Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre I, Partie II/Chapitre XLIV

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Texte établi par J. A. C. Buchon (Ip. 353-357).

CHAPITRE XLIV.


Comment il y eut grand’occision des François devant la porte de Poitiers ; et comment le roi Jean fut pris.


Ainsi aviennent souvent les fortunes en armes et en amours, plus heureuses et plus merveilleuses que on ne les pourroit ni oseroit penser et souhaiter, tant en batailles et en rencontres, comme par follement chasser. Au voir dire, cette bataille qui fut assez près de Poitiers, ès champs de Beauvoir et de Maupertuis, fut moult grande et moult périlleuse ; et y purent bien avenir plusieurs grandes aventures et beaux faits d’armes qui ne vinrent mie tous à connoissance. Cette bataille fut très bien combattue, bien poursuie et bien chevauchée pour les Anglois ; et y souffrirent les combattans d’un côté et d’autre moult de peines. Là fit le roi Jean de sa main merveilles d’armes, et tenoit la hache dont trop bien se défendoit et combattoit.

À la presse rompre et ouvrir furent pris assez près de lui le comte de Tancarville et messire Jacques de Bourbon, pour le temps comte de Ponthieu, et messire Jean d’Artois comte d’Eu ; et d’autre part un petit plus en sus, dessous le pennon du captal, messire Charles d’Artois et moult d’autres chevaliers. La chasse de la déconfiture dura jusques aux portes de Poitiers, et là eut grand’occision et grand abatis de gens d’armes et de chevaux ; car ceux de Poitiers, refermèrent leurs portes et ne laissoient nullui entrer dedans : pourtant y eut-il sur la chaussée et devant la porte si grand’horribleté de gens occire, navrer et abattre, que merveilles seroit à penser ; et se rendoient les François de si loin qu’ils pouvoient voir un Anglois ; et y eut là plusieurs Anglois, archers et autres, qui avoient quatre, cinq ou six prisonniers ; ni on n’ouït oncques de telle meschéance parler, comme il avint là sur eux.

Le sire de Pons, un grand baron de Poitou, fut là occis, et moult d’autres chevaliers et écuyers ; et pris le vicomte de Rochechouart[1], le sire de Poiane, et le sire de Partenay ; et de Xaintonge, le sire de Montendre ; et pris messire Jean de Saintré et tant battu que oncques puis n’eut santé ; si le tenoit-on pour le meilleur et plus vaillant chevalier de France ; et laissé pour mort entre les morts, messire Guichard d’Angle, qui trop vaillamment se combattit celle journée.

Là se combattit vaillamment et assez près du roi messire Geffroy de Chargny ; et étoit toute la presse et la huée sur lui, pourtant qu’il portoit la souveraine bannière du roi ; et il même avoit sa bannière sur les champs, qui étoit de gueules à trois écussons d’argent. Tant y survinrent Anglois et Gascons de toutes parts, que par force ils ouvrirent et rompirent la presse de la bataille du roi de France ; et furent les François si entouillés entre leurs ennemis qu’il y avoit bien, en tel lieu étoit et telle fois fut, cinq hommes d’armes sur un gentil homme.

Là fut pris messire Baudouin d’Ennequin de messire Berthelemien de Bruhes ; et fut occis messire Geffroy de Chargny, la bannière de France entre ses mains ; et pris le comte de Dampmartin de monseigneur Regnault de Cobehen, Là eut adoncques trop grand’presse et trop grand boutis sur le roi Jean, pour la convoitise de le prendre ; et le crioient ceux qui le connoissoient, et qui le plus près de lui étoient : « Rendez-vous, rendez-vous, autrement vous êtes mort. » Là avoit un chevalier de la nation de Saint-Omer, que on appeloit monseigneur Denis de Mortbeque, et avoit depuis cinq ans servi les Anglois, pour tant que il avoit de sa jeunesse forfait le royaume de France par guerre d’amis et d’un homicide qu’il avoit fait à Saint-Omer, et étoit retenu du roi d’Angleterre aux sols et aux gages. Si chéy adoncques si bien à point au dit chevalier que il étoit de-lez le roi de France et le plus prochain qui y fut, quand on tiroit ainsi à le prendre : si se avance en la presse, à la force des bras et du corps, car il étoit grand et fort, et dit au roi, en bon François, où le roi se arrêta plus que à autres : « Sire, sire, rendez-vous. » Le roi qui se vit en dur parti et trop efforcé de ses ennemis, et aussi que la défense ne lui valoit rien, demanda en regardant le chevalier : « À qui me rendrai-je ? à qui ? Où est mon cousin le prince de Galles ? Si je le véois, je parlerois. » — « Sire, répondit messire Denis, il n’est pas ci ; mais rendez-vous à moi, je vous menerai devers lui. » — « Qui êtes-vous, » dit le roi ? « Sire, je suis Denis de Mortbeque, un chevalier d’Artois ; mais je sers le roi d’Angleterre, pour ce que je ne puis au royaume de France demeurer et que je y ai tout forfait le mien. » Adoncques répondit le roi de France, si comme je fus depuis informé, ou dut répondre : « Et je me rends à vous. » Et lui bailla son destre gant. Le chevalier le prit, qui en eut grand’joie. Là eut grand’presse et grand tiris entour le roi ; car chacun s’efforçoit de dire : « Je l’ai pris, je l’ai pris. » Et ne pouvoit le roi aller avant, ni messire Philippe son mains-né fils.

Or lairons un petit à parler de ce touillement qui étoit sur le roi de France, et parlerons du prince de Galles et de la bataille.

  1. Jean Ier du nom, vicomte de Rochechouart, fut tué dans cette bataille. Robert d’Avesbury, qui nous a conservé la liste des principaux seigneurs français tués ou faits prisonniers dans cette fatale journée, le compte aussi parmi les morts. Voici cette liste, telle qu’on la trouve à la page 252 et suivantes.

    Nomina interfectorum in præiio juxta Peyters commisso inter dominum Edwardum, primogenitum regis Angliæ, principem Walliæ, et regem Franciæ Johannem XIXo die mensis septembris, anno Domini millesimo CCCmo LVIto.

    Le ducz de Bourboun. Mounsire Eustase de Riplemound.
    Mounsire Robert Duras. Mounsire Andreu de Charny.
    Le ducz d’Athènes*.
    Le constable de Fraunce.
    Mounsire Johan de Lisle.
    Mounsire Gilliam de Nerboun.
    L’évesque de Chalouns. Le seignour de Baundos.
    Le marschal Clermound. Mounsire Robers de Angest.
    Le viscounte de Bruse. Le sire de Chastiel-Vilain.
    Mounsire Gichard de Beauge. Le sire de Mountrehau.
    Mounsire Renaud de Pountz. Le sire d’Argentyn.
    Mounsire Geffray Charny. Mounsire Johan de Sawcer.
    Le sire de Mathas. Mounsire Lowis de Briche.
    Le viscounte de Richouware.
    Le seignour de Baundos.
    Le filtz au sire de Montagu et aultres II mil hommes d’armes, et aultres a nombre de DCCC et plusiours.

    Nomina captorum in dicto prælio et in fugâ die et anno domini supradictis sunt hæc :

    Rex Franciæ Johannes. Le viscounte de Bedemound.
    Dominus Philippus, filius junior regis. Le filtz à counte d’Aunser.
    Mounsire Jakes de Bourboun, de sanguine regio.
    Le counte de Pountif**.
    Le frière à counte de Vendome.
    Le sire de Mountagu.
    Le counte de Eawe. Le sire de Tyger.
    Le comte de Longeville, filtz à mounsire Robert d’Artois. Le sire de Rochefordred.
    Le counte de Tankervyle. Le sire de Valoys.
    Le counte de Vendome. Le séneschal de Seintonge.
    Le counte de Rouscy. Mounsire Gichard d’Ancres.
    Le counte de Vaundemound. Mounsire Morys Matynet.
    Le counte Denmartin. Le captain de Peiters.
    Le counte de Nessowe. Le sire de la Tour.
    Le counte de Ventedoure. Le sire de Durevail.
    Le counte de Saresburgh. Le sire de Villehernail.
    L’erchevesque de Saunz. Le sire de Crowe.
    Le chastelyn de Empost. Mounsire Aleyn de Monndtendre.
    Le marschal d’Odenham. Le sire de Manyleir
    Le viscounte de Nerbone. Mounsire Johan de Blaunche.
    Le sire d’Aubeneye
    Le sire de Sully et aultres chivalers et esquiers pluisqe II mil hommes d’armes.


    En parcourant l’Archœologia Britannica pour voir si je n’y rencontrerais rien de relatif à la bataille de Poitiers, j’ai trouvé (vol. 1, p. 213) la pièce suivante qui m’a paru fort curieuse. Je l’extrais d’un mémoire lu à la Société des Antiquaires de Londres le 24 janvier 1754, et communiqué par le docteur Lyttleton, doyen d’Exeter.


    Lettre du prince Noir à l’évêque de Worcester datée 20 octobre 1356, relative à la bataille de Poitiers dans laquelle le roi Jean fut fait prisonnier.

    Ex registro Reginaldi Brien, Wigorn. episcopi, folio 113.

    L’ra d’ni principis Wall’ de capcione R. Franciæ par le prince de Galles.

    Revé’nt piere en Dieu, et tresch’ami. Nous vous mercions entiérement de ce que nous avons entendu q’vous estes si bien et si naturelment porté dev’s nous, en p’ant Dieux p’r nous et p’r n’re exploit ; et sumes tout certiens q’ p’r cause de vous devoutes p’eres et d’autres, Dieu nous en a toutes nos besoignes be’vueliz aide ; de quoi nous sumes à touz jo’s tenuz de lui grazier, en p’ant que v’re part ancy vieuillietz faire en continuant dev’s nous come devant ces heures avetz fait, de quoi nous nous tenons g’n’ment tenuz à vous.

    Et, rev’ent piere, endroit de n’re estat, dont nous penceons bien q’vous desirez, la v’re merci, doier bones nouvelles, vuellielz entendre q’à la faisance de cestes, estions sains et heurés et tout en bon, loiez en soit Dieux q’ nous doint yce mesmes de vous toutes foitz oir et saver, et de ce nous vueilletz certifier p’r vos l’res et p’ les entrevenantz à plus souvent q’ vous p’ rés bonement en droit de nouvelles ceandroitz.

    Vueilletz savoir q’ la veille de la translation Saint Thomas de Canterbire, nouz commenceasmes à chivauch’ ove n’re povar v’s les parties du France et souvraignement p’ cause q’ nous entendismes la venue de n’re tres honn’é seign’r et piere le roy là endroitz, et si neismes dev’s les parties de Burges en Berye, Orlions et Tours ; et avions nouvelles q’le roy de France ove g’nt povar bien près de celles marches venoit p’ combattre ov’ no’s, et approchasmes tant q’ la bataille se prist entre nous en tiele maniere q’ les ennemis estoieni desconfitez, grace en soit Dieux, et le dit roi et son fils et plusiers autres g’ntz pris et mortz, les noms de queaux nous vous envions p’ n’re tresch’ bachiler mous’ Roger de Cottesford portoir de ceste.

    Rev’ent piere en Dieux et n’re tresch’ ami, le Saint Esprit vous ait toute jours en sa guarde.

    Donné souz n’re seal à Bordeaux le XXe jour d’octob’r. (Tradita fuit ista l’ra domino Reginaldo de Briene, Ep’o Wygorn, apud Alvech’, pr’mo die decembr’, an’ Dom’ Mo CCC quinquagesimo sexto, cum cedulà nomina continenti capt’ et mortuorum in bello prædicfo, cujus cedulæ tenor insequitur p’ o’ ia. . . . . . . . parte folii istius suprascriptus.)

    A rev’ent piere en Dieux Evesqe de Worcester, ces sont les noms de ceaux q’estoient pris à la balaile de Poyters p’le prince de Gales fitz à noble roi le roi de Engleterre Edward tierts.

    John de Valoys, roy de France.
    Mons, Philip, son fils.
    Arcevesques de Leyns.

    JOUNTES.
    Mons. Jakes de Bourboun, counte de Pontois.
    Mons. John d’Artoys, counte d’Eu.
    Mons. Charles de Artoys, counte de Longevil.
    Le counte de Tankervill.
    Le counte de Ventadour.
    Le counte de Sanssier.
    Le counte de Salesbery.
    Le counte de Vendome.
    Le counte de Wademont
    Le counte de Dammartyn.
    Le counte John de Nasso.
    Le counte de Sahrplok.
    Le châtelain de Composta.

    VISCONTES.
    Le visconte de Narbonne.
    Le visconte de Rychichoard.
    Le visconte de Walemont.
    Le visconte de Beaumont.
    Le S. de Sully.

    BANNERETS.
    Messire Arnold d’Oudinham.
    Messire Rauf de Coussy.
    Le S. de Daubency.
    Le S. de Denyn.
    Le S. de Saint-Dyser.
    Le S. de la Tour.
    Le S. Damboisa.
    Le S. de Derval.
    Le S. de Manholes
    Le S. de Planuches.
    Le S. de Montagu.
    Le S. de Beaufremont.
    Le S. de Plamory.
    Mons. Giscard d’Angle, seneschal de Sentonge.
    Mons. Moris Mauvinet, seneschal de Tours en Toreyne.
    Mons Renaud de Guilhon, seneschal de Peytou.

    BACHELERS.
    Mons. Pierres de Creon.
    Mons. Giscard de Arx.
    Mons. Gauter de Castellion.
    Mons. Giscard de Beaugou.
    Le S. de Basentin.

    Ceaux furent ceaux dessoutz p’s devant la battaile à Remoratin.

    BANNERETS.
    Le S. de Acon.
    Mons. Busingaut.
    Mons. Guy Turpin.

    BACHELERS.
    Mons. Guillaume de Lorrak.
    Mons. Folles de Forsela.
    Mons. Jakelyn de Ponsey.

    Et sont pris outre les noms dessus esep’tz des gentz d’armes : M. IXe XXXIII.

    Gaudete in Domino semper.

    Les noms de ceaux q’furent morts a la dite battaile sont ceux :

    DUCS.
    Le duc de Bourbon.
    Le duc d’Ateines.
    Le evesque de Chalons.

    BANNERETS.
    Mons. Rob. de Duras.
    Le marischal de Clermont.
    Le visconte de Vrons.
    Mons. Geffrei de Charny.
    Mons. Reunad de Pointz.

    Le S. de Landas.
    Le S. de Chastel Vileyn.
    Le S. de Argenton.
    Le S. de Mountgay.
    Le S. de Malevrer.
    Mons. John de Sansar.
    Mons. Lewes de Broyse.
    Mons. Guilliem de Viele.
    Mons. John de Jole.
    Mons. Andrew de Chaveny.
    Mons. Eustas de Rirpemont.

    Et outre les noms surnometz sont mortz des gentz d’armes : M. M. CCCCXXVI.

    Ilerùm dico, gaudete.


    Bouchet dans ses Annales d’Acquitaine, quarte partie, folio XIV, rapporte, sous l’année 1356, une pièce qui me paraît nécessaire ici pour compléter les renseignemens que je viens de donner sur les personnes tuées ou prises dans cette bataille. La voici :


    Extraict prins ou couvent des frères mineurs du dict Poitiers des chevaliers occis à la dicte bataille et autres gens de France qui furent enterrez en leur couvent.

    Cecy sont les noms de ceulx qui ont ésté enterrez cheux les frères mineurs de Poitiers au temps de la déconfiture qui fut faicte d’avant la dicte ville, l’an mil trois cent cinquante six, le dix-neufviesme jour du moys de septembre au jour de lundy. — Premièrement les chevaliers qui s’en suyvent.

    Monsieur le duc d’Athènes, connestable de France.
    L’evesque de Ghaslons.
    Monsieur André de Chauvigny vicomte.
    Messire Loys de Brosse.
    M. Jehan seigneur de Milly en Berry.
    M. Geoffroy de Charny en Champaigne.
    Monsieur de Monjouan.
    Messire Jehan de l’Isle.
    Messire Gris-mouton de Chambely.
    Messire Pierre de Chambely son frère.
    Monsieur de Chasteau Vilen de Champaigne.
    Messire Jean de Montigny.
    Messire Jehan de Maulmont.
    Messire Jehan de Bourbon.
    Messire Phelippes de Boutenvillier.
    Messire Hue de Maille.
    Messire Geoffroy de Sainct-Digier.
    Messire Aymery de la Barre.
    Messire Guillaume de Blese.
    Messie Jehan de Grillon.
    Monsieur de Chitre, seigneur de Rademon.
    Monsieur Clerin de Cherves.
    Messire Bandin de Gargalingaen.
    Messire Anseau de Hois.
    Messire Micheau de Pommois.
    Messire Richart de Beaulieu.
    Messire Guillaume de Fuylle.
    Messire Hugues Bonnin.
    Monsieur Dance de Melon.
    Messire Guillaume de Creneut.
    Messire Guillaume de Linières.
    Messire Olivier de Sainct-Giles.
    Messire Guillaume de Romeneil.
    Messire Jehan de Cranches.
    M. Yvon du Pont, seigneur de Rochervière.
    Messire Guillaume de Mongy.
    Messire Jehan de Tigny.
    Messire Jehan Brigdene.
    Messire Jehan de Noire-Terre.
    Messire Guillaume de Paty.
    Messire Robert de Chalur.
    Messire Bonnabet de Beaulvilier.
    Messire Bonnabet de Roges.
    Messire Vynies de Sainct-Denis.
    Messire Mau de Grosboys.
    Messire Loys de Nully.
    Messire Simon Oyenpuille et Henry son frère.
    Monsieur de Champrecourt.
    Messire Guillaume Sauvage.

    Messire Guillaume du Retail.
    Messire Seguin de Cloux.
    Monsieur le Budane de la Rochedragon.
    Messire Roul de Reday.
    Monsieur Jehan de Mirebeau.
    Messire Guischer de Chantylon.
    Monsieur Amelin de Caron, seigneur de Hes.
    M. Guy des Barres, seigneur de Chaumoy.
    Messire Jean de Cloys.
    Monsieur le Bourgne de Prie.

    ÉCUYERS.
    Bernard de Douzenac.
    Robert messire Gilles Miraumont.
    Guicheux de Maronnay.
    Girard de Pierre.
    Guillaume de la Fousse.
    Robert de la Roche-Pierre-de-Bras.
    Jehan Ribriche, seigneur de Corbon.
    Colart Hérausant.
    Hopart de Hanpedourt.
    Guymon Pery.
    Guillaume de la Jarracere.
    Guillaume Grian.
    Olivier de Rosay.
    Girard de Lee.
    Berard de Lémont.
    Heymonuet Embert.
    Robert Dartoys.
    Richart de Vendel.
    Guillaume Sevrin.
    Jehan du Glume.
    Jehan Desleat.
    Guy de Bournay.
    Le Moyne de Montigny.
    Guynet de Buysson.
    Jehan de Brinac.
    Ymbert de Chamborant.
    Brunet d’Augun.
    Jcban Sarrayn.
    Pierre de Saint-Denis.
    Perrin de Pache.
    Ferry Pate.
    Jehan Dynie.
    Le petit Dinchequin.
    Jehannot de Montabis.
    Jolivet Buffart.
    Ardouyn de la Touche.
    Guillaume de Lusange
    Le petit Bidaut de la Roche-Degon.

    Plusieurs autres corps occis à la dite bataille, par la licence de l’official de Poictiers et du maire de la dite ville, furent amennez en charetes par les dicts frères mineurs en icelle ville de Poictiers et enterrés en de grands fousses en leur cimétiére qui est hors l’église, le jour de Sainct Valentin ou dict au mil trois cent cinquante et six, et furent faictes obseques honnorables par toutes les églises, couvens et monasteres aux despens des bons bourgeois d’icelle dicte ville.

    Ce sont les noms de ceulx qui furent enterrés en l’église des frères preseheurs du dict Poictiers, que j’ay prins et extraits du livre qu’on appelle le kalendaire du dict convent et traduicts de latin en françois.

    Le duc de Bourbon de la partie dextre du grand aullier.
    Le mareschal de Clermont aussi de l’autre couste.
    Au dessoudz près de luy messire Aubert de Angest.
    Après lui le vicomte de Rochechouart.
    Du milieu du cueur Aymer de la Roche-Foucault.
    À l’entrée du cuœur à main dextre messire Jean de Sanserres.
    En la chapelle de Magdalaine messire Jehan de Saint-Digier.
    En la dicte chapelle près du mur de Thiebault de Laval.
    En la chapelle des Apoulstres près du mur messire Thomas de Motur.
    En la chapelle de Nostre Dame messire Gaultier de Montagu.
    Après luy messire Raoul Rabinard.
    En la nef près de la porte messire Jehan Ferchaut.
    Près de luy messire Pierre Marchadier et Héliot son frère.
    Davant l’ymage Sainct Michel messire Olivier de Monville.
    De l’austre couste messire Phelipes de Forges.
    Davant (a grant porte mesure Guillaume de Bar et messire
    Jehan de Nully.

    Ceulx qui sont ès cloistre du dit convent.

    Le chevalier Miloton.
    Messire Jehan de Chambes.
    Messire Jehan Macillon.
    M. Olivier de Sainct George.
    Messire Ymbert de Sainct Saturnin.
    Messire Jehan de Ridde.
    Messire Huguet Odard.
    Messire Gilles Cherchemont.
    Messire Jehan de Senges.
    M. Guillaume de Digogne et son filz.
    Messire Jehan Drouyn de Betzen, Lorrain.
    Messire Robert de Aulnay.
    Maistre Jehan Dannemarye.
    Messire Jehan de la Laing.
    Messire Simon de Renouille.
    Messire Phelipes de Pierrefite.
    Messire Guillaume de Mausenac.
    Messire Guillaume de Miners.
    Messire Raoulle Bouteillier.
    Messire Pierre de la Rochele.
    Le seigneur de la Fayette.
    Ung Alemans nommé Erroys Pincerne.
    M. Bouîenville, vicomte d’Aumalle.
    Messire Jehan Fretart.
    Messire Robert d’Aucre.

    Messire Jehan la Garde.
    Ung appelé le fils de Roy.
    Messire Loys d’Escrivel.
    Messire Jehan de Vernicourt.
    Messire Pierre Audouy.
    Messire Jehan de Vernoil.
    M. Jehan de Montmorillon et son fils.
    Messire Huguelin de Vaux.
    Messire Jehan de Almaigne.
    Le seigneur Daspraingy.
    Messire Hugues de Tinctes.
    Le seigneur de Sainct Gildart.
    Messire Henry de Launoy.
    Messire Girard de Helchemances.
    Messire Gourrad Guenif.
    Messire Vipert Beau.
    Messire Henry Michiver.
    Messire Jehan de Bred.
    Messire Raoul Seil.
    Messire Symon de Blesy.
    Messire Hugues Orry de Melle.
    Messiee Thomas de Baignel.
    Messire Pierre Baillon.
    Messire Seguin de Cluys.

    En trois fousses, huyt dont on ne scet les noms et surnoms ; et y avoit le corps d’un chevalier qui portoit ung chevron d’or. Et de tous les princes chevaliers et seigneurs dessus nommez les armes furent painctes afin de perpetuelle mémoire ès sieges des dictz convens. Froissart a escript que la dicte bataille fut le vingt-deuxième jour de septembre l’an mil trois cent cinquante et sept ; mais par ces dictz extraictz qui sont véritables, appert que ce fut le lundi dix-neufviesme jour du dict moys de septembre l’an mil trois cent cinquante et six.


    * Le duc d’Athènes avait été pourvu de la charge de connétable le 6 mai de cette année : ainsi ces deux personnages n’en font qu’un.

    ** Les deux ne font qu’un : Jacques de Bourbon était comte de Ponthieu.