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Le Vieillard des tombeaux/42

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Le Vieillard des tombeaux ou Les Presbytériens d’Écosse
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 10p. 386-393).




CHAPITRE XLII.

les renseignements.


Alors la vieille mère se mit à parler, et ses larmes coulèrent en abondance… « Vous étiez averti, mon fils Johny : il ne fallait pas suivre la chasse. »
Ancienne ballade.


En entrant dans la chaumière, Morton reconnut que son hôtesse avait dit la vérité. L’intérieur de la maison ne ressemblait nullement à ce qu’annonçait son extérieur ; elle était propre et même commode, surtout l’appartement réservé dans lequel la veuve le conduisit, et où il devait souper et coucher. On lui servit ce qu’il y avait de meilleur dans cette humble auberge, et quoiqu’il fût peu pressé de manger, il se mit pourtant à table, afin de causer plus long-temps avec la maîtresse du logis. Bien qu’aveugle, elle semblait veiller à tout, et elle trouvait comme par instinct ce dont elle avait besoin.

« N’avez-vous que cette jeune et jolie fille pour vous aider à servir vos hôtes ? » fut naturellement la première question que lui adressa Morton. — Oui, monsieur. Je vis seule comme la veuve de Zarephta ; et je reçois trop peu de monde pour payer des domestiques. J’avais jadis deux beaux garçons qui faisaient tout l’ouvrage. Mais Dieu donne et peut reprendre : que son nom soit béni ! Même après avoir perdu mes fils, j’ai été moins pauvre des biens du monde qu’à présent ; mais c’était avant la révolution[1]. — Vraiment ? Vous êtes pourtant presbytérienne, ma bonne mère ? — Oui, monsieur ; et bénie soit la lumière qui m’a montré le droit chemin ! — Alors, la révolution n’aurait dû vous faire que du bien. — Si elle a rendu ce pays plus heureux, et assuré la liberté de conscience, peu importe le mal qu’elle a fait à une pauvre aveugle, à un ver de terre tel que moi. — Mais encore, je ne vois pas comment vous avez pu en souffrir. — C’est une longue histoire, monsieur. Une nuit, six semaines environ avant la bataille de Bothwell-Bridge, un jeune gentilhomme s’arrêta dans cette misérable chaumière : il était blessé et couvert de sang, pâle et épuisé de fatigue ; et son cheval était si las qu’il pouvait à peine mettre un pied devant l’autre. Ses ennemis le suivaient de près, et lui-même était un de nos ennemis. Que pouvais-je faire, monsieur ? Vous qui êtes soldat, vous allez dire que je ne suis qu’une vieille sotte ! hé bien, je l’ai nourri, soigné, caché, jusqu’à ce qu’il pût repartir sans danger. — Qui donc oserait blâmer une telle conduite ? — Pourtant quelques gens de notre parti m’en ont voulu. Ils disaient que j’aurais dû agir comme Jaël envers Sisara. Mais répondis-je, Dieu ne m’avait pas ordonné de faire couler le sang ; comme femme et comme chrétienne, j’ai cru au contraire que je devais l’arrêter. Alors ils m’accusèrent de ne pas aimer mes enfants, puisque j’avais secouru un des soldats du régiment qui avait assassiné mes deux fils. — Assassiné vos deux fils ! — Oui, monsieur, quoique vous puissiez donner à leur mort un autre nom. L’un a péri l’épée à la main en combattant pour la cause du Covenant national ; l’autre… Ah ! quand ils l’ont fusillé devant moi, mes pauvres yeux se sont remplis de larmes, et il me semble que ma vue s’est toujours de plus en plus affaiblie depuis ce triste jour : mes douleurs, mes angoisses, mes pleurs que je ne pouvais sécher, rien ne put le sauver. Mais, hélas ! en livrant le jeune lord Evandale à ses ennemis, aurais-je rendu la vie à mon Ninian et à mon Johny. — Lord Evandale ! » dit Morton avec surprise. « Est-ce à lord Evandale que vous avez sauvé la vie ? — À lui-même, répondit-elle ; et il en a été reconnaissant : il m’a donné une vache et un veau, de la drèche, de la farine et de l’argent ; tant qu’il a eu de l’autorité, personne n’a osé m’insulter. Mais nous demeurons sur les domaines de Tillietudlem : lady Marguerite Bellenden et le laird actuel, Basile Olifant, ont long-temps plaidé pour le château ; et lord Evandale soutenait la vieille lady par amour pour la jeune miss Édith, une des meilleures et des plus jolies filles d’Écosse, à ce qu’on dit dans le pays. Mais ils furent obligés de partir, et Basile eut le château et les terres ; puis vint la révolution. Alors le laird changea encore d’opinion : car, disait-il, il avait été jadis whig au fond du cœur, et ne s’était fait papiste que pour être à la mode. Il fut donc en faveur, et lord Evandale perdit toute influence, car il était trop fier et trop courageux pour tourner à tous les vents, quoique beaucoup de nos gens sachent aussi bien que moi que, quels que fussent ses principes, il était encore assez bon pour nous protéger, et valait bien mieux que ce Basile Olifant. Mais lord Evandale était en défaveur et presque sans crédit auprès du gouvernement. Alors Basile, qui est un homme vindicatif, s’est mis à le tourmenter de toutes les manières, et surtout en opprimant et en dépouillant la pauvre vieille femme aveugle, Bessie Maclure, parce qu’elle avait sauvé la vie à lord Evandale, et que ce lord lui voulait du bien. Mais il s’est trompé, si c’était son but, car il se passera du temps avant que lord Evandale entende dire que j’ai vendu ma vache pour payer ma redevance ou d’autres dettes, que j’ai eu des dragons à loger quand le pays est tranquille, ou toute autre chose qui pourrait lui faire de la peine. Je saurai me résigner à mon sort, et la perte de mes biens est le moindre de mes chagrins. »

Touché d’une patience si courageuse, qu’inspirait à cette femme un sentiment si noble de reconnaissance, Morton ne put s’empêcher de maudire l’infâme qui avait exercé une si lâche vengeance.

« Ne le maudissez pas, monsieur ! lui dit-elle. J’ai entendu dire par un honnête prédicateur qu’une malédiction était comme une pierre qu’on jette vers le ciel et qui peut retomber sur la tête de celui qui l’a lancée. Mais si vous connaissez lord Evandale, dites-lui de se tenir sur ses gardes, car j’entends les soldats qui logent ici parler d’étranges choses, et on prononce souvent son nom. Leur chef s’est rendu deux fois à Tillietudlem ; il est comme le favori du laird, bien qu’il ait été autrefois un des plus cruels persécuteurs qui aient désolé ce pays… j’en excepte le sergent Bothwell… On l’appelle Inglis[2]. — Je prends le plus vif intérêt à la sûreté de lord Evandale, dit Morton ; et je trouverai certainement un moyen de l’avertir de ces coupables menées. Mais en retour, ma bonne femme, il faut me répondre à une autre question : ne savez-vous rien de Quentin Mackell d’Iron-Gray ? — De qui ? » s’écria l’aveugle d’un ton de surprise et d’effroi. — « De Quentin Mackell d’Iron-Gray, répéta Morton. Ce nom a-t-il quelque chose d’effrayant ? — Non ; non, » répondit-elle en hésitant ; « mais l’entendre prononcer par un étranger, par un soldat !… Dieu nous soit en aide ! Quel nouveau malheur nous menace ? — Celui dont je vous parle, dit Morton, n’a rien à craindre de moi, si, comme je le suppose, ce Quentin Mackell est le même que John Bal… — Ne prononcez pas ce nom ! » dit la vieille en posant un doigt sur ses lèvres. « Je vois que vous avez son secret, et je ne vous cacherai rien. Mais, pour l’amour de Dieu, parlez bas. Au nom du ciel, dites-moi que vous ne lui voulez pas de mal !… Mais vous êtes soldat, m’avez-vous dit ? — Oui, et je le répète ; mais il n’a rien à redouter de ma part. Je commandais une division à Bothwell-Bridge. — En vérité ! mais, en effet, il y a dans votre voix quelque chose qui m’inspire de la confiance : vous parlez avec aisance et abandon, comme un homme honnête. — Et j’ose dire que je le suis. — Mais, soit dit sans vous offenser, monsieur, dans ces malheureux temps la main du frère est levée contre le frère ; et l’homme dont vous parlez a tout autant à craindre du gouvernement actuel que de ses anciens persécuteurs. — Vraiment ? je l’ignorais. Il faut dire aussi que j’arrive des pays étrangers. — Je vais tout vous dire, » poursuivit la vieille aveugle en prenant une attitude qui montrait à quel point, chez elle, l’ouïe pouvait suppléer à la vue : se tenant immobile, elle tourna lentement la tête pour s’assurer qu’il ne se trouvait personne à portée de l’entendre ; puis elle reprit : « Vous savez combien il a travaillé pour le Covenant, aujourd’hui délaissé, violé, trahi par l’endurcissement et par l’égoïsme de cette ignoble engeance. Puis, quand il passa en Hollande, au lieu de l’appui et des remercîments des compagnons de sa noble infortune, au lieu des secours et de l’amitié des gens pieux, qu’il était en droit d’espérer, le prince d’Orange lui refusa sa faveur, les ministres lui refusèrent la sainte communion : tout cela était bien dur à supporter pour celui qui avait tant souffert et tant fait… trop fait peut-être… mais m’appartient-il de le juger ? Il revint donc près de moi, et rentra dans son ancien lieu de refuge qui l’avait si souvent protégé, et surtout deux jours avant la brillante victoire de Drumclog ; car je n’oublierai jamais qu’il se disposait à y venir encore le soir du jour où le jeune Milnwood fut reconnu capitaine du perroquet ; mais je l’avertis de n’y pas aller en ce moment. — Quoi ! s’écria Morton ; était-ce vous qui, couverte d’un manteau rouge, étiez assise au bord du chemin, et qui lui dites qu’un lion était dans le sentier de la montagne ? — Au nom du ciel ! qui êtes-vous ? » demanda la vielle femme étonnée et interrompant le fil de son récit. « Mais qui que vous soyez, » continua-t-elle en reprenant son calme, « vous ne pouvez me faire un crime d’avoir voulu sauver la vie d’un ami comme celle d’un ennemi. — Vous faire un crime de cette action, mistress Maclure ! je n’y pense même pas… J’ai seulement voulu vous montrer que je connais assez bien les affaires du personnage dont il s’agit, pour que vous puissiez sans crainte m’apprendre ce que je désire savoir. Je vous prie de continuer. — Il y a dans votre voix un certain ton d’autorité, et pourtant elle a une douceur irrésistible. Je n’ai presque plus rien à vous dire. Les Stuarts ont été détrônés : Guillaume et Marie règnent à leur place ; mais pas un mot du Covenant, non plus que s’il n’eût jamais existé. Ils ont accueilli à bras ouverts et la joie dans le cœur une assemblée érastienne, composée de déserteurs de la sainte cause, aujourd’hui perdue, de l’Église d’Écosse. Nos fidèles champions, qui ont porté témoignage, sont encore plus malheureux qu’aux jours de persécution, de tyrannie et d’apostasie déclarées ; car les âmes sont endurcies ; la multitude affamée de la parole divine n’est plus nourrie que de vains discours ; et plus d’un de nos malheureux frères, accablé de faim et de soif, après avoir attendu toute l’après-midi quelque nourriture solide qui l’excite à la grande œuvre, reçoit à peine un mot de sèche morale qu’on lui jette à la tête et… — Enfin, « dit Morton, pour mettre fin à une dissertation que la bonne vieille, entraînée par son enthousiasme religieux, aurait sans doute continuée longtemps encore… « enfin, vous n’aimez pas le nouveau gouvernement : Burley partage-t-il vos opinions ? — Plusieurs de nos frères, monsieur, croient que nous avons combattu, jeune, prié et souffert pour la grande ligue nationale du Covenant, et que désormais on oubliera nos souffrances, nos combats, nos jeûnes et nos prières. Ils ont pensé qu’il y aurait quelque avantage à ramener l’ancienne famille sur le trône, en faisant de nouvelles conditions ; car, après tout, quand Jacques fut chassé, j’ai entendu dire que la grande fureur des Anglais contre lui avait été excitée dans l’intérêt de sept prélats sacrilèges. Ainsi donc, bien que la plupart dos nôtres se soient rattachés à l’ordre de choses actuel, et qu’ils aient formé un régiment qui se tient prêt à marcher sous les ordres du comte d’Angus ; malgré cela, dis-je, notre digne ami, et d’autres chefs encore qui veulent la pureté de doctrines et la liberté de conscience, ont préféré s’entendre avec les jacobites plutôt que de se déclarer contre eux, craignant de tomber à terre comme un mur construit avec un mauvais ciment, ou comme celui qui s’assoit entre deux tabourets. — Ils ont pris un singulier moyen pour obtenir la liberté de conscience et arriver à la pureté de doctrines. — Mon cher monsieur, le soleil qui éclaire nos yeux se lève à l’orient ; mais le soleil qui éclaire l’esprit peut se lever au nord… pauvres mortels aveugles, nous ne devons pas l’ignorer. — Et Burley a été dans le nord chercher la lumière ? — Oui, monsieur, et il a vu Claverhouse lui-même, qu’on nomme aujourd’hui Dundee. — Comment ! » s’écria Morton : « j’aurais juré qu’une pareille rencontre coûterait nécessairement la vie à l’un des deux. — Non, non, monsieur ; dans les temps de troubles il se fait des changements soudains… Montgomery, Ferguson, et beaucoup d’autres qui étaient les plus grands ennemis du roi Jacques, sont aujourd’hui de son côté… Claverhouse a fait bon accueil à notre ami, et l’a envoyé se consulter avec lord Evandale ; mais alors la désunion a recommencé ; car lord Evandale n’a voulu ni le voir, ni l’entendre, ni lui parler. Depuis lors il est furieux, et sa fureur augmente chaque jour ; il rugit en jurant qu’il se vengera de lord Evandale, et ne parle que de brûler et de tuer. Oh ! les horribles accès de colère ! ils troublent son esprit, et donnent à l’ennemi de funestes avantages. — L’ennemi ! demanda Morton ; quel ennemi ? — Quel ennemi ? Pouvez-vous connaître particulièrement John Balfour de Burley, et ignorer qu’il a de cruels et fréquents combats à soutenir contre l’esprit malin ? L’avez-vous jamais vu seul, une Bible à la main et son épée nue sur ses genoux ? Couché dans la même chambre que lui, ne l’avez-vous jamais entendu se débattre dans ses songes contre les illusions de Satan ? Oh ! vous le connaissez bien mal si vous ne l’avez vu qu’en plein jour ; car il dérobe soigneusement à tous les yeux le spectacle de ses funestes visions et de ses luttes cruelles. Mais je l’ai vu, moi, trembler si fort après un de ces accès de délire, qu’un enfant l’aurait terrassé, tandis que des gouttes de sueur ruisselaient sur son front comme jamais pluie d’orage n’est tombée sur mon pauvre toit de chaume. »

Pendant qu’elle parlait, Morton commença à se rappeler l’agitation de Burley pendant son sommeil dans le grenier de Milnwood ; l’incohérence de ses discours, dont lui avait parlé Cuddie ; ses extases, ses combats contre le mauvais esprit, objet fréquent des entretiens des caméroniens. Il en conclut que cet homme lui-même était victime de ses propres illusions, qu’il avait la force de dissimuler aux yeux de ceux dont il recherchait la considération, tandis qu’il ne s’abandonnait aux accès de cette espèce d’épilepsie que devant les personnes auxquelles il pouvait donner de lui une idée plus élevée. Il était naturel de supposer qu’une ambition trompée, des espérances déçues, et la ruine d’un parti qu’il avait défendu avec une fidélité inébranlable, avaient, en l’exagérant, changé son enthousiasme en une sorte de folie temporaire. En effet, il arriva plus d’une fois, dans ces temps d’effervescence, que des hommes tels que sir Henry Vane, Harrison, Overton, et d’autres, dominés eux-mêmes par un fanatisme extravagant, pussent en public se conduire non-seulement avec bon sens dans des situations difficiles, et avec courage dans le péril, mais encore avec l’adresse la plus rare et la valeur la plus déterminée. La suite des renseignements que lui donnait mistress Maclure confirma Morton dans cette opinion.

« Au point du jour, dit-elle, ma petite Peggy vous servira de guide, avant que les soldats soient sur pied ; mais il faudra laisser passer son heure de danger, comme il dit, avant de pénétrer dans son lieu de refuge. Peggy vous dira quand vous pourrez entrer : elle est au fait de tout cela, car c’est elle qui lui porte le peu de provisions dort il a besoin pour soutenir sa vie. — Et dans quel endroit ce malheureux s’est-il donc réfugié ? dit Morton. — Dans le plus effroyable lieu où se réfugia jamais créature vivante, répondit l’aveugle : on l’appelle la Caverne noire de Linklater… C’est un bien triste séjour ; mais il s’y plaît plus que partout ailleurs, parce qu’il y a toujours trouvé un asile sûr. Il le préfère, j’en suis certaine, à une chambre tapissée et à un lit de duvet. Mais vous verrez cette caverne : moi aussi je l’ai vue, il y a bien long-temps. Je n’étais alors qu’une jeune folle, et je ne prévoyais guère ce qui devait arriver. N’avez-vous plus besoin de rien, monsieur, avant d’aller vous mettre au lit, car il faudra demain vous lever à la pointe du jour ? — Non, ma bonne mère, dit Morton, et ils se séparèrent.

Morton se recommanda au ciel, se jeta sur son lit, entendit, lorsqu’il n’était encore qu’assoupi, les dragons revenir de patrouille, puis enfin s’endormit profondément, malgré l’extrême agitation de son esprit.



  1. Celle de 1688. a. m.
  2. Les actions d’un homme, ou plutôt d’un monstre de ce nom, sont rappelées dans l’inscription d’un tombeau que le Vieillard de la Mort prenait plaisir à retracer. Je ne me souviens pas du nom du martyr ; mais les détails du crime parurent si terribles à ma jeune imagination, que l’épitaphe suivante est, j’en suis certain, tout à fait exacte, bien que je l’aie lue il y a quarante ans au moins :
    « Ce martyr a été fusillé par Peter Inglis, qui était un tigre plutôt qu’un Écossais. Cet Inglis, pour se rendre, lui et sa postérité, plus digne de l’enfer, coupa la tête de sa victime, et la roula sur le gazon. Ainsi cette tête qui aurait dû porter une couronne fut poussée comme une balle par le pied d’un dragon profane. »
    Dans les lettres de Dundee, un capitaine Inglish ou Inglis est souvent mentionné comme commandant une compagnie de cavalerie.