Les Forestiers du Michigan/VIII

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CHAPITRE VIII

hasards de l’eau et de la nuit

Plus d’un vaillant soldat aurait hésité à entreprendre l’expédition où se risquait Basil Veghte : il y avait tout à craindre, l’eau et la terre. Les forêts environnantes fourmillaient d’ennemis ; les ondes solitaires du lac Érié étaient sillonnées d’embarcations perfides qui venaient nocturnement croiser jusque sous les murs de Presqu’Île.

Mais l’intrépide Forestier avait mis dans sa grosse tête d’approfondir tout ce mystère, et il était résolu à tout braver, Français ou Indiens, quel que fût leur nombre ou leur méchanceté.

Heureusement le lac était calme, du moins comparativement. Les eaux des grands lacs, n’étant pas salées, sont plus légères que celles de l’Océan et s’agitent au moindre souffle de vent : rarement leur surface est unie comme une glace. Ceux qui ont passé leur vie sur les bords de l’Érié ne l’ont jamais vu parfaitement calme.

Basil arrêta sa barque à une certaine distance, et, soulevant les avirons, il écouta silencieusement. Aucun bruit ne parvenait à ses oreilles si ce n’était la grande voix murmurante du lac. Il tourna ses regards de tous côtés, et avec ses yeux d’aigle chercha à sonder l’obscurité : il ne put rien voir, tout était noir comme le chaos.

Au bout de quelques secondes un murmure aigu, ressemblant à un cri d’oiseau, vint expirer à son oreille.

— Ce n’est pas un oiseau, grommela-t-il tout bas ; et ça vient du rivage : c’est le gros garçon de là-bas qui donne un signal. Il ne m’était pas destiné, mais j’en ferai tout de même mon profit.

Plusieurs minutes s’écoulèrent ; le même cri fut répété. Basil sourit paisiblement lorsque son dernier murmure fut éteint.

— Il s’imagine qu’ils ne l’ont pas bien entendu la première fois, reprit-il en se parlant intérieurement ; et il tient à leur faire savoir que le fort Presqu’Île a démêlé leurs diableries. Voilà sa conversation finie maintenant. Je suis fâché qu’il m’ait aperçu ; sans cela je leur serais tombé dessus à l’improviste ; et, pour le moment, les voilà sur leurs gardes.

Veghte ne s’était pas trompé ; tout rentra dans le plus profond silence, les deux signaux avaient suffi pour mettre au courant de la situation les correspondants invisibles du « gros garçon ».

Evidemment, ce silence exagéré renfermait les plus scélérats mystères ; le Forestier, accroupi au fond de son léger esquif, le fusil à ses pieds, l’aviron sur ses genoux, immobile comme une statue de bronze, attentif, épiant même un souffle ou une ombre ; le Forestier se méfiait, tenant l’oreille, l’œil et les bras prêts.

Cette anxieuse attente dura près d’une demi-heure. Tout à coup un frémissement se produisit sur l’eau, et une lueur furtive apparut comme un éclair, à très peu de distance derrière Veghte. Il en conclut qu’il avait dépassé le but de ses recherches ; en conséquence, il retourna en arrière dans cette direction, au risque d’être coulé à fond en cas d’abordage.

Tout en naviguant au hasard, Basil réfléchissait, et déduisait ses conclusions. Il était presque certain que la barque suspecte était seule à rôder sur le lac et à croiser devant la côte. Ceux qui la montaient échangeaient des signaux avec quelqu’un au fort Presqu’Île. Mais quels étaient les traitres communiquant ainsi avec l’ennemi ?

Naturellement Basil soupçonna Horace Johnson mais un secret instinct lui disait que ce n’était pas là le seul homme dont il fallut se méfier : qu’il fallait chercher encore jusque dans l’entourage et l’intimité même de l’Enseigne Christie, pour découvrir le judas.

Ce qui le confirma dans cette opinion, ce fut l’hésitation et le silence de la sentinelle « Jim, » lorsque le commandant la questionna à ce sujet. — Il y avait bien un certain suédois, petit et grincheux, à manières louches et inconnues…

Bref, l’honnête Forestier se perdait dans ses conjectures, lorsqu’une lueur vacillante apparut au belvédère du fort ; précisément là où il était quelques minutes auparavant avec Christie et la sentinelle.

Ce nouveau signal confondit l’imagination de Basil : il lui fut impossible de comprendre quelle relation avait cette lumière avec tout ce qui c’était passé ; quelle main téméraire la mettait en évidence et par quels moyens, surtout, on avait réussi à s’introduire en ce poste important toujours gardé par un factionnaire !

La lueur disparut comme un éclair, aussi brusquement que si on l’eût plongée dans l’eau : l’obscurité sembla devenir plus noire encore.

Cependant, une voix humaine qui poussait un grognement de satisfaction tout près de lui, le rappela aux affaires urgentes : il lança à la hâte un coup d’œil autour de lui : une forme sombre flottait sur l’eau à peu de distance de sa barque. La nuit était si profonde que cette apparition fut pour Basil comme un fantôme indécis et brumeux. Cependant, il ne put en douter, c’était l’embarcation ennemie à la recherche de laquelle il était.

Il se pencha pour être moins visible, fit avancer sa barque d’une brasse ou deux, et regarda par dessus le plat-bord.

L’embarcation était immobile, mais si rapprochée qu’on entendait ses rameurs parler ensemble à voix basse. Malheureusement pour l’oreille attentive de Basil, ils causaient en langue indienne : Basil aurait donné son bras droit pour les comprendre.

Il écouta longtemps, avec un dépit concentré, ce jargon inintelligible qui renfermait pour lui tant de secrets précieux. Mais un frisson de joie le saisit lorsqu’il entendit une voix nouvelle s’exprimer en français.

Les premières phrases lui échappèrent d’abord ; car le bourdonnement du lac se mêlait à cette conversation intime, et sa grande voix murmurante écrasait les sons grêles sortis des bouches humaines.

Cependant Basil finit par saisir les phrases suivantes :

— Ça va trop mal ! Les yangese (anglais) sont sur leurs gardes. Ils nous ont découverts.

– Alors nous ne pourrons attaquer cette nuit c’est dommage ; nous étions si bien préparés !

— Oh ! non ! il faut nous méfier : nous ne sommes pas en nombre suffisant pour attaquer des hommes sous les armes.

— Il n’a pas encore donné le signal : peut-être ne nous a-t-il pas encore aperçus.

Basil caressa l’eau de son aviron, le plus doucement possible, afin de se rapprocher encore un peu, pour entendre le nom du traître, si on le prononçait. Mais son attente fut déçue : une voix s’écria rudement

– Pierre n’est-ce pas un bateau qui rôde là dans l’ombre ?

— Peut-être : Holà ! ho ! ahoy !

D’un adroit et vigoureux coup d’aviron, Basil fit glisser son canot à plus de trente pieds.

— Alerte ! Feu ! tuez-le ! tuez-le ! c’est cet infernal Yengese qui nous espionne ?

Trois coups de feu suivirent cette exclamation. Veghte sourit dédaigneusement en entendant les balles siffler au dessus de sa tête.

— Oui, mes French-dogs ! (chiens de Français), murmura-t-il ; il y a par ici un homme capable de vous répondre à l’occasion : et son nom est Basil Veghte, et le nom de son fusil est Sweet-Love (Doux amour) ! et nous savons tous deux faire notre chemin.

En même temps il fit feu. Jamais il ne sut quel résultat il avait obtenu ; mais presque aussitôt il s’aperçut qu’il venait de commettre une grave imprudence. En effet, la lueur de l’amorce avait trahi sa véritable position ; la barque ennemie, enlevée par les bras furibonds des indiens, vola sur lui comme un oiseau de proie.

Ce n’était pas le moment de s’amuser à la fusillade, il fallait forcer de rames et glisser inaperçu, entre deux eaux, pour ainsi dire. Basil déposa précipitamment son fusil derrière lui l’aviron se courba en tremblant sous ses mains d’acier ; son léger canot bondit en zig-zag, comme une feuille sèche fuyant devant la tempête.

Heureusement l’obscurité le favorisait ; en quelques minutes il réussit à dépister ses adversaires.

Mais une crainte lui survint : les hasards de l’ombre pouvaient le rapprocher brusquement de ceux qu’il voulait éviter ; d’autre part, il désirait ardemment connaître le nom du traître fourvoyé dans le fort. Dans cette double pensée, il chargea soigneusement son rifle, le rejeta derrière son épaule ; puis il se remit en quête, de façon à rejoindre incognito ceux-là mêmes qui le poursuivaient.

— Ah ! si je le connaissais… ! grommela-t-il en pagayant sans bruit ; le fort Presqu’Île serait sauvé.

Bientôt un bruit d’avirons frappa ses oreilles : Basil sourit dans sa barbe :

— Ils n’ont pas su trouver Basil Veghte, se dit-il à lui-même ; ils peuvent marcher longtemps dans cette direction sans l’atteindre. C’est lui qui va les trouver, maintenant : le poursuivi poursuivra.

Effectivement il se lança à la suite de ses mystérieux ennemis, et alors se produisit, comme il le disait, la coïncidence bizarre du gibier courant après les chasseurs.

— J’ai peu vu de choses aussi bizarres, continuait le Forestier en se livrant à une hilarité silencieuse ; sont-ce eux qui sont après moi ; est-ce moi qui suis après eux : l’un cherche-t-il l’autre ou l’autre cherche-t-il l’un ; ou bien nous cherchons-nous les uns les autres… ? Quel mystère ! quel fun ! (quelle farce !)

Et il quitta un instant son aviron pour se tenir les côtes tant il riait, le brave Basil Veghte !

Il n’avait pas fallu longtemps au grand canot pour s’apercevoir que son petit ennemi lui avait échappé, sans qu’il y eut espoir de le rejoindre.

Il était, du reste, heureux pour Basil qu’ils l’eussent perdu de vue, sans quoi, il aurait infailliblement succombé devant leurs efforts désespérés ; en effet, tout vigoureux et exercé qu’il fût, les Indiens, cette race aux muscles d’acier, à la nature amphibie, l’auraient emporté dans cette lutte acharnée.

Cependant, plein de confiance dans son adresse éprouvée, et dans son heureuse chance habituelle, Veghte n’eut pas un seul instant d’inquiétude il se trouvait aussi à l’aise, et méditait aussi calmement que s’il eût été dans un bon lit, derrière les fortes murailles de la Block-House.

Sa grande préoccupation était de savoir quel serait le meilleur parti, ou de continuer sa croisière, ou de retourner au fort muni des renseignements qu’il venait de recueillir. Il était, effectivement, à peu près édifié sur le nombre des Indiens et des Français, savait que les ennemis étaient aux aguets pour tâcher de surprendre hors de garde la garnison de Presqu’Île.

Dans ces circonstances, on pouvait être relativement rassuré sur le sort de la forteresse ; le commandant déployait une infatigable surveillance, et, une fois prévenu du danger, il ne manquerait pas de redoubler d’activité ; les soldats eux-mêmes ne se relâchaient pas un seul instant de la plus sévère discipline.

Tout cela réuni était de nature satisfaisante et, de plus, il était grandement à espérer que la sagacité de Christie, jointe aux bons offices et au dévouement de tous ceux qui l’entouraient, arriverait à déjouer toutes ces ruses ennemies. On en savait désormais assez pour démasquer les traîtres.

Malgré toutes ces réflexions, accompagnées de beaucoup d’autres, Basil se décida à poursuivre sa périlleuse expédition.

Mais en prenant l’aviron pour pagayer, il leva les yeux et reçut une commotion électrique… ! à deux pieds de lui cheminait l’embarcation ennemie dont la haute proue menaçait la sienne ! Encore une vague ou deux, et il était abordé ! Il pouvait compter toutes ces sombres formes humaines qui fouillaient l’ombre avec leurs yeux ardents.

Il espérait n’être pas vu : un long hurlement de triomphe et un vrai fracas d’avirons le détrompèrent. L’embarcation de ses adversaires bondit sur lui : la meute qui le poursuivait se croyait si sûre de sa proie que pas un coup de fusil ne fut tiré : il leur aurait été facile de le couler bas avec une seule décharge.

Tout espoir d’évasion pouvait être regardé comme impossible ; néanmoins Basil, qui avait plus d’un stratagème en tête, se courba sur son aviron et lança son léger canot à toute volée. Il essaya d’abord de le pousser en zig-zag, jusqu’au point de le faire revenir en arrière, et glisser rapidement au rebours de la barque ennemie. Mais les poursuivants connaissaient leur affaire aussi bien que lui ; ils prenaient leur élan, le retenaient, viraient de bord avec la vitesse de la pensée : en un mot ils s’attachaient à lui comme l’ombre au corps. En outre, comme ils étaient au moins six contre un pour le maniement de la rame, tout l’avantage était de leur côté, car, non seulement ils étaient supérieurs en force, mais encore ils avaient l’immense avantage de se reposer en se remplaçant mutuellement.

Un moment vint, où ils serrèrent de si près Basil, qu’il put distinguer un Français et un Indien debout sur la proue, prêts à sauter à l’abordage.

Ce résultat inquiétant anima Basil ; il fit un effort désespéré qui lui fit gagner quelques pieds d’avance.

— Rendez-vous ! Imbécile ! lui cria-t-on en Français ; vous voilà pris : rendez-vous avant que je vous coule bas d’un coup de fusil. Entendez-vous, rendez-vous.

Veghte distingua dans l’ombre le mousquet s’allongeant d’une façon menaçante : il baissa la tête instinctivement, quoique bien certain qu’ils ne feraient pas feu sur lui, au moment où ils pouvaient espérer de le prendre vivant.

Mais il avait son idée. Il continua de battre l’eau d’une façon frénétique.

– Rendez-vous ! je vous dis, butor d’Américain, ou bien je coule votre coquille de noix !

— Eh bien ! baissez votre fusil, nous verrons ! répondit le fugitif.

Et il laissa retomber son aviron. Ses adversaires en firent autant, car le Français n’avais plus qu’à se baisser pour saisir le plat-bord du canot de Basil, tant ils étaient proches.

Cependant, par mesure de précaution, le Français garda son fusil ; l’Indien se courba vers Basil qui lui tendait la main comme pour l’aider à passer d’un bateau dans l’autre.

Tout à coup le Forestier, feignant de trébucher, tira violemment l’Indien, le fit tomber dans l’eau du même geste il repoussa violemment la barque ennemie, et, les deux embarcations ayant reculé en sens inverse, se trouvèrent soudainement espacées d’une vingtaine de pieds. Saisir son aviron et fendre l’eau fut pour Basil l’affaire d’une seconde.

Le Français lâcha un énergique juron et fit feu au hasard la balle siffla dans l’espace, on l’entendit ricocher sur l’eau à deux cent cinquante ou trois cents pieds de distance : Veghte et son canot étaient déjà loin.

Ce qui retarda encore les poursuivants fut la nécessité de repêcher l’Indien tombé à l’eau. Il avait d’abord essayé de poursuivre le fugitif à la nage : bientôt, distancé et reconnaissant l’impossibilité d’atteindre son but, il était revenu furieux vers ses compagnons.

Ceux-ci, après un instant donné à la surprise, se mirent à jouer de l’aviron avec une rage désespérée. Malheureusement pour le petit canot de Basil, les yeux perçants des sauvages l’avaient retrouvé dans l’obscurité ; bientôt la grande embarcation arriva comme la foudre sur la pauvre petite coquille de noix, un harpon y fut lancé, et deux Indiens sautèrent dedans avec la féroce agilité du Tigre.

Leurs mains frémissantes s’allongèrent pour saisir l’Yengese

Elles ne rencontrèrent rien ! le canot était vide !

– Il est parti : le gredin abominable s’écria le Français en réponse aux cris étonnés des sauvages ; il est parti ! où peut-il être ?

Leurs regards se portèrent aussitôt dans toutes les directions, pour rechercher le fugitif : sa tête ni ses bras ne se montraient à fleur d’eau. On fit décrire à la barque des spirales s’ouvrant progressivement on croisa en face du rivage, pour couper les devants au Forestier et le saisir au moment où il prendrait terre ; tout fut inutile, Basil resta invisible.

Les Français et les Indiens après une heure et demie consumée en recherches infructueuses, regagnèrent leur poste d’observation au milieu du lac, sans avoir pu comprendre par quel moyen extraordinaire le fugitif leur avait échappé.

L’expédient de Veghte était fort simple, mais périlleux et hardi : en voyant arriver impétueusement la grande barque, il avait parfaitement compris que tous ses efforts étaient vains, et qu’il allait infailliblement être pris, fusillé ou coulé bas.

En conséquence, s’allongeant comme une anguille sur le plat bord de son esquif, il le fit pencher du côté opposé aux assaillants, se laissa couler dans l’eau, et plongea avec une telle vigueur qu’il alla toucher le fond.

Quand il revint à la surface, il aventura un œil seulement hors de l’eau et regarda autour de lui, tout en reprenant haleine. Justement à cette seconde, la grande barque passait avec une vélocité furieuse, décrivant ses spirales comme un oiseau de proie, et faisant écumer l’eau sur sa route.

Un pied plus près, le Forestier aurait eu la tête fendue par la carène de l’embarcation mais il avait de la chance, en cette nuit mémorable, le danger même devint son salut ; il disparut dans le bouillonnement des vagues ; d’ailleurs, ses adversaires n’eurent pas l’idée de le chercher dans le sillage de leur barque.

Quant à lui, sans se troubler, il se cramponna à un petit gouvernail dont on ne faisait pas usage lorsque la barque était pourvue de ses rameurs au complet : par ce moyen, Basil se fit trainer à la remorque. À ce procédé hardi de sauvetage, il trouva le double bénéfice de se reposer et d’être conduit à toute vitesse vers le bord.

En effet, lorsque la croisière des Français le long du rivage fut terminée, Veghte se détacha de leur embarcation, et se laissa flotter comme une épave jusqu’à terre.

Néanmoins, avec sa prudence ordinaire, il se laissa aller à la dérive, entre les joncs, l’espace d’un demi-mille, avant de se montrer. En outre, après avoir rampé sous les broussailles du rivage, il ne se hasarda à reprendre la position verticale qu’après avoir longuement regardé du côté du lac, et écouté les moindres bruits des environs.

Lors donc qu’il se fut assuré qu’il n’avait rien à craindre de l’embarcation, et que, sur terre, tout était solitaire et silencieux autour de lui, Basil se redressa avec un soupir de soulagement.

— Ouf ! je l’ai échappé belle ! murmura-t-il en s’apprêtant à secouer l’eau dont il ruisselait.

Il n’eut pas le temps de dire un mot de plus : une forme gigantesque surgit derrière lui, une large main s’abattit sur son épaule, et une grosse voix lui dit en Français :

– Vous êtes mon prisonnier.