Les Fouteries chantantes/07
LE PAILLARD
ARISTOCRATE ET DÉMOCRATE,
OU
DEUX TÊTES
DANS LE MÊME BONNET
CHANSON BURLESQUE.
De ma triste aventure,
Daignez ouïr le récit :
Je pleure sur mon vit ;
Voyez-en la peinture ;
Oui, c’est, hélas !
Mon embarras,
Et ma peine cruelle ;
Je bande comme un malheureux,
Sans pouvoir contenter mes vœux ;
Est-il un ſort plus rigoureux ?
Oh ! tristesse mortelle !
D’un vit rempli d’audace,
Je foutais autrefois
Mille cons à mon choix,
Sans qu’ils fassent grimace ;
Mais à-présent,
Pour mon argent,
Il n’est pas une gueuse
Qui veuille avec amour, respect,
Me foutre un bon coup de poignet :
Pour un fouteur, ah ! quel regret !
Destinée malheureuse !
Je me branle moi-même
En mon cruel destin ;
Du con de ma Putain
J’ai perdu l’idée même :
Fâcheux tourment !
Pour un Amant,
Montre-toi donc propice ;
Viens procurer à mon engin,
Le doux nectar de son vagin,
Dussai-je un jour, dans son conin,
Gagner la chaude-pisse.
En voyant cet outrage,
Je me repens toujours,
Qu’au mépris des Amours,
J’ai parlé sot langage :
Foutu complot,
Lâche et si sot ;
C’est un Aristocrate,
Entends-je dire en mon malheur ;
Traitons-le en toute rigueur,
Et n’éprouvons que la douceur
D’un gros vit démocrate.
D’avanie sans pareille,
Combien je suis à bout !
Et pour foutre un bon coup,
J’offrirais une oreille :
Mais mon engin,
Qui, sans conin,
Va déserter la place,
M’inspire bien mieux que l’autel.
Je vais courir en un bordel,
Sous l’habit d’un autre mortel,
Et foutre une conasse.