-vivement indiqué ; tout le plastron et le sous-plastron doivent être pailletés comme dans la poule.

Les petites faucilles sont d’un noir bronzé, et, au fur et à mesure qu’elles deviennent plus longues, elles prennent du blanc, jusqu’à ce qu’enfin les grandes faucilles, devenues presque blanches, n’ont plus de noir qu’aux extrémités.

La variété dorée est marquée de noir sur fond chamois vif.

La blanche est blanche d’un bout à l’autre.

La noire est noire d’un bout à l’autre.

La périnné, une des plus jolies variétés, a le plumage entièrement coucou ; la huppe est coucou par la moitié antérieure, et blanche par la moitié postérieure.

Il faut, pour que les coqs périnnés soient parfaits, qu’ils soient aussi bien marqués que les poules.

La chamois est ou de cette couleur unie ou chamois maillé. La maille est plus claire que le fond du plumage.

La padoue chamois présente cette particularité, qu’elle donne des poules très-bonnes couveuses.

Race hollandaise huppée.

Cette espèce a une si grande analogie avec la padoue, que beaucoup de personnes prennent l’une pour l’autre ; mais bientôt on s’aperçoit que des points différents en font des espèces bien à part, et qui chacune ont leur mérite particulier. La hollandaise est également huppée, mais elle l’est beaucoup moins.

Elle n’a que trois variétés :

La bleue à huppe bleue ;

La bleue à huppe blanche ;

Et la noire à huppe blanche.

Sa taille est un peu au-dessous de celle de la padoue.

La huppe a cela de différent, qu’elle est aplatie en forme de parasol et qu’elle couvre la tête en tombant en avant, aussi bien qu’en arrière et de côté. Les barbillons, extrêmement volumineux et pendants chez le coq, se trouvent chez la poule dans les rapports ordinaires d’un sexe à l’autre.

L’espèce est plus rustique, plus vive et plus farouche que la padoue ; elle pond bien, mais ne couve jamais.