Les Évangiles (Renan)/XIV. Persécution de Domitien

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CHAPITRE XIV.


PERSÉCUTION DE DOMITIEN.


Les monstruosités du « Néron chauve » suivaient une effrayante progression[1]. Il arrivait à la rage, mais à une rage sombre, réfléchie. Jusque-là, il y avait eu dans ses fureurs des intervalles ; maintenant, c’était un accès continu[2]. La méchanceté, avec ce quelque chose de fiévreux, de colère, qui semble un des fruits du climat de Rome, le sentiment d’être ridicule par sa nullité militaire et par les triomphes menteurs qu’il se décernait, le remplissaient contre tout homme honnête ou sensé d’une haine implacable. On eût dit un vampire s’acharnant sur le cadavre de l’humanité expirante[3] ; une guerre ouverte était déclarée à toute vertu. Faire la biographie d’un grand homme était un crime ; il semblait que l’on voulût abolir l’esprit humain et enlever à la conscience sa voix. Tout ce qu’il y avait d’illustre tremblait ; le monde était plein de meurtres et d’exils[4]. Il faut dire à l’honneur de notre pauvre espèce qu’elle traversa cette épreuve sans fléchir. La philosophie se reconnut et s’affirma plus que jamais dans sa lutte contre les tourments ; il y eut des épouses héroïques, des maris dévoués, des gendres constants, des esclaves fidèles. La famille de Thrasea et de Barea Soranus était toujours au premier rang de l’opposition vertueuse. Helvidius Priscus (le fils), Arulenus Rusticus, Junius Mauricus, Sénécion, Pomponia Gratilla, Fannia, toute une société de grandes et fortes âmes, résistaient sans espérance. Épictète leur répétait chaque jour de sa voix grave : « Supporte et abstiens-toi. Douleur, tu ne me feras pas convenir que tu es un mal. Anytus et Melitus peuvent me tuer ; ils ne peuvent me nuire[5]. »

C’est une chose bien honorable pour la philosophie et le christianisme que, sous Domitien de même que sous Néron, ils aient été persécutés de compagnie. Comme dit Tertullien[6], ce que de tels monstres condamnèrent dut être quelque chose d’excellent. Il est un comble de méchanceté dans le gouvernement qui ne permet pas au bien de vivre, même sous sa forme la plus résignée. Le nom de philosophe impliquait dès lors une profession de pratiques ascétiques, un genre de vie particulier, un manteau. Ces espèces de moines séculiers, protestant par leur renoncement contre les vanités du monde, furent, durant tout le ier siècle, les plus grands ennemis du césarisme. La philosophie, disons-le à sa gloire, ne prend pas facilement son parti de la bassesse de l’humanité et des tristes conséquences que cette bassesse entraîne dans la politique. Héritiers de l’esprit libéral de la Grèce, les stoïciens de l’époque romaine rêvaient des démocraties vertueuses, dans un temps qui ne comportait que la tyrannie[7]. Les politiques, qui ont pour principe de se renfermer dans les bornes du possible, avaient naturellement une forte antipathie contre une telle manière de voir. Tibère a déjà les philosophes en aversion. Néron (en 66) chassa ces importuns, dont la présence était pour sa vie un perpétuel reproche[8]. Vespasien (en 74) eut des raisons meilleures d’agir de même. Sa jeune dynastie était sapée chaque jour par l’esprit républicain que le stoïcisme entretenait ; il ne fit que se défendre en prenant des précautions contre ses plus mortels ennemis.

Domitien, pour être porté à persécuter les sages, n’eut besoin que de sa propre méchanceté. Il avait de bonne heure eu la haine des gens de lettres[9] ; toute pensée était une condamnation tacite de ses crimes et de sa médiocrité. Dans les derniers temps, il n’y put tenir. Un décret du sénat chassa les philosophes de Rome et de l’Italie[10]. Épictète, Dion Chrysostome, Artémidore partirent. La courageuse Sulpicia[11] osa élever la voix pour les bannis et adresser à Domitien des menaces prophétiques. Pline le jeune n’échappa que par miracle au supplice que méritaient sa distinction et sa vertu[12]. La pièce d’Octavie composée vers ce temps, renferme de cruels accès d’indignation et de désespoir[13] :


Urbe est nostra mitior Aulis
Et Taurorum barbara tellus :
Hospitis illic cæde litatur
Numen superum ; civis gaudet
___Roma cruore.


Il n’est pas surprenant que les juifs et les chrétiens aient subi le contre-coup de ces redoutables fureurs. Une circonstance rendait la guerre inévitable : c’est que Domitien, imitant la folie de Caligula, voulait recevoir les honneurs divins. Le chemin du Capitole était encombré de troupeaux qu’on menait à sa statue pour être immolés ; le formulaire des lettres de sa chancellerie commençait par : Dominus et Deus noster[14]. Il faut lire la monstrueuse préface que met en tête d’un de ses volumes l’un des meilleurs esprits du temps, Quintilien, le lendemain du jour où Domitien l’a chargé de l’éducation de ses héritiers adoptifs, les fils de Flavius Clemens[15] : «… Et maintenant ce serait ne pas comprendre l’honneur des appréciations célestes que de rester au-dessous de ma tâche. Quels soins exigeront des mœurs qui doivent obtenir l’approbation du plus saint des censeurs ! Quelle attention je devrai donner aux études pour ne pas tromper l’attente d’un prince très-éminent dans l’éloquence comme en tout le reste ! On ne s’étonne pas que les poëtes, après avoir invoqué les muses au début, renouvellent leurs vœux quand ils arrivent aux passages difficiles de leur ouvrage… On me pardonnera de même d’appeler à mon secours tous les dieux et, en premier lieu, celui qui se montre plus qu’aucune autre divinité propice à nos études. Qu’il souffle en moi le génie que font attendre les fonctions qu’il m’a confiées ; qu’il m’assiste sans cesse ; qu’il me fasse ce qu’il m’a cru. »

Voilà le ton que prenait un homme « pieux » selon la nuance du temps. Domitien, comme tous les souverains hypocrites, se montrait, sévère conservateur des vieux cultes[16]. Le mot d’impietas, surtout à partir de son règne, eut en général une signification politique[17], et fut synonyme de lèse-majesté. L’indifférence religieuse et la tyrannie en étaient venues à ce point que l’empereur était le seul dieu dont la majesté fût redoutée. Aimer l’empereur, voilà la piété ; être soupçonné d’opposition ou seulement de froideur, voilà l’impiété. Et l’on ne croyait pas que le mot eût perdu pour cela son sens religieux. L’amour de l’empereur, en effet, impliquait l’adoption respectueuse de toute une rhétorique sacrée qu’aucun esprit sensé ne pouvait plus prendre au sérieux. On était révolutionnaire, si on ne s’inclinait devant ces absurdités, dont on avait fait une routine d’État ; or le révolutionnaire, c’était l’impie. L’empire en venait à une sorte d’orthodoxie, à une pédagogie officielle, comme la Chine. Admettre ce que voulait l’empereur avec une sorte de loyalisme semblable à celui que les Anglais affectent envers leur souverain et leur Église établie, voilà ce qu’on appelait religio[18], ce qui valait à un homme le titre pius.

Dans un tel état du langage et des esprits, le monothéisme juif et chrétien devait paraître la suprême impiété. La religion du juif et du chrétien s’attachait à un dieu suprême, dont le culte était une sorte de larcin fait au dieu profane. Adorer Dieu, c’était donner un rival à l’empereur ; adorer d’autres dieux que ceux dont l’empereur était le patron légal constituait une injure pire encore. Les chrétiens, ou plutôt les juifs pieux, se croyaient obligés de faire un signe de protestation plus ou moins apparent en passant devant les temples[19] ; au moins s’interdisaient-ils absolument le baiser que les païens pieux envoyaient à l’édifice sacré en passant devant lui[20]. Le christianisme, par son principe cosmopolite et révolutionnaire, était bien « l’ennemi des dieux, des empereurs, des lois, des mœurs, de la nature tout entière »[21]. Les meilleurs empereurs ne sauront pas toujours démêler ce sophisme, et, sans le savoir, presque sans le vouloir, seront persécuteurs. Un esprit étroit et méchant comme celui de Domitien devait l’être avec pédantisme et avec une sorte de volupté.

La politique romaine avait toujours fait, dans la législation religieuse, une différence fondamentale. Que le provincial pratiquât sa religion dans son pays, sans esprit de prosélytisme, les hommes d’État romains n’y voyaient aucun mal. Quand ce même provincial voulait exercer son culte en Italie et surtout à Rome, la chose devenait déjà, plus délicate ; les yeux du vrai Romain étaient choqués du spectacle de cérémonies bizarres, et de temps en temps des coups de police venaient balayer ce que ces aristocrates envisageaient comme des ignominies. Les religions étrangères avaient d’ailleurs un grand attrait pour la basse population, et on regardait comme une nécessité d’État d’y opposer des digues. Mais ce qu’on tenait pour tout à fait grave, c’est que des citoyens romains, des personnages de marque abandonnaient la religion de Rome pour ces superstitions orientales. Il y avait là crime d’État. Le Romain était encore la base de l’empire. Or le Romain n’était complet qu’avec la religion romaine ; pour lui, passer à un culte étranger était une trahison de la patrie. Ainsi un citoyen romain ne pouvait être initié au druidisme[22]. Domitien, qui aspirait à passer pour un restaurateur du culte des dieux latins[23], ne devait pas manquer une si belle occasion de se livrer à sa joie suprême, qui était de punir.

Nous savons, en effet, avec certitude qu’un grand nombre de personnages ayant embrassé les mœurs juives (les chrétiens étaient fréquemment rangés dans cette catégorie) furent mis en jugement[24] sous l’accusation d’impiété ou d’athéisme[25]. Comme sous Néron, ce furent des calomnies venant peut-être de faux frères qui furent la cause du mal[26]. Les uns furent condamnés à mort, les autres exilés ou privés de leurs biens. Il y eut quelques apostasies[27]. En l’an 95, justement, Flavius Clemens était consul. Dans les derniers jours de son consulat[28], Domitien le fit mourir, sur les plus légers soupçons[29] venant de basses délations[30]. Ces soupçons étaient assurément politiques ; mais le prétexte fut la religion. Clemens avait sans doute montré peu de zèle pour les formes païennes que revêtait chez les Romains tout acte civil ; peut-être s’était-il abstenu de quelque cérémonie jugée capitale. Il n’en fallut pas davantage pour lancer contre lui et contre Flavie Domitille l’accusation d’impiété. Clemens fut mis à mort. Quant à Flavie Domitille, elle fut reléguée dans l’île de Pandatarie[31], qui avait déjà vu l’exil de Julie, fille d’Auguste, d’Agrippine, femme de Germanicus, d’Octavie, femme de Néron. Ce fut le crime que Domitien paya le plus cher[32]. Domitille, quel que fût le degré de son initiation au christianisme, était une Romaine. Venger son mari, sauver ses enfants, compromis par les caprices d’un monstre fantasque, lui parut un devoir. De Pandatarie, elle continua d’entretenir des relations avec le nombreux personnel d’esclaves et d’affranchis qu’elle avait à Rome et qui paraît lui avoir été fort dévoué.

De toutes les victimes de la persécution de Domitien, nous n’en connaissons qu’une par son nom ; c’est Flavius Clemens. Le mauvais vouloir du gouvernement semble s’être porté bien plus sur les prosélytes romains entraînés vers le judaïsme ou le christianisme[33], que sur les juifs et les chrétiens orientaux établis à Rome. Il ne paraît pas qu’aucun des presbyteri ou episcopi de l’Église ait subi le martyre[34]. Parmi les chrétiens qui souffrirent, aucun ne paraît non plus avoir été livré aux bêtes dans l’amphithéâtre ; car presque tous appartenaient aux classes relativement élevées de la société. Comme sous Néron, Rome fut le lieu principal de ces violences ; il y eut cependant des vexations dans les provinces[35]. Quelques chrétiens faiblirent et quittèrent l’Église, où ils avaient un moment trouvé consolation pour leur âme, mais où il était trop dur de rester. D’autres, au contraire, furent héroïques de charité, dépensèrent leurs biens pour nourrir les confesseurs, et se mirent dans les fers pour délivrer des captifs qu’ils jugeaient plus précieux à l’Église qu’ils ne l’étaient eux-mêmes[36].

L’année 95 ne fut pas sûrement pour l’Église aussi solennelle que l’an 64 ; elle eut cependant son importance. Ce fut comme une seconde consécration de Rome. À trente et un ans d’intervalle, le plus fou et le plus méchant des hommes semblèrent s’entendre pour détruire l’Église de Jésus, et, en réalité, la fortifièrent, si bien que les apologistes pourront faire cet argument spécieux : « Tous les monstres nous ont haïs ; donc nous sommes le vrai. »

Ce furent probablement les renseignements que Domitien eut à ce propos sur le judéo-christianisme qui lui firent connaître les bruits qui circulaient sur l’existence de descendants encore vivants de l’ancienne dynastie de Juda. L’imagination des agadistes se donnait, en effet, carrière sur ce point, et l’attention qui, durant des siècles, ne s’était guère portée sur la famille de David, était maintenant fort attirée de ce côté[37]. Domitien en prit ombrage et ordonna de mettre à mort ceux qui lui furent désignés[38] ; mais bientôt on lui signala, parmi ces descendants supposés de l’antique race royale de Jérusalem, des gens que leur caractère inoffensif aurait dû assurément mettre en dehors de ses soupçons. C’étaient les petits-fils de Jude, frère de Jésus, paisiblement retirés en Batanée[39]. Le défiant empereur avait d’ailleurs entendu parler de la venue triomphante de Christ ; tout cela l’inquiétait. Un evocatus[40] vint chercher les saintes gens en Syrie ; ils étaient deux ; on les mena vers l’empereur. Domitien leur demanda d’abord s’il était vrai qu’ils fussent descendants de David. Ils répondirent que oui. L’empereur les questionna ensuite sur leurs moyens d’existence. « Entre nous deux, dirent-ils, nous possédons seulement neuf mille deniers, dont chacun de nous a la moitié. Et, cette valeur, nous la possédons non pas en argent, mais en la forme d’une terre de trente-neuf arpents, sur laquelle nous payons les impôts et nous vivons de notre propre travail[41]. » — Puis ils montrèrent leurs mains, couvertes de callosités et dont la peau rugueuse témoignait d’habitudes de travail. Domitien les interrogea sur le Christ et son royaume, sur sa future apparition, sur les temps et les lieux de cette apparition. Ils répondirent que le royaume dont il s’agissait n’était pas de ce monde, qu’il était céleste, angélique ; qu’il se révélerait à la fin des siècles, quand Christ viendrait dans sa gloire juger les vivants et les morts, et rendre à chacun selon ses œuvres. Domitien n’eut que du mépris pour une telle simplicité ; il fit remettre en liberté les deux petits-neveux de Jésus. Il paraît que cet idéalisme naïf le rassura complètement sur les dangers politiques du christianisme, et qu’il donna ordre de cesser la persécution contre des rêves[42].

Certains indices, en effet, portent à croire que Domitien, vers la fin de sa vie, se relâcha de ses rigueurs[43]. On ne peut cependant rien dire de certain à cet égard ; car d’autres témoignages font penser que la situation de l’Église ne s’améliora que par l’avènement de Nerva[44]. Au moment où Clément écrit sa lettre, le feu paraît avoir diminué[45]. On est comme au lendemain d’une bataille ; on compte ceux qui sont tombés ; on s’apitoie sur ceux qui sont encore dans les fers ; mais on est loin de croire que tout soit fini, on prie Dieu de détourner les desseins pervers des gentils[46] et de délivrer son peuple de ceux qui le haïssent injustement[47].

La persécution de Domitien frappa également les juifs et les chrétiens[48]. La maison flavienne mit ainsi le comble à ses crimes, et devint pour les deux branches d’Israël la plus hideuse représentation de l’impiété[49]. Il n’est pas impossible que Josèphe ait été victime des dernières fureurs de la dynastie qu’il avait adulée. Passé l’année 93 ou 94, il n’est plus question de lui. Les ouvrages qu’en 93 il comptait exécuter, il ne les a pas écrits. À la date de 93, sa vie avait déjà été mise en danger par le fléau du temps, les délateurs. Deux fois il échappa au péril ; ceux qui l’avaient accusé furent même punis[50] ; mais l’habitude abominable de Domitien était, en pareil cas, de revenir sur les acquittements qu’il avait prononcés, et, après avoir châtié le délateur, de faire périr l’accusé. L’effroyable rage de meurtre que Domitien montra en 95 et 96 contre tout ce qui tenait au monde juif et à sa famille, permet à peine de supposer qu’il ait laissé sans le frapper un homme qui avait parlé de Titus sur le ton du panégyrique (crime, à ses yeux, le plus irrémissible de tous[51]), et ne l’avait loué lui-même qu’en passant[52]. La faveur de Domitia, qu’il détestait et qu’il avait résolu de faire mourir[53], était d’ailleurs un grief suffisant. Josèphe, en 96, n’avait que cinquante-neuf ans. S’il avait vécu sous le règne tolérant de Nerva, il eut continué ses écrits et probablement expliqué quelques-uns des sous-entendus que la crainte du tyran lui avait imposés.

Aurions-nous un monument de ces sombres mois de terreur, où tous les adorateurs du vrai Dieu ne songèrent qu’au martyre, dans ce discours « Sur l’empire de la raison » qui porte dans les manuscrits le nom de Josèphe[54] ? Les pensées du moins sont bien du temps où nous sommes. Une âme forte est maîtresse du corps qu’elle anime et ne se laisse pas vaincre par les plus cruels supplices. L’auteur prouve sa thèse par les exemples d’Éléazar et de la mère qui, dans la persécution d’Antiochus Épiphane, endura courageusement la mort avec ses sept fils, histoires racontées aussi aux chapitres vi et vii du deuxième livre des Macchabées[55].

Malgré le ton déclamatoire et certains hors-d’œuvre qui sentent trop la leçon de philosophie, le livre contient de belles doctrines. Dieu se confond avec l’ordre éternel qui se manifeste à l’homme par la raison ; la raison est la loi de la vie ; le devoir consiste à la préférer aux passions. Comme dans le second livre des Macchabées, les idées de récompenses futures sont d’un ordre tout spiritualiste[56]. Les justes morts pour la justice vivent à Dieu, pour Dieu, au regard de Dieu, Ζῶσι τῷ Θεῷ[57]. Dieu, pour l’auteur, est en même temps le Dieu absolu de la philosophie et le dieu national d’Israël[58]. Le juif doit mourir pour sa loi, d’abord parce que c’est la loi de ses pères, puis parce qu’elle est divine et vraie[59]. Les viandes défendues par la Loi l’ont été parce qu’elles sont nuisibles à l’homme ; en tout cas, violer les lois dans les petites choses est aussi coupable que de les violer dans les grandes, puisque, dans les deux cas, l’autorité de la raison est également méconnue[60]. On voit combien une telle manière de voir se rapproche de celle de Josèphe et des juifs philosophes. Par la colère qui éclate à chaque page contre les tyrans, par les images de tortures qui obsèdent l’esprit de l’auteur, le livre se rapporte bien au moment culminant des fureurs de Domitien[61]. Nous ne voyons rien d’impossible à ce que la composition de ce bel écrit ait été la consolation des derniers jours de Josèphe, quand, à peu près sûr de mourir dans les supplices, il cherchait à recueillir toutes les raisons que le sage peut avoir de ne pas craindre la mort.

Le livre réussit chez les chrétiens[62] ; sous le titre de Quatrième livre des Macchabées, il entra presque dans le canon[63] ; beaucoup de manuscrits grecs du Vieux Testament le contiennent[64]. Moins heureux cependant que le livre de Judith, il ne sut pas y garder sa place ; le second livre des Macchabées ne lui laissait pas une suffisante raison d’être à côté de lui. Ce qui en fait pour nous l’intérêt, c’est qu’on y peut voir le premier type d’un genre de littérature, plus tard fort cultivé, des exhortations au martyre où l’orateur fait valoir, pour exciter à souffrir, l’exemple d’êtres faibles qui se sont montrés héroïques, ou, mieux encore, de ces Acta martyrum devenus des pièces de rhétorique, ayant pour but l’édification, procédant par l’amplification oratoire sans aucun souci de la vérité historique, et demandant aux hideux détails de la torture antique les ferments d’une volupté sombre et des moyens d’émotion.

Un écho indistinct de tous ces événements se retrouve dans les traditions juives[65]. Au mois de septembre ou d’octobre, quatre anciens de Judée, Rabbi Gamaliel, patriarche du tribunal de Iabné, Rabbi Éléazar ben Azaria, Rabbi Josué, Rabbi Aquiba, plus tard si célèbre, se rendent à Rome. Le voyage est décrit en détail : chaque soir, à cause de la saison, on relâche dans un port ; au jour de la fête des Tabernacles, les rabbins trouvent moyen de dresser sur le pont du navire une hutte de feuillage, que le vent emporte le lendemain ; le temps de la navigation se passe à discuter sur la manière de payer la dîme et de suppléer au loulab[66], dans un pays où il n’y a pas de palmiers. À cent vingt milles de la ville, les voyageurs entendent un roulement sourd ; c’est le bruit du Capitole qui vient jusqu’à eux. Tous alors versent des larmes ; Aquiba seul éclate de rire. « Comment ne pas pleurer, disent les rabbins, en voyant heureux et tranquilles des idolâtres qui sacrifient aux faux dieux, tandis que le sanctuaire de notre Dieu a été consumé par le feu et sert de tanière aux bêtes des champs ? — Eh bien, dit Aquiba, c’est cela même qui me fait rire. Si Dieu accorde tant de grâces à ceux qui l’offensent, quelle destinée attend ceux qui font sa volonté et à qui appartient le royaume ? »

Pendant que ces quatre anciens sont à Rome, le sénat de l’empereur décrète qu’il n’y aura plus de juifs dans le monde entier. Un sénateur, homme pieux (Clemens ?[67]), révèle à Gamaliel ce redoutable secret. La femme du sénateur, plus pieuse encore que lui (Domitille ??), lui conseille de se donner la mort en suçant un poison qu’il garde dans sa bague, ce qui sauvera les Juifs (on ne voit pas comment). Plus tard, on eut la conviction que ce sénateur était circoncis, ou, selon l’expression figurée, « que le vaisseau n’avait pas quitté le port sans avoir payé l’impôt ». Selon un autre récit, le César ennemi des juifs dit aux grands de son empire : « Si l’on a un ulcère au pied, faut-il amputer le pied ou garder son pied au risque de souffrir ? » Tous furent pour l’amputation, excepté Katia ben Schalom[68]. Ce dernier fut mis à mort par ordre de l’empereur, et dit en mourant : « Je suis un vaisseau qui a payé son impôt ; je puis me mettre en route. »

Ce sont là de bien vagues images et comme les souvenirs d’un hémiplégique. Quelques-unes des controverses que les quatre docteurs eurent à Rome sont rapportées. « Si Dieu désapprouve l’idolâtrie, leur demande-t-on, pourquoi ne la détruit-il pas ? — Mais il faudrait alors que Dieu détruisît le soleil, la lune, les étoiles. — Non, il pourrait détruire les idoles inutiles et laisser subsister les idoles utiles. — Mais ce serait justement ériger en divinités les choses nécessaires qui n’auraient pas été détruites. Le monde va son train. La semence volée germe comme toute autre ; la femme impudique n’est pas stérile parce que l’enfant qui naîtra d’elle sera un bâtard. » En prêchant, un des quatre voyageurs émit cette pensée : « Dieu n’est pas comme les rois terrestres, qui font des édits et ne les observent pas eux-mêmes. » Un mîn (un judéo-chrétien ?) entendit ces paroles, et, au sortir de la salle, dit au docteur : « Pourtant Dieu n’observe pas le sabbat, puisque le monde marche le samedi. — N’est-il pas permis à chacun de remuer le jour du sabbat tout ce qu’il a dans sa cour ? — Oui, dit le mîn. — Eh bien, le monde entier est la cour de Dieu[69]. »

  1. Tacite, Agric., 44 ; Pline, Panég., c. 95.
  2. Tacite, Agric., 44.
  3. Juvénal, iv, 37.
  4. Tacite, Agric., 2, 44, 45, 82 ; Hist., I, 2 ; Pline, Lettres, I, 5 ; III, 11 ; VII, 19, 33 ; IX, 13 ; Suétone, Dom., 10 ; Dion Cassius, LXVII, 3 et suiv., 13.
  5. Manuel, c. 1, 5, 21, 53, etc.
  6. Apolog., 5.
  7. Exemple de Maternus. Dion Cass., LXVII, 12. Lire surtout Philostrate, Vie d’Apollonius.
  8. Ce ne fut pas par un édit en règle, comme Philostrate le ferait croire.
  9. Pline, Panég., ch. 95 ; Tacite, Agric., 2.
  10. Dion Cassius, LXVII, 13 ; Tacite, Agric., 2 ; Suétone, Dom., 10 ; Pline, Lettres, III, 11 ; Panég., 47 ; Aulu-Gelle, XV, 11 ; Arrien, Mém. sur Épictète, IV, i ; Lucien, Peregrinus, 4, 18 ; Philostrate, Apoll., VII, 1, 4 ; Vie des soph., I, 7 ; Suidas, au mot Δομετιανός ; Eusèbe, Chron., aux années 9 et 13 de Dom. L’opinion qu’il y eut deux expulsions des philosophes ne repose que sur une erreur d’Eusèbe.
  11. Satire, dans Wernsdorf, etc.
  12. Pline, Lettres, III, 11 ; VII, 27 ; Panég., 95.
  13. Derniers vers.
  14. Suétone, Dom., 13 ; Dion Cassius, LXVII, 13 ; Pline, Panég., 11 ; saint Jérôme, Chron., année 6 de Dom. ; Aurel. Victor, Cæs., xi, 2 ; Orose, VII, 10 ; Philostrate, Apoll., VII, 24, 32.
  15. Quintil., Inst. orat., IV, præf.
  16. Suétone, Dom., 4, 15 ; Martial, VI, 10 ; VIII, 80 ; Dion Cassius, LXVII, 1 ; Philostr., Apoll., VII, 24 ; VIII, 25. De là vint, autant que de sa cruauté, sa sévérité pour les vestales. Suét., Dom., 8 ; Pline, Epist., IV, 11 ; Philostr., Apoll., VII, 6.
  17. Pline le jeune, Épitres, I, 5. Pietas, dans Quintilien (III, vii, 2), c’est le soin que Domitien a eu d’élever un temple à la gens Flavia. Cf. ἀσεϐεία, dans Philostrate, Apollonius, IV, xliv, 1.
  18. Quintilien, Instit., IV, præf. Lire surtout l. III, c. vii, pour prendre une idée des niaiseries incroyables que ce très-honnête homme veut que l’on conserve et respecte.
  19. Οἳ νηοὺς μὲν ἅπαντας ἀπαρνήσονται ἰδόντες. Carm. sib., IV, 26 ; Minucius Felix, 8.
  20. Apulée, De magia, 56. Cf. Pline, Hist. nat., XVIII, 2.
  21. Tertullien, Apolog., 2.
  22. Suétone, Claude, 25.
  23. Voir ci-dessus, p. 221.
  24. Dion Cassius, LXVII, 14 ; Brettius ou Bruttius (?), cité par Eusèbe, Chron., p. 160-163, édit. Schœne ; Méliton, dans Eusèbe, H. E., IV, xxvi, 9 ; Hégésippe, dans Eusèbe, H. E., III, xx, 7 ; Tertullien, Apolog., 5 ; Lactance, De mort. persec., ch. 3 ; Eusèbe, H. E., III, ch. 17, 18, 19, 20 ; Théodoret, De cura græc. aff., serm. ix (t. IV, p. 611-612, Paris, 1642) ; Sulp. Sév., II, 31 ; Orose, VII, 10 ; Chron. pasc., p. 250, Paris, 1688. Nous croyons que c’est à la persécution de Domitien que se rapportent les premiers mots de l’Épître de Clément Romain : Διὰ τὰς αἰφνιδίους καὶ ἐπαλλήλους γενομένας ἡμῖν συμφορὰς καὶ περιπτώσεις (Ad Cor. I, ch. 1). Comparez les passages nouvellement découverts, p. 104, 105, 107, de l’édition de Philothée Bryenne. Le passage de Pline (Epist., X, xcvii, 6) sur des apostasies qui auraient eu lieu vingt ans avant la date où il écrivait, et les allusions du faux Hermas (Vis. ii, 3 ; iv, 3) se rapportent également à la persécution de Domitien.
  25. Le synonyme légal d’impietas était ἀσεϐεία ; ἀθεότης s’en rapprochait beaucoup. Ailleurs (LXVIII, 1), Dion, racontant l’abolition par Nerva des lois de Domitien, rapproche encore ἀσεϐεία et ἰουδαϊκὸς βίος. Évidemment ces deux délits n’en faisaient qu’un.
  26. Méliton, dans Eus., H. E., IV, xxvi, 9.
  27. Pline, l. c. ; Clem. Rom., Epist., ch. 59, τοὺς πεπτωκότας (édit. Philothée Bryenne).
  28. Dion dit ὐπατεύοντα ; Suétone : tantum non in ipso ejus consulatu. Il était rare que l’on tînt alors le consulat plus de six mois.
  29. Suétone, Dom., 15 ; Dion Cassius, LXVIII, 14 ; Philostrate, Apoll., VIII, 25 ; Syncelle, p. 650 (les mots αὐτός τε Κλήμης ὑπὲρ Χριστοῦ ἀναιρεῖται sont du Syncelle et non de la Chron. d’Eusèbe, comp. saint Jérôme et l’arménien). V. ci-dessus p. 229, note.
  30. Méliton, l. c.
  31. Dion Cass., LXVII, 14 ; cf. Tac., Agric., 45. On a mal compris Philostr., Apoll., VIII, 25. Domitien n’ordonne pas que Domitille, « trois ou quatre jours après la mort de Clemens, épouse un autre mari » ; il ordonne « qu’elle aille rejoindre son mari » (κἀκείνην ἐς ἀνδρὸς φοιτᾶν) ; c’est-à-dire il la fait mettre à mort, assertion qui, n’ayant pour elle que le romancier Philostrate, a peu de valeur. — Pandatarie est aujourd’hui Ventotene, entre le cap Circello et le cap Misène. Bruttius, cité par Eusèbe (Chron., loc. cit. ; Hist. eccl., III, 18), assigne pour lieu de déportation à Flavie Domitille l’île Pontia, située près de Pandatarie, et qui fut le lieu d’exil de Néron, fils de Germanicus, et des sœurs de Caligula. Ce fut la version adoptée par l’Église (saint Jérôme, Epit. Paulæ, Opp., IV, 2, p. 672 ; martyrologes, légende des saints Nérée et Achillée, tradition actuelle).
  32. Suétone, l. c. ; Philostrate, Apoll., VIII, 25.
  33. Ἄλλοι ἐς τὰ Ἰουδαίων ἔθη ἐξοκέλλοντες πολλοί. Dion Cassius, LXVII, 14.
  34. Inutile de faire remarquer que le système des Pères de l’Église sur le bannissement et les épreuves de saint Jean sous Domitien vient de la fausse idée que l’Apocalypse se rapporte à la persécution de ce prince. Il a été prouvé jusqu’à l’évidence qu’elle se rapporte à la persécution de Néron.
  35. Cela résulte de Pline, Lettres, X, xcvii, 6, « non nemo etiam ante viginti ».
  36. Clém. Rom., Ad Cor. I, ch. 55.
  37. Derenbourg, Pal., p.348 et suiv. Voir ci-dessus, p. 60 et suiv.
  38. Eusèbe, H. E., III, 19 ; Chron., an 14 ou 16 de Dom.
  39. Hégésippe, dans Eus., H. E., III, 19, 20 et 32. Eusèbe (ch. 19) veut que la dénonciation soit venue « de certains hérétiques » ; mais le texte d’Hégésippe, qu’il cite (ch. 20), donne un sujet indéterminé à ἐδηλατόρευσαν. Les τῶν αἱρετικῶν τινες du ch. 19 viennent d’une autre citation d’Hégésippe qu’il fait au ch. xxxii, §§ 3 et 6, et dont il force le sens. Comp. Chron. pasc., p. 252.
  40. Cf. Cæsar, De bello gall., VII, lxv, 5 ; Suétone, Galba, 10 ; Dion Cassius, XLV, 12.
  41. Cf. Constit. apost., II, 63, titre.
  42. Hégésippe, dans Eus., H. E., III, xx, 7.
  43. Hégésippe, l. c. ; Tertullien, Apol., 5.
  44. Lactance (De mort. persec., 3) et Eusèbe (H. E., III, xx, 10, 11) le supposent, et Clément d’Alexandrie (dans Eus., H. E., III, xxiii, 6) est avec eux. Ce qu’il y a de plus grave, c’est que Dion Cassius (LXVIII, 1) attribue l’acquittement de ceux qui étaient accusés d’ἀσεϐεία, le rappel des exilés et l’édit de tolérance à Nerva. Si les cerdones de Juvénal (iv, 153) ont quelque chose à faire ici, ce serait là aussi une preuve que les sévérités contre les chrétiens ne finirent qu’avec la mort du tyran.
  45. Au lieu de γενομένας (ch. i, init.), la traduction syriaque suppose la leçon γινομένας, comme si la persécution durait encore.
  46. Clem. Rom., Epist., 59 (édit. Phil. Bryenne) : τοὺς ἐν θλίψει ἡμῶν σῶσον… τοὺς πεπτωκότας ἔγειρον… λύτρωσαι τοὺς δεσμίους ἡμῶν.
  47. Ibid., ch. 60.
  48. Dion Cassius, l. c.
  49. IV Esdr., xii, 23-25.
  50. Jos., Vita, 76.
  51. Dion Cassius, LXVII, 2.
  52. Jos., B. J., VII, iv, 2.
  53. Dion Cassius, LXVII, 3.
  54. Cf. Eusèbe, H. E., III, x, 6 ; saint Jérôme, De viris ill., 13. Le principal argument sur lequel on se fonde pour retirer l’ouvrage à Josèphe, contrairement au témoignage des manuscrits, n’est pas décisif. Josèphe, dit-on, énumère soigneusement les ouvrages qu’il a composés ou qu’il composera, et ne mentionne pas celui-ci. Mais il est possible que Josèphe ait conçu l’idée de cette exhortation au martyre durant la persécution de l’an 95-96, dont il fut peut-être victime, comme un ouvrage de circonstance auquel il n’avait pas pensé auparavant. Une objection plus sérieuse est que très-rarement, dans les manuscrits, ce traité est réuni aux œuvres authentiques de Josèphe. Les preuves qu’on croit tirer des ch. 14, 4, 7 (p. 294, 28 et suiv., 277, 21 et suiv., 276, 28 et suiv., 283, 7 et suiv., édit. Bekker), pour établir que le livre a été composé avant 70, sont bien faibles.
  55. L’auteur du discours ne paraît pas avoir consulté directement le deuxième livre des Macchabées. Les auteurs des deux ouvrages semblent puiser à une source commune, Jason de Cyrène. Dans les œuvres certaines de Josèphe, on ne trouve non plus aucune connaissance du deuxième livre des Macchabées.
  56. Ch. 20 : ψυχὰς ἀγνὰς καὶ ἀθανάτους.
  57. Comparez Luc, xx, 38 : πάντες γὰρ αὐτῷ ζῶσιν. Se rappeler : Animas prœlio aut suppliciis peremptorum æternas putant. Tac., Hist., V, 5. Voir l’Antechrist, p. 467.
  58. Πατρῷος θεός, ch. 12, p. 292, 10.
  59. Ch. 5, 6, 9.
  60. Principe stoïcien.
  61. Certains procédés d’amplification, surtout l’emploi des exemples de l’Ancien Testament, rappellent Clément Romain. On observe des ressemblances avec les Évangiles. Ainsi Matth., xxii, 31 et suiv., trouve un écho dans le ch. 16 ; Matth., x, 28, dans le ch. 13, et Luc, xvi, 22, aussi dans le ch. 13. — L’influence du stoïcisme est sensible. Or, dans la première école des juifs hellénisés, chez Philon par exemple, c’est le platonisme, non le stoïcisme qui domine. Le stoïcisme ne pénétra chez les juifs qu’à Rome sous Domitien.
  62. Eus., H. E., III, x, 6 ; saint Jérôme, De viris ill., 13. Saint Grégoire de Nazianze, saint Ambroise, saint Jean Chrysostome en font usage.
  63. Philostorge, Hist. eccl., I, 1 (abrégé fait par Photius) ; le Syncelle, p. 529 (Bonn) ; Synopsis de saint Athanase (mention douteuse) ; textes publiés par Cotelier, Patres apost., I, p. 197, 452, note 4. Pour les manuscrits, voir Freudenthal, Die Flav. Jos. beigelegte Schrift über die Herrschaft der Vernunft (Breslau, 1869), p. 117 et suiv.
  64. Fritzsche, Libri apocr. Vet. Test., p. xxi.
  65. Mischna, Érubin, iv, 1 ; Maaser schéni, v, 9 ; Aboda zara, iv, 7 ; baraïta, ibid., 54 b ; Debarim rabba, c. ii ; Midrasch Jalkout, sur Ps. xvii, 10 ; Bereschith rabba, c. xx ; Schemoth rabba, c. xxx ; Talm, de Jér., Succa, 52 d ; Tos., ibid., c. ii ; Érubin, i, 7 (19 b) ; Aboda zara, 44 a ; Mechilta, sur Exode, xx, ch. vi (p. 76, édit. Weiss) ; Talm. de Rab., Aboda zara, 10 b ; Maccoth, 24 b ; Succa, 23 b, 41 b ; Horaïoth, 10 a ; Sifré, sur Deutér., § 43 ; Sifra, sur Emor, c. xvi, § 2 ; Grætz, Monatsschrift, I, p. 192 et suiv. ; Gesch. der Juden, III, 435 et suiv. ; Derenbourg, Hist. de la Pal., p. 334 et suiv.
  66. Palme entourée de branches de saule et de myrte, qu’on porte à la main le jour de la fête des Tabernacles.
  67. Cette identification et celles qui suivent, si problématiques en elles-mêmes, seraient encore infirmées si Clemens figurait déjà dans le Talmud sous le nom de Calonyme. Voir ci-dessus, p. 228, note 3.
  68. Ce mot paraît signifier curtus filius integri.
  69. Schemoth rabba, c. xxx. Ce dialogue est rapporté à Aquiba et à Tyrannus Rufus dans Bereschith rabba, c. xi, source meilleure que Schemoth rabba.