Les Flûtes alternées/En face du Bonheur

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XII

EN FACE DU BONHEUR


Les prés avaient des fleurs, les bois des chansons brèves,
L’aurore, moins de feux que tes beaux yeux d’amour,
Enfant ! Et nous avions épuisé tour à tour
L’ivresse des baisers, des parfums et des rêves.

La nature, déjà par sa sérénité
Préparant aux amants la merveilleuse fête
De l’été dont Avril est le tendre prophète,
Semblait être divine à force de beauté.

Mais sachant que la vie, hélas ! souvent ne sème
Qu’une avare moisson dont l’homme est le glaneur,
Nous devenions pensifs devant notre bonheur,
Profond comme l’azur, ineffable et suprême.

 
Et nous nous demandions, sous le ciel vaste et bleu,
Toi, l’âme de clarté, moi que le doute écrase,
Quelle main nous versait tant de joie et d’extase.
Et je disais : — Mystère, et tu murmurais : — Dieu.