Le parfait bouvier/02

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Imprimerie de Louis Perrault (p. 61-90).

DU BÉLIER, DE LA BREBIS,
DU MOUTON ET DE L’AGNEAU.

Le bélier et la brebis sont le mâle et la femelle ; le mouton est le mâle qui est châtré ; les petits se nomment agneaux.

On connaît l’âge des bêtes à laine par les dents du devant de la mâchoire du dessous. Ces dents pointues et peu larges, sont au nombre de huit ; l’animal les a toutes dès la première année de sa vie. Dès la seconde année, deux nouvelles dents remplacent les deux du milieu ; leur largeur les fait distinguer des six autres. Dans la troisième année, de chaque côté des deux dents dont nous venons de parler, s’établit une dent de même dimension. La quatrième année, l’animal à six dents larges ; la cinquième, il ne lui en reste plus de pointues. Plus tard, on juge de son âge par l’état des dents mâchelières ; plus elles sont usées et rases, plus l’animal est vieux.

Il y a plusieurs variétés dans l’espèce des bêtes à laines, dont les principales sont : le mouton anglais, point de cornes, laine fine ; le mouton d’Espagne ou mérinos, espèce célèbre par sa laine abondante, fine et frisée, et que l’on multiplie en France depuis quelques années ; le mouton d’Islande, ayant depuis quatre jusqu’à six cornes à la tête ; le mouton à large queue, du Cap de Bonne-espérance ; le mouton angora, haut sur jambes, tête à poil ras ; et enfin le mouton commum, fort répandu en Canada, où il y en a plusieurs variétés.

LE BÉLIER.

Un bon bélier à la tête grosse, le nez camus, les naseaux courts et étroits, le front large, élevé et arrondi ; les yeux noirs, grands et vifs ; les oreilles grandes et couvertes de laine, l’encolure large, le corps élevé, gros et alongé, le rable large, le ventre grand, les testicules gros, la queue longue et forte à sa racine ; le bélier ne peut guère servir que huit ans ; un seule suffit à quarante brebis. On connaît l’âge du bélier à ses dents, et encore à ses cornes, qui forment un nouvel anneau chaque année.

LA BREBIS.

Une bonne brebis doit avoir le corps grand, les épaules larges, les yeux gros, clairs et vifs ; le cou gros et droit, le dos large, le ventre grand, les tétines longues ; les jambes menues, courtes, la queue épaisse. Il faut prendre les brebis comme les béliers, à l’âge de deux ans. À sept ou huit ans elles s’affaiblissent. On peut donner trente ou quarante brebis à chaque bélier. Il faut choisir pour l’accouplement les bêtes blanches, ou du moins celles qui n’ont que la face et les pieds tachés.

Quand les brebis sont pleines, il faut empêcher qu’on les effraie, les bien nourrir, les conduire doucement, et les mettre à l’abri de tous les accidens.

Une brebis porte environ cent cinquante jours ; on connaît qu’elle est près de mettre bas par un écoulement de sérosité et de glaires qui sortent des parties naturelles, et que les bergers appellent les mouillures.

Lorsqu’une brebis souffre trop long-temps sans pouvoir mettre bas, il faut, si ce n’est pas par agitation ou échauffement, la saigner. Si on s’aperçoit que ce retard est l’effet de sa faiblesse, on lui fait boire deux verres de piquette, ou de bière, ou de cidre, ou de poiré, ou de vin.

Si l’agneau se présente bien, et sort sans difficulté, on laissera la nature opérer : s’il a peine à sortir, il faut l’aider, en le tirant peu à peu et doucement aux mêmes momens où la brebis fait elle-même des efforts pour le pousser au-dehors. S’il se présente mal, il faut tâcher de le retourner : pour être bien, il doit présenter le bout du museau à l’ouverture de la matrice ou portière, et qu’il ait les deux pieds de devant au dessous du museau et un peu en avant ; il faut que ses deux jambes de derrière soient repliées sur son ventre, et s’étendent en arrière, à mesure qu’il sort de la matrice.

Quelques heures après que la brebis aura mis bas, donnez-lui un peu d’eau blanche tiède, de son, de l’orge ou de l’avoine. Si elle fait plus d’un agneau d’une portée, qu’elle soit grasse, et que ses mamelles soient grosses et bien remplies, on peut lui laisser deux agneaux ; mais on lui ôtera nécessairement le troisième. On ne lui en laisse qu’un seul, si elle est faible, ou si elle n’a que peu de lait. L’avoine ou l’orge mêlé avec du son, des raves, des navets, des carottes, des salsifis, des pois cuits, des fèves cuites, des choux, du lierre, augmentent le lait de la mère.

Quand les brebis allaitent trop long-temps, elles maigrissent ou dépérissent, et leur laine perd de sa qualité.

DES AGNEAUX.

Lorsqu’on n’a ni brebis ni chèvre pour allaiter un agneau qui n’a point de mère, on peut lui faire boire du lait tiède de brebis, de chèvre ou de vache ; d’abord, par cuillerée, ensuite par le moyen d’un biberon dont le bec est garni d’un linge, afin que l’agneau puisse sucer ce linge, à peu près comme le mamelon d’une brebis. Il faut avoir soin de le tenir dans un lieu un peu chaud. Si l’on n’avait point de lait, on pourrait donner à l’agneau de l’eau tiède, mêlée de farine d’orge.

Assez souvent il arrive qu’il se forme dans la caillette des agneaux, de petites pelotes de laine que l’on appelle des globes. Les agneaux ont pris cette laine au mamelon de leur mère ou sur le dos d’autres agneaux, en voulant manger la bourre du foin qui y est tombée du râtelier. Ces pelotes de laine causent assez souvent la mort des animaux, et il est urgent d’éloigner ce danger.

Au bout de huit à vingt jours, on peut leur donner dans des auges de la farine d’avoine seule ou mêlée avec du son : des pois, on fait crever les pois dans de l’eau bouillante et on les mêle avec du lait. On peut aussi les mêler avec de la farine d’orge ou d’avoine : on peut leur donner aussi de l’avoine ou de l’orge en grains, du foin le plus fin, de la paille battue deux fois, du trèfle sec des gerbées d’avoine, du sainfoin, des herbes de prés bas.

On les châtre à l’âge de six semaines environ. Ils ne se sentent de cette opération que le premier jour, quand elle est bien faite ; ils ont les jambes un peu raides, et ne tètent pas ; mais dès le second jour ils sont comme à l’l’ordinaire. Voici comment se fait l’opération de la castration.

Le berger couche l’agneau sur le côté droit près du bord d’une table, afin que la tête soit pendante hors de la table ; ensuite il place à sa gauche un aide, qui étend la jambe gauche du derrière de l’agneau, et qui l’empoigne avec la main gauche, à l’endroit du canon, c’est-à-dire au dessous des ergots, pour la tenir en place. Un second aide, placé à droite de l’opérateur, rassemble les deux jambes de devant de l’agneau avec la jambe droite de derrière, et les contient en les empoignant toutes les trois de la main droite à l’endroit des canons. L’agneau étant ainsi disposé, l’opérateur soulève la peau du flanc gauche avec les deux premiers doigts de la main gauche, pour former un pli à égale distance de la partie la plus haute de l’os de la hanche et du nombril. L’aide du côté gauche allonge ce pli avec la main gauche, jusqu’à l’endroit des fausses côtes ; alors l’opérateur coupe le pli avec un couteau bien tranchant de façon que l’incision n’ait que quatre à cinq centimètres (un pouce et demi) de longueur, et suive une ligne qui irait depuis la partie la plus haute de l’os de la hanche jusqu’au nombril. L’ouverture étant faite, en coupant peu à peu l’épaisseur de la chair jusqu’à l’endroit des royaux, sans les toucher, l’opérateur introduit le doigt index, c’est-à-dire, celui qui est près du pouce, dans le ventre de l’agneau, pour chercher l’ovaire gauche ; lorsqu’il l’a senti, il l’attire doucement au-dehors de l’ouverture : les deux ligamens larges, la matrice et l’autre ovaire sortent en même temps. L’opérateur coupe les deux ovaires, et fait rentrer les ligamens et la matrice ; ensuite il fait trois points de couture à l’endroit de l’ouverture pour la fermer, ayant soin de ne passer l’l’aiguille que dans la peau, sans qu’elle entre dans la chair ; il laisse sortir au-dehors les deux bouts de fil, et met un peu de graisse sur la plaie. Dix ou douze jours après, lorsque la peau est cicatrisée, le berger coupe le fil au point de couture du milieu, et tire ensuite les deux bouts pour le faire sortir entièrement, afin d’empêcher qu’il ne cause une suppuration.

DES MALADIES DES AGNEAUX

Les agneaux en général ont peu de maladies ; mais on les reconnaît quand ils sont dégoûtés, ne tètent point, et ont le front chaud.

Remède. — Dès que l’on s’aperçoit que des agneaux sont atteints de quelques infirmités, le premier soin doit être de les ôter d’auprès de leurs mères. Les signes qu’ils donnent de maladies, sont les mêmes que celles des brebis, il n’y a de la différence que dans les remèdes : ainsi, lorsque les agneaux ont la fièvre, on prend du lait de leur mère avec autant d’eau de pluie, qu’on leur fait boire.

Quand les agneaux mangent de l’herbe encore mouillée de rosée, la gratelle leur vient au menton : pour les en guérir, on prend de l’hysope avec du sel broyés ensemble, et on leur en frotte le palais, la langue et tout le museau ; ensuite on lave la gratelle avec du vinaigre, et on la frotte avec de la poix-résine fondue dans du sain-doux.

Quelques-uns prennent du vert-de-gris, et deux fois autant de vieux-oing, qu’ils incorporent à froid ; et ils en frottent la gratelle.

D’autres mêlent dans de l’eau des feuilles de cyprès broyées, qu’ils laissent macérer, dont ensuite ils lavent le mal.

Pour les autres maladies des agneaux, on emploie les mêmes remèdes qui viennent d’être détaillés pour les brebis.

TRAITEMENT À FAIRE
aux moutons après la tonte.

La grande chaleur du soleil et les pluies froides sont à craindre pour les moutons pendant dix ou douze jours après la tonte. Un soleil ardent racornit leur peau sur le dos et la dispose à la gale. Les pluies froides les morfondent et les transissent au point de les faire périr, si on ne les réchauffe promptement.

Si l’on aperçoit quelque signe de gale sur les moutons, après la tonte, il faut aussi les frotter avec l’onguent dont voici la recette :

Faites fondre une livre de suif en été ou de graisse en hiver : retirez du feu et mêlez avec le suif ou la graisse un quarteron d’huile de térébenthine, ou plus, s’il est nécessaire ; et frottez-en l’animal.

ÉRÉSIPÈLE DES MOUTONS.

Avant d’appliquer le remède dont suit la composition, il faut raser les parties affectées aussi près de la peau qu’on le pourra.

Remède. — Après avoir saigné l’animal, pilez une bonne quantité de feuilles de cerfeuil sauvage, ajoutez une quantité de chaux égale à celle du suc exprimé ; joignez-y encore de la semence pulvérisée de fenugrec, autant qu’il en faut pour donner à ce mélange la consistance de bouillie : laissez refroidir ; frottez les parties enflammées de cette espèce d’onguent tous les soirs, jusqu’à parfaite guérison, et tâchez d’en mettre de façon qu’il y en ait pendant toute la nuit, en sorte que l’onguent fasse son effet pendant que l’animal repose.

DE LA FIÈVRE.

On la connaît, quand la brebis cherche souvent le frais, qu’elle ne broute que la pointe des herbes et nonchalamment, marche avec peine, se laisse tomber en paissant, se retire seule et fort tard des pâturages.

Remède. — Pour éteindre l’ardeur intérieure qui consume l’animal, saignez-le entre les deux cornes du pied ou du talon ; ne lui donnez point à boire pendant deux jours, et ensuite peu pendant la fièvre. La pluie lui est mortelle. On emploie les même remèdes qu’on a indiqués pour les bœufs, en proportionnant la dose des drogues qui y entrent. (Voyez fièvre des bêtes à cornes, page 13).

DE L’ONGUENT, LANGUE DE CERF,
pour la guérison des maladies internes et externes des bêtes à laine.

Cet onguent fébrifuge et alexipharmaque, pris intérieurement, sous la forme de bol, guérit la fièvre, le flux de sang, les morsures des serpens et autres animaux venimeux ; appliqué extérieurement, il guérit la gale, les boutons et autres maladies cutanées auxquelles les bestiaux sont sujets. Voici la recette de cet onguent.

Cueillez au mois de mai de la plante que l’on nomme langue de cerf ; pilez-la dans un mortier pour en tirer le suc ; prenez une livre de ce suc et une pareille quantité de beurre frais ; mettez ce jus et ce beurre dans un granit vaisseau pour les faire bouillir environ un quart heure ; versez ensuite ce mélange dans une large terrine d’étain, ou de terre bien vernissée, pour le laisser refroidir ; lorsque le tout est bien refroidi, prenez ce qui surnage sur la partie liquide, et remettez-le dans un pot de terre vernissé ; placez ce pot auprès du feu pour faire fondre le mélange une seconde fois ; lorsque tout est bien fondu, laissez refroidir ; ce qui donne un onguent verdâtre.

DE LA BOSSE.

La bosse est une espèce d’enflure inflammatoire, qui survient aux glandes du gosier.

Remède. — Il faut fendre la bosse par aiguillettes, larges de cinq quart de pouce, en prenant garde au gosier ; on fait des ouvertures avec un rasoir, et on a soin de les faire plus profondes dans les côtés, après quoi, on remplit les dites ouvertures de sel menu, de graisse de porc ou vieux-oing : il faut tenir la plaie enveloppée pendant trois jours, et la panser une fois par jour, jusqu’à parfaite guérison.

ENFLURE DU VENTRE.

L’enflure du ventre provient de ce que l’animal a mangé des herbes contraires et pernicieuses à sa santé, ou de celles que les bêtes venimeuses auraient infectées.

Remède. — Faites-lui avaler un bon verre d’urine d’homme, ou gros comme un pois d’orviétan ou de thériaque délayé dans l’eau.

Si par hasard le mal est négligé, et que le virus gagne le cœur ; il n’y a plus de remède.

LE GOÎTRON.

Le goîtron est une enflure qui vient aux bêtes à laine dessous la gorge, et qui grossit de manière à étouffer l’animal.

Remède. — Tondez la laine, et graissez l’enflure avec un quarteron de graisse de porc, dans laquelle mettez deux onces de savon noir et pour trois sous d’eau-de-vie, le tout bouilli ensemble ; graisser une fois le jour, jusqu’à parfaite guérison.

DES LOUPES ET ENFLURES.

On nomme loupes les enflures qui surviennent aux bêtes à l’ame, parce que ces enflures contiennent une humeur raccourcie.

Remède. — Ouvrez la peau en quatre et extirpez la grosseur avec le bistouri : ensuite pansez la plaie avec du lierre terrestre, berle d’eau et bardane, en parties égales, pilées ensemble avec un peu de sel.

Quant aux autres enflures qui ne renferment que du pus ou de l’eau rousse, faites-leur une ouverture pour procurer l’écoulement de la matière ; après quoi, seringuez dans la plaie jusqu’à parfaite guérison de l’eau de cynoglosse, dont nous avons indiqué la recette à l’article plaies, page 14.

DE LA ROGNE OU GALE

Les pluies froides qui morfondent les bêtes à laine, un trop grand chaud qui les frappe lorsqu’elles sont tondues, et qui les met en sueur ; les mouches qui les tourmentent trop ; les ronces qui les égratignent après la tonte, occasionnent cette maladie.

La gale saisit souvent les brebis ou moutons par le menton, et produit en eux une extrême langueur, et surtout un grand dégoût.

Remède. — Il faut frotter le museau de l’animal avec un onguent fait d’huile de chenevie, d’alun de glace et de soufre vif, ou bien avec du vin, dans lequel on aura lavé de l’antimoine cru.

Si la gale attaque le corps de l’animal,

Remède. — Prenez du camphre bouilli avec de l’huile d’olive, frottez-en le mal deux ou trois fois, et lavez l’animal d’abord avec de l’eau de lessive, ensuite avec de l’eau commune. Si c’est en hiver, il faut tenir la bête chaudement.

On se sert aussi d’une graisse dont voici la composition :

Dans une livre de graisse de porc, incorporez cinq gros de vif-argent, jusqu’à ce qu’il soit imperceptible ; ajoutez-y de l’ardoise neuve pilée et passée au tamis fin, jusqu’à ce que la graisse soit bien bleue. Pour vous en servir, il faut bien séparer la laine, et frotter non-seulement la gale et les bubons de la gale, mais encore tout autour, et un pouce au-delà : ce qui s’appelle arrêter la gale.

DES GOBBES.

Ce qu’on appelle ainsi, est une petite pelote plate, large d’un pouce par le milieu, et pointue des deux bouts, indigeste et quelquefois empoisonnée ; elle reste ordinairement dans la mulette, et en bouche l’entrée ou la sortie, ce qui empêche de passer les immondices, et peut faire périr les moutons ; les symptômes que donne le mouton engobbé, sont qu’il regarde en haut et fait un peu le haut dos. Ce mal résulte d’une indigestion ou d’une composition empoisonnée. Voici la composition d’un breuvage propre à faire dissoudre ces pelotes, si toutefois elles ne sont pas empoisonnées.

Breuvage. — Prenez six blancs d’œufs, dans lesquels mettez trois ou quatre sous d’huile d’olive, et le tiers d’une cassolée de poudre à tirer, le tout battu, et le faire avaler à l’animal engobbé. Répétez le même breuvage vingt-quatre heures après, s’il est besoin.

DE LA DIFFICULTÉ DE RESPIRER.

Cette difficulté de respirer ne provenant que d’une trop grande abondance de sang, ou de quelque obstruction dans les conduits de la respiration, il faut fendre les naseaux de l’animal, ou leur couper le bout des oreilles.

DE LA MORVE.

Cette maladie, la plus dangereuse de toutes pour les bêtes à laine, se manifeste par un écoulement d’humeurs visqueuses, blanches ou rousses, sortant des naseaux. Les poumons viciés en sont la cause. Le premier soin que l’on doit avoir dans cette conjoncture, est celui de séparer la brebis morveuse des autres, qui la lécheraient et périraient toutes.

Remède. — Faites avaler à la brebis morveuse une cuillerée d’eau-de-vie avec du mithridate.

Autre. — Mettez dans une cuiller de fer, gros comme une noisette de soufre, que vous jetez ensuite tout bouillant dans un demi-setier d’eau, retirez-l’en, faites-le fondre une seconde fois, et jetez-le encore dans la même quantité d’eau, que l’on fait encore boire à la brebis morveuse.

Autre. — Pilez de l’ail et de la sauge franche, que vous mettez dans de fort vinaigre, et que vous faites avaler à la brebis. Si dans trois ou quatre jours la brebis ne guérit point, il faut la tuer.

DU CLAVEAU.

Le claveau est une fièvre inflammatoire, suivie de pustules plus ou moins grosses qui peuvent affecter toutes les parties du corps de l’animal, mais dont le siège le plus ordinaire est sur celles qui sont dégarnies de laine, telles que la tête, l’intérieur des épaules et des cuisses, la poitrine, le ventre, les mamelles, etc. Ces pustules s’enflamment, suppurent, se dessèchent et tombent en écailles ou en poussière à des intervalles inégaux, ce qui a déterminé les praticiens à en reconnaître plusieurs espèces ; quelques personnes expérimentées se bornent à distinguer le claveau en régulier et irrégulier.

Quoi qu’il en soit, les moyens curatifs sont en très-petit nombre, et même incertains ; quant aux moyens préservatifs, ils consistent principalement dans certaines précautions qu’il est urgent de prendre pour mettre son troupeau à l’abri de la contagion.

1o. À écarter soigneusement de son troupeau, les hommes, les animaux et même les substances inanimées, qui ont séjourné dans le foyer de la contagion : tels sont les bergers, les maréchaux, les guérisseurs, les bouchers, les chiens, les cochons, les volailles, les peaux des moutons qui ont été attaqués de la maladie, les effets généralement quelconques qui leur ont servi.

2o. À ne jamais conduire son troupeau sur les pâturages, ou les routes fréquentées par des troupeaux claveleux.

3o. À ne jamais passer sous le vent d’un troupeau attaqué.

4o. À sacrifier sans miséricorde les premières bêtes affectées, si elles ne sont pas en très-grand nombre.

5o. À les tuer dans la fosse même, pour éviter que le sang ne soit flairé par des bêtes saines, ou léché par des chiens.

6o. À donner à cette fosse quatre pieds au moins de profondeur, afin que les cadavres ne puissent être déterrés.

7o. À séparer soigneusement les bêtes saines de celles qui ne le sont pas, lorsque ces dernières sont en trop grand nombre pour qu’on puisse se déterminer à en faire le sacrifice.

8o. À faire baigner à grande eau, plusieurs fois par jour, et pendant plusieurs jours de suite, si le temps le permet, toutes les bêtes qui ont été exposées aux effets de la contagion.

9o. À brider le fumier retiré des bergeries où ont séjourné des moutons claveleux.

10o. À passer un séton au fanon des bêtes qui ont été exposées à la contagion : ce séton diminue presque toujours les effets de la contagion, s’il ne les annule pas entièrement,

11o. À les nourrir moins abondamment qu’à l’ordinaire, l’expérience ayant prouvé que les bêtes qui avaient le plus d’embonpoint, étaient toujours celles qui étaient le plus tôt et le plus gravement affectées.

12o. À ne les point entasser, comme on le fait communément, pour accélérer le développement de la maladie ; ce qui contribue à la rendre plus expansive et plus funeste.

C’est au moyen de ces précautions qu’on peut mettre son troupeau à l’abri du claveau, ou du moins d’en affaiblir les dangers.

Quant aux moyens curatifs, les plus simples sont : 1o. La séparation de l’humeur claveleuse ; 2o. son expulsion. On peut quelquefois employer la saignée, mais cela doit être avec beaucoup de précautions.

Dans les campagnes, on met en usage le remède suivant pour le claveau.

On frotte le corps de l’animal avec de la poix-résine seule, ou avec un onguent composé d’alun, de soufre et de vinaigre mêlés ensemble.

Ce mal, qui est pour les moutons ce que la morve est pour les chevaux, peut être employé avec succès pour garantir les bêtes à laine qui n’en sont pas encore atteintes, en leur inoculant le claveau avec du pus des boutons formés dans cette maladie ; alors on doit prendre et suivre la méthode suivante, lorsque l’on veut faire cette opération.

1o. Ne pas trop approcher les bêtes claveleuses de celles à inoculer.

2o. Opérer par un temps d’une température modérée, c’est-à-dire, au printemps ou en automne.

3o. Faire deux ou trois piqûres seulement en soulevant légèrement l’épiderme sans attaquer la peau, et sans répandre de sang.

4o. Faire les piqûres au plat des cuisses, sur les côtes de la poitrine, en arrière des coudes.

5o. Inoculer peu d’animaux avec le virus du claveau naturel, mais faire un plus grand usage du virus du claveau artificiel, qu’on croit plus mitigé et plus bénin.

6o. Ne pas employer la matière trop avancée, mais un peu avant sa maturité dans les boutons ; ce point est important pour la saisir au moment où elle n’est point dégénérée : c’est au fond du bouton qu’elle mûrit le plus tôt ; on la prend ou de côté ou à la surface ; on n’épuisera pas un bouton.

7o. Choisir de préférence le pus sur des bêtes qui ne sont pas bien malades, et dont le claveau est bénin.

8o. Tremper le bout de l’instrument dans la matière du bouton, pour l’appliquer sur l’entamure ou l’effleurure, si l’on peut s’exprimer ainsi, faite à l’endroit de l’insertion, et immédiatement après passer le doigt dessus.

Les uns, pour inoculer le claveau, emploient la lancette ordinaire ; d’autres, une aiguille légèrement cannelée et montée avec chasse. Le virus se place dans la cannelure : on introduit l’aiguille sous l’épiderme. Pour opérer en grand, il faut deux aiguilles, dont une se charge pendant que l’autre pose la matière : cet instrument est préférable à la lancette.

On doit contenir les animaux, sans cependant les gêner, pour que l’inoculation se fasse bien.

Si elle ne produit aucun effet, au bout de quelques jours on la répète.

Il ne faut pas faire sortir les animaux soumis à l’inoculation.

S’il survenait de la gangrène aux plaies des insertions, il serait pressant de faire des scarifications, et de panser d’abord avec des lotions fréquentes d’eau-de-vie camphrée et de vinaigre, et ensuite d’y appliquer des compresses trempées dans une dissolution de térébenthine par de l’eau-de-vie camphrée : pendant cinq à six jours, on donnerait aux animaux qui éprouveraient cet accident, le matin et le soir, un verre de décoction de racine de gentiane. Le régime des autres sera un peu de son gras, des grains concassés et des fourrages choisis.

Revenant sur les moyens curatifs du claveau, nous dirons qu’on peut suppléer à la saignée par la diminution de la nourriture et l’usage de l’eau blanche avec du son, et à défaut d’eau blanche d’une décoction de foin.

Le séton passé au fanon dès le commencement de la maladie, prévient toujours les dépôts par lesquels le claveau se termine trop souvent.

Si l’éruption semble se faire difficilement, on peut donner avec succès l’infusion de fleurs de sureau, à raison d’une chopine au moins à chaque fois.

La température la plus propre à favoriser l’éruption, est celle qui se rapproche le plus de la chaleur naturelle du corps. On ne doit donc faire sortir les animaux que par un temps doux et serein. La pluie, et surtout la pluie froide, ferait rentrer l’humeur.

Si une humeur muqueuse, abondante et épaisse avait lieu dans les narines, telle que l’animal ne pût respirer, alors une injection d’eau miellée dans les narines obstruées, ferait couler la matière et rétablirait la liberté de la respiration.

Il arrive quelquefois que les pustules attaquent les pieds ; il faut dans ce cas mettre le pied affecté dans un bain d’eau tiède. Si elles sont sous la corne, on enlève la partie du sabot sous laquelle est le mal, qui alors guérit très-promptement.

Il n’est pas rare que les boutons réunis forment des ulcères fort étendus qui gangrènent facilement ; alors il faut emporter avec un bistouri, ou un rasoir, tout ce qui est noir et gangrené. On lotionne ensuite la plaie ou avec une décoction de quinquina, ou une décoction d’écorce de châtaigner ou de saule, ou de feuilles de noyer, du ronce ou d’aigremoine.

Lorsque les animaux sont guéris, on ne doit point les remettre tout d’un coup à la nourriture ordinaire ; il faut, au contraire, ne les y amener que peu à peu.

DE LA ROUGEOLE.

Pour remédier à ce mal, prenez trois onces de romarin que vous faites bouillir dans une chopine et demie de vinaigre ; frottez-en les brebis, ayez soin de séparer les brebis malades des brebis saines, et de les garantir du froid avec tout le soin possible.

DE LA PETITE-VÉROLE.

Dès qu’on s’aperçoit qu’une brebis est attaquée de la petite-vérole, il faut la séparer du reste du troupeau.

Donnez ensuite à cette brebis un grain de civette mêlée dans une cuillerée d’eau-de-vie. Cela fait sortir la petite-vérole.

Nous ferons observer que la civette ne saurait se dissoudre que dans un jaune d’œuf, et qu’on ne la mêle avec de l’eau-de-vie qu’après qu’elle est dissoute.

Si c’est une petite-vérole d’été, prenez des feuilles d’aune au commencement du printemps lorsqu’elles poussent, et faites-les sécher ; après quoi faites-en bouillir une poignée dans une pinte de bière, dans un vase fermé, jusqu’à ce qu’elle devienne gluante et qu’elle file ; alors laissez-la refroidir jusqu’à chaleur de lait ; prenez un pinceau ou des vergettes, et frottez-en les brebis malades sous la poitrine, entre les jambes, aux yeux, aux oreilles et au visage ; continuez cette opération soir et matin, tant que la petite-vérole donne encore quelque humidité. Dans l’espace de trois ou quatre jours les brebis seront guéries. On peut les mener au champ pendant ce traitement, pourvu qu’on les frotte le matin avant de sortir, et le soir après être rentrées.

Si c’est une petite-vérole d’automne, on donne aux brebis de la livèche et de la racine d’eupatoire femelle sauvage, l’une et l’autre réduites en poudre, deux fois par semaine, tant qu’elles sont malades. La dose pour cent brebis est d’un chapeau plein ; on la mêle avec trois fois autant de sel. Pendant ce temps, on les mène paître dans les champs secs, ou dans des endroits couverts de bruyère, et dans l’espace de trois semaines, leur guérison est achevée et complète.

DE LA PESTE.

C’est une maladie où il n’y a point ou peu de remèdes, mais qu’on peut cependant prévenir.

Ce mal attaque les brebis en été et en hiver. Pour les en garantir, on a soin au commencement du printemps et de l’automne, de leur faire boire, pendant quinze jours, tous les matins, avant d’aller aux champs, un breuvage fait d’eau dans laquelle on a trempé de la sauge et du marrube.

On prend encore de l’encens, du genièvre, ou des herbes odoriférantes, on en parfume l’étable et les mangeoires, et on leur donne, parmi leur nourriture ordinaire, du mélilot commun, du pouliot sauvage, de l’origan, de la marjolaine, etc.

Lorsque les brebis sont atteintes de cette contagion, il faut d’abord les mettre à part, et tenter si les remèdes réussiront. On continuera toujours de leur donner le breuvage dont il est fait mention au commencement de cet article ; on y joindra du vin et de l’eau, dans lesquels on mettra dissoudre du soufre et du sel, trois fois autant que de sauge et de marrube, et on leur fera avaler cette préparation tous les trois jours : on peut encore leur administrer un peu d’orviétan, ou de thériaque délayée dans du vin.

DE LA TOUX.

La toux survient aux bêtes à laine, quand elles passent trop rapidement du chaud au froid, ou du froid au chaud.

Remède. — Faites-leur avaler de l’huile d’amandes douces, mêlée dans du vin blanc un peu tiède, puis donnez-leur à manger du pas-d’âne, ou bien faites-leur prendre un peu de mithridate dans une cuillerée d’eau-de-vie.

Si la toux est causée par une abondance d’humeurs, ce qui se manifeste par une haleine puante, usez alors des poudres dessiccatives, et servez-vous pendant le même temps du remède suivant :

Remède. — Prenez pour chaque brebis une demi-poignée de sel, que vous arrosez avec un peu de vinaigre, et que vous mêlez avec du goudron dans de la farine, pour leur en faire une pâte que vous mettez dans leur auge.

DU VERTIGE, ÉTOURDISSEMENT,

en quelques endroits Sang, Folie, Tournoiement.


Le soleil de mars et les trop grandes chaleurs de la canicule causent cette maladie aux brebis.

Dès qu’elles en sont atteintes, elles ne font que tourner et sauter sans aucun sujet, et dédaignent de manger ; elles bronchent à tout moment. Si pendant l’accès on leur touche le front ou les pieds, on y sent une chaleur excessive.

Remède. — Saignez-les à la tempe en petite quantité, ou bien à la veine qui est sous le nez, le plus haut possible ; d’abord la bête s’évanouit, ce qui est ordinairement un bon signe, et quelquefois aussi elle n’en relève point ; car la brebis guérit ou meurt.

Autre. — Au lieu de la saignée, qui est un remède extrême, on peut essayer celui-ci, beaucoup plus doux.

Prenez des bettes sauvages, exprimez-en le suc, mettez-en dans le nez de la brebis, tâchez de lui faire manger de cette herbe ; ou bien coulez-lui dans l’oreille du jus d’orvale ou de toute-bonne.

DU PISSEMENT DE SANG.

Chaque fois que cet accident survient à l’animal, donnez-lui une cuillerée d’huile vieille de millepertuis dans une chopine de bière chaude, jusqu’à ce que la maladie ait cessé ; ou bien du cumin pilé avec du sel ; ou bien de la tormentille, comme on a coutume de la donner au bétail. La graine ou semence rouge de buglosse, mêlée avec du sel, est le meilleur remède contre cette maladie, non-seulement à l’égard des brebis, mais généralement à l’égard de tout le bétail.

Quelques personnes emploient avec avantage une poignée de cendres de hêtre mêlée avec autant de sel.

DES ABCÈS.

Les abcès sont aisés à remarquer par la tumeur ou bosse qu’ils poussent en dehors.

Remède. — En quelqu’endroit du corps que ces abcès paraissent, il faut toujours les ouvrir, pour en faire sortir toute la corruption, et distiller dans la plaie de la poix fondue avec du sel brûlé et mis en poudre ; puis donner à la brebis de la thériaque délayée dans de l’eau : elle poussera toute l’humeur maligne au-dehors, et purgera la brebis.

DE LA MALADIE DES POUMONS.

Lorsque les moutons sont attaqués de cette maladie, il faut commencer par les changer d’air et de pâturage. Sans cette précaution, les remèdes sont sans effet.

Remède. — Exprimer le suc d’une grande quantité de feuilles de pas-d’âne, et celui d’une égale quantité de feuilles et de racines de plantain. Faites-en un mélange, auquel ajoutez la quatrième partie de suc d’ail. Joignez-y ensuite :

1 livre de miel,
1 once d’anis en poudre,
1 once d’enula campana, aussi en poudre,

Donnez un demi-setier de cet apozème à chaque mouton, une fois par jour, jusqu’à parfaite guérison.

DE LA BOUCHURE.

On reconnaît assez ordinairement qu’un mouton est bouché, lorsqu’il est triste et qu’il ne mange point.

Remède. — Faites bouillir du son de froment ; faites fondre dedans gros comme le pouce de savon coupé menu, et faites en avaler à l’animal plein une écuelle ; s’il est nécessaire, répétez ce remède au bout de vingt-quatre heures.

De la trop grande abondance de sang des
moutons et de la chaleur.

Quand le mouton est pris de trop de sang, il se couche, quelquefois se vautre par terre, et meurt à l’instant : il faut le saigner promptement des deux veines de dessous les yeux, avec un canif que l’on enfonce et qu’on relève de biais dans les deux petites cavités dessus les yeux ; cette opération faites, donnez-lui une demi-once de foie d’antimoine dans un demiard de cidre.

Le mouton trop chargé, peut se trouver pris de chaleur, alors il faut le mouiller promptement dans l’eau fraîche, et lui faire prendre, comme nous l’avons indiqué ci-dessus, une demi-once de foie d’antimoine dans un demiard de cidre.

DE LA VÉROLE POUACRE,
ou Mauvais Museau.

On donne ce nom à des maux qui viennent à la tête ou sur le nez des bêtes à laine. Quand ces maux sont en croûte, il faut les gratter avec un couteau, sans cependant les faire beaucoup saigner, avant de les frotter avec de la graisse dont voici la recette : incorporez dans une livre de graisse de porc une once de vif-argent, jusqu’à ce

qu’il soit imperceptible ; après quoi ajoutez-y :
1 demi-once de vert-de-gris,
2 onces de mine de plomb,
2 onces de blanc de céruse,


le tout en poudre, incorporez ces poudres avec une spatule, et graissez de suite l’animal ; s’il en est besoin, renouvelez la même opération au bout de huit jours. Si le mal était trop invétéré, il faudrait graisser avec de la friture de poisson, avant que de répéter le remède ci-dessus, afin d’enlever plus facilement les croûtes qui seraient formées.

De la BRÛLURE et de la POURRITURE

des brebis.

Si une brebis a l’œil rouge, elle est brûlée ; si l’œil est trop blanc, elle est pourrie. Outre les remèdes préservatifs généraux donnés dans le cours de cet ouvrage, et qui peuvent servir pour toutes sortes d’animaux, en voici un qui a été reconnu excellent.

Remède. — Prenez une once de foie d’antimoine cru, enveloppez-le dans un linge, mettez-le tremper dans une pinte de vin blanc ; mêlez-y huit drachmes de séné ; ajoutez-y même de la muscade, du sucre et autres épices chaudes ; car les maladies des animaux puissans viennent presque toutes du froid et de l’humidité. Laissez infuser ces drogues vingt-quatre heures, et les faites bouillir ; donnez-en un demi-setier à chaque brebis.

DES MEURTRISSURES DES CHAIRS.

Ces meurtrissures sont causées par coup ou dentures de chien. S’il n’y a point d’ouverture qui laisse cours à l’épanchement du sang qui survient, et qui tourne alors en corruption, il faut, avant tout, calmer la partie irritée, et aider la circulation du sang interrompue, par le moyen du beurre aromatique dont nous avons donné la recette à la page 59 de cet ouvrage ; dans le cas où il y aurait amas de sang corrompu, il faudrait faire ouverture et graisser la partie avec de l’eau-de-vie, du savon noir et du beurre frais, bouillis ensemble à parties égales.

De l’eau croupissant dans le corps des bêtes à laine

Les rotoires du fumier sont assez souvent la cause qui produit cette eau. Pour connaître cette maladie, abattez le mouton sur le dos et faites-lui flotter le ventre avec la main ; s’il renferme de l’eau, vous l’entendez clapoter.

Remède. — Délayez dans un demiard de cidre, deux onces de levain et une demi-once de thériaque ; faites avaler à l’animal, et répétez au bout de 24 heures, s’il est nécessaire.

Autre. — Mettez dans un demiard d’urine d’homme deux gousses d’ail pilées avec une bonne poignée de sel ; faites avaler à l’animal, et répétez au bout de 24 heures, s’il en est besoin.

DU MAL DES YEUX.

Pour guérir le mal des yeux des moutons, exprimez une grande quantité de grande chélidoine, et mettez-en dans l’œil jusqu’à parfaite guérison.

Si les yeux paraissent très-enflammés, ajoutez-y une égale quantité d’eau de plantain.

Mais si les yeux sont chassieux par rapport à quelque rhume, il faut alors, tous les matins, les étuver légèrement autour des paupières avec une compresse trempée dans de l’eau où l’on aura versé quelques gouttes de bonne eau-de-vie.

DE LA JAMBE ROMPUE.

Remettez-la droite ; frottez-la d’huile et de vin mêlés ensemble ; enveloppez-la d’un petit morceau de drap, autour duquel vous mettez et liez de petites éclisses. Après quoi, donnez quelques jours de repos à l’animal dans la bergerie.

DES BREBIS BOITEUSES.

Il arrive assez souvent que les brebis boitent ; ce qui leur vient, ou de lassitude, ou d’avoir eu les ongles amollis, en demeurant trop long-temps dans leur fiente. Si ce mal vient de lassitude, on ne les mènera point aux champs avec les autres. S’il leur vient d’avoir les ongles amollis, coupez-en l’extrémité, mettez dessus de la chaux vive enveloppée d’un linge, et la laissez un jour seulement ; ensuite mêlez-y du vert-de-gris, et ainsi alternativement, jusqu’à ce que les ongles soient guéris.

Autre. — On fait bouillir et produire en onguent plein une cuiller de fer de vielle huile de noix ou d’olive, et gros comme le pouce d’alun pulvérisé ; on en frotte l’ongle, après en avoir coupé tout ce qui est gâté : il s’endurcit bientôt.

DES POUX.

Pour chasser les poux et autres insectes qui tourmentent les brebis, il faut se servir de l’infusion d’une demi-livre de tabac dans quatre ou cinq pintes d’eau, à laquelle on ajoute une poignée de sel ; on en lave avec soin l’animal.

On se sert aussi du même onguent pour la rogne ou gale, et de l’eau de lessive, après quoi, on les lave avec de l’eau nette.

Quelques cultivateurs emploient de la racine d’érable bouillie dans de l’eau, et en frottent les brebis.

DE la DÉSINFECTION des BERGERIES.

Les agens les plus propres à entraîner et à détruire les particules du virus qui ont pu s’attacher aux murs, aux râteliers, au pavé des bergeries, sont le feu et l’eau, surtout lorsqu’ils sont combinés ensemble. Un berger doit alors plonger un balai ou une forte brosse dans l’eau bouillante, en inonder et laver avec force et long-temps, tous les objets auxquels ces particules ont pu s’attacher.

Il arrive assez souvent que le sol de la bergerie est en terre, alors il faut en enlever deux ou trois pouces, qu’on remplacera par de nouvelle terre, ayant soin d’enfouir profondément celle qu’on a retirée.

On doit brûler sans retard le fumier sur lequel auront séjourné des bêtes malades ; il faut laisser les écuries ouvertes pendant quelques temps, et pratiquer des ouvertures propres à laisser passage aux courans d’air, si toutefois il n’y avait pas de fenêtres.

DE LA MORSURE DES HÉRISSONS.

Il arrive quelquefois que les brebis sont tétées et mordues par les hérissons, ce qui leur cause presque toujours la mort et à leurs agneaux, quand on n’y remédie pas promptement.

Remède. — Faites bouillir de l’urine, du sel et du savon ensemble, et frottez-en la mamelle et la tétine de la brebis, le plus chaud qu’il sera possible ; répétez souvent le frottement. Le venin du hérisson est si actif, que la tétine et la manuelle s’ulcèrent promptement, ce qui ne guérit pas si vite ; il se passe souvent un mois avant l’entière guérison. Écartez l’agneau de la mère jusqu’à ce que tout ait disparu.

Des Morsures de chien ou de loup.

On arrête le venin de ces morsures par le moyen, ou de l’huile d’aspic chaude, ou de l’huile bouillante, ou du sel menu, qu’on met dans la plaie ; après quoi on pile des feuilles de bardane ou de teigneux avec un peu de sel ; puis on prend le marc, dont on fait tomber le jus dans les plaies ; si c’est en hiver, il faut se servir d’huile d’hypericum dans laquelle on ajoute un peu d’onguent rosat que l’on fait fondre ensemble, et qu’on met dans les plaies, un peu chaude, plaies qu’on panse une fois le jour.