Le Tour de la France par deux enfants/118
Le temps passe vite à Paris. Quand on eut fini de voir le Jardin des Plantes, la brume du soir commençait déjà à s’étendre, et de toutes parts les becs de gaz s’allumaient.
On suivit les quais de la Seine et on admira en passant le Louvre. André expliqua à Julien que les salles de ce palais sont remplies par les plus beaux tableaux des grands peintres de tous les pays : le public peut les visiter tous les jours à certaines heures.
Nos promeneurs arrivèrent ainsi jusqu’au palais du Corps législatif, situé sur les bords de la Seine. — C’est là que maintenant se rassemblent chaque année les députés élus par toute la France pour faire les lois. Ils partagent le pouvoir de faire des lois, ou pouvoir législatif, avec les sénateurs, qui siègent dans un autre palais entouré de jardins magnifiques : le Luxembourg.
Quant au
président de la République, qui est chargé de faire exécuter les lois
par l’intermédiaire des divers ministres et qui possède ainsi le
pouvoir exécutif, il habite un palais appelé l’Élysée. C’est là que
se rassemble le conseil des ministres, qui discute sur les affaires
de l’État. Les ministres de la France sont le Ministre de l’Intérieur,
le Ministre de l’Instruction publique, le Ministre de la Justice et
des Cultes, le Ministre des Finances, le Ministre de la Guerre, le
Ministre des Affaires étrangères, le Ministre de l’Agriculture, le Ministre du
Commerce, de l’Industrie, des Postes et Télégraphes, le Ministre des Travaux publics, le Ministre de la Marine, le Ministre des Colonies.
Julien écoutait toutes ces explications avec intérêt ; car dès qu’on parlait de la France, son esprit était en éveil. Néanmoins il avait tant couru dans la journée et vu tant de choses, qu’il finissait par en être tout étourdi : il avait une grande envie de souper pour se coucher de bonne heure.
— Eh bien, dit l’oncle Frantz en riant, je vois que notre petit Julien commence à demander grâce et que demain il quittera Paris avec moins de regret qu’il ne croyait d’abord.
— Hélas ! oui, répondit l’enfant. Je suis tout de même bien content de connaître Paris et j’aurai grand plaisir à me rappeler plus tard tout ce que j’y ai vu de beau. J’aime Paris de tout mon cœur parce que c’est la capitale de la France ; mais tenez, mon oncle, à vous dire franchement, je suis si fatigué de rencontrer tant de monde et d’entendre tant de bruit, que je me réjouis de ne plus voir bientôt que des champs, des bœufs et des vaches.
— Oh ! oh ! dit l’oncle, c’est très bien, et je pense comme toi, mon Julien ; seulement, avant de soigner les vaches, il faudra retourner à l’école encore longtemps.
— Oui, dit l’enfant gaîment, et j’espère m’appliquer à l’école plus encore qu’autrefois.