Les Dieux antiques/La Dionysos grec du le Bacchus latin

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J. Rothschild, éditeur (p. 123-128).




LE DIONYSOS GREC OU LE BACCHUS LATIN.


Dionysos. — Dionysos est le dieu de la vigne et des fruits de cette plante (fig, 95), Chaque incident qui se rattache à l’histoire de ce mythe comporte un nombre presque infini de versions. Quelques auteurs le disent fils de Zeus et de Déméter, d’Io ou de Dioné ; d’autres en font l’enfant d’Ammon et d’Amalthé, chèvre-nourrice de Zeus dans la caverne de Dicté. Mais la version la plus populaire est celle qui veut qu’il soit né de Zeus et de Sémélé, fille de Cadmos, le Cadmus latin, roi de Thèbes ; il y a plus d’une histoire encore relative à sa naissance. Un conte rapporte que Cadmos ou Cadmus, apprenant que sa fille était mère de Dionysos, la mit, avec son enfant, dans un coffre, que la mer jeta aux rives de Brasies. Sémélé fut retirée morte ; l’enfant sauvé et nourri par Ino : incident qui se répète dans l’histoire de Persée (Perseus) et de Danaé. Autre récit : Héré, jalouse de Sémélé, tente sa ruine. Sémélé, pressée par les mauvais desseins de la déesse, demande à Jupiter de la visiter dans sa splendeur de dieu olympien, et, comme il approche, elle est brûlée par les éclairs. Dionysos naît au milieu des coups de tonnerre enflammés, et Sémélé part pour un long séjour dans la terre d’Hadès.

Sur l’éducation du jeune homme on est incertain : Fig. 95 et 96. — Statues de Dionysos ou Bacchus.
quelques-uns disent qu’elle se fit à Naxos ; d’autres, au mont Nysa ; mais il y avait plusieurs montagnes de ce nom, comme il y avait plus d’une Ortygie et plus d’un fleuve Triton, où l’on dit que naquirent Phoïbos et Athéné. La carrière du dieu est moins trouble. Comme Fig. 97. — Voyage de Bacchus ou Dionysos (bas-relief).
Héraclès, Persée, Thésée et tous les autres héros, il eut à traverser un temps de labeur pénible et de danger avant d’atteindre au renom et à la gloire. Mais il mena à fin ces dures besognes ; voici comment. Dionysos, dit-on, résolut de quitter Orchomène, lieu où il avait passé une Fig. 98. — Bacchante (bas-relief).
partie de sa jeunesse. Il voyagea du côté de la mer, et se tint sur un roc en saillie ; les boucles noires de ses cheveux se répandaient sur ses épaules, tandis que sa robe de soie frémissait sous la brise. La splendeur de sa forme attira les regards de quelques Tyrrhéniens qui naviguaient (fig. 96). Ils vinrent au roc, quittant leur vaisseaux. Fig. 99. — Dionysos ramène Sémélé des enfers (bas-relief).
saisirent Dionysos et l’enlacèrent de liens très-forts, bruns et gris, tombant autour de lui comme les feuilles d’un arbre en automne. En vain le timonnier les avertit de n’avoir rien de commun avec quelqu’un appartenant à la race des dieux immortels : quand l’équipage s’éloignait à la voile avec Dionysos, voici que coula soudain sur le pont un flot pourpre de vin et qu’un parfum de bouquet céleste remplit l’air. Une vigne grimpa par dessus les mâts et les vergues : autour des agrès, des masses confuses de lierre se mêlèrent à des grappes étincelantes, une splendide guirlande se suspendant comme un joyau à chaque coup de rame. À la vue de ces merveilles, les marins, frappés de peur, entouraient le timonnier, quand un grand rugissement se fit entendre et un lion fauve avec un ours se tinrent en face d’eux. Les hommes sautent par dessus bord, changés en dauphins ; Dionysos, reprenant alors sa forme humaine, remercie le timonnier de sa bonté, et fait souffler un vent du nord, qui conduit le vaisseau aux rivages d’Égypte, dont Protée était roi. Le Dieu ne resta pas longtemps en Égypte : il voyagea par des terres nombreuses, par l’Éthiopie et l’Inde, et d’autres contrées, suivi partout d’une foule de femmes, qui l’adoraient avec des cris farouches et des chants (fig. 97). Revenu enfin à Thèbes, où Cadmos avait fait roi son fils Penthée, il fut mal vu par Penthée, qui le tint en grande suspicion relativement aux rites étranges dont il instruisait les femmes et à la frénésie qu’il leur inspirait ; mais le prince ne réussit pas à conjurer cette folie. Grimpant dans un arbre pour voir l’orgie des Bacchantes (fig. 98), il fut découvert et déchiré par elles, sa mère Agavé, la première, portant la main sur le profane.

Traits omis de l’histoire de Dionysos : il ramena Sémélé d’Hadès, et la conduisit à l’Olympe, où on la connut sous le nom de Thyoné (fig. 99).

Bacchus. — Bacchus est le même mythe que le dieu grec Dionysos, appelé aussi Iacchos ou Bacchos, peut-être (comme plusieurs l’ont pensé) à cause des clameurs et des cris avec lesquels on l’adorait.