Les Éphémères (Alexandre Latil)/Épithalame

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Vos désirs satisfaits doivent toujours renaître,
Brûlez toujours des mêmes feux ;
Que le droit de vous rendre heureux
N’ôte rien au plaisir de l’être
(Voltaire)

La société, la Providence même, n’a permis
Qu’un seul bonheur aux femmes, l’amour dans le mariage.
(Mad. de Staël)


ÉPITHALAME


 
Toi dont la douce et sublime harmonie
À l’amitié consacra tant de chants,
Ô Béranger ! que ta muse chérie
Vienne aujourd’hui soutenir mes accents.

Barde brillant de la littérature,
Je vais chanter et l’hymen et l’amour :
Ah ! prête-moi ta voix suave et pure
Pour fêter ce beau jour.

Jeunes époux, qu’une amitié fidèle
Joigne à vos feux ses soins les plus touchants :
Car trop souvent l’amour, vive étincelle,
Brille, pâlit et meurt en peu d’instants.
J’ai comme vous senti ce doux délire
Que vous puisez dans votre tendre amour ;
Mais il n’est plus….et l’amitié m’inspire
Un chant pour ce beau jour.

Soyez amants après le mariage,
Que le désir réside en votre cœur.
L’espoir riant aujourd’hui vous présage
Des jours bien doux filés par le bonheur.
Ah ! que jamais la froide indifférence
N’aille en votre âme établir son séjour,
Et fiez-vous à la douce espérance
De refléter ce jour.


Vous le savez, la vie est un passage,
Les vrais plaisirs sont toujours inconstants.
Soyez heureux, n’abusez pas de l’âge :
L’hiver arrive et fait fuir le printemps.
Dans l’âge de l’or, la sensible vieillesse,
Après vingt ans, brûlait du même amour.
Puissiez-vous voir vos fils avec ivresse
Refléter ce beau jour.

Ô mes amis, si ma muse éphémère
Ne peut, hélas ! chanter votre bonheur,
Du moins, pour vous, mes vœux et ma prière
Sont parvenus aux pieds du Créateur.
Que dans vos cœurs il jette une étincelle
Du feu divin d’un éternel amour ;
Et puissiez-vous, couple heureux et fidèle,
Refléter ce beau jour.

Mars 1838