Les Altérations de la personnalité (Binet)/6

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Félix Alcan (p. 99-109).


CHAPITRE II


L’INSENSIBILITÉ DES HYSTÉRIQUES (SUITE)
LES ACTES SUBCONSCIENTS D’ADAPTATION

I. Actes d’adaptation inconsciente. — Une ancienne expérience de Lasègue. — Caractères de la catalepsie partielle. — Absence de tremblement, d’effort et de fatigue. — Durée de la conservation de l’attitude. — Interprétation du phénomène.
II. Actes d’adaptation plus compliqués. — Réactions produites par des excitations douloureuses non senties. — Électivité. — Paroles inconscientes. — Écriture automatique spontanée.


I


Lasègue a donné, il y a longtemps déjà, un excellent exemple de mouvements subconscients d’adaptation, quand il a décrit ce qu’il appelle des catalepsies partielles[1] ; elles consistent dans l’aptitude des hystériques à conserver très longtemps avec un membre insensible la position qu’on lui donne, sans que le sujet éprouve de fatigue, sans même qu’il perçoive la position de son membre, si on a pris la précaution de le lui cacher ; la catalepsie partielle peut s’observer en dehors de l’hystérie, dans des conditions mentales équivalentes ; mais nous décrirons ici ce phénomène tel qu’on peut l’observer chez les hystériques.

Soulevons par exemple le bras insensible du sujet, toujours pris à l’état de veille, et avec le dispositif de l’écran ; si nous lâchons brusquement le bras, parfois il retombe le long du corps avec la lourdeur d’un membre atteint de paralysie flaccide, et chez certains sujets on n’arrive pas à autre chose ; chez d’autres, le bras soulevé reste en l’air. Supposons que nous avons à étudier un de ces derniers malades. En soulevant le bras insensible, on peut, au moyen d’un tour de main spécial, le faire retomber ou le maintenir levé. Si on veut qu’il retombe, il faut l’abandonner brusquement ; si on veut qu’il ne retombe pas, il faut le maintenir en position pendant une seconde, ou le serrer un peu. Le membre anesthésique paraît comprendre à merveille le désir de l’expérimentateur ; il le comprend si bien que lorsqu’on n’est pas averti, on ne sait pas comment il se fait que le membre reste levé quand on désire qu’il reste levé, et retombe quand on désire qu’il retombe. Pour provoquer ces deux effets opposés, il suffit d’une nuance. Cet exemple est un des plus frappants qu’on puisse citer pour démontrer l’intelligence qui peut résider dans les mouvements subconscients de l’hystérique.

Le caractère le plus saillant du phénomène, celui sur lequel la simulation, si elle tentait de se produire, ne pourrait s’exercer[2], c’est la durée de la conservation de la pose. Nous ne dirons pas avec Lasègue que cette durée est indéfinie, ce n’est là qu’un mot. Lasègue, qui était un brillant initiateur plutôt que l’homme des recherches approfondies, dit plaisamment que « l’expérimentateur se fatigue d’attendre avant que le malade soit fatigué de l’immobilité ». En effet, l’expérience peut durer fort longtemps. Chez un de nos sujets, le bras droit étendu horizontalement et l’avant-bras légèrement fléchi ont mis une heure vingt minutes à tomber ; ce n’est qu’au bout de ce temps de pose véritablement considérable que le coude, qui baissait lentement, est arrivé au contact du corps, ce qui a mis fin à l’expérience. Chez une autre femme, l’expérience n’a pu être prolongée jusqu’à la fin, mais nous avons constaté qu’au bout de trois quarts d’heure, l’extrémité du membre supérieur droit, qui était étendu horizontalement, avait baissé à peine de cinq à six centimètres.

Si on demande à ces malades de conserver la pose en même temps avec le bras sensible, les deux bras étant étendus horizontalement, on s’aperçoit de la différence qu’il y a entre les deux côtés ; le bras sensible se fatigue, il se fatigue même assez vite, et la malade est obligée de le baisser pour le reposer, alors que le bras insensible reste encore en position.

La conservation de l’attitude n’est pas seulement remarquable par sa durée ; elle présente ce signe particulier qu’elle a lieu sans tremblement ; la main étendue ne présente pas ces légères trémulations qu’on observe chez l’individu normal fatigué de la pose ; le membre du sujet offre seulement de légères oscillations qui le soulèvent tout d’une pièce et semblent en rapport avec les mouvements respiratoires.

À l’absence de tremblement s’ajoute l’absence des signes qui caractérisent l’effort et la fatigue, comme on peut s’en assurer en prenant les tracés des mouvements respiratoires ; la respiration peut conserver son rythme régulier à un moment où chez un sujet normal elle présenterait des irrégularités qui révèlent la fatigue et l’effort destiné à la masquer. Enfin, en dernier lieu, le malade, si on en croit son témoignage, n’éprouve point de sensation consciente de fatigue.

Ces différents signes physiques sont loin d’être constants. J’ai vu des malades chez lesquels les tracés de la respiration présentent au bout de quelque temps un trouble notable, une irrégularité et une précipitation qui sont certainement sous l’influence de la fatigue, bien qu’ils soient bien moindres que ceux qu’on peut observer chez ces mêmes sujets quand c’est le bras sensible qui conserve la pose. Pendant ce temps, le sujet déclare qu’il ne sent aucune fatigue ; nous le croyons sincère, et le démenti que lui donne la méthode graphique est bien curieux ; certainement, dirons-nous, il y a eu fatigue, le tracé en fait foi, mais fatigue inconsciente et atténuée.

On a observé parfois que les sujets, quand ils se prêtent à l’expérience décrite, éprouvent une sensation, non de fatigue, mais de douleur. Cette douleur peut occuper un point du corps assez éloigné du membre en expérience ; c’est par exemple la région précordiale, le flanc, ou l’épaule du côté opposé. Les malades distinguent nettement cette sensation douloureuse de la sensation de fatigue ; il paraît que c’est tout autre chose.

Je n’insiste pas davantage sur l’étude de ce phénomène ; je me contente de renvoyer le lecteur qui voudrait plus de détails aux articles et ouvrages de Lasègue, Saint-Bourdin[3], Liébeault[4], Binet et Féré, Séglas et Chaslin[5], Pitres[6], etc. Je signalerai seulement deux questions particulières.

La première est une question d’interprétation : quelle est la nature de ce phénomène de plasticité cataleptique ? On l’a longtemps décrit comme un phénomène neuro-musculaire, et on en a placé l’origine dans un état d’hyperexcitabilité des centres nerveux, expression commode qui n’explique rien, mais ne compromet personne. On semble admettre aujourd’hui, avec plus de raison, que la psychologie a le droit de revendiquer ces phénomènes ; le fait est que leur origine psychologique n’est pas douteuse chez un grand nombre de sujets ; le tour de main nécessaire pour mettre en jeu cette plasticité le montre suffisamment.

S’ensuit-il que ce soit là une simple suggestion ? Oui, si l’on veut, mais il ne faut pas oublier que la conservation de l’attitude peut avoir lieu pour plusieurs raisons bien distinctes, et qui ne sont vraies chacune que pour un cas particulier ; dans tel cas, par exemple, l’inconscient ne laisse pas retomber le bras soulevé parce qu’il a compris le désir de l’expérimentateur et veut s’y conformer. « Pour mettre un membre en catalepsie, dit M. Bernheim, il suffit de lever ce membre, de le laisser quelque temps en l’air, au besoin d’affirmer que ce membre ne peut plus être baissé ; il reste en catalepsie suggestive ; l’hypnotisé dont la volonté ou le pouvoir de résistance est affaibli conserve passivement l’attitude imprimée. » C’est de l’obéissance ; et l’explication nous paraît exacte pour tous les cas où le phénomène a été produit par suggestion verbale, dans les cas aussi où le sujet a assisté à des expériences analogues sur d’autres malades, et dans les cas enfin où l’inconscient de l’hystérique est assez développé pour se rendre compte de la pensée de l’opérateur ; mais, dans d’autres conditions, chez d’autres malades, il semble que la cause de la catalepsie, tout en restant psychologique, est plus simple ; c’est une pure inertie mentale, ou ce qu’on a appelé un état de monoidéisme ; l’inconscient subit sans la comprendre, sans la raisonner, et par conséquent sans y résister, l’attitude qu’on lui donne. En termes plus précis, nous dirons : quand une attitude est imprimée au bras, on provoque un certain nombre de sensations tactiles et musculaires, qui représentent l’attitude, et qui, en continuant à se produire, deviennent une cause d’excitation pour les muscles dont la contraction maintient l’attitude ; c’est un automatisme de sensations, d’images et de mouvements, peut-être aussi de désirs et volitions rudimentaires, qui est de tous points comparable à celui qui peut déterminer une répétition de mouvements. Ainsi, il y a tantôt suggestion par obéissance raisonnée, tantôt suggestion par automatisme. Dans tous les cas, la plasticité cataleptique a sa source dans l’état mental du sujet et s’explique par des raisons psychologiques.


II


La conservation d’une attitude est un acte d’adaptation simple ; en voici d’autres plus compliqués.

Si pendant que le bras est soulevé, on le charge de poids, le membre étendu peut ne pas se fléchir brusquement ; il fait un effort approprié à la charge nouvelle, de manière à conserver la position qui lui a été donnée. Dans ce nouvel exemple, on peut s’assurer que le membre insensible fait preuve de perspicacité, car si on presse tout doucement sur le membre étendu, on le fait baisser, tandis que, lorsqu’on attache à ce membre l’anneau d’un poids de 2 kilogrammes, le bras reste en position ; c’est que, dans les deux cas, l’intention de l’expérimentateur est différente, et se traduit par des mouvements différents, que le sujet paraît bien comprendre.

On provoque des mouvements complexes d’adaptation en plaçant dans la main insensible des objets connus ; le contact de ces objets en suggère l’usage, et détermine des mouvements appropriés ; les deux premiers doigts étant placés dans les anneaux d’une paire de ciseaux, la main reconnaît le ciseau, l’ouvre et le ferme comme si elle cherchait à couper quelque chose. Si on met le dynamomètre dans la main d’un sujet, qui a l’habitude de se servir de cet instrument, et qu’on rapproche les doigts des branches, la main serre sans en avoir conscience ; elle serre une fois, deux fois, vingt fois de suite, et davantage ; le propre de ces mouvements d’adaptation est de se continuer très longtemps. Le chiffre de pression est en général un peu inférieur à celui que donne le même sujet quand il presse volontairement. Ce qu’il faut remarquer encore, c’est l’association, la coordination des mouvements inconscients entre eux et avec les impressions qui leur servent de point de départ. Si on tire les deux bras en avant, le sujet étant assis et ayant les yeux bandés, tout le corps se soulève, et les mouvements se coordonnent pour maintenir la station debout sans que le sujet se doute qu’il soit levé. Mais en général, l’harmonie des mouvements ne va pas jusqu’à s’établir entre la physionomie et les attitudes imprimées aux membres ; si on ferme énergiquement le poing anesthésique, la figure ne prend pas une expression de colère ; si on joint les mains, la figure ne prend pas une expression extatique ; cependant cette influence du geste sur la physionomie est dans la logique des choses, et on l’a vue parfois se réaliser pendant la catalepsie partielle de l’état de veille[7]. Il y a là une généralisation de mouvements inconscients qui est analogue à celle que nous avons déjà signalée pour la répétition inconsciente.

Les mouvements d’adaptation les plus curieux se produisent à la suite d’excitations douloureuses, comme des pincements de la peau ou des brûlures ; le personnage inconscient exécute alors des mouvements de défense pour se soustraire à la douleur. Seulement, il ne suffit pas en général pour provoquer ces mouvements de défense, de piquer, même profondément, la main anesthésique. Si le procédé de la piqûre était suffisant, comme c’est celui qu’on emploie dans la clinique courante pour explorer la sensibilité, il y aurait longtemps que les médecins se seraient aperçus des mouvements d’adaptation que nous allons décrire. En réalité, les pincements et piqûres ne produisent pas en général des mouvements de défense ou de fuite ; quoique piquée, la main insensible reste immobile, sans se défendre. Pour lui faire donner un signe de douleur, il faut une excitation qui ait une signification et détermine la perception d’un objet connu. Des impressions simples provoquées par une pointe de compas ou d’épingle sont comme des lettres isolées, a, b, c, qui n’éveillent aucune idée, tandis que les impressions complexes d’une boîte, d’un porte-plume sont comme des mots qui suggèrent une idée.

Voici une des expériences que nous avons imaginées : mettre dans la main insensible du sujet qui ne voit pas sa main une boîte d’allumettes, et chercher s’il peut faire flamber une allumette et éviter la flamme. Les résultats de l’expérience ont beaucoup varié suivant les malades. L’une n’ouvre pas la boîte ; et même, chose assez plaisante, elle commet une erreur de perception ; elle serre la boîte de toutes ses forces, en la confondant sans doute avec le dynamomètre qu’on avait placé dans sa main quelque temps auparavant. Une autre malade, dans les mêmes conditions, montre plus de sagacité ; sa main insensible palpe la boîte, parvient à l’ouvrir après beaucoup d’hésitations, tâte les allumettes avant d’en prendre une, et, quand elle en a pris une, ne cherche pas à l’allumer, mais la tient immobile entre ses deux doigts. Ici encore, curieuse erreur de perception : la main croit tenir un crayon et essaye d’écrire. Nous enflammons nous-même l’allumette et nous la lui donnons. Le pouce et l’index ne paraissent pas s’apercevoir de la flamme qui approche et qui vient s’éteindre à leur contact en brûlant et fondant le bout des ongles. Chez une troisième malade la reconnaissance de la nature de l’objet a été complète ; au bout d’un instant de contact, la main entoure la boîte, la palpe, paraît la reconnaître, pousse en dehors le tiroir qui contient les allumettes, en prend une, la frotte contre les parois de la boîte, l’allume, et la tient allumée, en l’inclinant un peu ; à mesure que la flamme s’avance, les doigts reculent, comme s’ils fuyaient devant la chaleur, et quand la flamme approche à l’extrémité de l’allumette, les doigts se desserrent, et l’allumette tombe ; évidemment, tout a été perçu, et la main a même exprimé par son geste la crainte d’être brûlée.

On peut voir d’après ce qui précède que malgré l’insensibilité apparente toutes les espèces de sensibilité peuvent être conservées et mises en jeu par des moyens appropriés. Mais ce n’est pas tout ; l’étude attentive des réactions précédentes montre que bien qu’elles émanent d’une pensée, cette pensée est encore incomplète sur bien des points, puisqu’elle ne peut aboutir, dans certains cas, qu’à des mouvements d’adaptation erronés et qu’elle est incapable de se corriger elle-même. M. Myers, en analysant ces expériences, a remarqué avec raison qu’elles rappellent un peu celles où l’on étudie les mouvements instinctifs d’un animal, après l’avoir privé d’un certain nombre de ses ganglions nerveux ; tel mouvement instinctif peut se produire encore, mais sans discernement.

Nous avons déjà passé en revue la sensibilité tactile, musculaire, douloureuse ; il nous reste, pour être complet, à faire mention de la sensibilité élective. On entend par cette expression l’aptitude que présentent certaines malades à être influencées par une personne et par celle-là seulement ; tel somnambule, par exemple, ne voit, n’entend que son hypnotiseur et n’obéit qu’à lui. Peut-être ne devrait-on pas donner le nom de sensibilité à un phénomène qui est certainement beaucoup plus compliqué que la faculté de percevoir des sensations. Quoi qu’il en soit, on observe de l’électivité dans les phénomènes inconscients qu’on peut provoquer à l’état de veille chez une hystérique, et en voici un exemple très net. Chez certains sujets, le bras qu’on lève pour le mettre en catalepsie ne reste levé que si c’est l’expérimentateur habituel qui le tient ; le contact d’une autre personne peut être reconnu et distingué, car souvent l’ordre d’une autre personne n’est pas obéi ; et c’est en vain que celle-ci soulève le bras et cherche à le maintenir en l’air un moment ; aussitôt qu’elle le quitte, il retombe ; et parfois même, il refuse de se soulever et se raidit pour résister.

Nous abordons ici des phénomènes complexes, dont l’analyse est difficile pour le moment, et qui même seraient révoqués en doute s’ils n’étaient pas en continuation avec ceux que nous venons d’étudier. Nous ne nous y arrêterons pas longtemps ; nous devons cependant les mentionner. Il arrive parfois que lorsqu’on vient de piquer la main insensible, derrière l’écran, celle-ci se retire brusquement et le sujet s’écrie : « Vous m’avez fait mal ! » Un observateur non prévenu, qui assisterait à cette expérience pour la première fois, serait en droit de conclure que le sujet n’a pas perdu sa sensibilité ; mais il faut remarquer que le sujet a prononcé ces mots sans conscience ; quand on lui adresse ensuite la parole pour lui demander si la douleur a été très vive, il répond qu’il n’a rien senti, et il soutient même qu’il n’a pas dit un mot ; sans doute son témoignage, pris isolément, paraîtra suspect ; mais si ce sujet présente en outre une anesthésie régulièrement constatée, et s’il a des mouvements inconscients très développés, nous serons disposés à admettre la sincérité de son affirmation ; nous admettrons que le personnage subconscient qui est en lui a perçu la douleur, et que ce personnage, qui peut exprimer la douleur par des mouvements de la main, peut aussi, par occasion, l’exprimer au moyen de la parole. Quand l’attention de l’observateur est dirigée de ce côté, il peut relever assez souvent au cours des expériences des signes d’impatience, des tressaillements, et même des mots murmurés à voix basse qui appartiennent certainement au personnage inconscient. Il est bien entendu que ces phénomènes sont toujours d’une interprétation délicate.

Enfin, l’inconscient peut s’affirmer d’une manière encore plus complète par l’écriture automatique spontanée. C’est la dernière observation que nous rapporterons, car ici les phénomènes que nous étudions sont bien prêts de se confondre avec ceux du spiritisme, qui feront l’objet d’un autre chapitre. Nous avons vu déjà précédemment que lorsqu’on fait répéter à la main insensible un mot contenant une faute d’orthographe, elle peut corriger la faute ; c’est une première preuve d’initiative ; l’inconscient peut en donner bien d’autres. Il y a des malades auxquels il suffit de faire écrire, par la main insensible, une seule lettre pour que le mot entier qui commence par cette lettre, soit écrit ; on fait tracer la lettre P, et le sujet écrit Paris, et ainsi de suite. Parfois, à la suite de ce premier mot, la main en écrit un second, sans en avoir conscience ; parfois même, c’est une phrase entière qui apparaît ; et j’ai vu des sujets hystériques auxquels il suffit de mettre un crayon dans la main insensible pour que des pages entières se couvrent d’écriture, sans que le sujet cesse de parler de toute autre chose ; et il paraît n’avoir pas conscience de ce que fait sa main. Tout se passe à peu près comme dans l’observation de M. Taine, rapportée plus haut. Nous pouvons rappeler à l’occasion de ces observations les réserves que nous venons de faire sur l’interprétation des cris de douleur du personnage inconscient ; rien ne prouve que le malade ne simule pas, et la simulation serait dans ce cas particulièrement facile ; mais ce n’est pas sur une expérience isolée qu’il faut fonder sa conviction ; il faut étudier un ensemble de faits et voir s’ils s’enchaînent.


  1. Lasègue, Études médicales, II, 35.
  2. Nous parlons seulement de la simulation tentée par une personne non hystérique.
  3. Catalepsie, p. 59.
  4. Du Sommeil, p. 72.
  5. La Catatonie (Arch. de neurologie, nos 44, 45, 46, 1888).
  6. L’Anesthésie hystérique, p. 72.
  7. Pierre Janet, Automatisme psychologique, p. 232. Nous aurons à citer souvent cet important ouvrage, dans lequel la question de la dissociation mentale a été traitée avec une grande largeur d’idées. Nous exposons ici le même sujet que M. Pierre Janet, mais en nous plaçant à un point de vue un peu différent du sien ; nous n’avons point cherché, comme lui, à faire valoir nos opinions personnelles ; nous nous attachons plutôt à exposer les résultats acquis et admis par la majorité des auteurs ; c’est pour cette raison que nous laissons de côté plusieurs de nos expériences personnelles qui n’ont pas encore été répétées et vérifiées par d’autres.