Les Amours (1553)/Poème 154
Apparence
Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte, (p. 186).
En ma douleur, las chetif, je me plais,
Soit quand la nuit les feus du ciel augmente,
Ou quand l’Aurore enjonche d’Amaranthe
Le jour melé d’un long fleurage épais.
D’un joieus dueil sans faim je me repais:
Et quelque part ou seulet je m’absente,
Devant mes yeus je voi toujours presente,
Celle qui cause & ma guerre & ma pais.
Pour l’aimer trop egalement j’endure,
Ore un plaisir, ore une peine dure,
Qui d’ordre egal viennent mon coeur saisir:
Et d’un tel miel mon absynthe est si pleine,
Qu’autant me plait le plaisir que la peine,
La peine autant comme fait le plaisir.