Les Amours (1553)/Poème 195
Apparence
Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte, (p. 223).
Un sot Vulcan ma Cyprine fâchoit,
Mais elle à part, qui son courrous ne cele,
L'un de ses yeus arma d'une estincelle,
De l'autre un lac sur sa jouë espanchoit.
Tandis Amour, qui petit se cachoit
Folatrement dans le sein de la belle,
En l'oeil humide aloit baignant son aele,
Puis en l'ardent ses plumes il sechoit.
Ainsi voit on quelquefois en un tans,
Rire & pleurer le soleil du printans,
Quand une nuë à demi traverse.
L'un dans les miens darda tant de liqueur,
Et l'autre apres tant de flames au coeur,
Que pleurs & feus depuis l'heure je verse.