Le Poulailler/Chapitre26

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Librairie agricole de la Maison rustique (p. 240-244).

CHAPITRE XVI

Race dite de combat anglais.

Cette race comprend deux variétés, savoir :

blak-breasted red game. (Combat doré à poitrine noire.)

duck winged game. (Combat argenté à aile de canard.)

Il n’y a guère de pays qui n’aient eu des spectacles sanglants, et partout les hommes ont fait une étude approfondie de l’art de s’égorger en gros et en détail ; mais en Angleterre, cette terre classique des boxeurs, la civilisation moderne interdit maintenant, comme presque partout ailleurs, le droit de s’échiner en détail.

On a supprimé toute espèce de lutte d’hommes et de combats d’animaux.

On n’a pas même laissé aux Anglais, comme fiche de consolation, le droit de faire battre les coqs. C’est vraiment bien dommage, car les coqs de combat ne semblent naître et vivre que pour se donner bientôt la mort.

Il est impossible de se faire une juste idée du vertige qui s’empare de ces animaux lorsqu’ils peuvent se joindre. Rien n’égale leur impétuosité, la rapidité de leur attaque ; la rencontre est tellement furieuse, que les premières passes sont indescriptibles. Les combattants ne forment pendant un instant qu’une espèce de pelote, où têtes et queues se confondent. C’est à peine si, aussitôt qu’on vient de les lâcher l’un sur l’autre, on a le temps de les séparer avant qu’ils se soient porté des coups dont la force égale la vitesse. Un bon coq, en se précipitant sur son adversaire, le saisit rapidement avec le bec à la tête, qu’il trouve moyen de retenir par quelque coin, malgré la suppression habituelle de la crête et des caroncules, et en un clin d’œil douze à quinze coups des terribles éperons d’acier dont on les arme sont portés à la tête. Les éperons y restent quelquefois si fortement engagés, que, malgré la violence de leurs mouvements, les combattants ne pourraient les arracher sans les efforts de l’homme qui surveille le combat.

Au reste, ces gaillards ne cherchent à tromper personne, et leur mine répond à leurs mœurs. L’œil est sinistre, la démarche inquiète et féroce, et les battements réitérés de leurs ailes dénotent leur monomanie furieuse.

Les poules chaussent aussi l’éperon et se livrent des combats à mort.

On a beaucoup parlé de l’utilité de ces volailles, dont on a vanté, avec raison, la fécondité, la délicatesse et les qualités maternelles ; mais leur sauvagerie et leur méchanceté en interdisent l’emploi dans les basses-cours. La curiosité que leurs mœurs peuvent exciter, la richesse incontestable de leur plumage, et l’attrait de la conservation d’une race si tranchée, peuvent néanmoins encourager les amateurs à ne pas laisser perdre cette espèce.

Voici les caractères principaux des deux variétés les plus estimées :


Combat doré à poitrine noire.
COQ.

Taille. — Ordinaire.

Poids. — 3 kil. Il y a des sujets de dimension et de poids très-différents.

Tête. — Petite, allongée, aplatie, comme celle d’un serpent.

Cou. — Haut et droit.

Corps. — Incliné et bien pris.

Cuisses. — Bien proportionnées.

Pattes. — Solides et nerveuses, de couleur grise.


PLUMAGE DU COQ.

Camail. — Très-épais et long. Rouge ardent.

Épaules. — Rouge foncé.

Lancettes. — Rouge ardent.

Poitrine, abdomen, caisses et jambes. — Noirs.

Recouvrement de l’aile. — Noir.

Grandes plumes de l’aile. — Jaune foncé.

Queue. — Vert bronzé.


POULE.

Taille. — Moyenne.

Poids. — 2 kil. 1/2.

Corps. — Bien pris, de forme élancée.

Le plumage de la poule, jaune, assez clair et assez brillant à partir de la tête, s’assombrit graduellement en passant par tout le corps et jusqu’à la queue, où il devient brun mat grisâtre. Un petit dessin, très-régulier, analogue à celui de la cochinchine perdrix, suivant en proportion la dimension des plumes, se répète par tout le corps, depuis le haut du camail jusqu’à l’extrémité de la queue. L’aspect général est d’un jaune neutre. Le camail est la partie la plus claire, la queue la partie la plus foncée, le cul-d’artichaut est un peu plus grisâtre que le reste.


Combat argenté à ailes de canard.


COQ.

Plumage infiniment plus brillant que dans le coq doré.

Camail. — Jaune-paille très-vif.

Dos et lancettes. — Jaune doré.

Épaules. — Rouge ardent.

Recouvrement de l’aile. — D’un noir violet, brillant et intense.

Grandes plumes de l’aile. — Blanches.

Petites faucilles. — Noires, à bordure jaune.

Grandes et moyennes faucilles, et grandes caudales. — D’un beau noir à reflets violacés.

Plastron, cuisses et jambes. — D’un noir intense.

Couleur de la patte. — Gris clair.

Le camail de la poule, jaune-paille, marqué d’une tache noire allongée à chaque plume, se détache plus énergiquement que dans la variété dorée sur le reste du plumage, qui est brun roux, surtout au plastron. La queue est d’un brun plus foncé et plus rompu que dans le reste du corps, et le cul-d’artichaut plus gris que les autres parties.