Les Actes des Apôtres/59

La bibliothèque libre.

LIX

NÉRON FAIT JETER S. PIERRE DANS LA PRISON MAMERTINE. FONTAINE MIRACULEUSE.



Grand’mère. L’empereur Néron fut très-affligé et encore plus furieux du malheur arrivé à son détestable ami. Il ne songea pas un instant à reconnaître la toute-puissance de Jésus-Christ, au nom duquel saint Pierre avait obtenu la démonstration publique de l’imposture de Simon. Il ne pensa qu’à se venger de Pierre et des Chrétiens. Il fit saisir saint Pierre et le fit jeter dans la prison Mamertine ; saint Pierre resta neuf mois enchaîné au mur de la prison. Au bout de ce temps, ayant converti les deux capitaines de ses gardes, Proculus et Martinien, ils le firent évader et il se tint caché chez des Chrétiens. Quand vous irez à Rome, vous irez voir cette prison Mamertine, horrible, mais sanctifiée par le souvenir du grand Apôtre, du premier Chef de l’Église, du Vicaire de Notre-Seigneur.

Marie-Thérèse. L’avez-vous vue, Grand’mère ? Comment est-elle ?

Grand’mère. Oui, chère enfant, je l’ai vue. C’est une espèce de caverne ronde et voûtée, haute de six à sept pieds environ, longue et large de huit à neuf pieds, taillée dans un rocher, à trois étages sous terre, sans air, sans jour. Autrefois, sous la république Romaine, on n’y descendait que par un trou rond assez large pour le passage d’un homme ; ce trou était fermé par une pierre. À l’étage au-dessus est une seconde prison, un peu plus élevée et plus grande. Celle-ci n’avait pas non plus d’air ni de jour, et on y descendait également par un trou rond semblable au premier.

La prison Mamertine était la prison du Sénat romain ; c’est là qu’on mettait les grands prisonniers. Longtemps avant l’emprisonnement de saint Pierre, on avait construit des escaliers taillés dans le roc, qui descendaient dans les deux cachots. Saint Pierre était dans celui d’en bas ; les gardes se tenaient dans les deux autres.

Jeanne. Est-ce qu’il n’y a rien dans la prison du pauvre saint Pierre ?

Grand’mère. Rien du tout, excepté la chaîne qui a servi dit-on à l’attacher, et à deux pas en avant, la fontaine qui a jailli à l’ordre de saint Pierre, quand il demanda au Seigneur de lui fournir de l’eau pour baptiser les soldats qu’il convertissait ; car il y avait toujours un soldat de garde dans sa prison, et il les a convertis presque tous.

La source qui jaillit alors a toujours été regardée comme une fontaine miraculeuse, et de tout temps on l’a vénérée à Rome comme provenant de saint Pierre. Ce qui est certain et très-étrange, c’est qu’on n’a jamais pu découvrir d’où vient cette eau, ni où elle va, et que l’on a fait d’inutiles efforts pour l’épuiser, quoique son bassin soit très-petit. Il contient à peine un seau d’eau. Des incrédules qui l’ont visitée ont avoué qu’ils n’y comprenaient rien, et qu’il y avait quelque chose de merveilleux qu’ils ne pouvaient s’expliquer.