Le Scandale du gazon bleu/05

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Flammarion (p. 40-49).

V

Les quatre amis

Le long des quais, dans la nuit épaisse l’auto roulait vers Passy. Dominique et Patrice ne se parlaient pas. Qu’auraient-ils eu à se dire ? Du reste la fatigue, après tant d’émotions et si peu de sommeil, les écrasait.

Chez eux, ils se couchèrent vite et dormirent jusqu’au matin d’un sommeil lourd, accablé, sans rêves.

Patrice devait plaider au Palais ce jour-là. Il se leva, fit rapidement sa toilette et avant de sortir vint retrouver Dominique restée dans son lit.

L’avocat après ces quelques heures de repos avait reconquis sa lucidité, sa maîtrise de soi. Il eut un regard admiratif pour la jeune femme, si séduisante dans le négligé et l’alanguissement du réveil. Voyons, qu’y avait-il entre eux ? N’était-ce pas un cauchemar que le matin allait dissiper, un hideux cauchemar d’une nuit et d’une journée ?

Mais non ! la réalité était là ! Ce n’était pas un mauvais rêve. Il fallait parer à la menace suspendue sur eux…

— Dominique, dit-il, d’une voix calme, familière, en même temps sérieuse et volontaire, tu n’oublies pas, n’est-ce pas, que Richard et Antoine doivent ce soir dîner ici ?

Il fit une pause, attendant une réponse. Dominique n’en fit aucune. Il continua :

— Tu comprends, il y a plusieurs jours que ce diner est convenu. Richard et Antoine dînent chez nous une fois ou deux par semaine. Il n’y a aucune raison, c’est bien ton avis ? pour que nos habitudes soient changées.

Sans bouger, sans regarder son mari, Dominique de la voix lasse et sans expression qu’elle avait depuis la veille approuva :

— Aucune raison.

— Très bien, alors je pars. À ce soir.

— À ce soir.

Il s’en alla. Elle referma les yeux sur ses pensées. Quelles pensées ? Honte, colère, de ce qui avait eu lieu… Sans doute. Humiliation aussi de se trouver si faible, si désemparée devant la surprise d’une griserie soudaine, d’un vertige des sens… et peut-être aussi troubles rêveries évoquant la révélation de satisfactions voluptueuses plus intimes et plus ardentes d’avoir été basses, hasardeuses, anonymes… À qui s’était-elle donnée ?

Lorsque Patrice revint, quelque temps avant l’heure du diner, il portait à la main les journaux du soir. Il trouva dans la salle à manger, la table mise, portant quatre couverts, et dans sa chambre Dominique toute prête, plus jolie encore avec cet air absent, languissant, qui s’était posé sur elle et ne la quittait plus. Auprès d’elle, sur une table, se trouvaient les mêmes journaux que Patrice apportait et qu’elle avait déjà fait acheter.

Sombre, il s’approcha d’elle en martelant ses mots :

— Antoine et Richard sont, comme nous, ignorants de ce qui s’est passé, ne l’oublie pas. Leurs actes furent, comme les nôtres, inconscients. Ils n’en ont gardé que des souvenirs confus. C’est certain. Or il y a un point fixe qui doit dominer toutes les relations que désormais nous aurons avec eux. C’est ceci : toi et moi n’avons aucun doute : Nous ne nous sommes pas quittés une minute, tu entends, toi et moi ne nous sommes pas quittés une minute pendant la soirée de dimanche. Si… (il ne put dire nos amis). Si Antoine et Richard conservent quelque hésitation, quelque trouble, c’est notre certitude et notre accord parfait sur ce point qui établiront la seule réalité admissible. N’est-ce pas, Dominique, c’est compris ? Il faut qu’ils ne sachent rien.

Il ajouta entre ses dents :

— Rien, ni sur l’écharpe jaune, ni sur le vol du collier. Nous sommes d’accord, n’est-ce pas ?

— Oui, répondit faiblement Dominique.

— Et secoue-toi. Sois décidée, normale. Ne laisse pas subsister par ton attitude le moindre doute. Observe-toi. Nous devons être comme d’habitude, parfaitement d’accord en tout.

Cette impression de bon accord entre le mari et la femme, les prévenances de Patrice envers Dominique, et la manière simple et tendre à peine un peu exagérée, dont celle-ci les accueillit, régna pendant tout le dîner.

La conversation pourtant fut languissante. Une gêne inavouée et que rien ne pouvait dissiper pesait sur les quatre convives. En dépit de lui-même, Patrice épiait ses deux amis. Que pensaient-ils ? Que savaient-ils ? De quoi se souvenaient-ils ? À un moment il vit, fixés sur Dominique, les yeux de Richard qui se détournèrent aussitôt. Il frémit de rage, de jalousie… Un flot de haine l’envahit soudain… haine contre Richard, haine contre Antoine aussi… Penser que l’un des deux peut-être…

Dominique se leva. Le dîner était fini. On passa dans le salon où la femme de chambre servit le café pendant qu’Antoine allumait un cigare et les autres des cigarettes.

Quand la domestique, en s’en allant, eut refermé la porte derrière elle, Antoine, après avoir lâché une bouffée de fumée, soupira tout à coup d’un ton comique :

— Eh bien vrai, vous êtes gais, vous autres !

Patrice se leva de son fauteuil, fit quelques pas dans la pièce et s’approcha d’Antoine.

— Tu as lu les journaux ?

— Parbleu !

— Et tu trouves qu’il y a de quoi être gai ?

— En tout cas il n’y a pas de quoi faire une tête d’enterrement.

Patrice réprima un mouvement de colère en présence de cette inconscience qui ne semblait pas affectée et qui cadrait si mal avec ses personnelles inquiétudes. Il demanda d’un ton de raillerie morne :

— Alors tu es content de ta nuit d’avant-hier ?

Antoine haussa les épaules et rit :

— Ma foi, pas trop mécontent. On a fait des bêtises, certes… on s’est laissé entraîner… la fin n’a pas été aussi agréable qu’on aurait pu le souhaiter, mais il y a eu de bons moments… Je me souviens même avec plaisir et gratitude d’une certaine danseuse anglaise qui murmurait gentiment entre mes bras : « Darling… Darling… »

Patrice l’observait d’un regard aigu.

— Ah ! c’était une Anglaise ?

— Elle avait dans la passion, des accents qui ne trompent pas, déclara avec une emphase comique Antoine.

— Moi aussi, c’était une Anglaise, intervint Richard avec un sourire qui voulait être plein d’aisance. Ou du moins je le crois. Je me souviens de peu de choses précises, mais au moins de ceci : la femme qui m’a octroyé ses faveurs m’appelait aussi « Darling »…

— Elles avaient des habitudes prudentes, remarqua Antoine. Darling, c’est anonyme, ça s’applique à tout le monde, à un homme, à une femme, à ceux d’hier comme à ceux de demain. C’est pratique et gracieux…

Il y eut un silence. Patrice observait à la dérobée les deux amis. Disaient-ils vrai ? L’un d’eux mentait-il ?… Ou bien tous les deux ?… S’étaient-ils confiés l’un à l’autre et concertés ? Voulaient-ils donner le change ? Détourner tous soupçons ? Dans son doute affreux, dans la rage jalouse qui le brûlait comme un fer rouge, qui le torturait impitoyablement, le désir de savoir l’obsédait… Mais comment savoir ?… Il ne saurait jamais, c’était impossible ! Cette honteuse souffrance, cette révoltante énigme ne le quitteraient plus.

Son amertume déborda en paroles. Il haussa les épaules.

— Vraiment, tous les deux, vous ne semblez pas vous rendre compte de la situation. Elle est très grave. Non seulement on est sur la trace des deux danseuses, qu’on ne peut manquer de découvrir et d’identifier à bref délai, mais d’ores et déjà, vous avez dû le voir, la Pierreuse, elle, est identifiée. Elle fréquente les bals musette, les guinguettes et les dancings de basse catégorie à l’Ouest de Paris et là on l’appelle « La Pierreuse » ; à l’Est de Paris, dans le bois de Vincennes, sur les bords de la Marne surtout, où elle paraît en canotière, on la connaît sous le surnom de Fifi la Gosse.

— C’est la police qui dit cela, remarqua Richard en haussant lui aussi les épaules avec un détachement mal joué. Les journaux reproduisent naturellement les suppositions les plus variées.

— Il ne s’agit pas des journaux. Ce qu’ils disent est sans grande importance. Mais tout à l’heure, en sortant du Palais, je suis entré à la Préfecture, j’ai parlé à Le Bruel, un des secrétaires, qui est de mes amis. Voici les nouvelles sûres qu’il m’a données : la femme morte, Fifi la Gosse, ou si vous préférez la Pierreuse, s’appelle de son vrai nom Joséphine Arnoult. C’est une prostituée, prête à toutes les prostitutions, proxénète aussi à l’occasion, rabatteuse de mineures ; en outre, elle est recherchée par la Police depuis quelques semaines pour recel, complicité de vols, de cambriolages ; elle a été mêlée à des bagarres ayant entraîné mort d’homme.

— Complice de qui ? demanda Antoine.

— Complice de qui ? d’un sieur Marcelin, dit Julot ; c’est un repris de justice des plus dangereux. Il est fortement suspecté d’être l’assassin non encore arrêté des époux Delamarre, à Saint-Mandé. Julot, nous le connaissons, n’est-ce pas ? Eh bien, Antoine, supposons que l’on mette la main sur les deux danseuses et que l’on arrête Julot ?

Antoine eut un geste d’indifférence.

— Eh bien quoi, que risquons-nous ? Aucun des trois ne nous connaît, ni les danseuses, ni Julot. Ils n’ont pas le moindre renseignement sur nous, nous sommes pour eux des passants anonymes. Et d’ailleurs, en mettant tout au pire, même s’ils nous connaissaient, pourquoi diable parleraient-ils ?

Patrice eut un mouvement d’impatience.

— Alors, tu t’imagines que la Police ne saura pas les forcer à parler ?

— Pour dire quoi ?

— Ce qui s’est passé.

— Ça ne regarde pas la Police. Ça ne regarde pas la justice. Il n’y a pas eu scandale public, il n’y a pas eu outrage aux mœurs.

— Ah ! vraiment ! tu crois ! Quand on est huit personnes, hommes et femmes, à faire en plein air ce que nous avons fait, il n’y a pas d’outrages aux mœurs ? Qu’est-ce qu’il te faut ! Tes notions de droit sont insuffisantes.

Patrice prit un temps et continua :

— Et il y a eu pis que cela ; il y a eu crime. Et vois-tu, mon petit, si à la rigueur la Justice peut fermer les yeux, dans l’intérêt même de la Société, sur des actes délictueux, anodins en somme, entre des partenaires majeurs et consentants, elle est implacable, quand il s’agit d’un crime ; entre elle et les criminels c’est une lutte à mort, elle ne recule devant aucun moyen.

— Mais enfin, nous n’avons pas tué ! que diable, protesta Antoine, un peu pâle.

— Nous n’avons pas tué, mais nous étions là quand on a tué. Nous étions témoins, acteurs en partie, complices en somme dans une certaine mesure ; si nous sommes soupçonnés, si on sait nos noms et notre présence, rien n’empêchera la Justice de nous faire mettre la main au collet, de nous traîner au Tribunal, d’étaler notre honte, en pleine place publique. Ce sera mérité. Quand on est coupable on doit payer…

Patrice, droit, la main tendue, le regard fulgurant, plaidait… Il plaidait contre lui-même avec toute son éloquence d’avocat expérimenté, toute sa force d’argumentation entraînante.

Dans un mouvement de désespoir, d’une voix frémissante, il continua avec une conviction amère :

— Voilà le châtiment de la faiblesse ! Voilà la cruauté du destin. On descend d’une famille respectable, respectée ; d’une famille austère même ; toute sa vie on a mené une vie droite, on a fait son devoir, on est un honnête homme… et en quelques secondes d’égarement, d’aberration, on brise tout cela.

— Oh, voyons, Patrice, tu vas trop loin, protesta Dominique d’une voix sourde.

— C’est vrai, tu exagères, dit Richard mal à l’aise.

— Non, je ne vais pas trop loin ! Non, je n’exagère pas. Ma parole, vous semblez inconscients tous les trois. Je vous le répète, ce que nous avons fait est inqualifiable, impardonnable, Moi, tout du moins, je ne me le pardonnerai jamais. Des gens comme nous, de notre éducation, de notre culture, de notre rang social n’agissent pas comme des habitués de partouses et de maisons louches, comme des galopins perdant la tête dans un premier excès ; des gens comme nous ne boivent pas dix verres de champagne, ne courent pas les routes au hasard de leur ivresse, ne s’arrêtent pas pour trinquer… et le reste, avec une fille publique, un marlou et deux danseuses nues. Amusement… soit ! Distractions fortuites et pas bien graves, soit encore si tout se termine bien, mais si tout ce beau monde culbute sur l’herbe et qu’il y ait de la casse, alors tant pis pour eux !… Dans le cas, tant pis pour nous !…

— Mais enfin, que crains-tu ? répéta Antoine obstiné. Encore une fois il n’y a pas eu de scandale public !

— Non, pas sur le moment. Mais il y a eu crime et un crime doit être châtié. C’est comme ça. Vous aurez beau dire. Il est inutile de se payer de mots. D’un côté il y a la Justice ; de l’autre le coupable… les coupables, et le seul fait d’être là est déjà une complicité.

Patrice avait parlé avec une impitoyable véhémence. À ses paroles, le froid de la peur saisit ses auditeurs. La vérité de leur relative complicité évoquée par l’avocat leur donnait un malaise presque intolérable. Ce qu’ils n’avaient voulu considérer que comme une défaillance sans importance, prenait pour eux un caractère coupable et menaçant. Dominique ne disait plus rien, immobile, les yeux fixés droit devant elle. Richard se taisait lui aussi. Seul, Antoine essaya encore de réagir, de plaisanter,

— Ah, tout de même, mon vieux, tout de même tu as le délire de la persécution. Je t’assure, malgré toute l’admiration que j’ai pour toi, tu verses dans la déformation professionnelle. Tu ne vois plus que la Loi avec plusieurs L majuscules. Quoi ? Qu’avons-nous fait d’autre que ce que font tous les jours ou plutôt toutes les nuits une foule de gens, de la plus haute classe sociale, comme tu dis ? Des ministres, des sénateurs, quand ils en sont encore capables, des députés, des attachés d’ambassade, des hauts fonctionnaires, tout le gratin, mon vieux, avec des poules de grand luxe, ça se culbute comme tu dis encore dans les fourrés du bois et dans les salons d’Illusions. La Police le sait et ne dit rien. Et ne peut rien dire. Nous avons fait ça, je ne te dis pas que c’est joli, joli, mais ce n’est pas dramatique. Si la Pierreuse et son amant de cœur sont des crapules, nous n’y pouvons rien. S’ils se sont expliqués trop vivement, nous n’y pouvons rien encore. C’est pas nos oignons ! En tout cas, reviens à toi-même, rends-toi compte, on ne nous connaît pas, nous ne courons aucun risque, du reste.

Mais Patrice avait bondi.

— Aucun risque ? Ah ça mais, tu perds la tête ! Mais la situation est abominable, nous sommes menacés de toutes parts.

— Eh bien, nous nous défendrons, voilà tout, j’allais le dire…

— Quand ? Comment ? C’est tout de suite qu’il faut nous défendre, nous mettre à l’abri du soupçon, nous garer avant que la Police ne découvre le point faible de notre situation.

— Ça, c’est peut-être vrai, murmura Antoine qui ne plaisantait plus. S’il y a des points faibles, parons-y d’avance.

Il prit un temps, hésita, reprit d’un air faussement dégagé :

— Tenez, en fait de point faible, j’en connais un, moi, et je vais vous le dire pour parer au danger.

Patrice tressaillit.

— De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Précise.

— Eh bien, oui, une imprudence que j’ai commise.

Richard eut un rire sec.

— Le contraire m’eût étonné de ta part… Allons, dégoise. Quelle gaffe as-tu faite ?

— Voici. Aucun de vous n’a remarqué qu’en quittant le Gazon Bleu pour regagner l’auto, je tenais à la main une bouteille de champagne vide ramassée sur la pelouse. Pourquoi ? je n’en sais rien.

— Une idée d’homme saoul, protesta Richard. Ne cherche pas à comprendre.

— Et alors ? demanda Patrice impatiemment.

— À la porte Maillot, quand Richard et moi nous avons pris un taxi pour regagner son pavillon de Poissy, je n’ai pas lâché ma bouteille.

— Et qu’est-ce que tu en as fait ? Tu l’as encore ?

— Non.

— Alors. Qu’est-elle devenue ?

— Je l’ai oubliée dans le taxi, avoua Antoine.

Du coup, Patrice ne maîtrisa plus ses sentiments.

— Triple idiot ! Imbécile ! Ah, c’est complet. Si la Police l’a retrouvée… voilà un début de piste qu’elle ne manquera pas d’exploiter ! Un champagne de marque nouvelle qui n’est pas encore dans le commerce… Et tu laisses la bouteille dans un taxi qui te ramène à Poissy. On trouvera ton nom, par ce champagne, on trouvera le mien. Ah, nous sommes propres et par ta faute ! vrai, on peut être bête, mais pas à ce point-là !

Antoine courbait la tête sous l’orage.

— Ben, qu’est-ce que je devais en faire de cette bouteille ?

— L’avaler, pardieu, dit Richard avec un ricanement qui sonnait faux.

C’est le surlendemain de ce dîner, c’est-à-dire trois jours après la nuit maudite du Gazon Bleu, que Patrice, en rentrant chez lui, le soir, trouva Dominique évanouie sur le parquet de sa chambre.

Fou d’angoisse, oubliant tout ce qui n’était pas son profond amour pour la jeune femme, il la releva et l’étendit sur son lit avec l’aide de la femme de chambre effarée qu’il avait appelée en hâte. Puis il courut dans son bureau où était le téléphone et appela le docteur Mauger, un jeune médecin des hôpitaux, du plus grand avenir et un de ses meilleurs amis intimes.

Le docteur Mauger vint immédiatement. Il examina Dominique qui avait repris connaissance et s’était déshabillée, puis couchée.

Quand le médecin eut terminé son examen, il quitta la chambre de la malade, rédigea une brève ordonnance dans le bureau de Patrice et rassura celui-ci.

— Mon cher ami, tranquillise-toi, ta femme n’a rien de grave. Mais elle a dû éprouver un choc moral, être en proie à des préoccupations graves qui ont compromis l’équilibre de sa santé. Je me hâte de te dire que ce ne sera rien. D’ici quelques jours, il n’y paraîtra plus. En attendant, repos absolu, seule dans sa chambre. Elle ne doit voir personne, sinon sa domestique qui lui apportera ce dont elle a besoin. Ce qui importe pour le moment, c’est qu’elle soit complètement à l’abri de tous les soucis qui ont pu la bouleverser.

Le médecin serra la main de Patrice Martyl et se retira.

Patrice resta pensif.

Oui, Dominique pouvait être à l’abri de tous les soucis matériels, le toutes les agitations extérieures, cela il y veillerait… Mais que pouvait-il à l’égard d’une agitation intérieure, du souvenir obsédant laissé par une nuit sourde d’orage, par une pelouse dans les bois éclairée par une équivoque lumière bleue dans laquelle évoluaient harmonieusement deux corps féminins, sveltes et nus !