Les Amours (1553)/Poème 148
Apparence
Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte, (p. 181).
Une diverse amoureuse langueur,
Sans se meurir dans mon ame verdoie :
Dedans mes yeus une fontaine ondoie,
Un Montgibel s'enflame dans mon coeur.
L'un de son feu, l'autre de sa liqueur,
Ore me gele, & ore me foudroie,
Et l'un & l'autre à son tour me guerroie,
Sans que l'un soit dessus l'autre vainqueur.
Fais, Amour, fai qu'un des deus ait la place,
Ou le seul feu, ou bien la seule glace,
Et par l'un d'eus mets fin à ce debat :
J'ai, seigneur, j'ai, j'ai de mourir envie,
Mais deus venins n'etouffent la vie,
Tandis que l'un à l'autre se combat.