Les Évangiles (Renan)/XV. Clément Romain

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CHAPITRE XV.


CLÉMENT ROMAIN. — PROGRÈS DU PRESBYTÉRAT.


Les listes les plus correctes des évêques de Rome, forçant un peu[1] la signification du mot d’évêque pour des temps aussi reculés, placent après Anenclet un certain Clément[2], que la similitude de nom et le rapprochement des temps ont fait nombre de fois confondre avec Flavius Clemens. Ce nom n’était point rare dans le monde judéo-chrétien[3]. On peut, à la rigueur, supposer une relation de clientèle entre notre Clément et Flavius Clemens[4]. Mais il faut écarter absolument et l’imagination de certains critiques modernes, qui ne veulent voir dans l’évêque Clément qu’un personnage fictif, un dédoublement de Flavius Clemens[5], et l’erreur qui, à diverses reprises, se fait jour dans la tradition ecclésiastique, d’après laquelle l’évêque Clément aurait été de la famille flavienne[6]. Clément Romain ne fut pas seulement un personnage réel, ce fut un personnage de premier ordre, un vrai chef d’Église, un évêque, avant que l’épiscopat fût nettement constitué, j’oserais presque dire un pape, si ce mot ne faisait ici un trop fort anachronisme. Son autorité passa pour la plus grande de toutes en Italie, en Grèce, en Macédoine, durant les dix dernières années du ier siècle[7]. À la limite de l’âge apostolique, il fut comme un apôtre[8], un épigone de la grande génération des disciples de Jésus, une des colonnes de cette Église de Rome, qui, depuis la destruction de Jérusalem, devenait de plus en plus le centre du christianisme.

Tout porte à croire que Clément était d’origine juive[9]. Sa familiarité avec la Bible, le tour du style de certains passages de son Épître[10], l’usage qu’il y fait du livre de Judith et des apocryphes tels que l’Assomption de Moïse ne conviennent pas à un païen converti. D’un autre côté il paraît peu hébraïsant[11]. Il semble donc qu’il était né à Rome d’une de ces familles juives qui habitaient la capitale du monde depuis une ou plusieurs générations[12]. Ses connaissances en cosmographie[13] et en histoire profane[14] supposent une éducation soignée. On admit qu’il avait été en relation avec les apôtres, surtout avec Pierre[15], sans avoir peut-être à cet égard de preuve bien décisive. Ce qui est hors de doute, c’est le haut rang qu’il eut dans la hiérarchie toute spirituelle de l’Église de son temps et le crédit sans égal dont il jouit. Son approbation faisait loi[16]. Tous les partis se l’attribuèrent et voulurent se couvrir de son autorité. Un voile épais nous dérobe ses opinions particulières ; son épître est un beau morceau neutre, dont les disciples de Pierre et ceux de Paul durent se contenter également. Il est probable qu’il fut un des agents les plus énergiques de la grande œuvre qui était en train de s’accomplir, je veux dire de la réconciliation posthume de Pierre et de Paul et de la fusion des deux partis, sans l’union desquels l’œuvre du Christ ne pouvait que périr.

L’extrême importance à laquelle Clément était arrivé résulte surtout de la vaste littérature apocryphe qu’on lui attribua. Quand, vers l’an 140, on prétendit réunir en un corps d’écritures revêtues d’un caractère ecclésiastique les traditions judéo-chrétiennes sur Pierre et son apostolat, on choisit Clément pour auteur supposé de l’ouvrage. Quand on voulut codifier d’anciens usages ecclésiastiques et faire passer le recueil ainsi formé pour un corpus de « constitutions apostoliques », c’est Clément qui fut le garant de cette œuvre apocryphe. D’autres écrits, tous plus ou moins relatifs à l’établissement d’un droit canonique, lui furent également attribués[17]. Le fabricateur d’apocryphes cherche à donner du poids aux écrits qu’il fabrique. Le nom qu’il met en tête de ses compositions est toujours une célébrité. La sanction de Clément nous apparaît ainsi, comme la plus haute qu’on imaginât au iie siècle pour recommander un livre. Aussi, dans le Pasteur du faux Hermas, Clément a-t-il pour fonction spéciale d’envoyer les livres nouvellement éclos dans Rome aux autres Églises et de les leur faire accepter[18]. Sa littérature supposée, bien qu’il n’en doive pas porter personnellement la responsabilité, est une littérature d’autorité, inculquant à chaque page la hiérarchie, l’obéissance aux prêtres, aux évêques. Toute phrase qu’on lui attribue est une loi, une décrétale. On lui accorde pleinement le droit de parler à l’Église universelle. C’est le premier type de « pape » que présente l’histoire ecclésiastique. Sa haute personnalité, grandie encore par la légende, fut, après celle de Pierre, la plus sainte image de la primitive Rome chrétienne. Sa face vénérable fut pour les siècles suivants celle d’un législateur doux et grave, une prédication perpétuelle de soumission et de respect.

Clément traversa la persécution de Domitien sans en souffrir[19]. Quand les rigueurs s’apaisèrent, l’Église de Rome reprit ses relations avec le dehors. Déjà l’idée d’une certaine primauté de cette Église commençait à se faire jour. On lui accordait le droit d’avertir les autres Églises, de régler leurs différends. Pareils privilèges, on le croyait du moins[20], avaient été accordés à Pierre entre les disciples. Or un lien de plus en plus étroit s’établissait entre Pierre et Rome. Des dissensions graves déchiraient l’Église de Corinthe[21]. Cette Église n’avait guère changé depuis saint Paul[22]. C’était le même esprit d’orgueil, de dispute, de légèreté. On sent que la principale opposition contre la hiérarchie résidait en cet esprit grec, toujours mobile, frivole, indiscipliné, ne sachant pas réduire une foule à l’état de troupeau. Les femmes, les enfants étaient en pleine révolte. Des docteurs transcendants s’imaginaient posséder sur toute chose des sens profonds, des secrets mystiques, analogues à la glossolalie et au discernement des esprits. Ceux qui étaient honorés de ces dons surnaturels méprisaient les anciens et aspiraient à les remplacer. Corinthe avait un presbytérat respectable, mais qui ne visait pas à la haute mysticité. Les illuminés prétendaient le rejeter dans l’ombre et se mettre à sa place ; quelques anciens furent même destitués[23]. La lutte de la hiérarchie établie et des révélations personnelles commençait, et cette lutte remplira toute l’histoire de l’Église, l’âme privilégiée trouvant mauvais que, malgré les faveurs dont elle est honorée, un clergé grossier, étranger à la vie spirituelle, la domine officiellement. Non sans analogie avec le protestantisme, les révoltés de Corinthe faisaient Église à part, ou du moins distribuaient l’eucharistie hors des lieux consacrés[24]. L’eucharistie avait toujours été l’écueil de l’Église de Corinthe[25]. Cette Église avait des riches et des pauvres ; elle s’accommodait difficilement du mystère d’égalité par excellence. Enfin les novateurs, fiers à l’excès de leur haute vertu, exaltaient la chasteté au point de déprécier le mariage[26]. C’était, on le voit, l’hérésie du mysticisme individuel, maintenant les droits de l’esprit contre l’autorité, prétendant s’élever au-dessus du commun des fidèles et du clergé ordinaire, au nom de ses rapports directs avec la divinité.

L’Église romaine, consultée sur ces troubles intérieurs, répondit avec un sens admirable. L’Église romaine était dès lors l’Église de l’ordre, de la subordination, de la règle. Son principe fondamental était que l’humilité, la soumission valent mieux que les dons les plus sublimes[27]. L’épître adressée à l’Église de Corinthe était anonyme ; mais une tradition des plus anciennes veut que Clément ait tenu la plume pour l’écrire[28]. On chargea trois anciens des plus considérés, Claudius Ephebus, Valerius Biton et Fortunatus, de porter la lettre, et on leur donna les pleins pouvoirs de l’Église de Rome pour opérer la réconciliation[29].


L’Église de Dieu qui demeure à Rome à l’Église de Dieu qui demeure à Corinthe, aux élus sanctifiés par la volonté de Dieu en Notre-Seigneur Jésus-Christ, que la grâce et la paix vous viennent en abondance du Dieu tout-puissant par Jésus-Christ.


Les malheurs, les catastrophes imprévues qui nous ont accablés coup sur coup, frères, ont été cause que nous nous sommes occupés tardivement des questions que vous nous avez adressées, chers amis, touchant l’impie et détestable révolte, maudite des élus de Dieu, qu’un petit nombre de personnages insolents et audacieux ont allumée et portée jusqu’à ce point d’extravagance, que votre nom si fameux, si vénérable et si aimable à tous, en a souffert un grand dommage. Quel était celui qui, ayant demeuré parmi vous, n’estimât votre vertu et la fermeté de votre foi ? Qui n’admirait la sagesse et la modération chrétienne de votre piété ? Qui ne publiait la largeur de votre hospitalité ? Qui ne vous estimait heureux pour la perfection et la sûreté de votre science ? Vous faisiez tout sans acception de personne, et vous marchiez suivant les lois de Dieu, soumis à vos chefs[30]. Vous rendiez l’honneur convenable à vos anciens[31] ; vous avertissiez les jeunes gens d’avoir des sentiments honnêtes et graves, et les femmes d’agir en tout avec une conscience pure et chaste, aimant leurs maris comme elles doivent, demeurant dans la règle de la soumission, s’appliquant à la conduite de leur maison avec une grande modestie.

Vous étiez tous dans des sentiments d’humilité, exempts de forfanterie, plutôt disposés à vous soumettre qu’à soumettre les autres, et à donner qu’à recevoir. Contents des viatiques du Christ[32], et vous appliquant soigneusement à sa parole, vous la gardiez dans votre cœur et aviez toujours ses souffrances[33] devant les yeux. Ainsi vous jouissiez de la douceur d’une profonde paix ; vous aviez un désir insatiable de faire le bien et la pleine effusion du Saint-Esprit avait lieu sur tous. Remplis de bonne volonté, de zèle et d’une sainte confiance, vous étendiez vos mains vers le Dieu tout-puissant, le suppliant de vous pardonner les péchés involontaires. Vous luttiez jour et nuit pour toute la communauté, afin que le nombre des élus de Dieu fût sauvé à force de piété et de conscience. Vous étiez sincères et innocents, sans ressentiment des injures. Toute rébellion, toute division vous faisait horreur. Vous pleuriez les chutes du prochain ; vous estimiez que ses fautes étaient les vôtres. Une conduite vertueuse et respectable était votre ornement, et vous faisiez tout dans la crainte de Dieu : ses commandements étaient écrits sur les tables de votre cœur. Vous étiez dans la gloire et l’abondance, et en vous s’est accompli ce qui est écrit : « Le bien-aimé a bu et mangé ; il a été dans l’abondance, il s’est engraissé, et il a regimbé[34]. De là, en effet, sont venus la jalousie et la haine, les disputes et la sédition, la persécution et le désordre, la guerre, et la captivité. Ainsi les personnes les plus viles se sont élevées contre les plus considérables ; les insensés contre les sages, les jeunes contre les anciens. Ainsi la justice et la paix se sont éloignées, depuis que la crainte de Dieu a fait défaut, que la foi s’est obscurcie, que tous veulent non suivre les lois, ni se gouverner suivant les maximes de Jésus-Christ, mais suivre leurs mauvais désirs, en s’abandonnant à la jalousie injuste et impie, par laquelle la mort est entrée dans le monde.


Après avoir rapporté plusieurs exemples funestes de jalousie, tirés de l’Ancien Testament, il ajoute[35] :


Mais laissons là les anciens exemples, et venons aux athlètes qui ont combattu depuis peu. Prenons les illustres exemples de notre génération. C’est par suite de la jalousie et de la discorde[36] que les hommes grands et justes qui furent les colonnes de l’Église[37] ont été persécutés et ont combattu jusqu’à la mort[38]. Mettons-nous devant les yeux les saints apôtres, Pierre, par exemple, qui, par suite d’une jalousie injuste, a souffert, non pas une ou deux fois, mais plusieurs fois, et qui, ayant ainsi accompli son martyre[39], est allé dans le lieu de gloire qui lui était dû. C’est par l’effet de la jalousie et de la discorde[40] que Paul a montré jusqu’où peut aller la patience, sept fois mis aux fers, banni, lapidé, et que, après avoir été le héraut de la vérité en Orient et en Occident, il a reçu la noble récompense de sa foi, après avoir enseigné la justice au monde entier et être venu jusqu’à l’extrémité de l’Occident. Ayant ainsi accompli son martyre devant les puissances terrestres, il a été délivré du monde, et est allé dans le saint lieu, nous donnant un grand exemple de patience. À ces hommes dont la vie a été sainte fut réunie en tas une grande multitude d’élus, qui, toujours par suite de la jalousie, ont enduré beaucoup d’affronts et de tourments, laissant parmi nous un illustre exemple. C’est enfin poursuivies par la jalousie que ces pauvres femmes, les Danaïdes et les Dircés, après avoir souffert de terribles et monstrueuses indignités, ont atteint le but dans la course sacrée de la foi et ont reçu la noble récompense, toutes faibles de corps qu’elles étaient[41].


L’ordre et l’obéissance, voilà la loi suprême de la famille et de l’Église.


Il vaut mieux déplaire à des hommes imprudents et insensés, qui s’élèvent et se glorifient par la vanité de leurs discours, qu’à Dieu[42]… Respectons nos supérieurs, honorons les anciens, instruisons les jeunes gens dans la crainte de Dieu, corrigeons nos femmes pour le bien. Que les habitudes aimables de la chasteté éclatent dans leur conduite ; qu’elles montrent une douceur simple et vraie ; que leur silence fasse paraître comme elles gouvernent leur langue ; qu’au lieu de laisser aller leur cœur au gré de leurs inclinations, elles témoignent saintement une égale amitié à tous ceux qui craignent Dieu…

Considérons les soldats qui servent sous nos souverains[43], avec quel ordre, quelle ponctualité, quelle soumission ils exécutent ce qui leur est commandé. Tous ne sont pas préfets, ni tribuns, ni centurions ; mais chacun en son rang exécute les ordres de l’empereur ou des chefs. Les grands ne peuvent exister sans les petits, ni les petits sans les grands. En toute chose il y a mélange d’éléments divers, et c’est grâce à ce mélange que tout marche. Prenons pour exemple notre corps. La tête sans les pieds n’est rien ; les pieds ne sont rien sans la tête. Les plus petits de nos organes sont nécessaires et servent au corps entier ; tous conspirent et obéissent à un même principe de subordination pour la conservation du tout. Que chacun donc soit soumis à son prochain, suivant l’ordre où il a été placé par la grâce de Christ Jésus. Que le fort ne néglige pas le faible, que le faible respecte le fort ; que le riche soit généreux envers le pauvre, et que le pauvre remercie Dieu de lui avoir donné quelqu’un pour subvenir à ses besoins. Que le sage montre sa sagesse, non par des discours, mais par des bonnes œuvres ; que l’humble ne se rende pas témoignage à soi-même ; qu’il laisse ce soin aux autres. Que celui qui garde la pureté de la chair n’en soit pas plus vain, reconnaissant qu’il tient d’un autre le don de continence.


Les offices doivent être célébrés dans les lieux, aux heures fixées, par les ministres désignés, comme dans le temple de Jérusalem[44]. Tout pouvoir, toute règle ecclésiastique vient de Dieu.


Les apôtres nous ont évangélisés de la part de Notre-Seigneur Jésus-Christ[45], et Jésus-Christ avait reçu sa mission de Dieu. Le Christ a été envoyé par Dieu, et les apôtres ont été envoyés par le Christ. Les deux choses ont donc été faites régulièrement par la volonté de Dieu. Munis des instructions de leur maître, persuadés par la résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ, affermis dans la foi en la parole de Dieu par la confirmation du Saint-Esprit, les apôtres sont allés ensuite, annonçant l’approche du royaume de Dieu. Prêchant ainsi à travers les pays et les villes, ils choisissaient ceux qui avaient été les prémices de leur apostolat, et, après les avoir éprouvés par l’Esprit, ils les établissaient episcopi et diaconi[46] de ceux qui devaient croire. Et ce ne fut pas là une nouveauté ; il y avait longtemps que l’Écriture parlait d’episcopi et de diaconi, puisqu’elle dit quelque part : « J’établirai leurs episcopi sur les fondements de la justice, et leurs diaconi sur les bases de la foi[47]… » Nos apôtres, éclairés par Notre-Seigneur Jésus-Christ, connurent parfaitement qu’il y aurait des compétitions pour le titre d’episcopos[48]. C’est pourquoi ils conférèrent ce titre dans leur parfaite prescience, à ceux que nous avons dit, et ils prescrivirent qu’après leur mort d’autres hommes éprouvés prendraient leurs fonctions. Ceux donc qui ont été établis par les apôtres ou ensuite par d’autres hommes excellents, du consentement de toute l’Église, et qui ont servi sans reproches le troupeau de Jésus-Christ, humblement, paisiblement, honorablement, à qui tous ont rendu bon témoignage pendant longtemps, nous ne croyons pas juste de les rejeter du ministère ; car nous ne saurions sans faute grave rejeter de l’épiscopat ceux qui présentent dignement les offrandes sacrées. Heureux les anciens qui ont achevé leur carrière avant nous et sont morts saintement et avec fruit[49] ! Ceux-là du moins ne craignent pas que quelqu’un vienne les tirer de la place qui leur a été assignée. Nous voyons, en effet, que vous en avez destitué quelques-uns qui vivaient bien du ministère dont ils s’acquittaient sans reproches et avec honneur…

N’avons-nous pas un même Dieu, un même Christ, un même esprit de grâce répandu sur nous, une même vocation en Christ[50] ? Pourquoi déchirons-nous, écartelons-nous les membres de Christ ? Pourquoi faisons-nous la guerre à notre propre corps, et en venons-nous à ce point de folie d’oublier que nous sommes les membres les uns des autres ?… Votre schisme a égaré plusieurs personnes, en a découragé d’autres, en a jeté certains dans le doute et nous a mis tous dans l’affliction ; et néanmoins votre sédition persévère. Prenez l’épître du bienheureux Paul l’apôtre[51]. Quelle est la première chose dont il vous écrivit, au début de l’Évangile ? Certes, l’esprit de vérité lui dictait ce qu’il vous manda touchant Cephas, Apollos et lui-même[52]. Dès lors vous aviez parmi vous des cabales ; mais ces cabales étaient moins coupables qu’aujourd’hui. Vos préférences se partageaient entre des apôtres autorisés et un homme qu’ils avaient approuvé. Maintenant, considérez qui sont ceux qui vous ont dévoyés et ont porté atteinte à cette réputation de charité fraternelle qui vous rendait vénérables. Il est honteux, mes bien-aimés, il est très-honteux et indigne de la piété chrétienne d’entendre dire que cette Église de Corinthe, si ferme, si ancienne, est en révolte contre ses anciens, à cause d’un ou deux personnages. Et ce bruit est venu non-seulement jusqu’à nous, mais jusqu’à ceux qui nous sont peu bienveillants ; en sorte que le nom du Seigneur est blasphémé par suite de votre imprudence[53], et que vous vous créez des périls… Tel fidèle est spécialement doué pour expliquer les secrets de la gnose, il a la sagesse qu’il faut pour discerner les discours, il est pur en ses actions ; qu’il s’humilie d’autant plus qu’il paraît plus grand, qu’il cherche l’utilité commune de tous avant la sienne propre.


Ce que les auteurs des troubles auraient de mieux à faire, c’est de s’expatrier.


Est-il parmi vous quelqu’un de généreux, de tendre, de charitable, qu’il dise : « Si je suis cause de la sédition, de la querelle, des schismes, je me retire, je m’en vais où vous voudrez, je fais ce qu’ordonne la majorité. Je ne demande qu’une seule chose, c’est que le troupeau du Christ soit en paix avec les anciens qui ont été établis. » Celui qui en usera ainsi s’acquerra une grande gloire dans le Seigneur et sera reçu partout où il voudra se rendre avec empressement. « La terre, avec tout ce qu’elle contient, est au Seigneur[54]. » Voilà ce qu’ont fait, ce que feront encore ceux qui pratiquent la politique de Dieu, qui n’amène jamais le repentir[55].


Des rois, des chefs païens sont allés au-devant de la mort en temps de peste pour sauver leurs concitoyens ; d’autres se sont exilés pour mettre fin à une guerre civile. « Nous savons que plusieurs parmi nous se sont livrés aux chaînes pour en délivrer d’autres. » Judith, Esther se sont dévouées pour leur peuple[56]. Si ceux qui ont été les causes de la révolte reconnaissent leurs torts, ce n’est pas à nous, c’est à Dieu qu’ils céderont. Tous doivent recevoir avec joie la correction de l’Église[57].


Vous donc qui avez commencé la sédition, soumettez-vous aux anciens, et recevez la correction en esprit de pénitence, fléchissant les genoux de vos cœurs[58]. Apprenez à vous soumettre, renonçant à la hardiesse vaine et insolente de votre langue ; car il vaut mieux pour vous être petits mais estimés dans le troupeau du Christ que de garder vos apparences de supériorité et d’être mis au ban des espérances du Christ.


La soumission qu’on doit avoir envers les évêques et les anciens, le chrétien la doit aux puissances de la terre. Au moment des plus diaboliques atrocités de Néron, nous avons entendu Paul et Pierre déclarer que le pouvoir de ce monstre venait de Dieu[59]. Clément, dans les jours mêmes où Domitien sévissait le plus cruellement contre l’Église et le genre humain, le tient également pour le lieutenant de Dieu. Dans une prière qu’il adresse à Dieu, il s’exprime ainsi :


C’est toi, maître suprême, qui, par ta grande et inénarrable puissance, as donné à nos souverains et à ceux qui nous gouvernent sur la terre le pouvoir de la royauté, pour que, connaissant la gloire et l’honneur que tu leur as départis, nous leur soyons soumis, évitant ainsi de nous mettre en contradiction avec ta volonté. Donne-leur, Seigneur, la santé, la paix, la concorde, la stabilité, pour qu’ils exercent sans obstacle la souveraineté que tu leur as confiée. Car c’est toi, maître céleste, roi des mondes, qui as donné aux enfants des hommes la gloire et l’honneur et le pouvoir sur tout ce qui est à la surface de la terre. Dirige, Seigneur, leur volonté selon le bien et selon ce qui t’est agréable, afin que, exerçant en paix, avec douceur, pieusement, le pouvoir que tu leur as donné, ils te trouvent propice.


Tel est cet écrit, monument insigne de la sagesse pratique de l’Église de Rome, de sa politique profonde, de son esprit de gouvernement. Pierre et Paul y sont de plus en plus réconciliés[60] ; tous deux ont eu raison ; le débat de la Loi et des œuvres est pacifié[61] ; l’expression vague « nos apôtres », « nos colonnes »[62] masque le souvenir des luttes passées. Quoique hautement admirateur de Paul[63], l’auteur est profondément juif. Jésus est simplement pour lui « l’enfant aimé de Dieu », « le grand prêtre, le chef des chrétiens »[64]. Loin de rompre avec le judaïsme, il conserve dans son intégrité le privilège d’Israël ; seulement un nouveau peuple choisi parmi les gentils est adjoint à Israël. Toutes les prescriptions antiques gardent leur force, bien que détournées de leur sens primitif[65]. Tandis que Paul abroge, Clément conserve et transforme. Ce qu’il veut avant tout, c’est la concorde, l’uniformité, la règle, l’ordre dans l’Église comme dans la nature[66] et dans l’empire romain[67]. L’armée lui paraît le modèle de l’Église[68]. Obéir chacun dans son rang, voilà la loi du monde. Les petits ne peuvent exister sans les grands, ni les grands sans les petits ; la vie du corps est la résultante de l’action commune de tous les membres. L’obéissance est donc le résumé, le synonyme du mot « devoir ». L’inégalité des hommes, la subordination des uns aux autres est une loi de Dieu.

L’histoire de la hiérarchie ecclésiastique est l’histoire d’une triple abdication, la communauté des fidèles remettant d’abord tous ses pouvoirs entre les mains des anciens ou presbyteri, le corps presbytéral arrivant à se résumer en un seul personnage qui est l’episcopos ; puis les episcopi de l’Église latine arrivant à s’annuler devant un d’entre eux qui est le pape. Ce dernier progrès, si on peut l’appeler ainsi, ne s’est accompli que de nos jours. La création de l’épiscopat est l’œuvre du iie siècle. L’absorption de l’Église par les presbyteri est un fait accompli avant la fin du premier. Dans l’épître de Clément Romain, ce n’est pas encore l’épiscopat, c’est le presbytérat qui est en cause[69]. On n’y trouve pas trace d’un presbyteros supérieur aux autres et devant détrôner les autres. Mais l’auteur proclame hautement que le presbytérat, le clergé, est antérieur au peuple. Les apôtres, en établissant des Églises, ont choisi, par l’inspiration de l’Esprit, « les évêques et les diacres des futurs croyants ». Les pouvoirs émanant des apôtres ont été transmis par une succession régulière. Aucune Église n’a donc le droit de destituer ses anciens[70]. Le privilège des riches est nul dans l’Église. Pareillement ceux qui sont favorisés de dons mystiques, loin de se croire au-dessus de la hiérarchie, doivent être les plus soumis.

On touchait au grand problème : qui existe dans l’Église ? Est-ce le peuple ? Est-ce le clergé ? Est-ce l’inspiré ? La question s’était déjà posée du temps de saint Paul[71], qui la résolvait de la vraie manière, par la charité mutuelle. Notre Épître tranche la question dans le sens du pur catholicisme. Le titre apostolique est tout ; le droit du peuple est réduit à rien. On peut donc dire que le catholicisme a eu son origine à Rome, puisque l’Église de Rome en a tracé la première règle. La préséance n’appartient pas aux dons spirituels, à la science, à la distinction ; elle appartient à la hiérarchie, aux pouvoirs transmis par le canal de l’ordination canonique, laquelle se rattache aux apôtres par une chaîne non interrompue. On sentait que l’Église libre, comme l’avait conçue Jésus[72] et comme saint Paul l’admettait encore[73], était une utopie anarchique, dont il n’y avait rien à tirer pour l’avenir. Avec la liberté évangélique on avait le désordre ; on ne voyait pas qu’avec la hiérarchie on aurait à la longue l’uniformité et la mort.

Au point de vue littéraire, l’épître de Clément a quelque chose de faible et de mou. C’est le premier monument de ce style prolixe, chargé de superlatifs, sentant le prédicateur, qui est resté jusqu’à nos jours celui des bulles papales. L’imitation de saint Paul y est sensible ; l’auteur est dominé par le souvenir des Écritures sacrées. Presque à chaque ligne, ce sont des allusions aux écrits de l’Ancien Testament. Quant à la nouvelle Bible en train de se former, Clément s’en montre singulièrement préoccupé. L’Épître aux Hébreux, qui était une sorte de patrimoine de l’Église de Rome[74], formait évidemment sa lecture habituelle[75] ; il en faut dire autant des grandes épîtres de saint Paul[76]. Ses allusions aux textes évangéliques semblent se partager entre Matthieu, Marc et Luc[77] ; on peut dire qu’il avait à peu près la même matière évangélique que nous[78], sans doute distribuée autrement que nous ne l’avons. Les allusions aux épîtres de Jacques et de Pierre sont douteuses[79]. Mais ce qui frappe, c’est l’usage des apocryphes juifs, auxquels Clément accorde la même autorité qu’aux écrits de l’Ancien Testament[80], Judith[81], un apocryphe d’Ézéchiel[82], l’Assomption de Moïse[83], peut-être la prière de Manassé[84]. Comme l’apôtre Jude, Clément admettait dans sa Bible tous ces produits récents des passions ou de l’imagination juives, si inférieurs à la vieille littérature hébraïque, mais plus susceptibles que cette dernière de plaire au temps par un ton d’éloquence pathétique et de vive piété.

L’épître de Clément atteignit, du reste, le but qu’elle s’était proposé. L’ordre se rétablit dans l’Église de Corinthe[85]. Les hautes prétentions des docteurs spirituels s’abaissèrent. Telle était la foi ardente de ces petits conventicules, qu’on subissait les plus grandes humiliations plutôt que de quitter l’Église. Mais l’ouvrage eut un succès qui dépassa de beaucoup les limites de l’Église de Corinthe. Il n’y eut pas d’écrit plus imité, plus cité. Polycarpe[86] ou celui qui a écrit l’épître qu’on lui attribue, l’auteur des épîtres apocryphes d’Ignace[87], l’auteur du morceau faussement appelé Deuxième Épître de saint Clément[88], y font des emprunts comme à un écrit presque su par cœur et qu’on s’était incorporé. La pièce fut lue dans les Églises comme une écriture inspirée[89]. Elle prit place parmi les annexes du canon du Nouveau Testament. C’est dans un des plus anciens manuscrits de la Bible (le Codex Alexandrinus) qu’elle a été retrouvée à la suite des livres de la nouvelle alliance et comme l’un d’eux[90].

La trace laissée à Rome par l’évêque Clément fut profonde[91]. Dès les temps les plus anciens, une église consacra sa mémoire[92], dans la vallée entre le Cælius et l’Esquilin, à un endroit où la tradition veut qu’ait été placée sa maison paternelle[93] et où d’autres, par suite d’une hésitation séculaire, voulurent rapporter le souvenir de Flavius Clemens[94]. Nous le verrons plus tard devenir le héros d’un roman à surprises, très-populaire à Rome et intitulé « les Reconnaissances », parce que son père, sa mère et ses frères, pleurés comme morts, se retrouvent et se reconnaissent. On lui associait une certaine Grapté, chargée à côté de lui du gouvernement et de l’enseignement des veuves et des orphelins[95]. Dans la pénombre où il reste, enveloppé et comme perdu dans la poussière lumineuse d’un beau lointain historique, Clément est une des grandes figures du christianisme naissant. Quelques rayons sortent seuls du mystère qui l’entoure ; on dirait une tête sainte d’une vieille fresque effacée de Giotto, reconnaissable encore à son auréole d’or et à quelques vagues traits d’un éclat pur et doux.

  1. Irénée, III, iii, 3 ; Épiphane. xxvii, 6, etc. Voir ci-dessus, p. 138, 156-158, 170.
  2. C’est fautivement que certaines listes placent Clément entre Linus et Anenclet, ou bien entre le prétendu Clet et Anaclet. Voir ci-dessus, p. 137-139.
  3. Phil., iv, 3. L’identification de Clément Romain avec le Clément de Phil., iv, 3, est tout à fait arbitraire.
  4. C’est peu probable. Le presbyteros, en ce cas, se serait appelé Flavius et non pas Clemens.
  5. L’épître ne saurait en aucune façon être de Flavius Clemens. Elle est beaucoup trop juive pour cela. Le ch. lxi de la partie nouvelle publiée par Philothée Bryenne détonnerait tout à fait dans la bouche d’un membre de la famille impériale.
  6. Récognitions, VII, 8 ; IX, 35 ; Homélies pseudo-clém., v, 7 ; xii, 8 ; xiv, 40 ; saint Eucher, De contemptu mundi, 32 (Max. bibl. Patr., Lugd., VI, p. 859) ; légende des SS. Nérée et Achillée (Acta SS. Maii, III, p. 4 et suiv.) ; Nicéphore, II, 33 ; III, 18. L’évêque Clément n’est jamais appelé Flavius. Il est singulier, au contraire, que Clément d’Alexandrie porte les prénoms de Titus Flavius (Eus., H. E., VI, xiii, 1 ; Photius, cod. cxi).
  7. Pseudo-Hermas, vis. ii, 4 ; Irénée, Adv. hær., III, iii, 3 ; Denys de Corinthe, dans Eus., H. E., IV, xxiii, 11 ; Tertullien, Præscr., 32.
  8. Ὁ ἀπόστολος Κλήμης. Clément d’Alexandrie, Strom., IV, xvii, nit. Saint Jérôme l’appelle « Vir apostolicus ». In Is., lii, 13.
  9. Notez surtout, dans son épître, l’expression ὁ πατὴρ ἡμῶν Ἰακώϐ (ch. 4) et ce qu’il dit du temple de Jérusalem (ch. 40, 41). Le récit des Homél. pseudo-clém., xii, 8, est de pure invention, sauf un vague souvenir de ce fait qu’il y avait eu des chrétiens dans la branche des Clemens de la famille flavienne. Les noms de Mattidie, de Faustinus, de Faustinianus, trahissent une date postérieure aux Flavius. Le Liber pontificalis emprunte le nom du père de Clément aux Homélies et indique le quartier qu’il habitait d’après le site de l’église de saint Clément.
  10. Par exemple, ch. iii.
  11. L’hébraïsme οὗ ἡ πνοὴ αὐτοῦ, ch. 21, fin, vient peut-être d’une citation tacite d’un texte biblique. Les hébraïsmes comme τοῖς υἱοῖς τῶν ἀνθρώπων (ch, 61, édit. Phil. Bry.), ἐνώπιόν σου (ibid.) ἐν τῳ ἀπολιπεῖν (ch. 3), τίς οὐν… (ch. 54), l’emploi de ἐν dans le sens du be hébreu, etc., peuvent être des imitations de la traduction grecque de la Bible.
  12. Ch. 40, 41, l’auteur de l’épître parle du temple comme existant, parce qu’il ne le connaissait que par les livres.
  13. Voir surtout ch. 20 et en particulier le passage sur « les mondes situés derrière l’Océan ». Notez la comparaison du phénix, ch. 25.
  14. Ch. 55.
  15. Irénée, l. c. Irénée a besoin, pour sa thèse sur la tradition apostolique, que ces relations aient eu lieu. Tertullien, Præscr., 32 ; Origène, De princ., II, 6 ; Rufin, De adult. libr. Orig., p. 50 (Delarue, t. IV, append.).
  16. Pseudo-Hermas, vis. ii, 4.
  17. Les deux Épîtres sur la virginité, les Épîtres dites décrétales, etc. (Voir l’édit. de Cotelier.)
  18. Pasteur, vis. ii, 4. Ἐκείνῳ γὰρ ἐπιτέτραπται.
  19. Épître, ch. i. Selon la traduction de saint Jérôme, Eusèbe (Chron., p. 160-163, édit. Schœne) plaçait la mort de Clément en la deuxième année de Trajan. Selon la traduction arménienne, cette mort eut lieu en l’an 14 de Domitien. Irénée (III, iii, 3) ne connaît qu’un seul évêque de Rome martyr : c’est saint Télesphore.
  20. Luc, xxii, 32.
  21. Hégésippe, dans Eus., H. E., III, 16 ; IV, 22.
  22. Voir Saint Paul, ch. xiv. Comp. Clément, Ép., 1, 2, 3, 14, 46, 47, 54.
  23. Clém. Rom., Ad Cor. I, ch. 44.
  24. Clém. Rom., Ad Cor. I, ch. 40 et suiv.
  25. Voir Saint Paul, p. 381 et suiv.
  26. Clém. Rom., Ad Cor. I, ch. 38, 48. Cf. ch. 1, 21.
  27. Clém. Rom., Ad Cor. I, ch. 38, 48.
  28. Peu d’écrits sont aussi authentiques ; Denys de Corinthe (dans Eus., H. E., IV, xxiii, 11), Hégésippe (dans Eus., H. E., III, xvi ; IV, xxii, 1), Irénée (Adv. hær., III, iii, 3), Clément d’Alexandrie (Strom., I, 7 ; IV, 17-19 ; V, 12 ; VI, 8), Origène (De princ., II, 6 ; Selecta in Ezech., viii, 3, Opp., t. III, 422 ; In Johann., i, 28, tom. vi, 36, Opp., t. IV, 153), Eusèbe (H. E., III, xvi ; xxxviii, 1 ; VI, xiii, 6). L’ouvrage n’était connu jusqu’à ces derniers temps que par le Codex Alexandrinus. Il s’y trouvait une lacune de deux pages. En 1875, Philothée Bryenne, métropolite de Serres, l’a publié complet d’après un manuscrit de la Bibliothèque du Saint-Sépulcre au Fanar (Constantinople, in-8o). Voir les nouvelles publications de M. Hilgenfeld, de MM. de Gebhardt et Harnack (Leipzig 1876), de M. Lightfoot (Londres 1877). Dans le Codex Alexandrinus, l’écrit est expressément attribué à Clément (catal. en tête du volume). Dans le manuscrit du Fanar, la même attribution fait partie du titre. La prétendue seconde lettre aux Corinthiens, gardée par les mêmes volumes, et complète seulement dans le second, n’est pas de Clément. Irénée (l. c.), Clément d’Alexandrie (Strom., V, 12), Origène ne parlent que d’une seule lettre de Clément aux Corinthiens. Cf. Eusèbe, H. E., III, 38 ; et Jérôme, De viris ill., 16. Photius, cxii, cxiii. La prétendue seconde épître est plutôt un sermon qu’une lettre. Elle appartient au iie siècle. V. Journ. des savants, janv. 1877. Il circula, du reste, d’autres épîtres supposées sous le nom de Clément. Epiph., hær., xxii, 6 ; xxx, 15 ; Hilgenfeld, Nov. Test. extra can. rec., I, p. 61, 74-76. Cf. Zeitschrift für Kirchengesch., I, p. 272 et suiv., 329 et suiv.
  29. Ch. 63 et 65 de l’édition du métropolite Philothée.
  30. Τοῖς ἡγουμένοις ὑμῶν. Ὑμῶν manque dans le ms. du Fanar.
  31. Τοῖς παρ’ ὑμῖν πρεσϐυτέροις.
  32. Τοῖς ἐφοδίοις τοῦ Χριστοῦ. Ms. du Fanar et traduction syriaque, et non τοῦ θεοῦ, comme porte l’Alexandrinus.
  33. Παθήματα, comme portent les deux manuscrits et le syriaque. La nécessité de la correction μαθήματα disparait dès qu’on lit ci-dessus τοῦ Χριστοῦ au lieu de τοῦ θεοῦ. Cf. Gal., iii, 1.
  34. Deutér., xxxii, 15.
  35. Ch. 5 et 6.
  36. Ms. du Fanar, διὰ ζῆλον καὶ ἔριν.
  37. Comparez Gal., ii, 9.
  38. Ms. du Fanar, ἤθλησαν.
  39. Μαρτυρήσας n’implique la mort que d’une façon indirecte.
  40. Ms. du Fanar, διὰ ζῆλον καὶ ἔριν.
  41. Voir l’Antechrist, ch. vii et viii. Comp. ch. 62 (édition Bryenne).
  42. Ch. 21. Cf. ch. 34.
  43. Ch. 37. On a proposé de lire τοῖς ἡγουμενοις αὐτῶν. Mais les deux manuscrits portent ἡμῶν ; en outre, le passage ch. 61, perdu dans l’Alexandrinus, d’accord avec le syriaque, τοῖς τε ἄρχουσι καὶ ἡγουμένοις ἡμῶν (v. ci-après p. 330) justifie pleinement la leçon du ch. 37. Voir Journal des Savants, janv. 1877, p. 8-9.
  44. Ch. 40, 41. Voir ci-dessus, p. 314, note 1.
  45. Ch. 42.
  46. Sur la synonymie de presbyteros et d’episcopos, voir saint Paul, p. 238-239.
  47. Citation par à peu près de la traduction grecque d’Isaïe, lx, 17.
  48. Ch. 44.
  49. Ressemblance avec II Tim., iv, 6.
  50. Ch. 46.
  51. Ch. 47.
  52. I Cor., 1.
  53. Comp. Rom., ii, 24.
  54. Ps. xxiii, 1.
  55. Ch. 54.
  56. Ch. 55. Cf. ch. 59, édit. de Philothée Bryenne.
  57. Ch. 56.
  58. Expression empruntée peut-être à la Prière de Manassé, verset 11.
  59. Rom., xiii, 1 et suiv. ; I Petri, ii, 13, 17. Cf. Tit., iii, 1.
  60. Ch. 5. Les deux apôtres sont nommés οἱ πατέρες ἡμῶν, au ch. 62 de la partie retrouvée par Philothée.
  61. Ch. 31, 32, 33.
  62. Ch. 5, 42, 44.
  63. Ch. 47.
  64. Ch. 59, 61, 64 (édit. de Philothée). Ce sont probablement ces passages qui parurent à Photius (cod. cxxvi) renfermer une doctrine incomplète de la divinité de Jésus-Christ.
  65. Ch. 40-44.
  66. Ch. 20.
  67. Ch. 37.
  68. Ibid.
  69. Ch. 39. Les mots πρεσϐύτεροι, ἐπίσκοποι (ch. 42, 44), sont synonymes dans notre épître, comme dans Phil., i, 1 ; Act., xx, 17 et suiv., 28. Les mots ἡγούμενοι, προηγούμενοι ont le même sens. Cf. Hebr., xiii, 7, 17, 24. Voir saint Paul, p. 238-239.
  70. Ch. 44.
  71. Saint Paul, p. 405 et suiv.
  72. Matth., xviii, 20.
  73. II Cor., i, 21.
  74. Voir l’Antechrist, p. xviii et suiv.
  75. Ch. 9, 10, 12, 17, 27, 36, 43, 51, 56, 58.
  76. Ch. 13, 24, 32, 34, 35, 37, 47, 49.
  77. Ch. 13, 15, 16, 24, 46. Ἄγραφον, ch. 2. Cf. Act., xx, 35.
  78. Naturellement, il n’est pas question ici du quatrième Évangile.
  79. Ch. 12, 30, 49.
  80. Cf. Photius, cod. cxxvi.
  81. Ch. 55.
  82. Ch. 8.
  83. Ch. 17, 23, 25, 26, 46 (Hilgenfeld).
  84. Comp. ch. 57, κάμψαντες τὰ γόνατα τῆς καρδίας ὑμῶν. Manassé, κλίνω γόνυ καρδίας μου.
  85. Hégésippe, dans Eusèbe, H. E., IV, xxii, 2.
  86. Comp. Clém., 1, à Polyc., 4 ; Clém., 5, à Polyc., 9 ; Clém., 7, à Polyc., 7 ; Clém., 9, à Polyc., 2 ; Clém., 13, à Polyc., 2 ; Clém., 21, à Polyc., 4.
  87. Ad Polyc., 5. Cf. Clém., 38, 48.
  88. Ch. 11. Comp. I Clém., 23. Les traces d’imitation de Clément qu’on croit trouver dans l’Épître dite de Barnabé sont peu caractérisées.
  89. Denys de Cor., l. c. ; Eusèbe, H. E., III, 16, 38 ; IV, 23 ; saint Jérôme, De viris ill., 15 ; Canones apostol., 85 (Lagarde, Rel. jur. eccl. ant., p. 35.)
  90. Credner, Gesch. des neut. Kan., p. 239, 244. Cf. ibid., p. 247, 252, etc.
  91. Irénée, III, iii, 3.
  92. Saint Jérôme, De viris ill., 15 ; Conc. de Labbe, II, 1558 D. Voir Bullettino de Rossi, lre série, 1863, p. 25 et suiv. ; 2e série, 1870, p. 129 et suiv. ; Revue archéologique, juillet, août et sept. 1872.
  93. Les curieuses substructions que l’on a découvertes sous l’église Saint-Clément n’éclaircissent pas la question, mais infirment plutôt l’opinion traditionnelle. Parmi ces substructions il y a un mithræum.
  94. Voir ci-dessus, p. 229, note. Cf. Journal des sav., janv. 1870, p. 24.
  95. Pasteur, Vis. ii, 4.