Les Chants du bivouac/Salut, Belgique !
Salut, Bruxelles ! Me voici !
Veux-tu de moi, Belgique aimée ?
Si oui, vite un sabre, un fusil
Et ma place au front de l’armée !
Je t’avais dit l’hiver dernier
Que je te reviendrais peut-être…
C’était au mois de Février :
Août, déjà, me voit reparaître.
Parce que ton cœur tourmenté
Pleure du sang mêlé de larmes,
Moi, qui partageai ta gaieté,
J’accours partager tes alarmes.
Fais de moi ce que tu voudras :
Ma France première servie
Je viens t’offrir mon cœur, mon bras,
Et, s’il te le fallait, ma vie.
À tes fils souvent j’ai chanté :
« Les Bretons ont des cœurs fidèles… »
Du pays de Fidélité
Vois : mes chansons, à tire d’ailes,
S’en viennent, par ce triste soir,
Douces alouettes bretonnes,
Te crier leur joyeux : Espoir
Sous le bec des Aigles teutonnes !
Lorsque le Fourrier de la Mort
Lance ses hordes cannibales,
Tout est bon qui meurtrit et mord :
Les chansons, aussi, sont des balles !
Je périrais d’angoisse au loin :
Laisse-moi rêver ta Victoire
Humblement perdu dans un coin
Ainsi que mon « petit Grégoire ».
Et, là, peut-être — dans le rang —
Viennent des heures triomphales
Graver mon nom de barde errant
Dans tes glorieuses Annales,
En succombant avec fierté
(Si tel est mon Destin tragique),
Pour ma France et ta Liberté
« Sous l’étendard de la Belgique ! »