Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre IV/Chapitre LXXXII

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Texte établi par J. A. C. Buchon (IIIp. 367-371).

CHAPITRE LXXXII.

De la mort du roi Richard d’Angleterre, et comment les trèves furent ralongées entre France et Angleterre et aussi de la déposition du pape Bénédict.


Depuis ne demeura longs jours que renommée véritable couroit parmi Londres que Richard de Bordeaux étoit mort. La cause comme ce fut ni par quelle incidence, point je ne le savois au jour que j’escripsis ces chroniques[1]. Le roi Richard de Bordeaux mort, il fut couché sur une litière sur un char couvert de bandequin tout noir[2] ; et étoient quatre chevaux tous noirs attelés au char, et deux varlets vêtus qui les chevaux menoient, et quatre chevaliers venant derrière vêtus de noir suivoient le char ; et se départit ainsi de la Tour de Londres où mort étoit[3], et fut amené tout au long de Londres et tout le petit pas jusques en la grand’rue de Cep, où tout le retour de Londres est ; et là en-mi la rue s’arrêtèrent le char, les charretiers et les chevaliers ; et y furent deux heures ; et vinrent plus de vingt mille personnes, hommes et femmes, voir le roi Richard qui là gisoit, le chef sur un noir oreiller à viaire découvert[4]. Les aucuns en avoient pitié qui le véoient en cel état, et les autres non, et disoient que la mort, et de grand temps, il avoit bien acquis.

Or considérez seigneurs, rois, ducs, comtes, prélats, et toutes gens de lignage et de puissance, comment les fortunes de ce monde sont merveilleuses et tournent diversement. Le roi Richard régna roi d’Angleterre vingt deux ans en grand’prospérité, tant que de tenir états et seigneuries ; car il n’y eut oncques roi en Angleterre qui dépendît autant, à cent mil florins par an pour son hôtel seulement et son état tenir, que fit le roi Richard de Bordeaux. Car moi, Jean Froissart, chanoine et trésorier de Chimay, le vis et considérai, et fus un quart d’an en son hôtel ; et me fit très bonne chère, pour la cause de ce que de ma jeunesse j’avois été clerc et familier au noble roi Édouard, son tayon, et à madame Philippe de Hainaut, roine d’Angleterre, sa taye ; et quand je me départis de lui, ce fut à Windesore, à prendre congé, il me fit par un sien chevalier, lequel on nommoit messire Jean Bouloufre, donner un gobelet d’argent doré d’or, pesant deux marcs largement, et dedans cent nobles ; dont je valus mieux depuis tout mon vivant[5]. Et suis moult tenu à prier de lui, et envis escripsis de sa mort, mais pourtant que j’ai dicté, ordonné et augmenté à mon loyal pouvoir celle histoire, je l’escripsis pour donner connoissance quel chose il devint.

En mon temps je vis deux choses qui furent véritables, quoique elles convertirent en grand différend. À savoir est, que j’étois en la cité de Bordeaux, et séant à table, quand le roi Richard fut né ; lequel vint au monde par un mercredi, sur le point de dix heures. Et à celle heure que je dis, vint messire Richard de Pont-Chardon, maréchal, pour ce temps, d’Aquitaine, et me dit : « Froissart, escripsez et mettez en mémoire que madame la princesse est accouchée d’un beau fils, qui est venu au monde au jour des Rois ; et si est fils de roi, car son père est roi de Galice ; le roi Dam Piètre lui a donné, et s’en va son père conquérir le dit royaume. Et si vient l’enfant de royale lignée. Si que par raison il sera encore roi. » Le gentil chevalier de Pont-Chardon ne mentit pas, car il fut roi d’Angleterre vingt-deux ans ; mais au jour qu’il me dit ces paroles il ne savoit pas la conclusion de sa vie quelle elle seroit ; et ce sont choses à imaginer et sur lesquelles j’ai moult pensé depuis. Car le premier an que je vins en Angleterre et au service du noble roi Édouard et de la noble roine Philippe et tous leurs enfans, qui pour lors avoient été à Berquamestede, un manoir du prince de Galles séant outre Londres trente milles, et pour prendre congé au prince et à la princesse qui s’en devoient aller en Aquitaine, ainsi qu’ils firent, là ouïs dire un ancien chevalier, qui se nommoit messire Betremieus de Bruwes, qui parloit et devisoit aux damoiselles de la roine, lesquelles étoient de Hainaut, et disoit ainsi : « Nous avons un livre en ce pays qui s’appelle le Brut[6] ; et devise que jà le prince de Galles, ains-né fils du roi, ni le duc de Clarence, ni le duc de Lancastre, ni le duc d’Yorch, ni le duc de Glocestre ne seront point rois d’Angleterre ; mais retournera le royaume en l’hôtel de Lancastre[7]. » Or dis-je, moi auteur de celle histoire, considérant toutes ces choses que les deux chevaliers, c’est à savoir messire Richard de Pont-Chardon et messire Betremieus[8] de Bruwes eurent chacun raison ; car je vis, et aussi fit tout le monde, Richard de Bordeaux vingt-deux ans roi d’Angleterre ; et lui vivant, retourner et venir la couronne d’Angleterre en l’hôtel de Lancastre. Ce fut quand le roi Henry, par les conditions dessus dites, fut roi d’Angleterre. Et point ne pensoit à la couronne ni n’eût pensé, si Richard se fût porté familièrement et amiablement devers lui ; et encore le firent les Londriens roi pour eschever les grands dommages de lui et de ses enfans, dont les Londriens eurent pitié.

Quand le char, et Richard de Bordeaux sus, eut été en Cep plus de deux heures, il se partit de là ; et charièrent les chartiers avant, et les chevaliers tous quatre derrière. Quand ils furent au dehors de Londres, les quatre chevaliers montèrent à cheval, car là ils trouvèrent leurs varlets ; et puis cheminèrent fort avant, et firent tant qu’ils vinrent en un village où il y a le manoir du roi et de la roine que on dit l’Anglée[9] ; et siéd à trente milles de Londres. Là est le roi Richard de Bordeaux enseveli. Dieu lui fasse merci à l’âme.

Nouvelles s’épartirent partout que le roi Richard étoit mort. On n’en attendoit autre chose ; car bien pouvoient savoir et concevoir toutes gens que jamais du chastel de Londres ne istroit en vie. Sa mort fut celée et couverte tant que à la roine sa femme ; et fut ordonné et commandé que point ne lui seroit dit encore. Celle ordonnance fut tenue un grand temps bien et sagement.

De toutes ces avenues étoient-ils assez informés en France, et n’attendoient autre chose, chevaliers et écuyers qui la guerre désiroient, qu’ils chevauchassent de pays en autre sur les frontières. Toutefois, tant d’un royaume comme de l’autre, avisé et regardé fut ès consaux des deux rois pour le meilleur que les trèves fussent tenues, et que plus profitables seroient pour toutes parties que la guerre ; et se approchèrent traiteurs, par le moyen que je vous dirai, à être en la marche de Calais, pourtant que le roi de France n’étoit pas en bon point ni avoit été, depuis le jour que la connoissance lui fut venue des tribulations de son fils le roi Richard d’Angleterre. Et encore lui redoublèrent-ils grandement quand il sçut qu’il étoit mort. Si que le duc de Bourgogne s’en ensoigna du côté de France plus que nuls autres, et vint à Saint-Omer ; et à Bourbourg étoient le duc de Bourbon, messire Charles de la Breth, messire Charles de Hangiers et messire Jean de Chastel-Morant ; et des prélats de leur partie le patriarche de Jérusalem, l’évêque de Paris et l’évêque d’Ausoirre ; et de la partie des Anglois étoient le comte de Northonbrelande, les comtes de Rostellant et de Devensière, messire Henry de Percy, fils au comte, et Yon Fitz-Waren ; et des prélats l’évêque de Wincestre et l’évêque d’Ely.

Les François traitoient à r’avoir devers eux la jeune roine d’Angleterre, et les Anglois n’y vouloient pas entendre du rendre ; mais disoient que volontiers la véoient en Angleterre sur son douaire ; et que si elle avoit perdu son mari, on lui en avoit un pourvu bel, jeune et gent ; où assez elle s’inclineroit ; car Richard de Bordeaux lui étoit trop vieil ; et celui que ils nommoient lui venoit tout à point, c’étoit le prince de Galles ains-né fils du roi Henry[10]. À ce traité ne s’accordèrent point les François ; car jamais ne l’eussent passé, sans le conseil, congé et ordonnance du roi son père. Or n’étoit-il pas en bon état, mais moult débilité de sa santé ; et ne trouvoit-on médecin qui se connût en sa maladie. Si fut ce traité mis arrière, et repris celui de la trève, et demené tant par l’accord de toutes parties, que il fut ordonné et juré à tenir vingt-six ans à venir et quatre ans qu’ils avoient juré ; ce furent trente ans, ainsi que la première convenance et obligation se portoit. Et furent lettres escriptes et scellées de ceux qui puissance avoient par bonnes procurations des deux rois[11]. Ces choses faites et achevées, tout homme retourna en son lieu.

Je ne vous ai pas dit que le comte Maréchal devint, par lequel toutes ces tribulations étoient avenues en Angleterre, mais je le vous dirai. Il se tenoit à Venise. Quand les nouvelles lui vinrent que le roi Henry étoit roi d’Angleterre et Richard de Bordeaux mort, il prit ces choses en si grand’déplaisance que il s’en accoucha au lit, et entra en maladie et en frénésie et mourut.

Ainsi avinrent tels meschefs sur les plus grands seigneurs d’Angleterre en l’an de grâce mil quatre cents un moins[12], et aussi fut pape Bénédict, que les François de grand’volonté avoient mis sus et soutenu, en ce temps déposé[13] ; et aussi fut le roi d’Allemagne par ses mesfaits, car les éliseurs de l’Empire, et tous les ducs et barons d’Allemagne se cloirent à l’encontre de lui et le renvoyèrent en Bohème dont il étoit roi[14], et élirent un vaillant homme et prudent pour être roi d’Allemagne ; et venoit des Bavières ; et se nommoit Robert duc de Hesleberghe ; et vint à Cologne ; et là fut-il couronné de la couronne d’Allemagne[15] car ceux d’Aix ne se vouldrent ouvrir à l’encontre de lui ; ni le duc de Guerles ne voult point venir à obéissance, dont il demoura en son indignation. Et promit ce nouveau roi d’Allemagne à remettre l’église à un. Toutefois le roi de France et ses consaux traitèrent devers les Liégeois, lesquels étoient déterminés au pape de Rome ; et firent tant par le moyen de messire Baudoin de Mont-Jardin qui gouvernoit en partie toute l’évêché de Liége, et lequel étoit au roi de France chevalier et de sa chambre, que tout le pays se tourna neutre à la contemplation du roi de France ; et remandèrent les Liégeois tout le clergé de leur côté, lequel se tenoit à Rome, que, dedans un tel jour qu’ils ordonneroient, ils fussent revenus au pays de Liége, ou ils perdroient leurs bénéfices. Quand ils entendirent ces nouvelles tous se mirent au retour et vinrent à Liége. Pape Boniface qui trop perdit à celle transmutation, envoya un légat en Allemagne pour prêcher les Liégeois et pour faire retourner à sa créance. Mais le légat n’osa passer Cologne et envoya lettres à Liége. On legi les lettres ; et fut dit au message : « Ne retourne plus pour tels choses, sur peine d’être noyé, car autant de messages qui viendroient nous les jetterions en Meuse. »

FIN DU QUATRIÈME ET DERNIER LIVRE DES CHRONIQUES DE SIRE JEAN FROISSART.
  1. La chose n’est pas plus claire aujourd’hui. Les uns, tels que Fabian-Hall, Hayward, le moine de Saint-Denis et plusieurs des manuscrits de la Bibliothèque du Roi, le font mourir de la main de Piers Exton. D’autres, tels que Walsingham, Otterbourne, le moine d’Evesham, Creton, Gower, le font mourir de chagrin et d’abstinence, volontaire. Enfin, Harding, Fortescue, Petrus de Ickham, Polydore Virgile, Stow et plusieurs manuscrits français prétendent que ses gardiens le firent mourir de faim. Ce genre de mort au reste parut devenir à la mode, car l’année suivante (1401), David, prince d’Écosse, périt, dit-on, de la même manière. Le manuscrit 8323 de la Bibliothèque du Roi qui renferme le quatrième livre de Froissart, contient sur ce sujet l’addition suivante.

    « Pour ce que vous, sire Jehan Froissart, qui fait avez les chroniques de guerres de France et d’Angleterre, sur votre quart volume vous taisez de la mort du noble roy Richard, roy d’Angleterre, en vous excusant par une manière de dire que au jour que vous feistes vostre dit quart volume vous n’estiez point informé de la manière de sa mort ; à celle fin qu’elle ne soit point oubliée ni mise en ruyne et que tous vaillans hommes se puissent mirer et exemplier ou fait douloureux de sa mort, je fais savoir à tous, ainsi que j’ay esté informé par homme digne de foy nommé Creton*, et par escript de sa propre main, lequel pour ce temps estoit en Angleterre et ou païs ; et escript ce que je vous dirai : que le roy Richard d’Angleterre fut occis et mis à mort en la tour de Londres par ung jour de Roys, l’an mil trois cens et quatre vingt et dix neuf, par la manière qui s’ensuit. Vérité est, ainsi que certeffie le dit Creton, que le jour des Roys, l’an mil trois cens quatre vingt dix neuf susdit, le roy Henry, ennemy dudit Richard, qui par avant avoit esté bany d’Angleterre chacun scet et congnoist, estant sur les champs hors de Londres avec plusieurs gens qui là estoient assemblez pour aler combatre aucuns princes qui s’estoient mis sus pour secourir leur seigneur droitturier le roy Richard, icellui roy Henry commanda à ung sien chevallier nommé messire Pierre d’Exton que il allast de bonne alleure faire finer de ce monde Jean de Bordeaulx que on nommoit roy Richard, car il voulloit que le jugement de parlement feust acomply et fait. Lequel chevalier, c’est assavoir sire Pierre d’Exton, aïant ce commandement du dit roy Henry, se part tout prestement de lui ; et s’en alla au chastel de Londres, armé et habillé, là où estoit le roy Richard qui y cuidoit disner en paix et au moins de tant que appaissier se povoit, car tousjours se doubtoit-il bien de ce qu’il lui advint. Quand le dit sire Pierre d’Exton fut là venu, il appela l’escuier trenchant du dit Richard et lui deffendy, de par le roy Henry, que il ne fist plus essay devant le roy Richard, ainçois le laissast mengier tout par lui seul s’il lui plaisoit, car il ne mengeroit jamais plus. À ces mots retourna l’escuier en la chambre où le roy Richard estoit tout seul à sa table et faisoit semblant de non voulloir mengier, pource que son escuier ne voulloit faire essay devant luy, ainsi que il soulloit et que aprins avoit, et tant que le roy lui demanda : « Dy, quelles nouvelles ? » L’escuier respondy : « Par ma foy, très redoubté seigneur, je n’en scay nulle autre, fors que Pierre d’Exton est venu, je ne sçay quelles il les apporte. » Et en ce disant l’escuier se getta à genoulx devant le roy Richard en lui priant qu’il lui pardonnast ce qu’il ne s’acquittoit point à lui trenchier à mengier ainsi que il soulloit, car deffendu lui estoit de par le roy Henry. Ceste parolle dit le roy Richard : « Ha, ha, mon amy, je te prie trenche-moy à mengier et fay essay et ton office ainsi que tu dois. » Alors l’escuier encore une fois se regetta à genoulx, disant : « Pour Dieu mercy, très puissant et très redoubté seigneur qui estes et avez esté, pardonnez-le-moy, car faire ne l’oseroye pour le roy Henry qui le m’a fait deffendre par Pierre d’Exton qui cy vient présent. »

    « De ceste response et parole se troubla très fort le roi Richard, et prit par très grand mal talent un des couteaulx de la table et le rua après la teste de l’escuyer en disant : « Mauldy soit Henry de Lancastre et toy aussi ! » À ces parolles entra le dit sire Pierre d’Exton, lui huitième comme nous avons dit, en la chambre du dit roi Richard qui séoit à sa table. Et avoit ung chascun d’iceux gros godons goudaliers et loudiers une hache d’armes en sa main, et si estoient très bien armés. Tantost que le roi Richard parceut le premier entrer ens, il bouta la table arrière et sailly sus, comme homme très hardy assuré de bon couraige, et se lança au milieu d’iceux, sa hache hors des poins et se mit très merveilleusement et de grant couraige à la deffence. Et de fait il commença tellement à escarmucher et frapper et ramonner autour de lui et sur eulx que ils en estoient tous esbahis ; et si bien se mainteinst à l’encontre d’eulx que ainçois qu’il cessast il en assoma et occist les quatre. Laquelle chose véant sire Pierre d’Exton, comme tout enragé et forcené, commença à dire à ses complices : « Ha, ha, faulce ribaudaille, nous eschappera-t-il ! avant, avant, deffendez-vous. » Et en ce disant il sailli sur le banc où le roi Richard avoit usaige de seoir quant il prenoit sa reffection du disner et du soupper, sa hache en sa main, de laquelle il fery le roy qui reculloit pour mieulx avoir sa voilée de son baston, par derrière en la teste. Si qu’il le fist tomber contre terre sur le pavement. Et à voir dire c’est merveille comment le dit roy peut tant durer contre eulx, veu qu’il n’estoit point armé ; mais il fault dire que c’estoit un des fors hommes et puissants, courageux et hardis de tout le royaume d’Angleterre.

    « Tantost que le roy fut ainsi abatu par terre que vous avez oy, il fut qui lui redonna encore un coup, duquel il mourut tout prestement sans avoir autre confession, dont ce fut dommaige et pitié. Et qui en dit autrement il ne dit pas vérité, car par la révélation de ceulx mesmes qui furent à sa mort il a esté sceu et révélé.

    « Touteffoiz l’oppinion de ceulx d’Angleterre est que lui mesmes se laissa mourir de faim, pour la très grant douleur que il avoit de ce que il estoit ainsi trahy, et aussy de la mort de son frère, car il jura que jamais ne mengeroit. Et quant le roy Henry le sceut, il y envoia aucuns prelatz ausquelz il se confessa, lesquelz lui enjoingnirent que il mengeast ; mais quant il cuida mengier il ne peut ; si le convint ainsi mourir. Et j’ay tenu aucunes escriptures, lesquelles disoient que il mourut par force et raige de fain que les Anglois lui firent souffrir et que lui mesmes mengea une partie de ses mains et de ses bras.

    « Néanmoins, comment que il en soit advenu, touttefoiz mourut-il pitieusement et mal à l’honneur des Anglois. Dieu lui face vray mercy, et à tous autres nobles qui pour l’amour de lui eurent moult à souffrir ! Car je croy que s’il eust esté informé de sa mort, quant il cronisa la cronique de sa vie il ne l’eust jà mis en scilence.

    * J’ai placé dans ma collection le poëme écrit par ce Creton sur la mort de Richard II.

    M. Gough, qui a examiné son crâne il y a peu d’années (Sepulcral monuments, ii, p. 1637), n’y a trouvé aucune marque de violence.

  2. Le bandequin est une sorte d’étoffe.
  3. Son corps fut apporté à Londres du château de Pontefract où il avait demandé à être transporté et où il était mort.
  4. Ce récit et le rapport que vient de faire, il y a peu de temps, M. Gough qui a visité son crâne, pourraient faire penser qu’il n’est pas mort, comme on le disait alors, de la main de sir Pierre Exton, ou du moins par une lésion du crâne.
  5. Je trouve dans les Fœdera de Rymer, à l’an 1399, que le poète Chaucer eut également part aux faveurs de Richard. Voici les deux pièces qui furent délivrées à Chaucer sur sa demande, l’an 1399, la première année du règne d’Henri IV :

    Rex omnibus, etc.

    Constat nobis per inspectionem Rotulorum Cancellariæ domini Ricardi nuper regis Angliæ secundi, post conquestum quod idem nuper rex litteras suas patentes fieri fecit in hæc verba.

    Ricardus, etc.

    Sciatis quod de gratiâ nostrâ speciali et pro bono servitio quod delectus armiger noster Galfridus Chaucer nobis impendit et impendet in futurum, concessimus eidem Galfrido viginti libras percipiendas singulis annis ad Scaccarium nostrum, ad terminas Paschæ et sancti Michaelis, per æquales portiones, ad totam vitam suam.

    In hujus rei testimonium, etc.

    Teste me ipso apud West-monasterium, vicesimo octavo die februarii, anno regni nostri decimo septimo (environ 1394).

    Constat etiam nobis, etc.

    Ricardus, etc.

    Sciatis quod de gratiâ nostrâ speciali concessimus dilecto armigero nostro Galfrido unum dolium vini, percipiendum singulis annis, durante vitâ suâ, in portu civitatis nostræ. Londoniæ per manus capitalis Pincernæ nostri pro tempore existentis.

    In cujus rei testimonium, etc.

    Teste me ipso apud Westmonasterium tertio decimo die octobris, anno regni nostri vicesimo secundo (1398).

    Nos pro eo quod idem Galfridus Chaucer nobis in Cancellariâ nostrâ personnaliter constitutus sacramentum præstitit corporale, etc.

    Teste rege apud Westmonesterium, 18 die octobris 1399.

  6. Le roman de Brut, par Robert Wace.
  7. Froissart a déjà raconté ce fait dans un chapitre précédent. Il n’est pas besoin de dire que les prophéties en question n’étaient pas aussi clairement exprimées dans les livres de Merlin qu’elles le sont ici après coup. Tout était figuré, et par exemple on y trouvait Richard personnifié dans l’âne prophète de Merlin.
  8. Johnes l’appelle Barthe Comers, au lieu de Betremieus, qui signifie Barthélémy. Le vrai nom est Barthelemy Burghersh.
  9. Langley.
  10. On trouve dans Rymer deux pleins-pouvoirs donnés par Henry, au sujet de cette alliance.
  11. Voyez les Fœdera de Rymer pour cet accord.
  12. C’est-à-dire 1399.
  13. Le roi de France le fit assiéger par le maréchal de Boucicaut, mais après l’avoir forcé à se sauver en 1403, on le reconnut encore une fois. En 1408, le roi de France, mécontent d’une bulle offensante pour lui, envoya de nouveau Boucicaut pour l’arrêter, et il se sauva une seconde fois. Les cardinaux avignonnais se réunirent alors aux cardinaux romains et indiquèrent pour l’année 1409 un concile à Pise, dans lequel il fut déposé, ainsi que son compétiteur le pape de Rome.
  14. Les trois électeurs ecclésiastiques et le comte palatin du Rhin, voyant les actes odieux de despotisme et de débauche de Venceslas, s’assemblèrent à Francfort le 20 août 1400, et le déposèrent. Venceslas se retira en Bohême où il ne mourut qu’en 1419. Les électeurs s’étant ensuite transportés à Rentz, élurent en sa place Frédéric, duc de Brunswick-Lunebourg ; qui fut tué deux jours après par le comte de Waldeck et n’est point compté parmi les empereurs. L’électeur de Bavière et plusieurs autres princes s’étant joints aux quatre électeurs à Lauenstein, le 24 août de la même année, on procéda à une nouvelle élection, et ce fut alors qu’on nomma Robert, comte palatin du Rhin, fils aîné de Robert-le-Ténace et de Béatrice de Sicile. Hesleberghe est mis dans le texte pour Heidelberg.
  15. Il est étonnant que Froissart n’ait pas parlé d’un événement qui eût dû attirer son attention. C’est l’arrivée de l’empereur Manuel de Constantinople à Paris en l’an 1400, pour demander des secours au roi de France. À la manière brusque dont il termine son récit, il est évident que Froissart aura été arrêté par la maladie dans la composition de son vaste et bel ouvrage.