Aller au contenu

Les Enfantines du bon pays de France/Chansons

La bibliothèque libre.
Les Enfantines du bon pays de FranceSandoz et Fischbacher (p. 167-186).


Chansons.


LE DUC DU MAINE.


C’est le grand ducque du Maine,
La briquedondaine,
A Montauban blessé,
La briquedondé,
A Montauban blessé.

Blessé par une flèche,
La briquedondaine,
Dont il fut transpercé,
La briquedondé,
Dont il fut transpercé.


Transporté sous un chêne,
La briquedondaine,
Sous un chên’renversé,
La briquedondé,
Sous un chên’renversé.

Il demande une plume,
La briquedondaine,
De l’encre et du papier,
La briquedondé,
De l’encre et du papier.

Pour écrire à son maître,
La briquedondaine,
Son roi, son allié,
La briquedondé,
Son roi, son allié.

« Sire, je suis bien malade,
La briquedondaine,
Je crois que j’en mourrai,
La briquedondé,
Je crois que j’en mourrai. »


Quand le roi lut la lettre,
La briquedondaine,
Il se mit à pleurer,
La briquedondé,
Il se mit à pleurer.

« Sire, lui dit la reine,
La briquedondaine,
Qu’avez-vous à pleurer ?
La briquedondé,
Qu’avez-vous à pleurer ?

— C’est le grand ducque du Maine,
La briquedondaine,
Qui est mort et enterré,
La briquedondé,
Qui est mort et enterré.


LE PETIT MARI.


Mon pèr’ m’a donné un mari,
Mon Dieu ! quel homme !
Quel petit homme !
Mon pèr’ m’a donné un mari,
Mon Dieu ! quel homme !
Qu’il est petit !

D’une feuille on fit son habit,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

Je le couchai dedans mon lit,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

De mon lacet je le couvris,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

Mais dans mon lit il se perdit,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

Je pris une chandell’, j’ le cherchis,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

Le feu à la paillasse prit,
Mon Dieu ! quel homme, etc.


Je trouvai mon mari rôti,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

Sur une assiette je le mis,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

Le chat l’a pris pour un’ souris,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

Et v’là le chat qui l’emportit,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

Au chat ! au chat ! c’est mon mari,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

De ma vie je n’avais tant ri,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

Prendre un mari pour un’ souris,
Mon Dieu ! quel homme, etc.

Pour me consoler, je me dis :
Mon Dieu ! quel homme !
Quel petit homme !
Pour me consoler, je me dis :
Mon Dieu ! quel homme !
Qu’il était p’tit !


LE JOLI PETIT FIANCÉ.


Je me marierai jeudi,
Avec un petit mari
Si petit, si joli, si gentil,
Afin qu’il m’en coûte moins
En chaussur’ et en tous points.

D’un demi-quart de batiste,
J’ lui ferai six ch’mises
Et six p’tits béguins aussi.
Voilà pourquoi je l’ai pris si petit,
Si petit, si joli, si gentil.

De la peau d’une souris,
J’lui frai faire un p’tit habit,
Et un’ p’tit’ culotte aussi.
Voilà pourquoi je l’ai pris si petit, etc.


De deux sous de maroquin,
J’ lui frai fair’ de p’tits brod’quins,
Et de petit’ bott’ aussi.
Voilà pourquoi je l’ai pris si petit, etc.

D’ l’écaille d’ une noisette,
J’ lui frai faire un’ p’tif couchette,
Et un’ petit’ commode aussi.
Voilà pourquoi je l’ai pris si petit, etc.

Du rognon d’un papillon,
J’ lui frai faire un bouillon,
Et un p’tit hachis aussi.
Voilà pourquoi je l’ai pris si petit, etc.

De la cuisse d’une oie,
Je l’ nourrirai pendant six mois
Et au moins six jours aussi.
Voilà pourquoi je l’ai pris si petit,
Si petit, si joli, si gentil.


LES NOCES DU PAPILLON.[1]


1. Ah ! ah ! ah ! papillon marie-toi.
Hélas ! mon maît’, je n’ai pas de quoi. —
Là, dans ma bergerie, j’ai cent moutons[2],
Ça s’ra pour fair’ la noce du papillon.

2. Ah ! ah ! ah ! que dit le chien ?
Je suis fidèle et je cours bien,
J’irai chercher le lièvre dedans les champs,
Ça s’ra pour fair’ la noce du papillon.

3. Ah ! ah ! ah ! que dit le renard[3] ?
Je suis petit, je suis gaillard,

J’irai chercher les poules dans les buissons,
Ça s’ra pour fair’ la noce du papillon[4].

4. Ah ! ah ! ah ! que dit le moineau ?
Je suis petit et je suis beau,
Je m’en irai dans la plaine chercher l’froment,
Ça s’ra pour faire la noce du papillon.

5. Ah ! ah ! ah ! que dit le goret ?
Je suis bien gros, je suis mal fait,
J’en donnerai les rilles et les jambons,
Ça s’ra pour fair’ la noce du papillon.

6. Ah ! ah ! ah ! que dit le lapin ?
Je suis petit et je suis fin,
Je trierai la salade[5] à ma façon,
Ça s’ra pour fair’ la noce du papillon.


7. Ah ! ah ! ah ! que dit le corbin ?
Je suis noir et je suis vilain,
Et j’irai à la cave tirer le vin blanc,
Ça s’ra pour fair’ la noce du papillon[6].

8. Ah ! ah ! ah ! que dit le héron ?
J’ai les al’ et le cou long,
J’irai à la rivière pêcher le poisson,
Ça s’ra pour fair’ la noce du papillon[7].

9. Ah ! ah ! ah ! que dit la perdrix ?
Je suis petite mais je suis genti’,
Je veux coiffer la mariée à ma façon,
Ça s’ra pour plaire au papillon[8].


10. Ah ! ah ! ah ! que dit le chat ?
Que fais-je ici, que fais-je là,
A brûler ma bell’ robe dans les tisons,
Ça s’ra pour fair’ la noce du papillon.

(Angoumois, Poitou.) — Tiré des
Chants et Chansons populaires de
l’Ouest, par J. Bujeaud. Niort,
Clouzot ; Paris, Aubry.


Les variantes et couplets ci-dessus ont été récités à l’auteur du présent recueil par L.-Marie Pelletier, vieille Poitevine et ancienne pastoure du pays de Joulnay, près du Clain, à 2 lieues de Poitiers.

On remarquera que la chanson telle qu’elle est donnée par Bujeaud, ne met en scène et n’invite à la noce, en fait de bête malfaisante, que le renard. Mais il se fait si petit qu’il faut bien lui pardonner ses voleries et ses rapines en faveur de sa gentillesse.

Notre variante introduit dans la compagnie la belette, la fouino et le loup, — qui s’excuse, lui, de sa méchanceté par sa « jalousie » ! Elle donne au chien le rôle d’un parasite éhonté qui ne craint pas d’affronter les coups de bâton pour fouiller les casseroles et jouer jusqu’au bout son personnage de Lèche-Tout. A ce titre elle a raison de nous le présenter en dernier lieu, et de le mettre en parallèle et en opposition avec le chat, cette autre variété du parasite. Celui-ci, indifférent et dédaigneux, assiste, sans y prendre part, à la joie de ces petites gens, ne songe qu’à tenir sa place au foyer, et s’y met à l’aise, s’y étend sans s’émouvoir autrement de ce qui se passe autour de lui. Quand il y a paressé jusqu’à brûler sa robe dans les tisons, il veut nous faire croire, l’hypocrite ! qu’il s’est mis dans ce bel état pour l’amour des mariés, — qu’il a porté le sacrifice jusqu’à roussir pour eux sa belle fourrure. — Un peu plus, il leur demanderait de le dédommager, mais il veut qu’ils soient bien convaincus au moins qu’il s’est dévoué jusqu’à aller au feu pour eux.


L’ALOUETTE ET LE PINSON[9].


L’alouette et le pinson,
Tous deux se sont mariés ;
Le lendemain de leur noce,
N’avaient pas de quoi manger.
Alouette,
Ma tourlourisette,
Mon oiseau,
Que tout lui faut.

Par ici passe un lapin,
Sous son bras tient un pain.
Alouette, etc.

Mais du pain nous avons trop,
C’est d’la viande qu’il nous faut.
Alouette, etc.


Par ici passe un corbeau,
Dans son bec tient un gigot.
Alouette, etc.

Mais d’la viand’ nous avons trop,
C’est du bon vin qu’il nous faut.
Alouette, etc.

Par ici pass’ un’ souris,
A son cou pend un baril.
Alouette, etc.

Mais du vin nous avons trop,
C’est d’la musiq’ qu’il nous faut.
Alouette, etc.

Mais d’la musiqu’ nous avons trop,
Et c’est d’la dans’ qu’il nous faut.
Alouette, etc.

Par ici passe un gros rat,
Un violon tient sous son bras.
Alouette, etc.


— Serviteur, la compagnie,
N’y a-t-il pas de chat ici ?
Alouette, etc.

— Entrez donc, maître à danser,
Notre chat est au grenier,
Alouette, etc.

Mais l’ chat descend du grenier
Et aval’ l’ maître à danser.
Alouette,
Ma tourlourisette,
Mon oiseau,
Que tout lui faut.


CHANTEZ, ROSSIGNOL.


Lorsqu’ j’étais dans mon ménage,
Je chantais soir et matin :
Mi, mi, fa, ré, mi,
Chantez, mon petit,
Mi, mi, fa, ré, sol,
Chantez, rossignol.

(Cambrai.)


LE PAUVRE.


Que sont-ils, les gens qui sont riches ?
Sont-ils plus que moi, qui n’ai rien ?
Je cours, je vas, je vir’, je viens,
J’ai pas peur de perdr’ ma fortun’ ;
Je cours, je vas, je vir’, je viens,
J’ai pas peur de perdre mon bien.


LE PARESSEUX.


Gâtineau n’est pas mort,
Il est dans son lit malade.
Gâtineau n’est pas mort,
Il est dans son lit qui dort.


LE GOURMAND.


On dit que les grives
Piquent les raisins ;
Moi qui ne suis pas grive,
Je les pique bien.

Blavignac (l’Empro génevois).


LE VILAIN.


Grand vilain,
Mangeons ton pain.
— Je n’ai pas faim.
— Mangeons le mien.
— Je le veux bien[10].

Dr Perron (Proverbes de la Franche-Comté).


L’ENFANT GÂTÉ.


Enfant gâté,
Veux-tu du pâté ?
— Non, ma mère, il est trop salé.
— Veux-tu du rôti ?
— Non, ma mère, il est trop cuit.
— Veux-tu de la salade ?
— Non, ma mère, elle est trop fade.
— Veux-tu du pain ?
— Non, ma mère, il ne vaut rien.
— Enfant gâté,
Tu ne veux rien manger ;
Enfant gâté,
Tu seras fouetté !

Blavignac (l’Empro génevois).


Il a la maladie de Saint-Ga-gâ :
Il mange bien et ne boit pas mâ.


LE MEUNIER QUI DORT.


Meunier, tu dors,
Ton moulin va trop vite ;
Meunier, tu dors,
Ton moulin va trop fort.
Ton moulin (ter) va trop vite,
Ton moulin (ter) va trop fort.

Blavignac (l’Empro genevois).


Rondin,
Picotin,
Marie a fait son pain,
Pas plus gros que son levain,
Pfiii.

(Id.)


AH ! QUEL NEZ !


Ah ! quel nez !
Ah ! quel nez
Allongé !
Tout le monde en est étonné.

Blavignac (l’Empro genevois).


Tu as le bout du nez
Tout mach, tout mach ;
Tu as le bout du nez
Tout machuré.
Aie donc la bonté
De vite t’aller laver !

(Id.)


FRÈRE JACQUES.


Frère Jacques, frère Jacques,
Dormez-vous, dormez-vous ?
Sonnez les matines, sonnez les matines,
Din, din, don,
Din, din, don.


AS-TU VU LA CASQUETTE ?


As-tu vu la casquette, la casquette,
As-tu vu la casquett’ du pèr’ Bugeaud ?
Elle est faite, elle est faite, la casquette,
Elle est fai-te de poils de chameau.

  1. En notes, Variantes et couplets non donnés par Bujeaud.
  2. Le couplet du maître :

    J’ai trois petits pains d’orge dans ma maison
    Pour faire la noce du papillon.

  3. Le couplet du renard :

    Je suis petit, je suis gaillard,
    Je fournirai d’une poule et d’un chapon
    Pour faire la noce du papillon.

  4. Le couplet du loup :

    Ah ! ah ! ah ! que répond le loup ?
    Je suis méchant, car je suis jaloux,
    Je fournirai d’une oie et d’un mouton
    Pour faire la noce du papillon.

  5. Le couplet du lapin :

    Je suis petit et je suis fin,
    Je fournirai d’un’ salad’ et d’un chicon (romaine)
    Pour faire la noce du papillon.

  6. Le couplet de la belette :

    Ah !ah ! ah ! que dit la belette ?
    Je suis petite, je suis bien faite,
    Je fournirai d’oeufs un quarteron,
    Ça s’ra pour fair’ la noce du papillon.

  7. Le couplet de la fouine :

    Ah ! ah ! ah ! que répond le fouin (la fouine) ?
    Je suis petit, mais je cours bien,
    Je fournirai d’un coq et d’un dindon
    Pour faire la noce du papillon.

  8. Le couplet du chien :

    Ah ! ah ! ah ! que dit le chien ?
    — D’aller à la noc’ sans y porter rien !
    Je recevrai des coups de bâton,
    En léchant la cass’ du papillon (la casserole).

  9. Voyez, dans le supplément, la Chanson Bretonne (les Noces du Roitelet), et le Chant funèbre de Coq Robin.
  10. Nous nous sommes permis de changer un mot de ce quatrain.