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Les Amours (1553)/Poème 147

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Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 180).

Lune à l’oeil brun, la dame aus noirs chevaus,
Qui ça qui là, qui haut qui bas te tournent,
Et de retours, qui jamais ne sejournent,
Trainent ton char eternel en travaus.

A tes desseins les miens ne sont égaus,
Car les amours qui ton coeur epoinçonnent,
Et ceus aussi qui mon coeur eguillonnent,
Divers souhaits desirent à leurs maus.

Toi mignotant ton dormeur de Latmie,
Tu voudrois bien qu’une course endormie
Emblât le train de ton char qui s’enfuit:

Mais moi qu’Amour toute la nuit devore,
Las, des le soir je souhaitte l’Aurore,
Pour voir le jour, que me celoit ta nuit.