Le destin des hommes/02

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Chez l'auteur (p. 39-49).

LA FEMME AU
CHAPEAU ROUGE


Elles étaient trois vieilles femmes assises sur un banc, sur la pelouse rôtie et pelée du champ de courses. Par une entente tacite, elles s’étaient rencontrées là cet après-midi car elles étaient des habituées de l’hippodrome et, chaque jour, elles se rendaient à la piste pour voir galoper les pur sang et risquer quelques écus. Comme leurs moyens étaient des plus modestes, d’ordinaire, elles se mettaient à quatre pour parier deux piastres. Le gain était mince, les pertes aussi.

Elles étaient trois vieilles qui auraient bien aimé trouver une associée pour miser avec elles.

La plus âgée du trio déclare volontiers qu’elle a soixante-seize ans et qu’elle est veuve. Lorsqu’elle a perdu son mari, il y a douze ans, elle est devenue toute détraquée, à moitié folle. Avant cela, elle n’avait jamais mis les pieds sur un champ de courses, mais ses amies lui conseillèrent de se distraire de sa peine en allant voir courir les chevaux, ce qui lui permettrait en même temps, lui assurait-on, de faire facilement quelque argent. Comme la vieille ne savait plus ce qu’elle faisait, elle écouta aveuglément les conseils qu’on lui donnait, puisa dans les économies laissées par son mari, alla aux courses et perdit. Elle ne comprenait pas ça, la veuve. « Non, vous n’êtes pas chanceuse », déclarèrent les amies. « Ça c’est vrai. Alors, faites donc pour un changement quelques petites affaires à la Bourse. Là, vous savez, tout le monde gagne. Vous allez voir comme c’est facile et intéressant. » Docile, la veuve alla voir un courtier et spécula sur marge sur les valeurs qu’on lui indiqua. Alors, en quelques mois, elle perdit tout l’argent laissé par son défunt. « J’étais folle, je ne savais pas ce que je faisais. Mes amies me disaient de faire une chose et je les écoutais. Un jour, je me suis trouvée sans le sou. Pour vivre, j’ai dû m’adresser à ma fille qui est mariée et qui demeure aux États-Unis. Je voudrais bien aller la rejoindre. Elle me prendrait chez elle, mais les autorités de l’immigration ne veulent pas me laisser entrer, craignant que je ne devienne à charge au pays. Alors, je reste ici et, en se privant, ma fille et mon gendre m’envoient quelques piastres pour que je ne crève pas de faim, mais moi, vieille folle, vieille crapule que je suis, je prends cet argent et je vas le porter aux courses. C’est plus fort que moi. C’est ma seule passion. Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne joue pas aux cartes, mais je parie sur les courses. Dans ma famille et dans celle de mon mari personne ne connaissait ça. Il a fallu que je prenne ce vice sur mes vieux jours. Je me prive de manger pour parier. J’habite une pauvre petite chambre grande comme la main dans une famille privée, mais on ne me permet seulement pas de me faire une tasse de thé. Si j’en veux une, il faut que je sorte et que je paie. À l’heure du midi, je vais manger un hot-dog ou un sandwich au restaurant. Et toujours seule, excepté aux courses. »

Après vous avoir débité son histoire, elle vous demande si vous n’avez pas un bon tuyau à lui communiquer. Elle est tout de noir vêtue avec une boucle blanche à son chapeau. Ses souliers ont de l’usure, beaucoup d’usure. Le tout s’accorde bien avec la vieille, car, lorsqu’elle ouvre la bouche, on voit qu’il lui manque deux dents du haut, en avant, et elle a sur la lèvre supérieure de longs poils blancs, très raides. Pas belle à voir. Ses compagnes non plus d’ailleurs. L’une, longue, maigre, coiffée d’une espèce de galette posée sur une tignasse de cheveux gris, porte un boléro rouge feu. La troisième, encore plus maigre que les deux autres, a sur les tempes deux petites nattes postiches pour cacher ses cheveux blancs. Et elle n’a qu’une dent, une dent pointue qui ressemble à celle d’un chien.

Elles voudraient bien, les trois vieilles, trouver une associée pour réunir deux piastres et faire un pari. Et comme ça, une jolie femme dans la trentaine, coiffée d’un grand chapeau rouge, et qui, apparemment, se cherchait un siège, alla s’asseoir sur le bout de leur banc. Elle portait une élégante robe de crêpe noir avec de grandes fleurs rouges. Sa figure et ses mains étaient bien astiquées et toute sa personne dégageait une odeur de savon de luxe tandis que les trois vieilles sentaient la sueur, le suri des vieilles peaux mal lavées. Elles la regardaient, désappointées, car la nouvelle venue ne paraissait pas être de la catégorie de celles qui se mettent à quatre pour former un montant de deux piastres. La femme au chapeau rouge étudiait son programme. Puis soudain elle ouvrit sa sacoche, en sortit un petit flacon de vin, s’en versa un verre et le but avec un plaisir évident. À ce moment, les chevaux défilaient devant le public avant la troisième course. Un homme passa. Il s’arrêta un moment devant la femme au chapeau rouge.

— Qu’est-ce que vous avez choisi ? demanda-t-il.

— Je n’ai rien choisi. J’attends. Et vous ?

— Je n’ai pas parié, mais je suis presque certain que Ambassador va gagner.

Et l’homme s’éloigna. Les coursiers démarrèrent et, après une lutte dure, mouvementée et excitante, Ambassador battit son plus proche adversaire par une tête, sous le fil. Entre elles, les trois vieilles, qui avaient entendu le bref colloque de tout à l’heure, se disaient que l’inconnu connaissait son affaire. Il repassa dix minutes plus tard. Prenant le programme de la femme au chapeau rouge, il lui indiqua avec son crayon un nom sur la liste des partants dans la quatrième épreuve.

— Certain, certain ? interrogea la femme. Familièrement, elle avait saisi le bout de la cravate flottante de l’homme et l’attirait vers elle.

— Certain, fit-il en riant. On se reverra.

Et il partit d’un autre côté. Un moment après, la femme au chapeau rouge se leva et se dirigea vers le guichet des billets de deux piastres. Si elles avaient eu le montant voulu, l’une des vieilles l’aurait suivie et aurait parié sur le même cheval qu’elle, mais il leur manquait cinquante sous. Quelques minutes plus tard, l’étrangère revenait s’asseoir sur le bout du banc. De nouveau, les chevaux démarrèrent. Les trois vieilles étaient bien malheureuses de n’avoir pu parier. Maintenant, après avoir contourné la piste, les pur sang entraient dans la ligne droite. Le numéro trois était en tête du peloton, vigoureusement aiguillonné par son jockey. La femme au chapeau rouge se leva et se mit à lui jeter des encouragements. Comme le cheval franchissait la ligne d’arrivée une longueur en avant de son adversaire le plus rapproché, la femme poussa une exclamation de triomphe.

— Vous gagnez ? demanda la vieille de soixante-seize ans.

— Je gagne, répondit-elle simplement.

Elle attendit le pesage des jockeys puis les numéros des gagnants furent affichés au tableau. Le vainqueur rapportait $9.45 pour 2.00. La femme au chapeau rouge se leva et s’éloigna pour aller encaisser son gain.

— C’est une chanceuse. Elle a de bons tuyaux, remarqua la vieille aux deux nattes postiches.

— Oui, c’est pas à nous autres qu’un beau garçon viendra donner le nom d’un gagnant, commenta amèrement celle au boléro rouge feu.

— Que voulez-vous, chacun a son temps. On ne peut pas toujours rester jeune et les beaux garçons nous leur faisons peur aujourd’hui, ricana la vieille de soixante-seize ans.

L’étrangère revint prendre sa place au bout du banc puis, posément, ouvrit sa sacoche, en sortit un sandwich au poulet enveloppé dans un papier glacé et une serviette qu’elle étendit soigneusement sur ses genoux, puis elle se mit à manger sans hâte, en femme qui goûte et apprécie ce qu’elle se met sous la dent. Lorsqu’elle eut fini, elle se versa un nouveau verre de vin, le but lentement, par petites gorgées, s’essuya la bouche avec sa serviette, la replia et la serra dans son sac.

Les vieilles l’observaient avec envie et admiration et se disaient intérieurement que c’était là une femme qui ne se privait de rien et qui aimait les bonnes choses.

— C’est mieux qu’un hot-dog, remarqua d’un ton aigre la vieille de soixante-seize ans en songeant à ses maigres soupers au restaurant ou à la pharmacie.

La cinquième course fut disputée sans que les trois vieilles y prissent le moindre intérêt. Elles avaient bien leur idée mais le difficile était de la mettre à exécution. Alors, au moment où les coursiers faisaient leur apparition sur la piste pour la sixième, la vieille de soixante-seize ans s’enhardit et, se penchant vers la femme au chapeau rouge : Vous ne mettriez pas cinquante sous avec nous sur cette course ?

L’autre se mit à rire.

— Je veux bien, dit-elle, mais avez-vous un bon cheval ?

— Je parierais sur le numéro un, répondit la vieille. Le jockey Russell le fera sûrement gagner.

— Je n’ai pas confiance en Russell ni dans sa monture. Si vous voulez risquer votre argent sur le numéro cinq, je me joins à vous autres.

— Alors essayons notre chance sur le cinq, décida la vieille.

Et chacune des trois commères remit cinquante sous à la femme au chapeau rouge. Celle-ci se dirigea immédiatement vers le guichet et revint une couple de minutes plus tard avec un billet qu’elle montra à ses compagnes d’occasion. La parade, le départ, la course et la victoire du numéro cinq, tout cela fit aux trois vieilles l’effet d’un rêve, d’une chose irréelle, d’une scène de cinéma dont elles auraient été témoins. Mais lorsqu’elles virent afficher au tableau le rendement du vainqueur, $20.50 pour $2.00, elles exultèrent. Et lorsque la femme au chapeau rouge leur remit à chacune un billet de $5.00 et une pièce de monnaie, leur joie devint du délire. Mais au milieu de leur enthousiasme, la même pensée leur vint : la septième et dernière course et le pari double. Chacune des trois vieilles était mordue par l’ambition de gagner encore.

— Allez-vous tenter votre chance sur le pari double ? demanda à l’étrangère la doyenne des trois vieilles.

La femme au chapeau rouge étudiait son programme mais à ce moment l’homme à la cravate flottante qui lui avait donné le tuyau lors de la quatrième épreuve s’approcha de nouveau et se mit à lui parler à mi-voix, avec animation. De la pointe de son crayon il lui indiquait deux numéros sur sa feuille. L’autre paraissait incrédule. Il répéta le geste avec son doigt. Puis, après un échange de phrases rapides à voix basse, il s’éloigna pendant que la femme restait songeuse.

— Allez-vous tenter votre chance sur le pari double ? répéta la vieille que mordait l’âpre désir du gain.

— Avez-vous une bonne idée ? Qu’est-ce que vous suggéreriez ? riposta l’étrangère en guise de réponse.

Cette question refroidit l’enthousiasme de la vieille. Néanmoins, pour ne pas rester à court :

— Prenons les numéros sept et six, dit-elle, les deux chiffres de mon âge.

— C’est déjà assez triste d’avoir soixante-seize ans sans vouloir parier sur ces chiffres, riposta la femme au chapeau rouge.

— Puis vous, reprit la vieille, avez-vous une idée ?

— Moi, si je pariais, je prendrais deux longs shots.

À ces mots les yeux de la vieille s’allumèrent de convoitise. Déjà, elle songeait à la forte somme qu’elle pourrait gagner si deux chevaux négligés arrivaient premiers.

— Moi, déclara-t-elle soudain, sans avoir pris le temps de réfléchir, je mettrais cinq piastres avec vous si vous vous décidiez à parier.

— Moi aussi, firent en même temps les deux autres vieilles.

Mais la femme au chapeau rouge restait indécise.

— C’est bon, annonça-t-elle après un moment. Je vais prendre les numéros trois et quatre.

Alors, les trois vieilles tendirent de leurs vieux doigts les trois billets de $5.00 qu’elles avaient reçus après la sixième épreuve. L’étrangère alla acheter un ticket qu’elle montra à ses associées. Puis ce fut la parade. Vraiment, les numéros trois et quatre étaient des bêtes de piètre apparence. L’une d’elles semblait même boiter. De plus, leur record enregistré au programme était pitoyable. Déjà, les vieilles regrettaient d’avoir mis leur gain au jeu. Mais le sort en était jeté. Le départ s’effectua. Le cœur leur battait fort aux trois vieilles. Elles entendaient l’annonceur décrivant la position des chevaux, mais les paroles arrivaient à leurs oreilles comme un bourdonnement confus et leur excitation était telle qu’elles ne comprenaient rien. Ce ne fut que lorsque les pur sang passèrent en trombe devant l’estrade qu’elles virent que les numéros trois et quatre finissaient en tête du groupe. À moitié folles de joie, les trois vieilles se regardaient, ne pouvant croire à leur bonne fortune. Toutes trois et la femme au chapeau rouge avaient les yeux fixés au tableau. Les jambes faillirent leur manquer lorsqu’elles virent apparaître le chiffre du rendement : $60.00 pour $2.00. Leur mise de cinq piastres leur donnait $150.00 à chacune. Une fortune fabuleuse pour les trois pauvresses. C’était pour elles une journée mémorable, une journée unique, dont elles se souviendraient jusqu’à leur dernier jour. Jamais de leur vie elles n’avaient fait un gain si élevé. La femme au chapeau rouge souriait, mais la vieille de soixante-seize ans avait des larmes aux yeux et sa bouche bavait. Les deux autres avaient l’air égaré, l’air de femmes sous l’effet de la drogue.

— On va se faire payer. Je vais chercher l’argent, fit l’étrangère. Attendez-moi à l’entrée du passage.

Plus heureuses qu’elles ne l’avaient été depuis des années, les trois vieilles se tenaient dans le couloir conduisant à la sortie. Elles étaient impatientes de voir leur argent de leurs yeux, de le tenir entre leurs mains, de le palper, d’avoir enfin l’impression d’être riches pour un mois ou deux. Dame, quand on est habitué à vivoter, à dépenser seulement quelques sous par jour pour sa pitance et qu’il nous tombe subitement $150.00 dans la main, l’on peut avec raison se sentir heureux. Elles pensaient ces choses les vieilles en attendant leur compagne. La femme au chapeau rouge parut, tenant en main une forte liasse de billets de banque.

— Je vous paie le souper ce soir, annonça-t-elle, et nous allons descendre en ville en taxi. Allez en retenir un, fit-elle en s’adressant au trio. Nous partagerons l’argent dans la minute. Attendez-moi un instant. J’ai eu une si forte émotion qu’il faut que j’aille aux cabinets.

— J’y vais aussi, fit la vieille de soixante-seize ans.

— Moi de même, annonça celle au boléro rouge feu.

— Moi, je vais retenir la voiture, déclara la vieille aux deux petites nattes postiches.

Alors, la femme au chapeau rouge et deux des vieilles entrèrent dans la chambre de toilette et les portes de trois cabines se refermèrent sur elles. Les deux vieilles sortirent au bout d’une minute. Soulagées, joyeuses, elles attendaient côte à côte l’apparition de leur compagne. Celle-ci tardait. Une couple de minutes s’écoulèrent.

— Venez-vous ? questionna impatiente la vieille de soixante-seize ans. Mais aucune voix ne répondit.

Soudain alarmée, la vieille essaya la porte. Celle-ci s’ouvrit, mais la cabine était vide. La femme au chapeau rouge était disparue, envolée.

La troisième vieille les rejoignait à ce moment.

— Arrivez, dit-elle, le taxi nous attend.

Mais les deux autres étaient muettes de stupeur, absolument figées, avec une expression de navrement sur la figure.

— Elle nous a jouées, elle est partie. Elle s’est enfuie, fit d’un ton lugubre la vieille de soixante-seize ans en réponse à celle qui arrivait.

— Avec l’argent ? interrogea celle-ci, d’un air atterré.

— Avec l’argent.

Et les trois syllabes résonnèrent comme un glas.

Elles étaient là, debout, sans bouger, les trois vieilles, comme frappées par un désastre irréparable, par une catastrophe sans nom. Elles regardaient autour d’elles pour voir si elles n’apercevraient pas le chapeau rouge, pendant que les derniers visiteurs aux courses sortaient en hâte pour prendre le tramway. Avec une cruelle amertume, elles réalisaient qu’elles avaient été trompées, volées et qu’après s’être crues riches elles étaient maintenant plus pauvres que lorsqu’elles étaient parties de chez elles.

— Oui, elle a dû juste fermer la porte de la cabine et ressortir immédiatement. Puis, elle a couru au club-house et a ensuite passé par le paddock et elle est montée dans la voiture d’un ami, expliqua la vieille à la lèvre barbue.

C’était plausible, très probable.

Il n’y avait plus qu’à s’en aller. Comme elles sortaient, pitoyables, infiniment malheureuses, l’homme au taxi les héla.

— On s’est fait voler, on n’a pas d’argent pour vous payer. Il nous faut retourner en tramway, déclara la vieille qui avait retenu la voiture.

— Vous me faites perdre un voyage, déclara l’homme.

C’était là l’un des accidents du métier.

Alors, bien démoralisées, les trois vieilles montèrent dans le tramway déjà rempli. Il ne restait plus de sièges disponibles. Toutes les malchances. Elles durent s’accrocher aux courroies, se tenir debout. La voiture démarra et fila bientôt à grande vitesse. Pas d’arrêt nulle part. Elle roulait sur les rails, secouant les voyageurs qui étaient debout, les ballotant de droite à gauche, leur étirant les muscles des bras. La plus vieille du trio faillit tomber.

— Ce n’est pas avec le dîner qu’elle nous a promis qu’on va engraisser, fit la vieille au boléro rouge feu.

— Non, on n’aura pas de peine à le digérer, ajouta celle aux deux petites nattes postiches.

Elles étaient bien fatiguées les trois vieilles et le cœur tout à l’envers. Un moment, elles avaient cru que c’était le jour le plus glorieux de leur vie, tandis que maintenant… Et de se faire cahoter ainsi, elles se sentaient de misérables loques. Sa peine déborda soudain à la vieille de soixante-seize ans. Sa figure fit une vilaine grimace et de grosses larmes se mirent à couler sur sa face ridée, sur les poils blancs de sa lèvre et tombaient sur le plancher pendant que, de sa bouche ouverte, la bave dégoulinait sur son manteau. En imagination, elle se représentait la femme au chapeau rouge attablée à cette heure devant un souper fin et savourant de bonnes choses tandis qu’elle avec les quelques sous qui lui restaient avait juste de quoi prendre un hot-dog avec une tasse de thé. Accrochée à la courroie dans le tramway qui filait à une folle allure, secouant les passagers qui l’observaient avec des regards indifférents, curieux ou cruellement moqueurs, la vieille sanglotait désespérément…