Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre I, Partie II/Chapitre CCCXXI

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Texte établi par J. A. C. Buchon (Ip. 620-621).

CHAPITRE CCCXXI.


Comment la cité de Limoges fut toute arse et détruite, et comment l’évêque du dit lieu fut délivré de mort à la prière du pape.


On ne cessa mie atant ; mais fut la cité de Limoges courue, pillée et robée sans déport et toute arse et mise à destruction ; et puis s’en partirent les Anglois, qui emmenèrent leurs conquêts et leur prisonniers et se retrairent vers Cognac, où madame la princesee étoit, et donna congé le prince à toutes ses gens d’armes ; et ne fit pour cette saison plus avant : car il ne se sentoit mie bien haitié, et tous les jours aggrévoit ; dont ses frères et ses gens étoient tout ébahis. Or vous dirai de l’évêque de Limoges comment il fina, qui fut en grand péril de perdre la tête. Le duc de Lancastre le demanda au prince, qui lui donna et accorda, et fit délivrer à faire sa volonté. Le dit évêque eut amis sur le chemin, et en fut le pape Urbain informé, qui nouvellement étoit venu de Rome en Avignon : dont trop bien en chéy au dit évêque : autrement il eût été mort. Si requit le dit pape au duc de Lancastre par si douces paroles et si traitables, qu’il lui voulsist donner, que le dit duc ne le voult point escondire : si lui octroya et envoya : dont le pape lui sçut grand gré.

Or parlerons des avenues de France.