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Le Tour de la France par deux enfants/025

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XXV. — Le travail des femmes lorraines. — Les broderies. — Les fleurs artificielles de Nancy.

Que chaque habitant et chaque province de la France travaillent, selon leurs forces, à la prospérité de la patrie.

— Julien, continua Mme Gertrude, les hommes ne sont pas seuls à bien travailler en Lorraine.

— Oui, dit Julien, les femmes lorraines savent faire de jolies broderies, et j’en ai vu à bien des étalages aujourd’hui ; mais je n’entends rien à cela, moi.

— D’autres que vous s’y entendent, Julien ; les broderies de Nancy, d’Épinal et de toute la Lorraine se vendent dans le monde entier. Les navires en emportent des cargaisons jusque dans les Indes ; c’est le travail de nos paysannes, de nos filles du peuple qu’on se dispute ainsi. Nous avons 35,000 brodeuses en Lorraine. Mais, si vous ne regardez pas volontiers les broderies et les dentelles, je vous ai vu pourtant vous arrêter fort en admiration devant une vitrine de fleurs artificielles.

— Oh ! c’est vrai, dit Julien, il y a un rosier dans un pot qui ressemble si bien à un rosier pour de bon, que je n’aurais jamais voulu croire qu’il fût en papier, si ce n’était vous, Madame Gertrude, qui me l’avez assuré.

— D’où viennent ces fleurs, Julien ?

— Je n’en sais rien du tout, mais elles sont bien jolies.

— Elles viennent de l’ancienne capitale de la Lorraine, de Nancy, une grande et belle ville de 102.600 âmes. Nancy est la seule ville de France qui rivalise avec Paris pour les fleurs artificielles. Vous le voyez, Julien, les femmes de Lorraine sont laborieuses, et leur bon goût est renommé. Du reste, elles sont instruites : presque toutes savent lire et écrire. Les trois départements de la Lorraine sont parmi les plus instruits et les plus industrieux de la France.

FEMME DE LA LORRAINE BRODANT. — On appelle broderie un dessin tracé en relief sur un tissu avec du fil de soie, de coton, de laine, d’or ou d’argent. — Le métier de brodeuse est très fatigant pour la vue ; l’immobilité qu’il exige et la position assise sont également fâcheuses pour la santé. Il serait bon que les brodeuses eussent toutes un second état qui leur permit de temps à autre de se délasser du premier.

— Mais, dit le petit garçon, on fait bien d’autres choses en Lorraine que des glaces, des fleurs et des broderies.

— Oh ! certainement, Julien ; mais je n’ai voulu vous parler que des industries où nous tenons le premier rang en France et en Europe. Travailler est déjà bien, mon enfant ; mais travailler avec tant d’art et de conscience que notre patrie puisse tenir le premier rang au milieu des autres nations, c’est un honneur dont on peut être fier, n’est-ce pas, Julien ?

— Oh ! oui, dit l’enfant, et je suis content de savoir qu’il en est ainsi de notre Lorraine.