Les Callipyges/Tome 1/Chap. 4

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(Émile Desjardins)
Au dépens de la Compagnie (p. 65-79).

CONFÉRENCE EXPÉRIMENTALE
tenue chez
Mrs FLOG.

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Le lendemain, à huit heures du soir, la réunion était au complet dans la salle du fouet du pensionnat de Mrs Flog. Les Callipyges et les conférencières avaient pris place dans des fauteuils, Lady Lovebirch au milieu. Mrs Flog debout, attend les ordres de la présidente.

— J’ai laissé Margaret dans mon coupé, dit lady Lovebirch ; elle ne se doute de rien et j’ai préféré qu’elle fut introduite, quand nous serions installées comme les juges d’un tribunal. J’espère, Madame Flog, puisque vous êtes chargée de la délicate mission de réduire ma pudique femme de chambre, que vous ne vous laisserez arrêter par aucune considération, et que vous mènerez cette affaire au mieux. Je crains cependant, que ce ne soit pas très-facile ; mais nous sommes ici en assez grand nombre, pour avoir raison de la résistance la plus opiniâtre. Allez donc, madame Flog, quérir la délinquante, en lui disant que sa maîtresse a à lui parler.

— Vous pouvez compter sur ma fermeté, autant que sur mon zèle, dit Mrs Flog en s’éloignant.

Au bout de cinq minutes elle rentre, suivie d’une superbe créature, qui s’avance jusqu’à sa maîtresse, s’incline et se redresse, attendant que lady Lovebirch lui dise ce qu’elle attend d’elle. Margaret est remarquablement jolie, d’une taille au-dessus de la moyenne, d’une élégance naïve. Elle se tient droite, chaussée de mignons petits souliers pointus, un pied en avant ; un corsage collant qui moule son admirable gorge d’amazone et une jupe en cheviotte bleu-pâle dessinent les splendeurs des formes ; partout des contours, des rondeurs, et sous le renflement des hanches, vigoureusement accusées, la jupe audacieusement ballonnée, promet une admirable chute de reins. On devine la dureté du marbre sous les voiles collants. Une raie de milieu partage une opulente chevelure blonde, peignée à la vierge. Deux yeux pleins de myosotis, d’une douceur angélique, un nez délicat et pur, aux ailes transparentes, des joues d’un rose tendre, des lèvres d’un ton plus vif, entre lesquelles brillent trente deux perles d’une nacre éblouissante, tout dans ses traits semble concourir à mettre la tête d’une madone de Raphaël sur un corps descendu d’une toile de Rubens.

— Margaret, dit lady Lovebirch, je vous ai promis le fouet hier matin, vous allez le recevoir aujourd’hui.

La jeune fille, à ces mots, tressaille comme frappée de la foudre ; les roses de ses joues se colorent d’un vif incarnat, ses narines frémissent, ses oreilles s’agitent, son œil s’illumine d’un éclair, sa belle gorge, soulevée par l’indignation, bondit sur sa poitrine, et semble vouloir rompre une prison devenue trop étroite ; elle grandit, en jetant des regards indignés sur l’assemblée. Un moment suffoquée, elle reprend bientôt haleine, et, s’adressant à sa maîtresse, elle lui dit d’une voix dont la douceur contraste avec la colère qui semble l’agiter :

— Chez vous, sans témoin et par vous, oui madame, car vous êtes ma maîtresse, et c’est dans nos conventions ; mais ici, devant tous ces regard inquisiteurs, je mourrais de honte.

— On ne meurt pas de honte, Margaret, mais vous pouvez, en aggravant votre cas par la résistance, rendre votre châtiment très-sévère, et souffrir ainsi cruellement par votre faute. Au contraire, en acceptant docilement la correction qu’on vous destine, vous en serez quitte à bon compte. Margaret, mettez-vous à genoux devant ce fauteuil, relevez vos jupes, et présentez votre derrière nu à la verge.

— Jamais, non jamais je ne me présenterai à un pareil avilissement. Vous m’arracherez plutôt la vie, que de me faire consentir à me découvrir devant témoins.

— Eh bien donc, Margaret, on se passera de votre consentement, et vous serez fouettée, quand même, bel et bien et fort sévèrement.

Les conférencières, qui se sont avancées pour prêter main-forte à leur collègue, se jettent sur la jeune femme de chambre, qui n’a encore fait aucun mouvement pour se défendre ; mais dès qu’elle se sent saisir, elle se redresse, et secoue les quatre femmes, qui, malgré leurs efforts réunis, ne peuvent la maintenir. C’est un spectacle vraiment curieux que celui que donne cette superbe fille, dont l’indignation décuple les forces, et qui se débarrasse, en jouant des coudes, des huit bras qui l’enserrent.

Les Callipyges, à l’exception de lady Lovebirch, viennent joindre leurs efforts à ceux des conférencières, et malgré la résistance désespérée de l’énergique soubrette, elles l’agenouillent devant le fauteuil, le haut du corps sur le velours du siège. Pendant qu’on la maintient, l’une lui ligote les poignets derrière le dos, l’autre lui attache le haut du corps au fauteuil, au moyen des courroies dont il est muni, deux conférencières lui tiennent les jambes écartées, une troisième lui relève les jupes sur les reins, découvrant un remarquable renflement : le pantalon, gonflé à éclater, laisse passer par la fente un bout de chemise. Toutes les spectatrices attendent anxieuses, muettes, l’apparition de la merveille. Mrs Flog s’avance, glisse la main dans les profondeurs du mystérieux asile, la croupe s’agite comme si une vipère la piquait, la main s’insinue toujours, repoussant la chemise par en haut, puis se retire, laissant la fente à peine écartée, par où l’on voit un coin de chair rose.

— Margaret, on va vous délier les mains si vous voulez entr’ouvrir vous-même votre pantalon, et montrer votre derrière nu.

Margaret ne répond pas.

— On va donc vous l’ouvrir, ma chère.

Aussitôt Mrs Skin-Tear enjambe la victime, s’installe à califourchon sur la croupe, se penche en avant, prend dans ses doigts les bords de la fente, et bientôt l’ouverture pratiquée laisse passer une partie des splendides fesses, et, quoique la surface encadrée soit large et pleine, il en reste plus de la moitié emprisonnée. Elle tient un moment les bords écartés, pour nous permettre d’admirer ce superbe quartier de lune à la fenêtre, tandis que la toile transparente se rose des reflets des chairs emprisonnées.

— Rabattez le pantalon, dit une voix.

Mrs Skin-Tear lâche les bords qui se referment sans se rejoindre, retire la chemise, qu’elle relève sur les reins, déboutonne le pantalon et le rabat sur les cuisses, découvrant un splendide monument, devant lequel l’Olympe se serait prosternée. Mais, à peine a-t-on jeté les yeux sur l’adorable objet, que la même voix crie :

— Toute nue.

C’est lady Lovebirch, qui veut que l’on voie la merveille sans voiles, dans son état de nature, avant que les mains et les verges n’aient changé le ton délicieux de la chair de marbre de la blonde vierge.

Aussitôt on remonte le pantalon, on le reboutonne, on rabat les jupes, et les divines beautés sont de nouveau plongées dans l’ombre ; on remet Margaret debout sur ses pieds. Elle a toujours les poignets ficelés, mais sa résistance est vaincue, et maintenant que ses charmes secrets ont eu des contemplateurs indiscrets, malgré la honte qui l’attend, qu’elle sera toute nue, elle se laisse faire. Seulement elle tourne un regard suppliant vers sa maîtresse, et, voyant que celle-ci la considère d’un œil tendre, elle se décide à lui adresser sa supplique.

— Madame et maîtresse, puisqu’il faut que je succombe, que ce soit vous qui usiez de vos droits. Si vous voulez absolument me châtier, eh, bien ! que votre volonté soit faite, mais que ce soit par vos mains. Je ne résisterai pas, si personne que vous ne me touche.

— Fort bien, Margaret, je vais donc faire suivant vos désirs. Vous allez vous déshabiller lentement et vous mettre toute nue.

— Toute nue ! oh ! quelle honte, madame !

— Toute nue, vous dis-je. Déboutonnez votre corsage. D’ailleurs, je vais vous aider. Bien, dénouez votre robe, bien ; vos jupes, votre dernier jupon. Vous rougissez, Margaret, à chaque voile qui tombe, comment serez-vous donc quand vous serez toute nue ? Maintenant, au corset ! C’est moi qui vais vous servir de femme de chambre ; vous êtes assez souvent la mienne, pour que je sois une fois la vôtre.

Vous avez une gorge adorable, Margaret, Vénus vous l’envierait. Ne rougissez donc pas ainsi ; si je la touche, c’est pour la montrer en détail à ces dames, pour leur en donner une idée, avant qu’elles ne la voient sans voile. Savez-vous, Margaret, qu’elle est dure et ferme votre superbe gorge, comme du marbre, malgré son hardi développement ? Elle vaut bien qu’on la caresse et qu’on l’embrasse, surtout ce délicieux bouton de rose, qu’un Dieu serait heureux de faire éclore sous sa lèvre… Mais, ne tremblez donc pas ainsi.

Déboutonnez votre pantalon, Margaret, laissez-le glisser, bien ; sortez-en, et restez un moment en chemise. Votre chemise transparente, bombée ici et renflée là, prend le ton de votre chair rose, et là, cette petite pointe empesée, que je viens de mordre, crève la fine batiste, y mettant comme une gouttelette de sang vermeil.

Voyons de profil maintenant. Oh ! le beau profil, vraiment ! Margaret, vous ressemblez ainsi, en plus beau, en plus riche, et vous êtes vivante, à la baigneuse de marbre du Musée de Florence. Elle est prête à plonger, les bras levés, les mains jointes, sa gorge, dressée par le mouvement, est de marbre aussi, et son caleçon n’est pas gonflé comme cette bienheureuse chemise au bas de vos reins, et ce n’est pas plus dur que ça.

Maintenant, voulez vous que je vous enlève votre chemise, par en haut ou par en bas ? à moins que vous ne préfériez la retirer vous-même. Vous préférez… très-bien ; faites donc toute seule.

Margaret, rougissant toujours de plus en plus, a des larmes dans les yeux ; ses mains tremblent quand elles dénouent les cordons de la chemise ; elle retire ses bas l’un après l’autre, les colle le long du corps, arrondit ses épaules, et laisse glisser à regret le dernier voile, qui la protégeait contre les regards indiscrets qui la dévorent ; après des arrêts aux saillies, la chemise descend enfin jusqu’aux pieds, où elle s’enroule, la laissant toute nue, blanche et rose, avec sa riche carnation, ses épaules rondes, ses bras à la chair pleine et ferme, sa gorge opulente, aux rondeurs de marbre, braquant vers le ciel comme des lances en arrêt, les deux pointes roses dressées, ses cuisses potelées, ses jambes faites au tour, un ventre poli comme l’agathe, et forçant l’œil ébloui à s’y reposer et à l’admirer, une forêt d’ébène, comme il en pousse quelques unes en Andalousie, haute, large, fournie et cependant du plus fin duvet, qui couvre toute la largueur du ventre, s’arrêtant au dessous du nombril, vers lequel elle se dirige en pointe fuyante. Cette épaisse fourrure noire établit un charmant contraste avec l’opulente chevelure blonde, dont le chignon dénoué laisse voltiger les pointes éparses, qui mêlent l’or de leurs boucles au jais des touffes frisées de la toison.

Sur l’ordre de sa maîtresse, elle se retourne pour aller s’agenouiller sur le bord du fauteuil. Un spectacle enchanteur se déroule à nos yeux. L’admirable chute de reins apparaît dans toute sa splendeur, ondulant sous ses larges hanches en un balancement voluptueux, à chaque pas qui la porte en avant. Ses longs cheveux d’or lui couvrent le dos, et dès qu’elle est agenouillée sur le bord du fauteuil, le front sur le dossier, le flanc tendu, les cheveux épars, on voit ses reins râblés et solides, faits d’une chair pleine et dure, au grain serré, qui ressemble au velours satiné de la peau d’une pêche vermeille, et sous la cambrure du dos la merveilleuse mappemonde, qu’on voit maintenant glorieusement épanouie, au-dessus de deux cuisses opulentes, aux rondeurs fuyantes, que suivent deux jambes rondes, enfermées dans des bas des soie. Deux petits pieds d’enfant complètent ce chef-d’œuvre de la nature.

De la droite à la gauche des spectatrices c’est un concert de louangeuses exclamations ; c’est à qui viendra caresser de la main le doux velours satiné, des prétextes de le fesser. Lady Lovebirch met un terme à ces tendres manifestations ; et, de même que la mère de l’amour prit des fleurs pour fouetter son fils, elle ôte de sa poitrine un magnifique, bouquet de roses, dont elle fouette Margaret pendant quelques minutes.

Elle remet son bouquet dans son sein, non sans en avoir baisé les fleurs, et, prenant la verge, commence à donner au superbe postérieur d’abord de légers coups, comme craignant d’abîmer le satin, puis un peu plus fort, rosant à peine la peau. Margaret cependant paraît sentir vivement les atteintes, car ses belles fesses, jusque là immobiles, commencent à se remuer, allant et venant, s’entr’ouvrant et se refermant en cadence. Lady Lovebirch, mise en goût par le stimulant exercice dont elle raffole, et aussi par le superbe champ de chair qui s’offre à ses coups, ne ménage plus le tendre fessier, elle cingle sévèrement la large surface dans tous les coins ; le gros cul bondit, les belles fesses potelées s’écartent, se referment, laissant vermeilles, qui bâillent et se referment tour-à-tour, au milieu d’un fouillis de poils noirs, imitant le mouvement alternatif des fesses.

Les verges n’épargnent pas même le centre des délices, mais les pointes s’escriment à piquer légèrement le minet énamouré, plutôt qu’elles ne le froissent ; car la patiente, au lieu de serrer les fesses pour mettre à l’abri le chat fustigé, lève le cul, l’élargit, et le pousse en avant, comme pour permettre à la verge d’atteindre plus facilement les bords enchantés de la caresse. Puis, sous une avalanche de coups, cinglés en travers du derrière, les gros hémisphères veloutés se tortillent violemment, se serrent, se contractent, s’écartent brusquement, et le cul se dandine dans un voluptueux balancement, pendant que la victime serre les cuisses maintenant, se frottant lascivement.

Lady Lovebirch, pour terminer dignement l’indulgente correction, reprend son bouquet de roses et en fouette la patiente à tour de bras, émiettant les pétales sous le cul fumant et sous le chat pâmé, où quelques-uns restent collés, se confondant avec les lèvres roses dont ils ont la couleur.

Lady Lovebirch cesse de fouetter, et reste en extase devant le cul empourpré, admirant entre les cuisses, dans la grotte entrebâillée, les dernières vibrations du petit bouton, qui distille sur les bords une abondante rosée, qui s’égrène en perles blanches, qu’on voit briller suspendues à la cime des poils noirs.

Quand Margaret se retourne, la face empourprée, non plus par la honte, ses deux grands myosotis langoureux brillent d’un éclat inaccoutumé ; et, sans songer que lady Lovebirch est sa maîtresse, qu’elles sont séparées par le rang, et que des yeux inquisiteurs la regardent, elle saute au cou de sa maîtresse et l’embrasse avec une effusion débordante.

Lady Lovebirch, qui regarde la société, a dans ses yeux la joie du triomphe.

Lady Finefleece attend les Callipyges et les conférencières demain jeudi chez elle, à son five o’clock tea, (le thé de cinq heures) pour y entendre une conférence anecdotique par lady Fairbottom.


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